Dans une « initiative visant à renforcer la cohésion au sein de la plate-forme Union Sacrée », selon Vital Kamerhe, Vice-Premier Ministre, ministre de l’Economie nationale, Autorité morale de l’Union pour la Nation Congolaise (UNC) et membre du présidium de l’Union Sacrée pour la Nation (USN), le partenaire de Félix Antoine Tshisekedi dans le ‘’Cap pour le changement’’ (CACH) avait officialisé à Kinshasa ce mardi 23 janvier 2024, la création d’un nouveau Plate-forme politique nommé ‘Pacte Pour un Congo Retrouvé’ (PCR). Il appelle ainsi les autres partis et regroupements politiques à se joindre à cette nouvelle dynamique. Comme si ils répondaient à cet appel, le lendemain, mercredi 24 janvier 2024, Kabuya, Bemba, Bahati et Mboso se sont plutôt activés pour contrer cette initiative. Est-ce là la manifestation des clivages qui couvent au sein de l’Union sacrée de la nation créée à la suite de la fragmentation du Front Commun pour le Congo (FCC) ?
Les lignes bougent au sein de l’union sacrée de la nation depuis qu’elle a enregistré la naissance du « Pacte pour un Congo Retrouvé », coalition se composant des regroupements politiques AA/UNCAVK2028, AB50, AAAPAMCS, CODE CDER avec en tête Vital Kamerhe, Busa, Kanku et Paluku.
La question que d’aucuns pourraient se poser est de savoir quel sera l’avenir de l’Union Sacrée de la Nation lorsque les autres partis, regroupements ou rassemblements politiques auront rejoint la nouvelle plate-forme Pacte pour un Congo Retrouvé (PCR) ?
Après publication des résultats des élections de décembres 2023, la classe politique est dans l’attente de la formation du nouveau gouvernement. Les ambitions pour prendre la tête du gouvernement, ne peuvent que germer dans la tête de chaque membre de la majorité, l’Union sacrée. En droit constitutionnel, dans un pays démocratique, il n’est pas exclu qu’un politicien ait des ambitions ! Toutefois, se demande tout observateur de la vie nationale en RDC : « Pourquoi les hommes politiques n’ont jamais eus des ambitions de créer des entreprises et industries, mais seulement les partis politiques ? »
En créant cette plateforme politique, « en quoi consolident-elles l’Union sacrée ? Si tous les partis politiques créés en RDC étaient des sociétés, on ne parlerait plus de chômage en République Démocratique du Congo », estime un observateur avec dégout.
Et d’ajouter, « si nos dirigeants politiques avaient assez de temps et de moyens pour initier et nourrir ces genres de plateformes, ce qu’ils ont trop de temps à consacrer à leur fonctionnement, et le temps pour leur obligations publiques est trop minime ainsi que le revenu perçu de leurs fonctions publiques sont trop excessif ».
Multiplicité des structures politiques pour quelle finalité ?
Le 24 avril 1990, ouvrant le Zaïre (devenu Congo) à la démocratie pluraliste, le Maréchal Mobutu avait préconisé le multipartisme en trois pour éviter que cela ne vire au «multi-tribalisme ». Connaissant bien le fonctionnement des partis politiques en RDC, plusieurs observateurs s’interrogent sur les moyens utilisés pour entretenir ces regroupements supposés « venant du trésor public et en réalité une corruption endossée ».
Face à ces observations, quelques membres de la Société civile congolaise abordés estiment qu’ « il faut instaurer un monitoring de performance publique pour tout mandataire sur une base horaire ; revoir à la baisse le revenu perçu en cash et limité aux seuls émoluments et tout autre avantage ne puisse être perçu qu’en nature. Bref, créer une Agence Nationale des Avantages Publics qui se chargera de les calculer et de les distribuer. Et reconnaître à ces plateformes comme seul moyen d’action politique qui va remplacer la multitude inutile des partis microscopiques afin de cristalliser la vie publique en deux ou trois ou encore à la limite 5 constellations politiques ».
Limiter le nombre de constellations politiques
« Les partis continuerons d’exister et d’être créés, si tant que cela représente des ressources pour le ministère de l’Intérieur, mais une fois créé, le parti, avant d’engager une action, il doit se choisir une plateforme d’appartenance à partir duquel toute action politique sera diligentée exclusivement », estime un fonctionnaire du ministère de l’Intérieur.
De ce fait, celui-ci estime qu’un parti politique ne puisse avoir d’existence politique qu’au sein d’une plateforme politique. Ainsi, « les plateformes politiques seront des regroupements privés d’utilité publique autorisées par le pouvoir public à poser des actes réputées politiques », estime-t-il.
Certains évoquent les accords à la création du Cap pour le changement (CACH) entre Vital Kamerhe et Félix Tshisekedi. « Je pense que cet accord doit devenir caduque à ce jour, car les éléments qui les constituaient ne sauront s’appliquer. Kamerhe devait être Premier ministre en 2019, chose impossible car CACH n’avait pas une majorité, nous connaissons la suite. L’impossibilité de faits avait conduit le président Félix à une autre alliance qui a fait naître l’Union sacrée de la République, qui a effacé de facto les accords de Nairobi car les partis politiques de l’Union sacrée, chacun dans son camp tiendra son congrès pour présenter un candidat à la présidence. Aucun parti de l’union sacrée n’osa réveiller les accords de Nairobi, pas même l’UNC. Tous ont désigné à l’unanimité mais bien que d’une manière séparée, Félix Antoine Tshisekedi comme leur candidat ».
L’on se demande donc, si la création du Pacte pour un Congo retrouvé, n’avait pas soulevé implicitement la question de ‘retrouver’ les accords de Nairobi. Alors, avec la création d’une nouvelle Plate-forme politique nommée ‘Pacte Pour un Congo Retrouvé’ au sein de l’Union sacrée Kamerhe veut-il ‘retrouver’ les accords de Nairobi ?
Willy Makumi Motosia