Diplomatie : Serge Tshibangu porteur d’un message de Félix Tshisekedi à son homologue Zimbabwéen

Le réengagement et l’engagement du Zimbabwe continue de porter ses fruits au fur et à mesure que plus de pays s’adressent au Président Mnangagwa pour la relance et le renforcement des liens.

Ce vendredi 7 avril 2023, le professeur Serge Tshibangu, Envoyé spécial de la République démocratique du Congo et du président Félix Tshisekedi, a rencontré le président Mnangagwa à la Chambre d’État avec le message d’amélioration de la coopération entre les deux pays.

Après cette rencontre de haute portée, le Prof. Serge Tshibangu a déclaré à la presse locale que son pays envisageait des liens encore plus forts avec le Zimbabwe.

“Nous sommes venus apporter un message à Son Excellence Monsieur le président Mnangagwa de son frère, Son Excellence Félix Tshisekedi de la République démocratique du Congo”, a-t-il dit. “Le message de paix, le message de vouloir relancer et renforcer les liens entre les deux peuples, ceux du Zimbabwe et les peuples de la RDC”

Le Prof Tshibangu a exprimé sa gratitude au Président Mnangagwa pour son hospitalité et sa réponse positive à cette démarche.

“Nous sommes si reconnaissants au président Mnangagwa pour l’accueil chaleureux et son hospitalité, ainsi que pour cette réponse positive de sa part que nous ramenons en Rdc, à son frère », a-t-il ajouté.

Le Prof Tshibangu se dit être charmé par la politique de porte ouverte du Président Zimbabwéen Mnangagwa




Comme si la collusion M23/Rdf venait de déblayer le terrain: La Rdc redevient ” catastrophe humanitaire majeure

Ainsi, allant de pair, la question sécuritaire et la question humanitaire sont reprises en mains par une certaine Communauté internationale. Vraisemblablement, à la Monusco malmenée par la population, cette communauté a résolu de substituer la Force régionale de la Cae dont le mandat réel pourra être la sécurisation de l’acheminement de l’aide humanitaire au Nord-Kivu, au Sud-Kivu et en Ituri. Et comme par coïncidence (il y en a trop), on a choisi la période de commémoration du génocide… rwandais pour bien attirer l’attention du monde sur la tragédie des Grands Lacs.
Rien n’indique qu’il en soit le cas, mais lorsque les coïncidences se multiplient, il y a de quoi s’interroger sur la manière dont « la fin justifie les moyens ». Tenez !
Le 29 mars 2023, de retour à New York après avoir séjourné en RDC, précisément à Kinshasa pour rencontrer les autorités gouvernementales et à Goma pour échanger avec la population déplacée, la délégation du Conseil de sécurité des Nations Unies rend compte à cet organe.

Représentant permanent des États-Unis, l’ambassadeur Roger Wood donne la position de son pays par rapport à la situation sécuritaire à l’Est accentuée par la collusion (et non la coalition) M23/Rdf. Ouvrons une parenthèse au sujet des mots « collusion » et « coalition ». On se met en coalition pour une bonne Cause. On se met cependant en collusion pour une mauvaise Cause. Parenthèse refermée.
Pour Washington, Kinshasa n’a qu’à en finir avec la complicité Fardc/Fdlr et le discours haineux si vraiment on veut résoudre la question sécuritaire à l’Est.

Trop de coïncidences
Pendant ce temps, Bintou Keita, cheffe de la Monusco, va tirer, elle, la sonnette d’alarme sur la dégradation accélérée de la situation humanitaire.
Dans sa communication, elle a souligné que « Les besoins humanitaires déjà immenses en RDC continuent d’augmenter » et que « Cette crise humanitaire reste l’une de plus négligée au monde », avant d’ajouter : « Depuis ma dernière intervention devant le Conseil (de sécurité), la situation sécuritaire dans l’est de la RDC s’est considérablement dégradée. L’intensification du conflit avec le M23 et l’activiste persistant d’autres groupes armés, notamment les ADF, Zaïre et Codeco pour ne citer qu’eux, continuent d’infliger des souffrances intolérables aux populations civiles et de dégrader une situation humanitaire dramatique_ ».
Dans la foulée, elle va préciser qu’ « Au Nord-Kivu, Sud-Kivu et Ituri, des centaines de milliers de personnes ont fui les exactions des groupes armés et l’affrontement entre le M23 et les Fardc, mais aussi entre Codeco et Zaïre. Au Nord-Kivu, en particulier, les affrontements entre le M23 et les Fardc ont forcé 900 000 personnes à se déplacer ».
On se souviendra que le 4 mars dernier, de passage à Kinshasa, Emmanuel Macron a annoncé l’arrivage d’un don important en produits alimentaires et sanitaires danois à destination de la population déplacée de l’Est. Effectivement, l’avion-cargo a atterri à l’aéroport de Goma la veille du séjour de la délégation du Conseil de sécurité dans cette ville.
Coïncidence fortuite ou non, c’est à cette période que l’on a verra les choses s’accélérer concomitamment avec le déploiement des troupes de la Force régionale et le retrait de la collusion M23/Rdf.
Coïncidence fortuite ou non, c’est à ce moment que l’appel de Bintou Keita (fin mars 2023) va trouver un écho favorable.


La réponse n’est pas à la hauteur des besoins, loin de là !
En effet, dans sa dépêche du 8 avril publiée sous le titre « RDC : les acteurs humanitaires alertent sur une crise dramatique », Rfi révèle : « En quelques jours, Médecins sans frontières, Ocha, Oxfam, Care internationale et le Conseil danois pour les réfugiés ont publié des communiqués alarmants pour évoquer la situation dans le pays et plus spécifiquement dans l’Est en proie aux violences des groupes armés, notamment l’offensive du M23, un groupe rebelle soutenu pour le Rwanda voisin selon les Nations unies. Aujourd’hui, dans le pays, près de 10 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire urgente. C’est la plus grande crise de déplacement interne en Afrique pour les ONG ».
Selon la dépêche, « Tous ces acteurs humanitaires font le même constat : une catastrophe est en cours dans l’Est du pays. Pour la seule province du Nord-Kivu, selon MSF, près de 300.000 personnes ont dû fuir les combats au mois de février. Elles s’ajoutent désormais aux 2,5 millions de déplacés que compte cette province, et au 6 millions si l’on ajoute les provinces voisines du Sud-Kivu, de l’Ituri et du Tanganyika. Et cela va plus loin pour MSF : des communautés entières aujourd’hui sont isolées en raison des affrontements dans le territoire du Rutshuru et du Masisi où le M23 est présent, mais aussi dans celui du Lubero, qui s’il n’a pas été directement touché par les combats, est actuellement coupé du sud de la province ».
Ainsi, épidémies de rougeole et de choléra et insécurité alimentaire affectent-elles près de 3 millions de personnes, soit plus du tiers de la population du Nord-Kivu. Fait grave : « sur les 2,25 milliards de dollars demandés aux bailleurs de fonds par l’ONU pour cette année, seule 10% de cette somme a été financée à ce jour ».
Et Raphaël Piret, représentant de MSF pour la RDC, de conclure : « C’est une crise majeure qui s’ajoute à une situation humanitaire qui était déjà critique dans la province du Nord-Kivu, comme elle l’est dans tout l’Est du pays. Ce qu’on constate, c’est que la réponse n’est pas à la hauteur des besoins, loin de là ».

Renvoi à l’os pelé : élections
Il reste à le constater : la énième aventure rwandaise, cette fois encore avec pour bras séculier le M23, vient de faire la sale besogne consistant à redonner à la communauté internationale une bonne et solide raison de rester pour longtemps en RDC. Car on ne voit pas ce pays, malgré la bonne volonté de ses dirigeants, faire face seul aux exigences à la fois sécuritaires et humanitaires d’une si haute intensité.
Convaincus de mieux connaître les Congolais que les Congolais eux-mêmes, les Américains ont déjà dédouané la collusion M23/Rdf des causes exactes de l’insécurité citées par l’ambassadeur Roger Wood.
De ce fait, ils ont condamné les Congolais qu’ils renvoient d’ailleurs à l’os pelé, alias Élections, pendant qu’ils prennent et font prendre en mains, eux, la question sécuritaire et humanitaire à l’Est.
Omer Nsongo die Lema




M. Hammouchi reçoit le directeur de l’Agence de renseignement américaine

Le directeur général de la Surveillance du territoire, Abdellatif Hammouchi, a reçu, vendredi à son bureau à Rabat, le directeur de l’Agence de renseignement américaine (CIA), William Burns, qui était accompagné de certains de ses principaux collaborateurs et de l’ambassadeur des Etats-Unis au Maroc, Puneet Talwar.

Cette rencontre, qui s’inscrit dans le cadre des réunions bilatérales entre les deux parties, constitue une occasion pour faire le suivi de la mise en œuvre des résultats de la visite de travail effectuée par M. Hammouchi aux États-Unis les 13 et 14 juin 2022, et durant laquelle il avait rencontré la directrice du renseignement national américain, Avril Haines, le directeur de la CIA, William Burns, ainsi que le directeur du Bureau d’Investigation Fédéral américain, Christopher Wray, indique un communiqué de la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST).

Lors de cette réunion, les entretiens bilatéraux ont porté sur l’évaluation de la situation sécuritaire et des risques qui y sont associés au niveau régional, et sur l’examen des menaces et défis sécuritaires découlant de la situation tendue dans certaines régions du monde, outre le suivi et l’anticipation des menaces émanant des organisations terroristes, notamment dans la région sahélo-saharienne, précise la même source.

Cette visite, qui témoigne de la solidité et de la profondeur de la coopération stratégique, et de la coordination dans les domaines sécuritaire et de renseignement entre la DGST et l’Agence centrale du renseignement américaine, vient confirmer la volonté commune des deux parties de renforcer cette coopération, et de consolider la coordination bilatérale dans le domaine de la lutte contre le terrorisme et les diverses menaces à la sécurité aux niveaux régional et international, conclut le communiqué.

mapexpress.ma




Algérie: La guerre des clans, fidélité et obéissance à Chengriha…Toufik Hakkar dans le collimateur

Toufik Hakkar, le patron de l’entreprise pétrolière et gazière algérienne Sonatrach, n’a pas pris part, sur ordre de la présidence, à un voyage prévu aux Etats-Unis. En cause, une demande de soutien du PDG faite au chef d’état-major de l’armée algérienne, qui n’a pas plu à Abdelmadjid Tebboune.

Le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab, a pris part à la 41e édition de la Conférence “CERAWeek 2023”, organisée du 6 au 10 mars à Houston (Etats-Unis), à la tête d’une délégation de haut niveau composée de cadres du ministère, de Sonatrach, de Sonelgaz et de l’Agence nationale pour la valorisation des ressources en hydrocarbures (ALNAFT).
Le pétrole était au centre de la réunion de Houston, alors que les marchés et les alliances changent.

Des dirigeants et des responsables du secteur de l’énergie du monde entier se sont rendrus à Houston, au moment où les retombées politiques de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, il y a un an, continuent de déformer les lignes d’approvisionnement mondiales en pétrole et placent la sécurité énergétique à long terme au centre des préoccupations des gouvernements.
Les chefs des compagnies pétrolières et les ministres ont plaidé en faveur d’investissements dans toutes les formes d’énergie – combustibles fossiles et énergies renouvelables – afin de répondre à la demande croissante et, en même temps, d’accélérer le passage à l’industrie à faible émission de carbone du futur.
Un nombre record de 7 000 personnes se sont inscrites à la semaine de discussion CERAWeek sur les combustibles fossiles, les énergies propres et le stockage avancé de l’énergie.
La guerre en Ukraine a déclenché une flambée des prix du pétrole brut et des carburants qui a entraîné des bénéfices record pour l’industrie, incitant le gouvernement américain et d’autres à accuser Big Oil de faire du profit et la Grande-Bretagne et certains autres gouvernements à imposer des taxes exceptionnelles aux sociétés énergétiques.
Fidélité et obéissance à Chengriha: Le patron de la Sonatrach, Toufik Hakkar, convoqué à Londres par la fille de Saïd Chengriha

Le PDG de la Sonatrach a effectué une visite surprise à Londres fin février 2023 pour déférer à une convocation de la fille du général Saïd Chengriha, la bien nommée Mélissa, directrice financière d’une des filiales de la compagnie pétrolière algérienne. Décidément, les «fils et filles de», c’est une longue histoire chevillée au corps de la junte algérienne.
Au pays des généraux régnant en maîtres absolus, il faut savoir surtout se plier aux ordres de leurs progénitures, pour continuer à conserver ses privilèges. C’est une règle qui n’échappe pas à Toufik Hakkar, le PDG de la Sonatrach, puissante société algérienne des hydrocarbures (la «vache à lait») qui apporte à l’Algérie l’essentiel de ses revenus extérieurs. Toufik Hakkar doit tout à l’armée, au point de devoir obéir aux ordres de celle qui est pourtant censée être sous son autorité, en l’occurrence Melissa Chengriha, la fille de l’actuel chef d’état-major de l’armée algérienne et homme fort du pays.
Selon la feuille d’information confidentielle, Africa Intelligence, le patron de la compagnie nationale pétrolière algérienne «était l’invité surprise de l’International Energy Week (IEW) à Londres» où il est «arrivé le 26 février par un vol d’Air Algérie» pour «repartir le 28».
Toujours selon la même source, «il a accueilli la centaine d’invités de l’événement organisé le 27 à l’Hôtel Mandarin Oriental (cinq étoiles) dans le quartier huppé de Knightsbridge». Cependant, précise toujours Africa Intelligence, il n’était pas à Londres pour tisser ou renforcer des relations publiques, travail habituellement dévolu «aux départements trading des sociétés pétrolières et d’accélérer des négociations en cours, dans un cadre chic».

S’il est venu à la City, c’est surtout pour «s’entretenir avec les cadres de la filiale trading Sonatrach Petroleum Corp BVI (SPC BVI), chargée de la vente du brut et du GPL de l’Algérie», en particulier avec «Melissa Chengriha, directrice financière de la SPC et fille du très puissant chef d’état-major des armées, Saïd Chengriha».
Melissa a eu une ascension fulgurante qui lui a permis d’intégrer, dès 2001, le cabinet du Premier ministre algérien, pour finir, aujourd’hui haut-cadre au sein du groupe Sontrach. Selon le site d’information Algérie Part, Melissa Chengriha est «depuis septembre 2021, conseillère économique dans le domaine des hydrocarbures à Londres, capitale du Royaume-Uni» de la SPC Bvi, filiale londonienne de la Sonatrach.
De 2017 à 2021, nous apprend Algérie Part, elle était qualifiée de «fonctionnaire polyvalente» par certains médias, raillant le fait qu’elle occupait plusieurs fonctions fantômes en Suisse, où elle était à la fois représentante diplomatique de l’Algérie à l’ONU-Genève, tout en s’octroyant, de par le nom qu’elle porte, le bureau de l’attaché militaire algérien et celui du consul général de son pays en Suisse ! En fait, toutes ces fonctions visaient à couvrir la discrétion des fréquents allers-retours de Said Chengriha entre l’Algérie et la Suisse où il soigne ses nombreuses maladies chroniques, et particulièrement celle inhérente à une vessie qui ne retient plus rien.
Invasion en Ukraine: le groupe pétro-gazier public algérien Sonatrach dépose plainte contre le quotidien Liberté
« Le groupe Sonatrach a déposé plainte lundi contre le quotidien Liberté auprès du tribunal de Bir Mourad Rais pour avoir « manipulé et déformé » les propos de son Président Directeur Général (PDG), Toufik Hakkar, qui a accordé un entretien à ce journal. » rapporte l’agence de presse de la junte militaire algérienne (Algérie presse service « APS »).
Liberté est un quotidien national algérien d’information d’expression française. Il est édité par la « SARL SAEC Liberté ». L’anniversaire de création est le 27 juin 1992.
Les déclarations du Président Directeur Général de SONATRACH, Toufik Hakkar l’Algérie prête à fournir plus de gaz à l’UE «en cas de difficultés»
En cas de baisses des exportations russes liés à la guerre en Ukraine, Sonatrach, géant public algérien des hydrocarbures, a déclaré être prêt à fournir davantage de gaz à l’Union européenne.
«Sonatrach est un fournisseur fiable de gaz pour le marché européen et est disposé à soutenir ses partenaires de long terme en cas de situations difficiles», a déclaré le PDG de Sonatrach, Toufik Hakkar, dans une interview au quotidien algérien Liberté.
Ces apports supplémentaires en gaz naturel, ou gaz naturel liquéfié (GNL) restent néanmoins tributaires de la «disponibilité de volumes excédentaires» après «satisfaction des engagements contractuels» envers les partenaires étrangers.
Un «marché naturel de prédilection» pour l’Algérie
Considéré comme le «marché naturel de prédilection» pour l’Algérie selon Toufik Hakkar, l’Europe reçoit 11% de son gaz de son voisin du Maghreb. Une part qui pourrait augmenter. En effet, Sonatrach dispose «d’une capacité non utilisée» sur son gazoduc «Transmed», qui servirait à «augmenter les approvisionnements du marché européen». Ce gazoduc, qui transporte actuellement 22 milliards de mètres cubes par an, pourrait augmenter son rythme de transport afin de le réévaluer à 32 milliards de mètres cubes, si l’Europe en a besoin. Néanmoins, l’Algérie ne pourrait pas à elle seule «compenser la baisse d’approvisionnement en gaz russe», a précisé à l’AFP Abdelmajid Akkar, ancien ministre algérien de l’Energie.
De futurs investissements pour l’Algérie
L’Algérie prévoit d’investir 40 milliards de dollars entre 2022 et 2026 dans l’exploration, la production et le raffinage de pétrole ainsi que dans la prospection et l’extraction de gaz. Une réunion extraordinaire du Conseil des ministres européens en charge de l’Energie doit se tenir ce lundi à Bruxelles, alors que plusieurs pays dépendent fortement de la Russie pour leurs importations de gaz.
Lire l’article du journal « Liberté » dans son intégralité: TOUFIK HAKKAR, président-directeur général de SONATRACH « Nous prévoyons d’investir 8 milliards de dollars en 2022 »
La crise ukrainienne pourrait accentuer les tensions sur le marché gazier européen et perturber les approvisionnements. Sonatrach pourrait apporter des quantités supplémentaires grâce à “une capacité non utilisée sur le gazoduc transméditerranéen”. Toufik Hakkar souligne, dans cet entretien, que la contribution de l’entreprise qu’il dirige “pourrait s’étendre aux pays non desservis par les gazoducs reliant l’Algérie à l’Europe à travers des ventes GNL”. Néanmoins, explique-t-il, ces appoints en gaz naturel et/ou en GNL sont “tributaires de la disponibilité de volumes excédentaires”, après satisfaction de la demande du marché national, de plus en plus importante, et de ses engagements contractuels envers ses partenaires étrangers. Le premier responsable de Sonatrach fait du respect des engagements contractuels un élément de premier ordre de la politique d’exportation. Et d’affirmer : “Nous continuerons à honorer nos engagements envers nos clients, notamment pour le gaz naturel, et nous placerons tout excédent sur le marché spot” qui affiche actuellement des conditions favorables en matière de prix. Dans un tout autre registre, Toufik Hakkar a révélé un plan d’investissement de “8 milliards de dollars pour l’année 2022”, en ligne avec les objectifs à moyen terme que s’est fixés l’entreprise.
Liberté : Quel état des lieux peut être établi sur l’évolution de Sonatrach, 51 ans après la nationalisation des hydrocarbures?
Toufik Hakkar : Effectivement, Sonatrach célèbre cette année le 51e anniversaire du 24 Février 1971, date historique de la proclamation de la nationalisation des ressources naturelles et du plein recouvrement de l’Algérie de sa jouissance légitime sur l’ensemble des richesses de son sous-sol. 51 ans, c’est plus d’un demi-siècle d’un parcours riche, plein d’événements, ponctué de réalisations éclatantes du jeune état algérien qui, à travers Sonatrach, s’est donné l’ambition et les moyens d’assurer sa mission fondamentale envers notre peuple : assurer la sécurité énergétique du pays sur le long terme et contribuer au développement et à la modernisation de l’économie nationale. Ces deux missions sacrées, Sonatrach s’est attelée à les mener à bien durant toute cette longue période, en adaptant ses objectifs de développement aux impératifs induits par l’évolution permanente du marché énergétique mondial et les conséquences de bouleversements profonds parfois imprévisibles, à l’instar de la survenue de la pandémie de Covid-19 à l’orée de l’année 2020, sans doute l’année qui a le plus impacté le secteur énergétique international avec un net recul de l’activité et une forte baisse de la demande mondiale en énergie. Aujourd’hui, à l’occasion de cette célébration de la date historique du 24 Février, je tiens à rendre un vibrant hommage à l’esprit pionnier des femmes et des hommes qui ont assumé avec courage et brio le grand défi de la reprise en main de l’outil de production, au lendemain de la nationalisation de nos hydrocarbures, en assurant la continuité de l’activité. Grâce à leur implication totale, le processus de nationalisation a pris corps et Sonatrach a amorcé sa transformation en se développant sur l’ensemble de la chaîne de valorisation des hydrocarbures, mais également en se diversifiant sur plusieurs activités annexes et connexes à son cœur de métier, pour devenir actuellement une entreprise intégrée de l’amont à l’aval et un acteur de la scène énergétique régionale et mondiale.
Quelles ont été les principales étapes du développement du secteur pétrolier ?
La compagnie nationale des hydrocarbures a su relever le défi depuis la nationalisation des hydrocarbures en assurant, pendant cinq décennies, un développement soutenu du secteur pétrolier et gazier, à travers quatre phases majeures : -Phase de développement gazier durant les décennies 70 et 80, notamment à travers l’extension du gisement de Hassi R’mel et la réalisation de gazoducs et de complexes GNL. -Phase de développement du partenariat dans l’exploration durant la décennie 90, suite à la promulgation des lois 86-14 et 91-01. – Phase de mise en production des gisements en partenariat et montée en cadence de la production durant les années 2000. Durant cette même phase, Sonatrach a entamé le développement des activités à l’international. -Phase de poursuite de l’effort d’exploration et de développement des gisements et de consolidation des capacités de liquéfaction (réalisation de deux mégatrains GNL), de raffinage (programme de réhabilitation des raffineries du Nord), de pétrochimie (réalisation en partenariat de deux complexes d’ammoniac et d’urée) et d’exportation de gaz (réalisation du gazoduc Medgaz Algérie – Espagne). Cet effort de développement continu, durant des décennies, a permis à la compagnie d’asseoir sa position de locomotive de l’économie nationale et de groupe intégré à dimension internationale, opérant sur plus de 150 gisements de pétrole et de gaz et disposant de 22 000 km de pipelines, de quatre complexes de liquéfaction de gaz naturel d’une capacité de plus de 50 millions de mètres cubes par an, de six raffineries en Algérie d’une capacité de plus de 30 millions de tonnes/an et d’importantes autres infrastructures (gazoducs, navires, installations portuaires) lui permettant de maintenir ses niveaux d’exportation tout en assurant l’approvisionnement du marché national. Forte de cette expérience et de l’expertise acquise ces dernières décennies, Sonatrach et l’ensemble de ses travailleurs continuent à œuvrer pour relever les défis d’aujourd’hui et de demain, ceux liés notamment à la mobilisation de nouvelles réserves, au développement du raffinage et de la pétrochimie ainsi qu’à la participation au développement économique et énergétique futur du pays.
L’année 2021 a été moins difficile que 2020 pour la compagnie nationale. Quels ont été les plus grands challenges de 2021 ?
Après une année 2020 caractérisée par la double crise sanitaire et pétrolière, l’année 2021 a été celle de la relance de l’activité économique dans le monde et de la reprise de la demande en produits énergétiques, entraînant une augmentation des cours des hydrocarbures, avec des prix du pétrole qui ont poursuivi leur appréciation régulière depuis plus d’un an et qui ont clôturé l’année à une moyenne supérieure à 70 dollars le baril et des prix du gaz qui ont atteint des niveaux inédits, tirés par la demande asiatique et européenne. Ce contexte, conjugué aux efforts consentis par l’entreprise, nous a permis d’améliorer sensiblement nos résultats, sur le plan tant des volumes que financier. Ainsi, nous avons réalisé en 2021 un chiffre d’affaires à l’export dépassant les 35 milliards de dollars, contre 20 milliards de dollars en 2020, résultat de l’augmentation de la production primaire d’hydrocarbures de 5% et des volumes d’exportation de 17% par rapport à 2020. En matière de production qui a atteint 185 millions de tonnes équivalent pétrole (TEP) en 2021, l’augmentation provient de l’effort de maintien de nos gisements en exploitation, mais également de la mise en œuvre de notre programme de développement à travers la mise en service de plusieurs projets, parmi lesquels le boosting Hassi R’mel dont le démarrage est intervenu en deux phases en 2020 et 2021 et les gisements gaziers de Tinhert et de la périphérie Gassi Touil. L’apport de ces projets nous a permis de satisfaire le marché national dont les ventes ont totalisé 64 millions de tonnes équivalent pétrole (TEP), en hausse de 8% par rapport à 2020, et de relever notre niveau d’exportation à 95 millions de tonnes équivalent pétrole (TEP) pour faire face à une demande soutenue tout au long de l’année 2021. Par ailleurs, et dans le cadre de la satisfaction du marché national en carburants, la concrétisation du programme de réhabilitation des raffineries et les actions entreprises en faveur de l’optimisation de la production nous ont permis en 2021 de répondre à la totalité de la demande en essences et gasoil et d’arrêter leur importation. Sur un autre plan, l’année 2021 a été marquée par la signature du premier contrat d’exploration et de production, sous l’égide de la nouvelle loi sur les hydrocarbures, avec le partenaire Eni sur le bassin de Berkine.
D’un autre côté, Sonatrach a procédé à l’installation du comité d’éthique chargé de veiller au renforcement des pratiques liées à l’éthique au sein de l’entreprise et à la signature de la “Déclaration générale de la politique du contenu local et de l’intégration nationale”, qui vise à intégrer davantage les sociétés nationales dans la réalisation des projets de développement de Sonatrach et à développer la production locale des équipements et services.
Par ailleurs, et en application des directives du président de la République pour fournir de l’eau potable aux citoyens de manière durable, la compagnie nationale des hydrocarbures a procédé durant l’année 2021 au lancement de quatre projets urgents de dessalement d’eau de mer, dans le prolongement de ses efforts dans ce domaine qui ont permis auparavant l’achèvement de 11 usines de dessalement d’eau de mer. La capacité totale supplémentaire produite par ces quatre usines atteindra 350 000 m3 par jour, répartis sur les wilayas d’Alger, de Tipasa et de Boumerdès.
Quels sont vos objectifs pour 2022 ?
Pour l’année 2022, les objectifs fixés par Sonatrach sont en ligne avec sa stratégie de développement et les enjeux nationaux et internationaux auxquels elle fait face. Ainsi, nous comptons poursuivre l’effort d’exploration et de développement des gisements avec l’objectif d’augmenter notre production pour satisfaire les besoins du marché national, qui connaîtront à moyen terme une croissance moyenne de l’ordre de 5% par an. En matière d’exportation, nous continuerons à honorer nos engagements envers nos clients, notamment pour le gaz naturel, et nous placerons tout excédent sur le marché spot qui affiche actuellement des conditions favorables en matière de prix. Notre plan d’investissement pour l’année 2022 avoisinera les 8 milliards de dollars et s’inscrit dans le cadre de nos objectifs à moyen terme. Il vise, entre autres, à mobiliser de nouvelles réserves de pétrole et de gaz, à travers plusieurs projets de développement de gisements, tels que Touggourt, Hassi Bi Rekaiz et Berkine Sud pour l’huile, Isarene, TFT et les gisements du Sud-Ouest pour le gaz, et à développer des capacités de raffinage, à travers la réalisation d’une nouvelle raffinerie à Hassi Messaoud et d’une unité de conversion de fuel à la raffinerie de Skikda. Le plan prévoit également le développement de la pétrochimie, principalement l’unité de production de Méthyl Tert Butyl Ether (MTBE) à Arzew, l’unité de production de Linear Alkyl Benzène (LAB) à Skikda et le complexe de production de polypropylène à Arzew, en partenariat avec TotalEnergies. Outre ces projets, Sonatrach poursuivra les discussions entamées avec ses partenaires autour de projets importants dans l’amont et la pétrochimie en vue de se prononcer sur la décision de leur développement. Sur le plan interne, nous prévoyons au cours de l’année 2022 la mise en œuvre de projets structurants liés à la modernisation des processus de l’entreprise, à l’instar du système d’information et du processus de gestion des ressources humaines.
Pouvez-vous nous parler des activités de Sonatrach à l’international ?
D’abord, il faut noter que depuis les années 2000, la compagnie nationale s’est déployée à l’international sur l’ensemble des segments de la chaîne pétrolière. Ainsi, dans le segment amont, elle opère dans plusieurs pays – Libye, Mali, Niger et Tunisie – où nous avons engagé des travaux d’exploration, sanctionnés par plusieurs découvertes de pétrole et de gaz en Libye et au Niger. Récemment, Sonatrach et la National Oil Corporation (Libye) ont signé à Tripoli (Libye) un protocole d’accord pour renforcer leur partenariat dans le secteur pétrolier et gazier. Le protocole vise la reprise des activités de la compagnie nationale en Libye afin de remplir ses obligations contractuelles et commencer à développer les champs découverts. Cet accord permettra également de renforcer la coopération dans les domaines de la réalisation de projets pétroliers et gaziers, ainsi que des services, de l’apprentissage et de la formation. Il a été procédé également, le 4 février 2022 à Niamey (Niger), à la signature du contrat de partage de production actualisé du bloc Kafra, avec le ministère du Pétrole, de l’Énergie et des Énergies renouvelables de la République du Niger. L’actualisation de ce contrat a pour objectif de permettre une meilleure évaluation du potentiel d’hydrocarbures du bloc Kafra suite à la découverte d’huile à l’issue des travaux de forage d’exploration. Nous sommes également présents au Pérou, où nous détenons des participations dans le champ en production de Camisea et dans des canalisations de transport. Dans le segment aval, nous opérons dans le raffinage en Italie et dans la pétrochimie et la regazéification en Espagne. Aussi, nous sommes en phase de développement en partenariat d’un projet pétrochimique en Turquie pour la production de polypropylène. À ce titre, nous avons signé, en octobre 2021 en Turquie, trois contrats avec notre partenaire turc, Rönesans, pour produire du polypropylène plastique de haute qualité dans la ville de Ceyhan. Ce projet stratégique, d’un coût de 1,7 milliard de dollars, où Sonatrach participe à hauteur de 34%, sera approvisionné en matière première (propane algérien) dans le cadre d’un contrat à long terme basé sur les prix du marché international. La compagnie nationale est également présente dans le trading du gaz et des produits pétroliers en Espagne et au Royaume-Uni. À moyen terme, elle compte poursuivre l’exécution de ses engagements contractuels sur les blocs d’exploration qu’elle détient en Afrique et œuvre à renforcer sa présence dans ce continent, qui nous offre des opportunités d’exporter nos services, notamment dans les domaines de la géophysique, le forage, la réalisation des projets, la distribution de produits pétroliers et la formation. Nous évaluerons également toute opportunité dans d’autres régions du monde qui peut générer de la valeur et qui s’inscrit dans le cadre de nos objectifs liés à la production et à la valorisation des hydrocarbures et de l’énergie en général.
Avec la crise ukrainienne, le marché gazier européen évolue dans un contexte géopolitique extrêmement sensible. Comment Sonatrach compte-t-elle s’y redéployer ?
De par sa proximité avec l’Algérie, l’Europe est le marché naturel de prédilection pour les produits énergétiques algériens. L’Algérie contribue à hauteur de 11% dans le total des importations en gaz du continent. L’alimentation du marché européen se fait via son réseau de pipelines qui cumule une capacité d’expédition de 42 milliards de mètres cubes de gaz naturel et sous forme liquéfiée grâce à une capacité de production de plus de 50 millions de mètres cubes de GNL et une flotte de 6 méthaniers. Sonatrach entretient des relations commerciales historiques avec des partenaires européens, notamment espagnols et italiens, qui considèrent la compagnie nationale des hydrocarbures comme un fournisseur fiable et un acteur important et stratégique sur le marché du gaz. L’entreprise dispose d’une capacité non utilisée sur le gazoduc transméditerranéen, qui pourrait être utilisé pour augmenter les approvisionnements du marché européen. Aussi, la contribution de Sonatrach pourrait s’étendre aux pays non desservis par les gazoducs reliant l’Algérie à l’Europe à travers des ventes de GNL. Néanmoins, ces appoints en gaz naturel et/ou en GNL sont tributaires de la disponibilité de volumes excédentaires après satisfaction de la demande du marché national, de plus en plus importante, et de ses engagements contractuels envers ses partenaires étrangers. Sonatrach est et restera un partenaire et un fournisseur fiable de gaz pour le marché européen et est constamment disponible et disposée à soutenir ses partenaires de long terme en cas de situation difficile.
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