Selon un nouveau rapport, l’accès de base à l’énergie est à la traîne malgré des opportunités en matière d’énergie renouvelable

L’écart mondial en matière d’accès à l’énergie persiste ; en effet 675 millions de personnes vivent sans électricité et 2,3 milliards de personnes dépendent de combustibles nocifs pour cuisiner.

Selon un nouveau rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA), de la Division de statistique (Nations Unies), de la Banque mondiale et de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) qui a été publié aujourd’hui, le monde n’est pas en voie d’atteindre l’objectif de développement durable (ODD) 7 relatif à l’énergie d’ici à 2030.

Nous sommes cette année à mi-parcours de la période fixée pour la réalisation des objectifs de développement durable à l’horizon 2030. L’ODD 7 consiste à garantir l’accès de tous à des services énergétiques fiables, durables et modernes, à un coût abordable ; notamment à atteindre l’accès universel à l’électricité et à parvenir à des modes de cuisson propres, à doubler les niveaux historiques d’amélioration de l’efficacité et à augmenter considérablement la part des énergies renouvelables dans le panier énergétique mondial. La réalisation de cet objectif aura un impact profond sur la santé et le bien-être des populations, en contribuant à les protéger contre les risques environnementaux et sociaux tels que la pollution atmosphérique et en élargissant l’accès aux soins et aux services de santé primaires.

L’édition 2023 du Tracking 7 SDG : The Energy Progress Report [Rapport de suivi consacré aux avancées de l’objectif de développement durable 7] appelle l’attention sur le fait que les efforts actuels ne sont pas suffisants pour atteindre l’ODD 7 à temps. Des progrès ont été accomplis sur des éléments spécifiques du programme de réalisation de l’ODD 7 ; par exemple, l’augmentation du taux d’utilisation des énergies renouvelables dans le secteur de l’électricité, toutefois ils sont insuffisants pour atteindre les cibles énoncées dans les ODD.

La crise énergétique mondiale devrait stimuler le déploiement des énergies renouvelables et améliorer l’efficacité énergétique ; en effet plusieurs politiques publiques indiquent une augmentation des investissements. Cependant, les estimations de l’IRENA montrent que les flux financiers publics internationaux à l’appui de l’énergie propre dans les pays à revenu faible ou intermédiaire ont diminué depuis la période précédant la pandémie de COVID-19 et que le financement est circonscrit à un petit nombre de pays. Pour atteindre les cibles de l’ODD 7 et faire en sorte que les populations bénéficient pleinement des avantages socio-économiques du passage à l’énergie durable, il est nécessaire de réformer structurellement les finances publiques internationales et de définir de nouvelles possibilités de débloquer des investissements.

En outre, le rapport indique que la dette croissante et la hausse des prix de l’énergie assombrissent les perspectives de réalisation de l’accès universel à des modes de cuisson propres et à l’électricité. Selon les projections actuelles, 1,9 milliard de personnes seront dépourvues de modes de cuisson propres et 660 millions n’auront pas accès à l’électricité en 2030 si nous ne prenons pas de nouvelles mesures et si nous ne poursuivons pas les efforts actuels.

Ces lacunes auront un impact négatif sur la santé de nos populations les plus vulnérables et accéléreront les changements climatiques. Selon l’OMS, 3,2 millions de personnes meurent chaque année d’affections causées par l’utilisation de combustibles et de technologies polluants, qui augmentent l’exposition aux niveaux toxiques de pollution de l’air intérieur.

Principales conclusions du rapport

En 2010, 84 % de la population mondiale avait accès à l’électricité. Ce pourcentage est passé à 91 % en 2021, ce qui signifie que plus d’un milliard de personnes ont obtenu un accès à l’électricité au cours de cette période. Toutefois, le rythme de croissance de cet accès a ralenti en 2019-2021 par rapport aux années précédentes. Les efforts d’électrification des zones rurales ont contribué à ces progrès, toutefois un écart important subsiste dans les zones urbaines.

En 2021, 567 millions de personnes en Afrique subsaharienne n’avaient pas accès à l’électricité, ce qui représente plus de 80 % de la population mondiale dépourvue d’accès. Le manque d’accès dans la Région est resté presque identique à la situation observée en 2010.

Le monde est toujours loin de pouvoir parvenir à l’accès universel à des modes de cuisson propres d’ici 2030. Jusqu’à 2,3 milliards de personnes continuent d’utiliser des combustibles et des technologies polluants pour cuisiner, principalement en Afrique subsaharienne et en Asie. Par ailleurs, l’utilisation de la biomasse traditionnelle signifie que les ménages passent jusqu’à 40 heures par semaine à ramasser du bois de chauffage et à cuisiner, ce qui empêche les femmes de rechercher un emploi ou de participer aux organes décisionnels locaux et les enfants d’aller à l’école.

Selon les estimations de l’OMS de 2019, 3,2 millions de décès prématurés chaque année étaient attribuables à la pollution de l’air intérieur du fait de l’utilisation de combustibles et de technologies polluants pour cuisiner.

La part de la consommation d’électricité renouvelable dans la consommation mondiale est passée de 26,3 % en 2019 à 28,2 % en 2020, soit la plus forte augmentation annuelle depuis le début du suivi des progrès accomplis dans la réalisation des ODD.

Les efforts visant à accroître la part des énergies renouvelables dans le chauffage et les transports, qui représentent plus des trois quarts de la consommation mondiale d’énergie, restent en deçà de la cible consistant à atteindre l’objectif de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C.

L’intensité énergétique, c’est-à-dire la mesure de la quantité d’énergie consommée par l’économie mondiale par dollar de PIB, s’est améliorée de 1,8 % par an entre 2010 et 2020. Ce chiffre est supérieur à l’amélioration de 1,2 % enregistrée au cours des décennies précédentes.

Toutefois, le taux d’amélioration de l’intensité énergétique a ralenti ces dernières années au point de chuter à 0,6 % en 2020. Il s’agit donc de la pire année en termes d’amélioration de l’intensité énergétique depuis la crise financière mondiale, même si cela s’explique en grande partie par les restrictions liées à la pandémie, cette situation n’étant peut-être qu’un recul temporaire. Les améliorations annuelles jusqu’en 2030 doivent désormais se situer en moyenne à 3,4 % pour atteindre la cible 7.3 de l’ODD.

Les flux financiers publics internationaux en faveur de l’énergie propre dans les pays en développement s’élevaient à 10,8 milliards de dollars des États-Unis en 2021, soit 35 % de moins que la moyenne de 2010-2019 et seulement environ 40 % du pic de 26,4 milliards de dollars atteint en 2017. En 2021, 19 pays avaient reçu 80 % des engagements.

Le rapport sera présenté aux principaux décideurs lors d’un événement spécial le 11 juillet 2023 au Forum politique de haut niveau sur le développement durable, avant la tenue du deuxième Sommet sur les ODD prévu en septembre 2023 à New York. Les auteurs invitent instamment la communauté internationale et les décideurs politiques à maintenir les progrès accomplis dans la réalisation de l’ODD 7, à faire avancer les réformes structurelles et à poursuivre l’axe stratégique sur les pays vulnérables qui ont le plus besoin de soutien.

Citations

« La crise énergétique déclenchée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie continue d’avoir un impact profond sur les populations du monde entier. Les prix élevés de l’énergie ont durement frappé les plus vulnérables, en particulier ceux des économies en développement. Alors que la transition vers une énergie propre progresse plus rapidement que beaucoup ne le pensent, il reste encore beaucoup à faire pour fournir un accès durable, sûr et d’un coût abordable à des services énergétiques modernes aux milliards de personnes qui en sont privées. La réussite des transitions énergétiques repose sur des politiques efficaces et sur l’innovation technologique associées à une mobilisation à grande échelle de capitaux d’investissement. La communauté internationale doit tirer parti de tous ces outils pour atteindre les objectifs de développement durable d’ici la fin de cette décennie ».

Fatih Birol, Directeur exécutif, Agence internationale de l’énergie

« Les énergies renouvelables compétitives en termes de coûts ont une fois de plus fait preuve d’une résilience remarquable, toutefois les populations les plus pauvres du monde sont encore largement incapables d’en tirer pleinement parti. Pour atteindre l’ODD 7 sans compromettre les objectifs climatiques, nous devons apporter un changement systémique dans le fonctionnement de la coopération internationale. Il est essentiel que les institutions financières multilatérales orientent les flux financiers de manière plus équitable dans le monde entier en vue de soutenir le déploiement des énergies renouvelables et le développement des infrastructures correspondantes ».

Francesco La Camera, Directeur général, Agence internationale pour les énergies renouvelables

« Malgré les progrès accomplis dans la réalisation des cibles relatives à l’énergie durable à mi-parcours du Programme de développement durable à l’horizon 2030, l’objectif 7 semble plus difficile à atteindre qu’il ne l’était en 2015 et une action à plus grande échelle est nécessaire si nous voulons garantir l’accès de tous à une énergie d’un coût abordable, fiable, durable et moderne d’ici 2030. L’accès à l’électricité et aux modes de cuisson propres présente encore de grandes disparités régionales et devrait être au centre des actions pour que personne ne soit laissé de côté. Les investissements doivent atteindre les pays les moins avancés ainsi que l’Afrique subsaharienne pour garantir des progrès plus équitables vers la réalisation de l’objectif 7.

Stefan Schweinfest, Division de statistique, Nations Unies

« Malgré un ralentissement récent du rythme mondial de l’électrification, le nombre de personnes vivant sans électricité a presque diminué de moitié au cours de la dernière décennie, passant de 1,1 milliard en 2010 à 675 millions en 2021. Néanmoins, il convient de déployer des efforts supplémentaires et de prendre des mesures d’urgence pour veiller à ce que les personnes les plus pauvres et les plus difficiles à atteindre ne soient pas laissées de côté. Pour atteindre l’accès universel d’ici 2030, la communauté du développement doit intensifier les investissements dans les énergies propres et le soutien aux politiques.

Guangzhe Chen, Vice-président, Infrastructure, Banque mondiale

« Nous devons protéger la prochaine génération en agissant maintenant. Investir dans des solutions propres et renouvelables pour soutenir l’accès universel à l’énergie est la façon dont nous pouvons apporter un réel changement. L’introduction de technologies de cuisson propres dans les foyers et de l’électricité fiable dans les établissements de soins de santé peut jouer un rôle essentiel dans la protection de la santé de nos populations les plus vulnérables.

Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général, Organisation mondiale de la Santé

À propos du rapport

Ce rapport est publié par les organismes chargés du suivi de l’ODD 7, à savoir l’Agence internationale de l’énergie (AIE), l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA), la Division de statistique (Nations Unies), la Banque mondiale et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et vise à fournir à la communauté internationale un tableau de bord mondial permettant d’enregistrer les progrès en matière d’accès à l’énergie, d’efficacité énergétique, d’énergies renouvelables et de coopération internationale pour faire progresser l’ODD 7.

Il s’agit de la neuvième édition de ce rapport, anciennement connu sous le nom de Cadre mondial de suivi. L’édition de cette année a été dirigée par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

Source : BM




Taux de change parallèles : approche suivie par la Banque mondiale pour aider les habitants des pays en développement

La dégradation de la situation économique observée au cours des quelques dernières années et les pressions grandissantes exercées sur les pays en développement pour qu’ils déprécient leur monnaie ont provoqué un accroissement du nombre de pays dotés de marchés des changes parallèles actifs. C’est actuellement le cas de quelque 24 pays émergents et en développement (PEPD). Dans au moins 14 d’entre eux, la prime de change — c’est-à-dire l’écart entre le taux officiel et le taux parallèle —est notable, puisqu’elle est supérieure à 10 %.

Les aspects économiques des taux de change parallèles sont évidents : ces taux sont onéreux, exposent tous les participants au marché à de fortes distorsions, sont associés à une accélération de l’inflation, entravent le développement du secteur privé et les investissements étrangers, et provoquent un ralentissement de la croissance. Ils profitent à ceux qui peuvent se procurer des devises à un taux subventionné aux dépens du reste du monde (y compris, dans certains cas, le Groupe de la Banque mondiale et ses parties prenantes). Il existe donc une étroite corrélation, sinon une relation de cause à effet, entre l’existence des taux parallèles et la corruption.
Les pays adoptent fréquemment un système de taux de change parallèle lorsqu’ils sont confrontés à des problèmes de balance des paiements. Le FMI prône l’adoption de mesures visant à remédier aux distorsions des changes, mais les progrès accomplis demeurent limités dans plusieurs pays affichant des écarts importants, comme l’Argentine, l’Éthiopie et le Nigéria. Dans certains pays, les autorités ont lancé un processus d’unification, mais hésitent à agir avec la rapidité requise parce que les intérêts établis devront alors renoncer à une subvention. La poursuite d’une approche progressive ne permet généralement pas d’assurer l’unification du marché des changes même si des accords répétés ont été conclus avec le FMI.
Les marchés des changes parallèles peuvent également considérablement réduire l’impact des projets de la Banque mondiale. Cela tient en premier lieu à l’impossibilité d’optimiser l’emploi des ressources lorsque les projets financés donnent lieu à des dépenses en monnaie nationale. En effet, les prêts libellés en dollars de la Banque mondiale sont convertis en monnaie nationale au taux officiel ; celui-ci étant surévalué, le produit de la conversion est plus faible qu’il ne l’aurait été si le taux de change appliqué avait été celui du marché parallèle. Cela a pour effet de réduire l’impact sur le développement des opérations de la Banque, par exemple en réduisant le nombre de bénéficiaires d’un projet donnant lieu à des transferts en monnaie nationale aux populations pauvres. Il peut aussi arriver que les autorités publiques détournent une partie du produit d’un prêt de la Banque mondiale (en dollars) dans le but de financer des dépenses qui n’ont aucun rapport avec le projet, voire même l’utiliser à des fins de corruption. Autre problème, si l’État doit contracter une dette plus importante en devises pour pouvoir financer des dépenses d’un niveau donné en monnaie nationale au titre d’un projet, les paiements qui devront être effectués ultérieurement au titre du service de la dette seront plus élevés, ce qui pourra accroître le risque de surendettement. De manière plus générale, il se peut que d’importants financements de la Banque mondiale procurant des ressources par l’intermédiaire d’un régime de taux de change parallèles perpétuent ce dernier.
La Banque mondiale a adopté diverses mesures pour décourager l’application d’un taux subventionné ou, du moins, atténuer l’impact de taux de change parallèles sur ses opérations. Elle cherche ainsi à s’assurer que ses financements procurent des avantages aux populations des pays en développement et ne leur portent pas préjudice. Premièrement, la Banque ne fournit pas de soutien budgétaire aux pays affichant de manière persistante une forte prime de change, à moins que ceux-ci n’aient entrepris de remédier à cette distorsion en poursuivant un programme de réforme des changes en collaboration avec le FMI. Deuxièmement, elle s’efforce de verrouiller les ressources disponibles et d’optimiser leur emploi, par exemple en exigeant que les produits du prêt servent uniquement à financer des « dépenses en devises », le pays devant alors financer l’intégralité des « coûts relatifs aux dépenses en monnaie nationale » à partir de ses propres ressources. Elle peut aussi demander aux autorités de fournir un financement de contrepartie de manière à couvrir une partie de la prime de change entre le taux de change officiel et le taux de change parallèle dans les pays où l’existence d’un régime de change parallèle est, à l’évidence, le plus coûteux et entraîne le plus de distorsions. La Banque mondiale expose clairement et de manière transparente dans les dossiers de tous ses prêts (disponibles en ligne) les questions suscitées par l’existence de taux parallèles dans les pays concernés, en indiquant et en quantifiant l’ampleur des distorsions et leur impact sur l’économie, et en présentant un résumé du dialogue tenu avec les autorités sur l’action à mener en ce domaine.
Lorsqu’elle occupait le poste d’économiste en chef de la Banque mondiale, Carmen Reinhart a lancé un programme pilote de collecte de données sur les taux de change parallèles dans le but de mettre en relief les distorsions que l’existence d’un marché parallèle peut engendrer dans les statistiques nationales. La Banque s’emploie à prendre en compte l’émergence de marchés multiples dans le cadre des conversions monétaires effectuées pour les séries économiques des Indicateurs du développement dans le monde (WDI). Bien que les informations ne soient pas toujours complètes et qu’il soit difficile de procéder à des mesures, cette initiative contribue à accroître la transparence et la qualité des données.
David Malpass, Ancien président du Groupe de la Banque mondiale




La Commission d’appel de la CAF réintègre le Gabon dans la Coupe d’Afrique des Nations U23 Maroc 2023

La Commission d’Appel de la CAF a réintégré l’équipe du Gabon U23 dans le tableau de la phase finale du tournoi dont le coup d’envoi sera lancé le 24 juin 2023.

La décision de la Commission d’Appel a annulé la décision du Conseil de Discipline de la CAF qui avait décidé d’éliminer le Gabon de la compétition finale, à la suite d’un litige liée à l’identité du joueur gabonais Floriss Djave.