Session de mars: Le Sénat adopte l’avant-projet de calendrier

Avant dernière session de la législature en cours, la session de mars 2023 sera essentiellement législative avec un accent particulier sur le contrôle parlementaire. C’est ce qui se dégage de l’adoption, à l’unanimité, ce mercredi 22 mars 2023, de l’avant-projet du calendrier de cette session, au cours de la conférence des présidents organisée par la Chambre haute du parlement, sous la direction de Modeste Bahati Lukwebo.

Au nombre des matières à traiter, figure la proposition de loi relative à la protection et à la responsabilité du défenseur des droits de l’homme en République Démocratique du Congo. Texte disponible au Sénat et qui a déjà été voté à l’Assemblée nationale.

Parmi les autres matières figurent les questions au Gouvernement: les questions orales avec débat, les questions d’actualité, les interpellations et commissions d’enquêtes, ainsi que les commissions permanentes du Sénat.

« Il y a quelques importantes matières qu’on a pu relever, qu’on a discuté au niveau de la conférence des présidents. Il y a la loi sur la création de l’Agence de lutte contre la corruption qui sera traitée durant cette session. Nous avons la loi sur la TPI qui doit rentrer en commission paritaire. C’est une loi qui nous a été envoyée par la Présidence pour une seconde lecture. Nous devons ajouter aussi la loi prévue au niveau de la Commission des Relations extérieures sur les statuts de nos diplomates. Nous avons plusieurs matières dans toutes les commissions », a expliqué un député national.

Il faut noter aussi que pour la session qui s’ouvre, le Président de la République a sollicité une seconde délibération sur la loi modifiant et complétant l’Ordonnance-loi numéro 89-031 du 07 août 1989 portant création de la taxe de promotion de l’industrie dont la proposition a été examinée en première lecture par la commission mixte ECOFIN Infrastructures du Sénat, lors de la session de septembre 2022.

L’avant- projet de calendrier adopté par la conférence des présidents du Sénat sera soumis à la plénière prévue ce vendredi 24, à 11h00, pour adoption par les élus des élus.




Le mandat d’arrêt contre le président Poutine est-il fondé juridiquement? (Bettens Ntumba)

La Cour Pénale Internationale (CPI) a émis un mandat d’arrêt contre le président de la Fédération de Russie Poutine, pour la déportation illégale de milliers d’enfants vers son territoire, selon l’enquête de la Commission des Nations unies.

Le statut de Rome reconnaît la compétence des trois instances habilitées à saisir la Cour pénale internationale pour que le mandat d’arrêt soit décerné. Il s’agit de l’Etat partie, le Procureur de la Cour et le Conseil de sécurité agissant en vertu du chapitre V de la charte des Nations Unies (art. 13 du statut de la CPI).

En ce qui concerne les États parties et le Procureur, ils exercent leur compétence sur les États parties au présent statut, dans le pays où le crime s’est produit et dans l’Etat dont l’accusé est ressortissant. Ils ont une compétence sur les États signataires du statut, car en droit international, l’Etat est lié à un accord international par le libre consentement (ratification, approbation, adhésion, acceptation) et la règle « Pacte sunt sevanda ». Cela est corroboré par le principe de la souveraineté des Etats reconnue en droit international. A cet effet, le Procureur ne peut pas prendre de sa propre initiative d’engager la poursuite contre un ressortissant d’un Etat non signataire (État tiers).

Quant au Conseil de sécurité agissant en vertu du chapitre V, il peut saisir la CPI sur les crimes commis contre un ressortissant d’un Etat partie et d’un Etat non partie (Etat tiers), même si le crime a été commis sur le territoire d’un État également non partie. En réalité, tout Etat fait partie des Nations Unies est lié indirectement au statut de la CPI par le conseil de sécurité.

Dans le cas d’espèce, le président Poutine, son pays étant membre des Nations Unies, seul le Conseil de sécurité est habilité de saisir la CPI pour permettre au Procureur d’émettre un mandat d’arrêt, dans le cas contraire, son attestation n’aura pas de fondement juridique. Le Procureur ne peut pas décider motu proprio ou prendre de sa propre initiative d’engager la poursuite.

Pour que les ressortissants des États non signataires du statut de la CPI échappent à toute poursuite, la seul condition est que leurs Etats devraient se retirer de la charte des Nations Unies avant la commission de fait criminel. Le savoir est une arme.




Qui est M. Eddy Mfumumpoko Monsempo, actuel DG de la DGRK ?

M. Eddy Mfumumpoko est Licencié en Sciences Commerciales, option Fiscalité; Expert-Comptable agréé à l’ONEC.

Concernant son cursus professionnel, retenons que M. Eddy Mfumumpoko a un parcours riche dans l’audit des comptes et l’assistance fiscale des grandes sociétés pétrolières, des sociétés industrielles/ commerciales /services, des sociétés dites minières, notamment PERENCO REP, PERENCO ODS, ENGEN RDC, LIREX SPRL, TOTAL RDC, MUANDA OIL; CONNEXAFRICA, MAERSK CONGO, TECHNOTEL GRAPHIC SYSTEMS, CONGO AIRWAYS, COMPAGNIE AFRICAINE D’AVIATION, BAT SERVICE, RAT IMPORT, BRALIMA, COMPAGNIE SUCRIÈRE DE KWILU-NGONGO; KIBALI GOLD MINING, BARRICK GOLD CONGO, COMPAGNIE MINIÈRE DE SAKANIA, ANVIL MINING, BILLTON ORLD EXPLORATION, ROAN PROSPECTING A MINING, KINGANYAMBO MUSONDI TAILLINGS SPRL, KGHM CONGO SPRL, … Pour ne citer que ces dernières, la liste étant exhaustive.

Une très belle et grande carrière, digne d’un travailleur avéré, homme rompu aux questions de fiscalité, d’audit et de gestion.

Notons de ce cursus que M. Eddy Mfumumpoko exerce à ces jours la fonction du Directeur général de la Direction Générale des Recettes de Kinshasa, nommé par l’arrêté N°SC/0079/CAB/GVK/GNM/FBI/2023 du 13 mars 2023 par le Gouverneur de la Ville Kinshasa, Gentiny Ngobila Mbaka.

Pour rappel, le nouveau Directeur Général de la Direction Générale des Recettes de Kinshasa, récemment nommé par l’arrêté du Gouverneur de la Ville, Gentiny Ngobila Mbaka, référencé N°SC/0079/CAB/GVK/GNM/FBI/2023 du 13 mars 2023, est entré en fonction ce lundi 20 mars 2023, au terme d’une cérémonie de remise et reprise avec son prédécesseur, le Professeur Félicien Kuluta Ntula, présidée par M. André Ngasani, Secrétaire Exécutif, assisté par M. Pathy Kahasa, Inspecteur Provincial des Services Adjoint, en présence du Dircab du Gouverneur, M. Freddy Bonzeke, dans la salle Gentiny Ngobila Mbaka, située au siège de la DGRK, au numéro 76, de l’avenue Colonel Ebeya, à Kinshasa Gombe.

Ayant pris la parole, le Directeur général sortant de la DGRK, M. Félicien Kuluta, a brossé brièvement les actions menées durant son mandat, de janvier 2021 à mars 2023, les difficultés rencontrées et aussi, évoqué, en bon Gestionnaire, l’actif et le passif; sans oublier quelques précieux conseils à son Successeur.

Pour sa part, Mr Eddy Mfumumpoko, l’actuel Directeur général, a, dans son allocution, témoigné une profonde gratitude à son Excellence Monsieur le Gouverneur de la Ville de Kinshasa, pour le dévolu jeté sur sa modeste personne. Et aussi, il a réitéré ses sincères remerciements à son Prédécesseur, pour le travail réalisé au cours de son mandat.

Il a renchéri que tout au long de son mandat au sein de la DGRK, nous utiliserons comme slogan :”faire de la DGRK sa propre fille”.

Cérémonie déroulée dans une ambiance hors du commun. Convivialité, amitié, fraternité, complicité, collaboration, étaient au rendez-vous. L’ensemble du personnel de la DGRK souhaite au nouveau Directeur Général un fructueux mandat.




En visite privée à Kinshasa : Nicolas Sarkozy a été reçu par Félix Tshisekedi 

Arrivé à Kinshasa en début de soirée ce mercredi 22 mars 2023 pour une visite privée de 24 heures, l’ancien Président de la République française, Nicolas Sarkozy, a été reçu par le Président de la République, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo.

La rencontre a eu lieu au Palais présidentiel du Mont Ngaliema où les deux personnalités ont partagé un dîner d’amitié.

Cette rencontre s’est faite sur sollicitation de Nicolas Sarkozy et le Président Tshisekedi a accepté de recevoir l’ancien Président français dans ce cadre strictement privé et convivial sans aucune référence à une quelconque initiative diplomatique.

Ce n’est pas la première fois qu’un ancien Président français est en visite à Kinshasa.

En septembre 2022, l’ancien Président François Hollande avait effectué une visite privée en RDC qui l’avait conduite à Kinshasa et à Bukavu.




Présidentielle 2023 : Ne Muanda Nsemi réaffirme son soutien à Félix Tshisekedi

Le parti politique Bundu dia Mayala (BDM) a, à l’issue de son congrès de sept jours où les participants venus de quatre pays de l’Afrique centrale ont réfléchi et proposé des solutions sur plusieurs thématiques, notamment les perspectives d’avenir de BDM; comment assurer une victoires écrasante de BDM aux élections qui pointent à l’horizon; la place et le rôle de la femme du Parti politique BDM dans le processus électoral; et l’importance des valeurs morales et spirituelles dans la lutte politique et la gestion des affaires de l’Etat.

À l’unanimité, indique un communiqué de presse signé par le Secrétaire général du parti, tous les participants au congrès ont pris des décisions importantes. Ainsi, le parti réaffirme son soutien politique au président de la République, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo ; il condamne pour la unième fois, la guerre d’agression dont est victime la République démocratique du Congo (RDC).

Le BDM demande à ses membres et sympathisants de participer activement à toutes les étapes du processus électoral en cours afin de gagner haut la main les élections législatives, provinciales, urbaines, municipales et locales; Bundu dia Mayala lance son unième appel solennel et sollicite l’implication personnelle du président de la République afin d’ordonner la libération de ses 32 membres condamnés sous l’ancien régime pour des faits purement politiques.

Jean Lukanda




Kasaï : La cellule de communication de Jean-Pierre Tshimanga recadre les mensonges du journaliste radié Péro Luwara

La cellule de communication du député Jean-Pierre Tshimanga Buana a recadré les mensonges du youtubeur Claude Pero Luwara, un journaliste déjà radié qui depuis un temps a via son média propagé un mensonge contre l’élu de Tshikapa-Kamonia qui, selon Pierrot serait en train de garder un kit électorale.
« Il s’agit d’une campagne de sape pour freiner l’élan du meilleur élu des législatives 2018, qui a déjà mis son énergie pour la réélection de Félix Tshisekedi », tonne d’entrée de jeu Edo-Pascal Mulangu Kalala, coordonnateur de la cellule de communication de Jean-Pierre Tshimanga.
Le député Jean-Pierre Tshimanga Buana, élu de la circonscription électorale du territoire de Tshikapa Komonia en 2006, 2011 puis en 2018 n’a pas besoin de s’approprier des kits électoraux pour se faire élire, note son service de communication ; son assurance pour sa réélection ne faisant l’ombre d’aucun doute dans sa base ajoute le communiqué
L’honorable Tshimanga Buana n’a jamais été cité par une presse dans les suspicions qui pèsent sur les acteurs politiques par rapport à la préparation de la fraude électorale, poursuit la réplique. Par le biais de sa cellule de communication, le député Tshimanga Buana menace de mettre Pierrot Luwara à la disposition de la justice s’il ne présente jamais ses excuses publiquement.
« Par le présent communiqué, nous demandons à M. Pero Luwara de se dédire endéans les prochaines 48 heures, faute de quoi l’honorable Tshimanga Buana se réserve le droit de saisir incessamment les autorités judiciaires et l’Interpol pour que justice soit faite », dixit Edo-Pascal Mulangu.
Le journaliste Péro note dans cette vidéo que Jean-Pierre Tshimanga Buana est un élu du territoire de Luebo, alors que ce dernier depuis 2006 est un élu du territoire de Tshikapa. Grave, le journaliste connaît bien le député national Jean-Pierre Tshimanga.
Jean-Luc Kabongo depuis Tshikapa




Félix Tshisekedi échange avec une délégation du Conseil de paix et de sécurité de l’Union Africaine

Une délégation du Conseil de Paix et de Sécurité (CPS) de l’Union Africaine conduite par M. Willy Nyamitwe, a été reçue ce mercredi 22 mars 2023, dans la soirée, par le Chef de l’État, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo.

Soucieux de cerner les contours de la problématique de l’Est avec, à la clé, la guerre imposée à la RDC par le Rwanda agissant sous le couvert du M23, cet organe stratégique de l’UA s’attèle, depuis quelques jours, à la récolte des données sur terrain.

Le Chef de l’État a reçu cette délégation pour faire le point sur leur séjour de travail en RDC, notamment à l’Est où ils ont pu voir sur le terrain les conséquences humanitaires de l’agression du Rwanda. Le Président Tshisekedi a fait passer un message ferme, clair et franc aux membres de la délégation pour demander à l’UA d’agir en conséquence face à un déni flagrant de la charte de l’organisation continentale de la part du Rwanda qui agresse un pays voisin et frère sans raison valable.

Interrogé par la presse au sortir de l’audience, M. Willy Nyamitwe s’est dit satisfait de l’entretien fructueux que sa délégation a eu avec le Président Félix Tshisekedi, ajoutant que lui et ses collègues repartaient avec “une connaissance parfaite” des attentes de la population congolaise face à l’équation de l’Est et sur ce que peut être l’apport du CPS dans la résolution de la crise qui y sévit.

Pour l’heure, a-t-il précisé, le CPS s’en tient à la récolte des informations susceptibles de l’aider dans ses prestations futures conformément à son cahier de charge. Et de préciser que les informations recueillies sont publiques et seront publiées, après recoupage, dans un rapport à transmettre à qui de droit. Ce rapport, a-t-il ajouté, prend en compte les différentes informations recueillies à tous les niveaux (Gouvernement, société civile, victimes, corps diplomatique etc.).

Et d’ajouter que les autorités congolaises ont mis à la disposition de sa structure un Mémorandum contenant tous les détails en rapport avec la situation à l’Est du pays, sans toutefois fixer une échéance quant à la publication dudit rapport.

“Nous voulons taire les armes. Nous voulons bâtir une Afrique exempte d’iniquité, de terrorisme, de toutes ces ignominies qui nous empêchent de nous développer, d’avoir la quiétude et la paix sur le continent”, a-t-il conclu, non sans marteler sur la fraternité africaine, concept qui, visiblement, le tient à cœur.

Pour rappel, le Conseil de paix et de sécurité (CPS) est l’organe décisionnel permanent de l’Union Africaine pour la prévention, la gestion et le règlement des conflits.




Visite de Xi Jiping en Russie : Enjeu pour la région vu par un journaliste  

L’enjeu de cette visite est celui de l’amitié, de la coopération et de la paix. D’après Zhang Shanhui, Journaliste chez CGTN/ Français pour de questions diplomatiques, Politiques et surtout Economiques. Dans une interview accordée au journal L’Avenir ce mardi 21 mars à Beijing, ce professionnel de media chinois qui salue cette tournée a tenu à souligner que la Russie a constitué la première visite d’État à l’étranger pour Xi Jinping quand il est devenu président pour la première fois en 2013.

 

Cette visite aura non seulement un impact positif dans le renforcement de la coopération qui existe déjà entre la Chine et la Russie, estime Zhang Shanhui Journaliste chez CGTN/ Français, mais aussi permettra aux deux parties d’évoquer la question de la crise entre l’Ukraine et la Russie.

 

Evoquant la phrase employée par le président chinois dans un article publié dans un journal russe et sur un site web de l’agence de presse RIA Novosti avant son arrivée en Russi,e je cite : « Aller de l’avant, ouvrons un nouveau chapitre de coopération amicale sino-russe et de développement commun », Zhang Shanhui soutient que ces quelques faits montrent à quel point la Chine attache une grande importance à sa relation avec la Russie et que le rapprochement n’est pas nouveau puisque, renchérit-elle, ce partenariat stratégique sino-russe date depuis bien longtemps.

 

D’ajouter que comme rappelé que dans cet article, le président chinois est revenu sur ces 3 points: le premier, concerne la coopération: les deux parties ont formé un modèle de coopération tous azimuts et à plusieurs niveaux. Ici, il faut dire que le volume des échanges bilatéraux entre la Chine et la Russie a dépassé les 190 milliards de dollars l’an dernier, soit une augmentation de 116 % par rapport à il y a 10 ans. La Chine est depuis 13 années consécutives le plus grand partenaire commercial de la Russie. En deuxième position, l’amitié qui date de plusieurs années déjà entre les deux pays. En 2021, les deux présidents ont commémoré le 20e anniversaire du traité de bon voisinage et de coopération amicale entre la Chine et la Russie et ont pris la décision de prolonger ce pacte.

 

En 2022, les deux chefs d’Etat ont officiellement lancé les Années d’échanges sportifs Chine-Russie lors des Jeux olympiques d’hiver de Beijing.

Et pour finir en troisième position, la question de la paix. Ici, il faut dire que cette visite du dirigeant chinois en Russie intervient alors que les tensions géopolitiques s’intensifient dans le monde.

 

Mais surtout au sujet de la crise, ce professionnel de media a insisté sur le rôle que compte jouer la Chine, en soulignant que la Chine va maintenir une position objective et juste et jouera un rôle constructif dans la promotion des pourparlers de paix.

Mais déjà face à l’aggravation de la crise, son pays a successivement avancé un certain nombre de propositions ;

« Notamment l’adhésion aux buts et principes de la Charte des Nations Unies, le respect des préoccupations légitimes de sécurité de tous les pays, le soutien aux efforts visant à résoudre pacifiquement la crise ukrainienne et la garantie de la stabilité de la chaîne industrielle et de la chaîne d’approvisionnement mondiale ».

 

Donc la Chine promeut en ce sens, le concept de sécurité commune et globale.

 

Il faut dire que c’est le premier déplacement de Xi Jinping à l’étranger depuis qu’il a été élu président de la Chine pour un troisième mandat début mars, mais aussi la 9ème fois qu’il visite la Russie en tant que président chinois.

 

 

Hugo Matadi, depuis Beijing




IXes Jeux de la Francophonie: Modero Simba et Isidore Kwandja décidés de promouvoir le secteur du tourisme

Le Comité National des IXes Jeux de la Francophonie compte faire des Jeux de Kinshasa une opportunité de relance du secteur de tourisme et du rayonnement de l’image de marque de la République Démocratique du Congo.

Ce souci explique la visite, ce mercredi 22 mars 2022, du Directeur National des Jeux M. Isidore Kwandja Ngembo au ministre du Tourisme Modero Simba ; le Secteur du tourisme en RDC étant au centre du Dispositif Prioritaire de Développement Durable dans l’organisation des IXes Jeux de la Francophonie.

Les deux parties ont convenu de travailler ensemble en vue de mettre sur pied, les mécanismes nécessaires pour booster, à l’occasion des Jeux, le secteur du tourisme. Elles ont décidé de mettre en place un cadre de collaboration pour convoquer les professionnels du secteur du tourisme public et privé. Seront concernés notamment les hôteliers, les restaurateurs, les agences de voyage, les tenanciers des sites touristiques et les guides touristiques. Il sera question de les sensibiliser sur les arrivées des artistes, des athlètes et des différentes délégations officielles attendus à Kinshasa pour les IXes Jeux de la Francophonie du 28 juillet au 6 août 2023.

« Notre pays organise les IXes Jeux de la Francophonie et cela implique que nous devons loger et nourrir toutes les délégations qui viennent. Or, le secteur de la restauration et le secteur hôtelier relève du Ministre de tourisme. J’étais venu le voir pour demander son implication pour que nous puissions organiser ces Jeux dans les meilleures conditions », a dit le Directeur National Isidore Kwandja au sortir de l’audience.

Il a révélé en outre que le ministère de Tourisme est en train de réhabiliter le site de la N’sele qu’il pourra mettre à la disposition du comité pour loger les délégations congolaises qui vont participer aux Jeux.




La Rdc envisage-t-elle un pivot vers la Russie ? (Ce billet de blog est l’adaptation en français d’un article du professeur de l’Université d’Anvers (Belgique) Kristof Titeca publié par le Lawfare blog).

En août 2022, le ministre de la Défense de la République démocratique du Congo (RDC), Gilbert Kabanda Kurhenga, s’est rendu à Moscou pour participer à la 10e Conférence sur la sécurité internationale. En marge de la conférence, il a rencontré plusieurs de ses homologues russes, dont le vice-ministre de la défense, Alexander Fomin. Au cours de sa visite, Kabanda a déclaré que « [l]a Fédération de Russie, en tant que bonne amie, s’est toujours abstenue de nous faire chanter, de nous blâmer ou d’imposer des sanctions subjectives ». Selon les rapports, il est même « allé jusqu’à exprimer un “fort désir” pour un “soutien multiforme” de Moscou contre les groupes armés présents dans l’est de la RDC ». Du côté russe, le chef du Service fédéral russe pour la coopération militaro-technique, Anatoly Punchuk, a rassuré « le ministre Gilbert Kabanda de la disponibilité de son pays à équiper les FARDC [Forces armées de la République démocratique du Congo] et à former des officiers congolais ». Cela ne semblait pas exagéré : la Russie a livré un important lot d’armes à la RDC en février 2021. Des documents ayant fait l’objet d’une fuite ont montré que ce lot comprenait 10 000 fusils Kalachnikov et environ 3 millions de cartouches de munitions. Ce qui est particulièrement frappant dans cette livraison, c’est qu’il s’agit d’un cadeau, payé par le gouvernement russe. Mais la situation est plus complexe que ne le laissent supposer les réunions de Kabanda. Peu après, le président de la RDC, Félix Tshisekedi, a en privé désavoué certains des commentaires de son ministre de la défense auprès de diplomates, affirmant qu’il avait « dérapé » à Moscou et qu’il parlait d’un point de vue personnel, et non d’un point de vue gouvernemental. Ce faisant, Tshisekedi essayait de s’assurer qu’il ne contrariait pas l’Europe et les Etats-Unis, qui sont des partenaires importants pour son gouvernement.

Une lutte d’influence est en cours en RDC. Bien que le président ait garanti aux diplomates occidentaux que le soutien de Moscou n’était pas à l’ordre du jour – ce qu’il a répété plus tard dans un entretien avec le Financial Times – des pressions s’exercent au sein de son administration pour qu’il se tourne vers la Russie. Cette tension est apparue clairement dans une série de plus de 30 entretiens que j’ai menés avec diverses personnes : des décideurs congolais spécialisés dans la sécurité et la politique étrangère, des diplomates internationaux, des journalistes, des analystes et des acteurs de la société civile. La plupart des entretiens ont eu lieu à Kinshasa en octobre 2022, tandis que d’autres ont été réalisés à distance.

Bien que la Russie joue un rôle actif dans cette quête d’influence en offrant des incitations, telles que ces livraisons d’armes, les sentiments anti-occidentaux en RDC sont au moins aussi importants. Cette hostilité a été amplifiée par la rébellion du M23 et les perceptions de complicité occidentale dans cette crise. Il en résulte des pressions au sein de l’administration congolaise, en particulier de la part des forces de sécurité, pour « passer à la Russie », ainsi que des efforts occidentaux pour contrer cette influence.

L’influence croissante de la Russie au Congo

Au cours des dernières années, la Russie a été particulièrement active pour tenter d’étendre son influence dans certaines parties de l’Afrique – une politique qui a été documentée en République centrafricaine, au Mali, au Burkina Faso et au Soudan. Dans ces pays, Moscou a étendu son influence politique, sécuritaire et économique. Les partenariats de sécurité du groupe Wagner sont les manifestations les plus visibles de cette politique, mais la Russie a également investi dans les secteurs minier et énergétique des pays africains. Avec ses minerais et son conflit en cours, la RDC répond aux critères des intérêts de la Russie – un fait confirmé par des fuites de documents russes datant de 2018 et 2019.

Et, de fait, il y a eu une augmentation de l’activité russe en RDC au cours des dernières années. En juin 2018, la RDC et la Russie ont ratifié un accord de coopération militaire et technique qui était resté en sommeil pendant 19 ans. L’accord a été initialement signé par Laurent Kabila en 1999, mais a été mis de côté jusqu’à ce que le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhail Bogdanov, se rende à Kinshasa près de deux décennies plus tard. L’accord couvre une série de questions, notamment des dispositions relatives aux livraisons d’armes, aux missions de conseil et à la formation de spécialistes militaires dans les écoles russes. Depuis 2018, la Russie a explicitement exprimé son désir de développer davantage cette coopération militaire ; elle est particulièrement intéressée par l’assistance aux efforts de la RDC pour combattre les groupes armés dans l’est et attend une demande formelle de Kinshasa. La livraison d’armes en 2021 a été considérée comme un moyen de consolider l’accord, en répliquant une tactique que la Russie avait déjà utilisée avec la République centrafricaine, à laquelle elle avait remis un important lot d’armes au début de l’année 2018. Ce don avait marqué le début (non annoncé) des opérations de Wagner en République centrafricaine : la livraison d’armes était accompagnée de 175 instructeurs militaires du groupe Wagner.

En outre, la demande d’armes est forte à Kinshasa. Le gouvernement Tshisekedi a récemment approuvé un ambitieux plan de dépenses militaires, d’une valeur de 3,5 milliards de dollars entre 2022 et 2025. Le gouvernement de la RDC cherche à acheter des armes et discute avec un large éventail de fournisseurs. Les responsables congolais de la sécurité m’ont dit que la Russie était considérée comme un partenaire particulièrement intéressant. L’armée congolaise étant équipée d’armes de fabrication russe post-soviétique, la Russie est considérée comme un guichet unique permettant d’acheter des armes compatibles à moindre coût et en plus grande quantité. En outre, la Russie est considérée comme un partenaire avec lequel il est plus facile de travailler. Pour reprendre les termes d’un ancien responsable de la sécurité que j’ai interrogé, « [la Russie] ne fixerait pas tous ces obstacles imposés par l’Occident ».

Un autre événement important a été l’arrivée en 2021 du diplomate russe Viktor Tokmakov à Kinshasa en tant que commandant en second de l’ambassade. Tokmakov était auparavant basé en République centrafricaine, où il était largement considéré comme l’un des architectes des activités du groupe Wagner dans le pays. Son arrivée et son engagement auprès de personnalités de l’establishment politique et militaire congolais ont été considérés comme un prélude à l’arrivée des forces de Wagner.

Tout au long de cette période, les contacts russes se sont poursuivis : une délégation de membres du parlement russe s’est rendue au parlement congolais pour discuter des « questions de sécurité » en décembre 2022, et il y a eu une série de réunions de haut niveau entre l’ambassadeur russe et le gouvernement congolais, y compris des réunions séparées avec le président et la première dame de la RDC. L’application de covoiturage Yango, propriété du géant russe des technologies de l’information Yandex, a étendu ses opérations africaines à Kinshasa en août 2022.

Malgré les efforts considérables déployés par la Russie, ces contacts ne se sont pas traduits par grand-chose : seulement des rapports (non confirmés) sur des commandes d’hélicoptères militaires en provenance de Moscou et des rumeurs (probablement fausses) sur l’arrivée du groupe Wagner.

La crise du M23 et le sentiment anti-occidental

Les efforts d’influence de la Russie sont moins importants que le fort sentiment anti-occidental de nombreux habitants de la RDC. En mars 2022, la rébellion du M23 a lancé une nouvelle offensive dans la province du Nord-Kivu, dans l’est du Congo. Le regain d’activité du groupe rebelle, qui était resté en sommeil pendant une dizaine d’années, a provoqué une crise humanitaire majeure, avec plus de 450 000 personnes déplacées et de nombreux morts. Malgré les preuves de plus en plus nombreuses du soutien du Rwanda au groupe rebelle, la communauté internationale a tardé à condamner Kigali, de nombreux pays choisissant de ne pas indexer publiquement le pays. Les Congolais ont eu l’impression que très peu de mesures avaient été prises pour soutenir leur souveraineté – un point qui est encore plus frappant si on le compare à l’invasion de l’Ukraine, qui a commencé peu de temps après. Comme l’a dit un commandant de l’armée avec lequel je me suis entretenu, « nous avons […] condamné l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Nos problèmes sont les mêmes, nous avons également été envahis par un pays voisin, le Rwanda. Mais l’Occident n’a jamais reconnu l’agression de la RDC ».

Le régime de notification de l’ONU pour la RDC, qui oblige à signaler au comité des sanctions de l’ONU toutes les exportations d’armes vers le gouvernement congolais, s’est avéré être une question litigieuse. Cette obligation a été établie par une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies de 2008, qui a mis fin à l’embargo sur les armes pour l’État congolais, mais l’a maintenu pour les groupes armés. Une nouvelle résolution de l’ONU, adoptée en juin 2022, a encore affaibli les exigences en matière de notification et qui s’appliquait plus qu’à un groupe plus restreint d’armes légères et de formations militaires fournies par des tiers.

Bien que réduites, les exigences en matière de notification ont suscité la frustration des responsables congolais, dont beaucoup estiment qu’elles ont empêché le gouvernement congolais d’acheter les armes nécessaires pour vaincre les rebelles du M23. Beaucoup considèrent qu’il s’agit d’un « embargo, mais formulé différemment ». Comme l’a dit un commandant de l’armée que j’ai interrogé : « Ils nous imposent cet embargo de manière intelligente : Ils nous disent que pour obtenir des armes, il faut les enregistrer. Mais ce n’est pas acceptable pour un pays souverain. Comment un pays qui combat des groupes armés, qui lutte contre des terroristes peut-il faire cela ? Pourquoi avons-nous besoin de toutes ces autorisations ? […] Nous les Congolais, nous trouvons cela injuste. Il s’agit simplement d’un embargo sur les armes dont ils ont changé le nom ».

 

Cette perception résulte en partie d’une incompréhension généralisée du régime de notification, mais aussi d’une instrumentalisation politique. Les analystes s’accordent à dire qu’il faut avant tout une réforme structurelle de l’armée congolaise pour remédier à ses faiblesses : l’achat d’armes supplémentaires ne résoudra pas ses problèmes. Le fait d’accuser le régime de notification a permis à l’armée d’externaliser la responsabilité et d’attirer l’attention sur l’accès aux ventes d’armes, en rejetant la faute sur l’Occident.

Malgré ce degré d’instrumentalisation, les craintes exprimées quant à l’atteinte à la souveraineté de la RDC par le régime de notification sont largement partagées. Les conditions posées par l’ONU ont puisé dans un sentiment de fierté nationale et sont considérées comme une humiliation et un moyen pour l’Occident d’exercer un contrôle continu sur la RDC. Cette perception a une longue histoire dans le pays : l’« Occident » est compris comme incluant non seulement les États-Unis, la France et le Royaume-Uni, mais aussi les Nations Unies et sa force de maintien de la paix en RDC, la Monusco. De nombreux Congolais estiment que ces acteurs imposent à la RDC toute une série de conditions qui n’aident pas les Congolais et qui, au contraire, étouffent encore plus le développement du pays et la capacité de l’armée à sécuriser le pays. Le régime de notification de l’ONU n’en est que la dernière manifestation. Parmi les responsables de l’armée congolaise, la politique de conditionnalité de la Monusco (qui impliquait un contrôle du passé des officiers en matière de respect des droits humains avant que l’armée puisse recevoir le soutien et impliquait que la mission tienne une « liste noire » non divulguée) a également jeté de l’huile sur le feu, tout comme les sanctions de l’UE et des États-Unis à l’encontre des officiers supérieurs de l’armée.

De nombreux responsables ont le sentiment que tout cela serait beaucoup plus facile avec la Russie, qui n’exige pas le respect des droits humains et des conditions de vente d’armes. Un commandant de l’armée m’a résumé ce point de la manière suivante : « La perception que nous avons ici en RDC est que nous recevons des menaces de l’Occident : nous avons reçu des sanctions qui sont injustes. Nous sommes menacés. Nous avons des problèmes pour obtenir des armes – ils nous imposent des embargos. […] Quand il y a des élections ou d’autres questions, ils voient toujours des problèmes ». La Russie s’est efforcée d’amplifier le message selon lequel l’Occident et les Nations unies ont tenté de maintenir la RDC sous leur contrôle. Elle s’est également opposée, au moins sur le plan rhétorique, au régime de notification, le qualifiant d’« embargo sur les armes » sur les médias sociaux. Cependant, bien que la Russie aurait pu voter contre le régime de notification au Conseil de sécurité de l’ONU, elle ne l’a pas fait, choisissant plutôt de s’abstenir.

Ces sentiments anti-occidentaux ont été amplifiés par d’autres actions récentes des Nations Unies et de l’Union européenne. Tout d’abord, tout cela s’est produit dans un contexte de fortes frustrations à l’égard de la Monusco, que la plupart des Congolais considèrent comme largement inefficace, et a donné lieu à de violentes manifestations contre les Nations unies. Ces sentiments ont été alimentés par une déclaration du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, qui a affirmé lors d’une interview télévisée avec des médias français que les soldats de la paix de l’ONU sont « incapables de vaincre le M23 ». « La vérité, a-t-il déclaré à France 24, est que le M23 est aujourd’hui une armée moderne, avec des équipements lourds plus avancés que ceux de la Monusco. » De plus, l’Union européenne, par le biais de sa Facilité européenne de paix, a annoncé qu’elle donnerait 20 millions d’euros aux Forces de défense rwandaises pour leur déploiement au Mozambique. La perspective d’une aide de l’Europe au Rwanda, alors même que les preuves que le gouvernement rwandais aide la rébellion du M23 s’accumulent, a particulièrement contrarié le gouvernement congolais et l’opinion publique congolaise dans son ensemble.

D’anti-occidental à pro-russe

Ces événements ont enflammé les sentiments anti-occidentaux en RDC – en particulier contre les États-Unis, le Royaume-Uni et la France, que le grand public accuse non seulement d’inaction à l’égard du M23 et du Rwanda, mais aussi de soutien actif à la rébellion et à ses bailleurs de fonds étrangers.

Dans le contexte géopolitique actuel, ces tensions se sont traduites par des attitudes pro-russes. Après la déclaration de M. Guterres, un haut responsable de la sécurité m’a dit qu’elle avait suscité de la frustration parmi les responsables sécuritaires et une volonté de se tourner vers un nouveau partenaire. « Si c’est ce que vous dites, que faites-vous ici ? » a-t-il dit. « Prenez vos bagages et partez, nous trouverons un autre moyen de résoudre la question du M23. Pourquoi devrions-nous être aidés par des gens qui ont dit qu’ils n’étaient pas capables de nous aider ? C’est ainsi que nous nous orientons vers la Russie. Ce que Wagner a fait en [République centrafricaine], ils peuvent aussi le faire ici en RDC ».

La Russie est devenue à la fois un moyen de protester contre l’Occident et un instrument de pression. Plusieurs sources diplomatiques ont relaté un incident au cours duquel le président Tshisekedi, rencontrant des diplomates de l’UE après la diffusion de la nouvelle concernant l’assistance aux forces de défense rwandaises, leur a demandé, incrédule : « Vous ne comprenez pas que vous nous poussez ainsi vers la Russie ? ». En d’autres termes, les choix politiques contestés des pays occidentaux ou de l’ONU ont conduit à la menace de s’adresser à la Russie.

De même, certains interlocuteurs congolais m’ont dit que le régime de Tshisekedi avait brandi la « menace russe » pour obtenir plus d’armes de l’Occident afin de combattre le M23, mais que cette démarche n’avait pas abouti. Dans l’ensemble, cependant, le paysage géopolitique est en mutation, et l’exercice par le gouvernement congolais de l’« option Russie » concerne au moins autant la manière dont elle peut être utilisée dans les relations avec l’Occident que sa politique russe proprement dite. Cette dynamique était également évidente lors de la ratification en 2018 de l’accord militaire russe en suspens depuis longtemps ; cette décision a été prise à la toute fin du régime de Kabila et, tout en renforçant les liens avec Moscou, elle constituait également une réplique aux critiques occidentales à l’égard du règne prolongé de Kabila.

Ce passage de la rhétorique à la réalité est renforcé par la perception que l’Occident, comme me l’a dit un conseiller congolais en matière de sécurité, « exige beaucoup, mais ne donne pas grand-chose ». Ce sentiment est particulièrement fort en ce qui concerne les États-Unis, qui sont particulièrement importants pour Tshisekedi. Washington a joué un rôle central dans sa nomination à la présidence, et sa relation avec les États-Unis est considérée comme un contrepoids majeur aux liens de l’ancien président Kabila avec la Chine (et une irritation similaire concernant la relation de la RDC avec la Chine est également évidente). Mais plusieurs interlocuteurs congolais ont exprimé leur frustration quant au partenariat soi-disant « spécial » que Tshisekedi entretient avec les États-Unis et qui, semble-t-il, ne s’est pas traduit par beaucoup d’investissements concrets. Comme me l’a résumé un responsable de l’armée congolaise : « Pourquoi des réunions interminables avec l’Occident, y compris l’ONU ? Pourquoi ne pas faire comme le Mali et [la République centrafricaine] et se tourner vers la Russie ? » Des déclarations de ce type dénotent non seulement des sentiments anti-occidentaux, mais aussi un certain opportunisme. Des fonctionnaires du gouvernement congolais m’ont souvent dit : « Nous avons essayé l’UE, les États-Unis, la Chine. Pourquoi ne pas essayer la Russie ? »

Les gouvernements occidentaux ont tenté de répondre à ce pivot potentiel vers la Russie de plusieurs manières. D’une part, ils ont exprimé publiquement et directement au gouvernement Tshekedi leurs inquiétudes quant au rapprochement entre la RDC et la Russie. La question a été soulevée par le Premier ministre belge Alexander De Croo lors d’une réunion bilatérale avec le président Tshisekedi pendant l’Assemblée générale des Nations unies à l’automne dernier. Elle a également été évoquée lors de la visite du secrétaire d’État américain Antony Blinken à Kinshasa en août 2022. Plus généralement, le message a été clairement donné à huis clos par les acteurs occidentaux : ne tournez pas vers la Russie, ou il y aura des conséquences. D’autre part, les gouvernements occidentaux ont également pris des mesures. Par exemple, des entretiens avec des diplomates et des fonctionnaires congolais ont montré que la France était la principale force motrice derrière la décision de lever le régime de notification très impopulaire contre la RDC en décembre 2022. La secrétaire d’État française chargée du Développement était en visite à Kinshasa le jour suivant. Ce faisant, ils espéraient retrouver les faveurs de Kinshasa.

Cela dit, les frustrations à l’égard de l’Occident demeurent, en particulier au sein du secteur de la sécurité congolais. Les responsables de la sécurité considèrent les armes comme un problème central : l’Occident hésite beaucoup à en livrer, préférant fournir des équipements non létaux. Comme me l’a dit un commandant de l’armée, « rien de tout cela n’arriverait avec la Russie – les sanctions, les exigences, les droits humains – rien de tout cela ne serait présent ». Un autre commandant a souligné ce qu’il considérait comme une réussite russe. « Ce qui se passe au Mali, je n’arrive pas à y croire », a-t-il déclaré. « C’est tellement noble et, dans le contexte africain actuel, très inattendu. Ils [les Russes] ont raison de dire que le temps est venu pour les Africains de réclamer leur indépendance. Nous sommes à un tournant ». Il n’est pas surprenant que le ministre de la Défense, qui avait fait des commentaires aussi élogieux sur les relations entre la RDC et la Russie l’été dernier, soit un général de l’armée à la retraite et soit conseillé principalement par des officiers de l’armée.

Les décideurs civils expriment des points de vue plus nuancés, souvent anti-occidentaux, mais pas nécessairement pro-russes. Selon un interlocuteur civil travaillant dans le secteur de la sécurité, la RDC devrait « user de la même détermination que les Ukrainiens pour résister à nos agresseurs avant de compter sur la Russie, qui ne fera absolument rien. Poutine ne décidera jamais d’attaquer le Rwanda à notre place. Alors arrêtez de rêver et de soutenir un carnaval sans intérêt. La RDC est un géant. Malheureusement, elle est devenue un nain par manque d’estime de soi ».

Dans ce contexte général, le grand public semble généralement avoir des attitudes pro-russes. Ceci a été illustré de manière frappante par un sondage national réalisé en janvier 2023, qui a montré que la Russie a de loin le plus grand soutien parmi une liste de pays étrangers et d’organisations internationales – 61% des Congolais ont exprimé une « bonne » ou « très bonne » opinion du pays. Certains manifestants, dont une délégation de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), le parti du président Tshisekedi, ont brandi des pancartes de soutien à Poutine, lui demandant d’intervenir. À Kinshasa, plusieurs petites manifestations de soutien à la Russie ont eu lieu l’année dernière. Des dizaines de jeunes gens qui manifestaient contre l’arrivée du président français Emmanuel Macron à Kinshasa lors d’une visite au début du mois de mars portaient des pancartes pro-russes.

Cet environnement est un terrain fertile pour la désinformation sur les médias sociaux, en particulier à l’encontre de certains acteurs occidentaux. Une vidéo largement partagée prétendait montrer l’ambassadeur français chassé du parlement congolais, et une autre publication populaire montrait des images d’un avion français stationné dans l’est du Congo censé fournir des armes au M23. Ces deux images étaient erronées et ont été démenties par un certain nombre de publications, mais elles sont révélatrices de l’état d’esprit qui règne dans le pays.

Le « scénario Lumumba »

Alors, avec tout ce sentiment pro-russe, pourquoi le gouvernement Tshisekedi n’a-t-il pas développé des relations plus étroites avec la Russie – par exemple, en lui achetant plus d’armes ? Des pressions ont été exercées sur le président pour qu’il agisse de la sorte par divers groupes au sein de son administration. Cependant, les conséquences potentielles à long terme semblent jouer un rôle et constituent une raison importante pour laquelle l’option russe n’est pas poursuivie de manière plus approfondie. Les initiés et les analystes du régime ont cité un nom – ou mieux, un scénario – à maintes reprises : le « scénario Lumumba ». En bref, Patrice Lumumba, premier Premier ministre de la RDC après l’indépendance, s’est tourné vers la Russie après n’avoir pas obtenu le soutien dont il avait besoin de la part de l’Occident, ce qui a finalement conduit à son assassinat. Des initiés affirment que le régime actuel craint un scénario similaire. Le président et de nombreux autres responsables du gouvernement congolais estiment qu’ils ne reçoivent pas le soutien dont ils ont besoin de la part de l’Occident et envisagent donc de se tourner vers la Russie. Ils ne craignent pas que le pivotement vers la Russie entraîne l’assassinat de Tshisekedi, mais ils s’inquiètent que cela puisse les conduire à la perte du pouvoir : l’Occident réduirait sans aucun doute son soutien (politique et économique) au régime, ce qui menacerait le pouvoir du président Tshisekedi, tandis que les réseaux de l’ancien président Kabila, un rival potentiel, restent puissants.

Ceci explique en partie pourquoi Tshisekedi suit le dossier russe de si près. Tout au long de l’année 2022, et en particulier au cours du second semestre 2022, les différentes instances de politique étrangère et de sécurité de l’administration congolaise ont beaucoup discuté de la question, mais à la fin de l’année, le dossier avait largement disparu de ces forums. Au contraire, il est devenu fermement contrôlé par la présidence. Depuis lors, un nombre croissant d’autres acteurs se sont impliqués en RDC. La Turquie, principal concurrent de la Russie sur le marché des armes en Afrique, a commencé à livrer des armes au gouvernement congolais, tout comme l’Afrique du Sud. Le gouvernement congolais a également commencé à travailler avec environ 400 soldats privés roumains et a acheté des drones militaires chinois. Enfin, symbole important, le ministre congolais de la Défense a rencontré le vice-ministre ukrainien de la Défense le 11 février à Kinshasa, où ils ont fait part de leur intention d’améliorer leur collaboration bilatérale.

La Russie n’est peut-être même pas en mesure d’apporter le soutien que la RDC souhaiterait. Il n’est pas certain que le groupe Wagner puisse envoyer des troupes ; ses opérations sont déjà très limitées en Afrique et il lui serait difficile de se déplacer de la République centrafricaine, du Mali ou de la Libye vers la RDC. La présence russe au Congo est également limitée, d’une manière générale. Son ambassade, par exemple, ne compte que cinq membres du personnel diplomatique, un nombre particulièrement faible par rapport à d’autres missions. Cela dit, l’engagement de la Russie ne se limite pas à Wagner, comme l’a montré son engagement dans d’autres pays africains.

La durée pendant laquelle le gouvernement Tshisekedi restera en bons termes avec la communauté diplomatique occidentale sera déterminante. Les décideurs politiques sont de plus en plus préoccupés par une série de questions de gouvernance, telles que le niveau de corruption dans le régime de Tshisekedi (y compris dans l’entourage direct du président), la mise aux enchères de blocs pétroliers dans des zones protégées, et un accord contesté avec Dan Gertler, un homme d’affaires controversé qui fait l’objet de sanctions américaines depuis 2017. Les prochaines élections seront cruciales pour les partenaires internationaux de la RDC – un point de vue que le secrétaire Blinken a explicitement exprimé lors de sa visite à Kinshasa – mais des inquiétudes planent déjà sur le processus électoral. Il reste à voir comment, et si, la relation de la RDC avec l’Occident résistera dans ces circonstances.