Des troupes rwandaises aperçues à Kibumba : « Il s’agit des gesticulations qui précèdent la disparition »  

La presse a fait observer au ministre qu’il y a des troupes en provenance du Rwanda prêtes à faire un assaut sur Goma. Patrick Muyaya a révélé que dans ses discussions avec la société civile, il a été dit même qu’il s’agit des troupes rwandaises qui sont passées par Kibumba.

Muyaya prévient qu’il faut regarder la convergence des discours, parce que le président de la République l’a rappelé à l’occasion de la conférence de presse avec le président de la Confédération helvétique, qu’on ne va jamais négocier avec ces terroristes. Et ce, parce qu’il est hors de question de donner la prime à la violence.

« Nous étions déjà engagés dans un processus de discussion, c’est le seul cadre qui est prévu pour discuter des conditions de reddition de ces rebelles. Il n’y a pas d’autres cadres où le gouvernement peut se retrouver en face du M23, on va négocier sur quoi ? Vous avez vu vous tous les conséquences du mixage et il y a une résolution du Parlement », affirme-t-il.

Pour lui, il s’agit des gesticulations qui précèdent la disparition. Ceci, parce qu’il y a un engagement ferme au niveau des présidents angolais et burundais. Nous pensons que dans ce cadre-là, nous trouverons la solution.

Muyaya dit comprendre la colère de la population qui ne tolère pas les troupes de l’EAC, mais pense qu’il faut comprendre la crise dans toute sa dynamique. Vous avez par exemple la présence des ADF, un mouvement terroriste d’origine ougandaise, les DFRL, … sont des groupes armés étrangers. Ça veut dire que d’un moment où l’autre nous dévons discuter avec les pays dont ils sont originaires, pour être en mesure de dire, comment on les gère ? Même si Kagame ne veut pas l’admettre, il faut qu’il gère les FDLR, ses compatriotes ! On n’en veut pas du tout parce qu’ils sont à la base de beaucoup de violences et nous voulons que la population vive en paix. Il est question pour la population d’être rassurée et non d’être inquiétée par la force régionale.




« Autant on ne peut pas avoir un ordre comme les juristes, autant on ne peut pas laisser le métier être infiltré par des moutons noirs » (Patrick Muyaya)

La loi sur la presse promulguée dernièrement par le président de la République, s’est invitée lors de ce face-à-face entre Muyaya et la presse congolaise. A ce sujet, Muyaya a promis de réunir ce mardi le comité de suivi des états généraux pour voir comment on va assurer l’appropriation et la compréhension de cette loi qui est révolutionnaire. « Et ça faisait 27 ans que le cadre du métier que vous exercez n’était pas organisé. Qu’est-ce que nous avons voulu ? Nous voulions éviter au maximum l’arrestation des journalistes, parce que moi ministre, je suis saturé des plaintes que je reçois de mes collègues, parfois des autorités militaires », informe-t-il.

Mais moi-même à certains égards, je suis victime d’une mauvaise presse, où on fait diffuser des informations qui ne sont pas vérifiées et vous savez les dégâts que les fausses nouvelles font dans notre opinion. Le sujet était de dire, on verrouille l’accès aux médias. Autant on ne peut pas avoir un ordre comme celui des avocats ou des médecins, autant on ne peut pas laisser le métier être infiltré par des moutons noirs.

Ici, note-t-il, on a voulu consacrer le droit de réponse comme réparation. Il faut d’abord qu’on arrive à assainir les médias, où nous avons les médias qui sont identifiés. Le processus est le suivant, lorsqu’un article me lèse, avant de saisir n’importe quelle autre juridiction, je dois d’abord faire un droit de réponse. Cet avantage requiert la présence des journalistes responsables qui répondent au profil. C’est la démarche que nous avons eue et dans les prochaines jours, nous aurons des échanges pour voir comment vous vous approprier de la loi, vous la comprenez pour se rassurer que le métier s’exerce dans la sensibilité qu’il faut, mais aussi dans le respect de la liberté des autres.




« Le Gouvernement suit la situation en Ituri, de la même manière et la même attention que celle du Nord-Kivu» (Patrick Muyaya)

Est-ce que la crise ou les tueries en Ituri sont oubliées ? s’est interrogé une journaliste, qui voudrait savoir, quelle est la stratégie pour arrêter les violences en Ituri ? « C’est vrai que la crise du M23 a focalisé l’attention, mais nous restons très attentifs face à la situation de l’Ituri », précise-t-il. C’est ainsi qu’il y a lieu pour les FARDC d’être plus impliquées dans la crise.

Mais la difficulté qu’il y a, dit-il, ce que c’est des Congolais qui s’entretuent. C’est dommage, parce qu’avec l’état de siège, le Gouverneur nous a fait part d’un certain nombre des progrès et puis, il y a cette recrudescence de l’insécurité.

« C’est une situation que nous suivons, de la même manière et la même attention que nous suivons la situation du M23. Peut-être que les médias ne focalisent plus leur attention là-dessus. C’est bien de soulever cette question et de nous dire ce que nous faisons et nous espérons que dans les jours à venir, il y aura un peu plus de visibilité, d’autant plus que le vice-ministre de la Défense est natif de l’Ituri », explique-t-il. Et de préciser que déjà le M23 et la CODECO sont exclus du processus de Nairobi à cause de leur activisme militaire.




Muyaya ne comprend pas cette forme de dualité de la position ougandaise par rapport à la crise dans l’Est de la Rdc

Au sujet du report de la réunion des ministres de la défense de l’EAC, Muyaya avoue qu’il n’a pas de confirmation quant à ce. Mais la Rdc souhaite avoir des discussions franches. « Nous savons que le mandat de la force régionale avait expiré au 31 mars, et qu’aujourd’hui il y a un besoin, avant de faire le renouvellement, quoi qu’on dise, nous sommes dans un processus qui est très critique : ils se retirent, ils ne se retirent pas ».

Certes, il y a des mouvements qui ne sont pas au rythme de ce que nous nous voulons. L’idée ici c’est de ne pas offrir de nouveaux prétextes pour continuer à endeuiller la population, dans un contexte d’organisation des élections. Ce processus permet de discuter de l’avenir de la force régionale. Parce qu’il y a des points dont nous ne sommes pas d’accord dans la manière où les choses ont fonctionné. Et vous savez que comme on est dans un processus sensible, la discussion que nous avons avec l’EAC, c’est aussi de nous rassurer qu’au fur et à mesure qu’ils se retirent, de retourner d’abord les Administrateurs de territoires (vous savez que nous sommes sous-état de siège), la procédure première pour nous, c’est de nous rassurer qu’il y a cessez-le feu.

En tout cas, observe-t-il, du 18 au 28 mars, vous avez constaté qu’il n’y avait pas de confrontations, au-delà de ce qu’on a entendu ces derniers jours. « Nous voulons donner la chance à ce processus. La discussion avec la force régionale sera celle de vérité. Vous avez vu dernièrement à Kinshasa que le chef d’Etat-major de l’armée ougandaise a été reçu, parce qu’il y a des besoins en ce qui concerne l’Ouganda, d’avoir une clarification sur l’attitude à tenir », souligne Patrick Muyaya, avant d’ajouter que depuis que ce processus a commencé, nous restons sceptiques, parce que nous connaissons les acteurs.

La question avec l’Ouganda est un peu bizarre, parce que les militaires ougandais meurent au front avec nos militaires pour combattre les ADF. On ne peut pas comprendre cette forme de dualité de la position ougandaise par rapport à la crise dans l’Est de la Rdc.




« Kagame doit cesser de chercher des faux-fuyants » (Muyaya) 

Muyaya n’a cessé de démontrer que le discours tenu par Kagame n’est autre que de la provocation. De toute évidence, dit-il, il est important pour nous de ne pas donner échos à ce discours, d’autant plus qu’il tend à changer le débat dans sa stratégie de manipulation actuelle. Maintenant que nous avons démontré que le FDLR est un parfait faux prétexte pour envoyer ses troupes en Rdc, maintenant qu’on a démontré que la question des réfugiés est un alibi, d’autant plus que nous avec le HCR on a déjà commencé à collaborer.

A ce sujet, la Rdc n’a jamais dit non au retour de nos compatriotes au Rwanda. D’ailleurs, il oublie de dire qu’il y a plus de réfugiés rwandais en Rdc que des réfugiés congolais au Rwanda. Le président de la République, lors de son séjour à Genève, a rencontré dans cet esprit le patron du HCR pour dire la disponibilité de la Rdc de faciliter le retour de ces compatriotes, à une seule condition : nous travaillons de manière conjointe entre la Rdc, le Rwanda et le HCR et qu’avant un quelconque retour des réfugiés, les autorités traditionnelles et la société civile doivent participer dans l’identification des compatriotes qui veulent revenir.

De toute évidence, constate Muyaya, c’est là qu’il y a une forme de dichotomie dans la démarche de Kagame. « Vous ne pouvez pas vouloir retourner les réfugiés qui ont fui l’insécurité dont il est à la base, … C’est parce que nous avons détricoté chaque point de sa stratégie de manipulation mensongère, qu’il pense aujourd’hui vouloir orienter le débat autrement. Il ne nous trouvera pas. Il n’a qu’à se référer à la Belgique qui pourra lui fournir des éléments. Nous pensons qu’il doit cesser de chercher de faux-fuyants, mais qu’il doit s’assumer par rapport à ce qu’il a signé dans le cadre de la feuille de route de Luanda à savoir, à cesser de soutenir le M23 et comme le Pape l’avait dit, de retirer ses mains de la Rdc », martèle le porte-parole du Gouvernement.




Muyaya est ferme : « Kagame a perdu la boussole »

En séjour dans un pays africain, le président rwandais Kagame s’est permis de déclarer que son pays avait des territoires à récupérer en Rdc. Ça été une prise de parole inappropriée pour un Kagame déconnecté de l’histoire de son propre pays. En réaction à ce discours suranné, le porte-parole du Gouvernement, Patrick Muyaya en séjour à Goma a laissé entendre que le président rwandais a perdu la boussole.

Devant la presse réunie dans un hôtel de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, Patrick Muyaya qui a analysé les derniers discours de Kagame constaté qu’il y a quelques mois, il parlait de la traque des FDLR. Et on disait, il y a un discours de la haine, d’où la nécessité de protéger la communauté ; et puis on dit, on ne veut pas récupérer les réfugiés congolais qui sont au Rwanda…et depuis quelques temps nous observons un discours qui tend à parler de la frontière, de manière expresse qu’il le fait, parce qu’il a l’habitude de travestir l’histoire.

« Il peut le faire dans son pays, le Rwanda, mais pas en Rdc », tranche Muyaya qui rappelle qu’en juin 2018, il y a eu signature d’un accord de démarcation définitive des frontières entre Henry Mova Sakany et James Kabarebe.

« Nous considérons qu’il n’y a pas de débat particulier, si ce n’est de provoquer une fois de plus la Rdc. Pour nous, c’est clair, nous avons souscrit à la feuille de route de Nairobi qui dresse la voie pour le retour de la paix en Rdc. Tout ce qu’il doit faire, c’est de s’assurer qu’il respecte ce qui est comme sa responsabilité. Parce que de toute évidence, c’est lui le créateur et le porte-parole du M23 », indique le porte-parole du Gouvernement.