Allégations de l’IGF: John Omombo rejette les chiffres de 12 milliards avancés dans le contrat chinois
Les préjugés de l’Inspection générale des finances vis-à-vis de la Sicomines ne cessent de susciter des réactions au sein de l’opinion publique. Face à cette situation, l’ancien chargé de communication du Bureau de Coordination et de Suivi du Programme sino-congolais (BCPSC), John Omombo, a réagi au cours d’une interview accordée à la presse.
Après lecture de 16 exigences et 31 points de conclusion du rapport de l’IGF, John Omombo, pense avoir l’impression que le déséquilibre du contrat signé entre la RDC et la Chine pour l’exploitation des ressources naturelles dont a parlé l’IGF, s’agit d’un rapport politique au niveau de la forme.
” J’ai lu ces exigences et 31 points de conclusion. Mais au niveau de la forme, j’ai eu l’impression qu’il s’agit d’un rapport politique. Parce que déjà, au cours de la réunion, dont la communication était essentiellement destinée aux parties, j’ai vu que, les parties et la presse, ont découvert les documents au même moment, ce qui pose un problème. J’ai eu l’impression qu’on n’a pas accordé aussi la parole aux parties », a-t-il déploré, avant d’ajouter : « Mais ce que je voudrais dire, c’est qu’il ne faut pas confondre « Réserve certaine » et « Réserve estimée ».
Les 10 millions de tonnes de cuivre dont on parle dans ce Projet de Coopération, ce sont les estimations. Ce qui voudrait dire que si 10 millions de tonnes de cuivre représentent un montant de milliards de dollars, ce n’est pas qu’on a donné les milliards de dollars aux Chinois. Non ! Parce que ces réserves n’ont pas été cédées à la Chine, ce sont des réserves mises à contribution pour une exploitation commune. C’est-à-dire la Chine, à travers le Groupement d’Entreprises Chinoises qui est constitué des sociétés d’État en Chine et le Groupe Gécamines, la partie congolaise qui est représentée par le Groupe Gécamines. Et donc les droits des titres sont une propriété de la République Démocratique du Congo. Les gages, les prêts au niveau de la banque, ce n’est pas la RDC, c’est plutôt les entrepreneurs chinois qui ont apporté des garanties au niveau de la banque ».
John Omombo révèle également qu’il est prévu qu’après le remboursement de l’investissement de tout l’argent, que cet outil revienne à la République Démocratique du Congo. Mais les chiffres avancés par l’Inspecteur général des finances sont selon lui, dénués de tout fondement.
« Sur le plan de la production, j’ai aussi constaté qu’il y a des chiffres qui sont avancés et ça circule dans les réseaux sociaux. On parle des 12 milliards, il semble que les entreprises chinoises se sont payées 9 milliards, les banques chinoises ont eu 2 milliards et la RDC n’a obtenu que 850 millions à travers le financement de ses infrastructures. Alors j’ai réfléchi trop vite, parce que je connais que pour la 1ère phase de production de la Sicomines, il était prévu une production annuelle de 125 mille tonnes de cuivre. Et quand vous prenez les 125 mille tonnes de cuivre multiplié par le prix de la tonne qui est 9000, ça vous donne un chiffre et ce chiffre-là lorsque vous le multipliez fois six qui représente 6 ans, ça vous donne 6.750.000.000 de dollars. Quand je vois qu’on parle de 9 milliards, de 12 milliards, de 10 milliards, je sens que ce sont des chiffres qui vont au-delà du chiffre d’affaires que devrait générer la Sicomines. Là, je ne parle pas de gains, mais ici les chiffres qu’on nous présente, ce sont des gains. Moi je parle du chiffre d’affaires, en principe qu’on fait les calculs, 125 mille tonnes de cuivre fois 9000 multiplié par 6 ans, ça vous donne un chiffre. Mais ce chiffre n’atteint pas 10 milliards. Alors, est-ce que l’IGF ne peut pas nous présenter un tableau clair qui indique que réellement il y a eu cet argent qui a été généré comme gains ? Ça c’est très important”.
Pour ce qui est de la revisitation du contrat signé entre la RDC et les sociétés chinoises, John Omombo, est d’avis que la négociation est une activité permanente. « Aujourd’hui, il y a l’Agence qui est là pour jouer le rôle d’interface et de facilitation, parce qu’il faut rapprocher les parties. C’est pour ça aussi qu’il y a eu des avenants 1, 2, 3 et aujourd’hui nous en sommes au 4eme, donc ça ne sert à rien de s’attaquer aux compatriotes qui avaient participé aux négociations avec la partie chinoise parce qu’ils l’ont fait en hommes respectables ».
Pour lui, les congolais ont oublié dans quel contexte ce contrat a été négocié. C’était, dit-il, au moment où le pays n’était pas fréquentable, c’était aussi au moment où la Gécamines dans tous les autres partenariats n’avait pas 20 % des participations, c’est ce projet qui a influencé les autres partenariats et la Gécamines a pu voir sa participation être relevée. Donc ça ne sert à rien de s’attaquer aux Chinois pour ce qui est du déséquilibre dans la participation au capital social, a-t-il conseillé.
John Omombo invite les congolais à relever le débat sur la rentabilité économique et la rentabilité financière. A l’encroise, le Congo gagne dans la rentabilité financière et dans la rentabilité économique, parce que le Congo est actionnaire à travers la Gécamines et les 32 % lui reviennent. Mais au-delà de ça, ajoute-t-il, au niveau de la rentabilité économique, il y a toutes les externalités positives dont bénéficie la RDC, l’emploi de ses citoyens, les taxes qu’il faut payer, les impôts et ainsi de suite.
« Quand vous regardez même des études qui ont été menées dans les autres pays qui nouent des partenariats miniers comme la RDC, ils n’ont pas 32 % des parts. Quand vous prenez le Pérou, il a donné 100 % aux Canadiens, parce que quand les investisseurs viennent s’installer dans un pays, c’est avantageux pour le pays, parce que le pays gagne à travers la taxe, les impôts, la douane… et l’emploi de ses citoyens, c’est ça même le rôle de l’Anapi celui d’assurer la promotion des investissements, veiller à l’amélioration du climat des affaires. Et aujourd’hui le pays a besoin d’un investissement étranger pour se développer parce que notre budget n’est pas à la hauteur de nos ambitions, et la Chine représente plus de 60 % de l’investissement étranger dans notre pays ».
Pour ce qui est de l’accusation selon laquelle les infrastructures réalisées par les chinois seraient invisibles, John Omombo brandit les preuves pour réfuter cette accusation de l’IGF. « Dois-je rappeler que la zone du Boulevard Triomphal est devenue une zone sino-congolaise avec des infrastructures un peu partout qui sont construites dans le cadre du Programme Sino-Congolais, même l’imposant Centre Culturel qui est en face du Palais du Peuple ? Le Congo n’a donné aucun rôle, c’est un don de la Chine. Doit-on vraiment s’attaquer à des partenaires qui, chaque fois, lorsque le pays est en détresse, ils sont là aux côtés de la RDC ? Le Congo n’a pas un meilleur ami comme la Chine ».