Algérie, le syndrome du persécuté
Les réseaux sociaux ont ceci de particulier. Grâce à un embouteillage de contenus, ils reflètent une tendance générale, dessinent une réalité particulière. Dans le cas algérien, le « syndrome du persécuté », victime d’un complot planétaire est celui qui distingue la majeure partie des réactions et installe une particularité algérienne à la fois originale et névrotique.
La Coupe d’Afrique des nations en Côte d’Ivoire que la sélection algérienne a quitté précipitamment et dans des conditions sportive inédites face à la performance d’une équipe mauritanienne aux ambitions modestes, a été le théâtre d’un délire algérien d’une irrationalité sans commune mesure.
Le syndrome du persécuté n’était pas le fruit uniquement de personnalités algériennes marginales à la recherche d’une fortune numérique comme la nouvelle toile et les nouveaux modes de communication peuvent en produire en Algérie et ailleurs, il s’est étalé aussi sur les médias officiels, reflétant l’état d’esprit d’un État en pleine dérive.
Cette parole sur les médias officiels célèbre avec une jouissante maladive la théorie du complot qui empêche l’Algérie d’accomplir des performances dans le domaine sportif et politique. Si les Fennecs ont quitté précipitamment la coupe africaine, c’est parce quelques milieux obscurs ont ourdi un complot contre l’Algérie pour la sortir de cette façon humiliante. Au bout de quelques courtes justifications, on retrouve la main clandestine du Maroc et d’Israël, unis pour punir et démagnétiser le modèle algérien.
Ceux qui avancent cette théorie ne sont ni sur un mode de comédie noire, ni sur une posture de provocation gratuite. Ils avancent cette théorie avec certitude et une forme de conviction adolescente. Ce qui témoigne de l’ampleur du délire qui s’est emparé du sommet de l’Etat, obsédé par le Maroc et Israël. D’ailleurs ces réactions ne sont en fin de compte que le reflet de choix politiques et diplomatiques erratiques de la part des autorités algériennes actuelles que distinguent une mentalité agressive et une attitude de défi et de rupture à l’égard de presque tout le monde.
Ce qui est à la fois inquiétant et en même temps quelque part rassurant, c’est que ce régime algérien qui insuffle cette mentalité de persécuté à ces citoyens entretient des relations conflictuelles avec de nombreux pays. Ce qui fait de l’agressivité et de la provocation une marque de fabrique. Les pays avec lesquels ce régime algérien entretient des relations qualifiées de normales et d’apaisées se comptent que les doigts de la main. D’ailleurs à y voir de plus près, elles ne sont non plus ni normales ni apaisées.
Après avoir rompu ses relations avec le Maroc, dans les conditions et avec les conséquences dramatiques qu’on connaît, le régime algérien avait mis dans le viseur l’Espagne pour s’être rapproché du Maroc. Pour les mêmes raisons, il a ciblé les Emirats arabes unies leur reprochant leurs alliances stratégiques avec le Royaume.
Le régime algérien s’est par ailleurs mis à dos les pays du Golfe qui ne veulent plus le voir même en peinture. Les relations avec la France et Alger sont en dents de scie. Le cauchemar algérien est que Paris puisse suivre le modèle américain de reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur son Sahara. Avec l’administration américaine, le régime algérien est sur le point d’incarner le statut d’Etat Voyou, au vu de l’arsenal de sanctions évoqué au Congrès et par le département d’état pour punir le régime algérien de ces errances.
Récemment, même la relation dite historique et privilégiée avec les russes a fini par voler en éclats. Cette rupture froide a été illustrée par la brusque crise entre Alger et les nouvelles autorités de Bamako. Le Mali, actuellement porté militairement et politiquement par Moscou avait adressé de lourdes accusations au régime algérien jusqu’à l’accuser d’abriter et de nourrir les organisations terroristes qui menacent la stabilité du Sahel. Le régime algérien se retrouve au bord de la confrontation militaire avec de de ces voisins les plus importants, le Maroc et le Mali, sans oublier qu’avec la Libye la défiance est de rigueur.
À la lumière de cette situation, le citoyen algérien se retrouve piégé dans une mentalité d’assiégé, en guerre avec tout le monde, sauf sans doute avec un autre pays, le régime iranien, qui avait choisi de défier la communauté internationale depuis longtemps. Il est donc logique qu’il développe des attitudes et des visions pathologiques.