La gratuité de l’enseignement primaire est une réforme dictée par les dispositions de l’article 43 de la Constitution du 18 février 2006 telle que modifiée à ce jour.
Une gratuité qui était le mode d’apprentissage des Congolais depuis 1960 jusque début des années quatre-vingt qui a été abandonnée lorsque l’Etat zaïrois a démissionné de ses responsabilités avec des impositions des institutions de Breton Wood. Ceux des Congolais qui avaient étudié dans la gratuité comme des Kengo wa Dondo, ont stoppé ce système au point d’abandonner l’éducation aux mains des marchands qui ont tué la qualité de l’enseignement.
C’est un secteur qui a été rendu marchand à telle enseigne que n’importe quel commerçant qui avait échoué pouvait facilement transformer sa maison en une école ou université, recruter ceux qui s’expriment en français au quartier et commencer à donner cours.
Il faut ajouter à cela, l’implication de l’église catholique dont les subsides de Rome ont été arrêtées au début des années 90 avec les frais d’intervention ponctuelle imposés aux parents, qui a davantage réduit la qualité de l’enseignement parce qu’il devrait être pris en charge par les parents.
Voilà pourquoi, le législateur de 2006 a voulu remettre la gratuité de l’enseignement pour assurer l’égalité des chances à tous les enfants congolais. Mais il a manqué de volonté politique depuis 2006 pour mettre cette disposition constitutionnelle en pratique. Il a fallu l’avènement de Félix Tshisekedi pour rendre effective cette réforme constitutionnelle qui l’a consolidée et pérennisée après quelques atermoiements du début de son mandat.
Ce n’était pas facile. Les écoles de prestige catholiques situées dans des villes de Kinshasa, principalement à Gombe, de Bukavu et de Lubumbashi se sont opposées farouchement à la mise en pratique de cette réforme.
Pour y arriver, le Ministre Tony Mwaba a d’abord initié le dialogue entre son Ministère et le banc syndical, avant de descendre dans chaque province et prendre langue directement avec les Chefs d’établissement pour imposer cette réforme. Ces itinérances qui ont été organisées dans toutes les 60 provinces éducationnelles étaient des moments où les récalcitrants à cette réforme étaient menacés, sanctionnés et des fois retirés de listings de paie par le mode Mwaba introduit : ‘’désactivation’’, demeuré à ce jour, le seul moyen de contourner la hiérarchie catholique qui a fini par fléchir.
Cependant, toutes ces missions n’ont jamais été prises en charge par le trésor public. Tony Mwaba devrait réfléchir par des cotisations avec ses services à la manière de Tsisani des Kimbanguistes. Deux missions ont été payées, celles de Lubumbashi et de Kolwezi.
Pire, le Gouvernement, à travers le Ministère des Finances, a refusé de payer la prime des intervenants à l’Examen de Fin d’Etudes Primaires, ENAFEP. Seul un management de proximité avec les services de l’administration centrale de son Ministère, ainsi que l’Inspection Générale, appuyé par un dialogue permanent avec le banc syndical a pu sauver ces épreuves.
C’est difficile à expliquer dans la mesure où l’Examen d’Etat de l’édition 2023 a failli ne pas être organisé si le professeur Tony Mwaba n’avait pas mis ses stratégies en marche.
Tout cela a réussi, en dépit des accusations sans preuves des détournements dans son chef par l’Inspection Générale des Finances qui a fait bloquer, bientôt quatre ans, la paie des intervenants aux épreuves certificatives de fin de cycle.
Entre temps, le Chef de l’Etat a émis le souhait lors de sa campagne électorale, de rallonger la gratuité au cycle secondaire. Avec tous les blocages dont le professeur Tony Mwaba est victime, comment cela va réussir ? Faudra-t-il amener quelqu’un qui viendra d’abord apprendre comment maitriser les syndicalistes de l’EPST ? Comment celui-là trouvera-t-il des moyens pour organiser le dialogue direct avec les chefs d’établissements scolaires pour contourner la hiérarchie des écoles conventionnées ?
Du moins, Tony Mwaba ne baisse pas les bras. Malgré la mission d’affectation des trois Inspecteurs envoyés pour contrôler sa gestion depuis son avènement à la tête de ce ministère, à la manière du Parlement. Une mission de six mois. Pratiquement, une commission d’affectation.
Le Ministre de l’EPST s’est lancé malgré cela, à poursuivre la préservation des acquis du premier mandat du Chef de l’Etat qui consiste à construire et réhabiliter les écoles publiques. Après la construction de l’Ecole Primaire Félix Tshisekedi au Camp de la Force Navale, c’était le tour de l’Ecole Primaire du Camp Lufungula qui a été également construite sur fonds propres mis à la disposition de la Direction Nationale d’Entretien, de la Réhabilitation et de Construction des Infrastructures Scolaires. Une Direction chargée de veiller sur les écoles en état d’ébriété très avancée pour les réhabiliter et identifier les coins où n’existent pas des écoles pour les construire.