Le mixage et le brassage concernaient aussi les institutions animées par des civils !

Quand on parle d’infiltration en RDC, on ne voit que l’armée (Fardc), la police (Police nationale congolaise) et les Renseignements (Anr, Dgm et Démiap). Les termes désormais à la mode sont «mixage» et «brassage». Les premiers à en parler le plus dans les réseaux sociaux semblent ne pas savoir que ces deux opérations ont concerné également et surtout les Institutions de la République comme l’Assemblée nationale, le Sénat, le Gouvernement ainsi que les Cours et Tribunaux (ceci au niveau national) ainsi que les Gouvernements provinciaux (au niveau professionnel). Dans l’Administration publique, il y a aussi la Diplomatie, le Portefeuille, les Médias officiels. Les mêmes opérations se sont effectuées en plus sur les Institutions d’appui à la démocratie, en l’occurrence la Commission électorale indépendante (Cei), l’Observatoire national des droits de l’homme (Ondh), la Haute autorité des médias (Ham), la Commission vérité et réconciliation (Cvr) et la Commission de l’Ethique et de la Lutte contre la Corruption (Celc).

 

Les parties prenantes vont se retrouver à Pretoria

Pour étaler l’étendue du mixage et du brassage civil, quoi de plus éloquent que l’Accord global et inclusif (Agi) issu du Dialogue intercongolais après Sun City 2 clôturé le 4 avril 2023.

Pour mémoire, le round Sun City 1 s’était tenu du 28 février au 19 avril 2002, jour de signature de l’Accord de Sun City (baptisé par dérision Accord des Cascades, du nom du complexe hôtelier où il avait été négocié).

N’y ayant pas trouvé leur compte, l’Udps (pour non désignation d’Etienne Tshisekedi comme Président de la République) et le Rcd (pour non désignation d’Azarias Ruberwa en qualité de président du Parlement) avaient réclamé un nouveau round. D’où la création de l’Alliance pour la Sauvegarde du Dialogue, Asd. Les parties prenantes vont se retrouver à Pretoria où, à l’issue des négociations, sortira le 16 décembre 2002 l’Accord global et inclusif instaurant le 1+4 (1 Président et 4 Vice-Présidents de la République). Le signataire (sous réserve) pour l’Udps était le conseiller politique d’Etienne Tshisekedi, Valentin Mubake, celui-là même qui dira dans «Le Potentiel» n°3193 du 9 août 2004 à propos des postes : «…quand nous sommes arrivés à Sun City, nous nous sommes battus non pour avoir des postes, mais pour l’avènement de ce cadre juridico-politique. (…) Nous avons même été plus loin : les différents postes réservés à l’Udps au gouvernement, à l’Assemblée nationale et au Sénat, nous les avons cédés à ceux qui en voulaient. Nous, ce n’est pas le poste».

Pour rappel, la Transition issue de Sun City 2 avait été enclenchée le 30 juin 2003. C’est-à-dire plus d’une année plus tôt.

Opérations négociées dans le cadre du round de Pretoria

S’agissant de l’Armée, voici ce que les parties prenantes avaient convenu : «*A l’issue du Dialogue inter-congolais, il y aura un mécanisme pour la formation d’une Armée Nationale, restructurée et intégrée incluant les Forces Armées du gouvernement de la République Démocratique du Congo, les Forces Armées du Rassemblement Congolais pour la Démocratie et les Forces Armées du Mouvement de Libération du Congo, conformément au point 20 de l’article 3 des principes de l’accord de Lusaka. Dans un souci de paix, d’unité et de réconciliation nationales, le mécanisme précité devra inclure le RCD-ML, le RCD-N et les Maï-Maï, selon des modalités à définir par les institutions politiques de la transition issues du Dialogue inter-congolais. Une réunion des Etats-Majors FAC, RCD, MLC, RCD-N, RCD-ML et Maï-Maï sera convoquée avant l’installation du gouvernement de la transition. Elle procédera à l’élaboration du mécanisme militaire chargé de la formation des autres Etats-Majors jusqu’au niveau des régions militaires».

Faut-il préciser que dans la Constitution de la Transition issue du Dialogue intercongolais, il est clairement spécifié que «L’Accord global et inclusif et la Constitution constituent la seule source du pouvoir pendant la transition en République Démocratique du Congo». Et à son article 190, il est tout aussi clairement spécifié que «Le Conseil supérieur de la défense donne un avis conforme sur la proclamation de l’état d’urgence, l’état de siège et la déclaration de guerre» et que «*Sans préjudice des lois en vigueur, le Conseil supérieur de la défense donne un avis sur toutes les matières portant sur : la formation d’une armée nationale, restructurée et intégrée ; le désarmement des groupes armés ; la supervision du retrait des troupes étrangères ; toutes les autres questions relatives à la défense nationale».

C’est pour dire que le mixage et le brassage sont des opérations négociées dans le cadre du round de Pretoria suscité par l’ASD et couchées dans l’Accord Global et Inclusif signé par les composantes Gouvernement, Rcd, Mlc, Opposition politique et Forces vives (Société civile), de même que par les entités Rcd-Kml, Rcd-N et Maï-Maï, et avec pour témoins le Président sud-africain Thabo Mbeki et l’Envoyé spécial du Secrétaire général de l’Onu pour les Grands Lacs, le sénégalais Moustapha Niasse.

La logique va devoir réclamer aussi la tête des civils !

Le chapitre III comprend 6 annexes relatives respectivement à la « Répartition des responsabilités », aux « Entreprises publiques », à la « Commission de suivi de l’Accord», à la « Garantie internationale », aux « Questions sécuritaires » et à la « Répartition des responsabilités ».

Chacune des composantes et des entités avait son quota de postes ou de mandats bien défini pour l’Assemblée nationale, le Sénat, le Gouvernement, les Gouvernements provinciaux, les entreprises publiques et la Commission de suivi de l’Accord.

L’Annexe 5 relatives aux « Questions sécuritaires » mérite d’être étalée, elle aussi, pour saisir la dimension du mixage et du brassage. En effet, elle organise la sécurité des dirigeants politiques à Kinshasa, siège des Institutions.

Son premier point est ainsi formulé : «*Chaque dirigeant politique aura 5 à 15 gardes du corps pour assurer sa sécurité personnelle. Aucune force armée congolaise supplémentaire ne pourra être acheminée à Kinshasa afin d’éviter toute possibilité de confrontation armée. La réunion des Etats-Majors FAC, RCD, MLC, RCD-N, RCD-ML et Mai-Niai pourra proposer des mesures de sécurité additionnelles pour certains dirigeants selon les besoins».

Son deuxième point est : «*Les mesures de sécurité intérimaires suivantes seront mises en place. Une force de police intégrée sera chargée d’assurer la sécurité du Gouvernement et de la population. La Communauté internationale apportera son soutien actif à la sécurisation des institutions de la transition».

Au regard de cette démonstration, le débat en cours sur le mixage et le brassage tel que développé par certaines forces politiques et sociales dans les réseaux sociaux est loin de la réalité et de la vérité des faits. Il est tellement réducteur qu’il traduit une volonté délibérée de manipulation de l’opinion. Car, s’il faut réclamer la tête des militaires, des policiers et des agents de sécurité « infiltrés », la logique réclame aussi la tête des civils !

Et là, tapit un tsunami susceptible d’emporter une bonne partie des forces politiques et sociales, c’est-à-dire de balayer l’ordre institutionnel issu des élections de décembre 2023.

Suivez mon regard !

Omer Nsongo die Lema




Banques centrales : Renforcer l’indépendance des banques centrales pour protéger l’économie mondiale (Kristalina Georgieva)

L’indépendance est un ingrédient essentiel pour remporter la bataille contre l’inflation et stabiliser la croissance à long terme mais la vague d’élections qui se profile cette année risque de mettre les décideurs sous pression.

Les banques centrales voient aujourd’hui leur indépendance remise en question de toutes parts. Les demandes de baisse des taux se font de plus en plus insistantes, même s’il est trop tôt pour passer à l’action, et elles devraient aller en s’intensifiant puisque la moitié de la population mondiale se rend aux urnes cette année. Les risques d’ingérence politique dans les prises de décisions des banques centrales et les nominations de leurs responsables s’accentuent. Les pouvoirs publics et les banques centrales doivent résister à ces pressions.

Pourquoi cela est-il si important ? Regardez simplement ce que les banques centrales ont accompli ces dernières années grâce à leur indépendance. Elles ont habilement négocié la pandémie en menant un assouplissement monétaire énergique qui a contribué à éviter un effondrement du système financier mondial et à accélérer la reprise.

Lorsque la priorité s’est recentrée sur le rétablissement de la stabilité des prix, elles ont resserré leur politique monétaire à bon escient, même si elles ne l’ont pas toutes fait dans les mêmes délais. Leur riposte a permis de maintenir les anticipations d’inflation bien ancrées dans la plupart des pays, malgré des hausses de prix jamais vues depuis plusieurs dizaines d’années. Les banques centrales des pays émergents ont montré la voie en durcissant leur politique monétaire rapidement et vigoureusement, ce qui a assis leur crédibilité.

Ces mesures ont ramené l’inflation à des niveaux beaucoup plus raisonnables et réduit les risques d’atterrissage brusqué. Même si le combat n’est pas encore gagné, leur efficacité jusqu’ici tient en grande partie à l’indépendance et la crédibilité que de nombreuses banques centrales ont acquises ces dernières décennies.

La façon dont elles ont su juguler l’inflation contraste nettement avec l’instabilité économique qui avait caractérisé la période de forte inflation des années 70. À l’époque, leur mandat ne prévoyait pas explicitement qu’elles devaient donner la priorité à la stabilité des prix, pas plus qu’il n’existait de lois claires protégeant leur autonomie, si bien qu’elles ont souvent été poussées par les dirigeants politiques à baisser les taux d’intérêt en période de forte inflation.

Tout le monde a souffert durant cette alternance d’expansion et de récession marquée par une forte inflation, en particulier les personnes à la rémunération fixe, qui ont vu diminuer la valeur réelle de leurs revenus et de leur épargne. Ce n’est qu’au milieu des années 80, quand elles ont reçu le soutien politique nécessaire pour prendre des mesures agressives, que les banques centrales ont réussi à réduire l’inflation.

Mesurer les effets de l’indépendance

L’importance primordiale de l’indépendance des banques centrales a été démontrée par de nombreux travaux, y compris les nôtres.

Une étude du FMI portant sur plusieurs dizaines de banques centrales sur la période comprise entre 2007 et 2021 montre que celles présentant un haut niveau d’indépendance ont mieux réussi à maîtriser les anticipations d’inflation de leur population, ce qui aide à contenir l’inflation à un bas niveau. L’indépendance est essentielle et son rôle est devenu plus prépondérant encore dans l’ensemble des pays, à tous les niveaux de revenu.

Une autre étude du FMI répertoriant les résultats de 17 banques centrales d’Amérique latine au cours des 100 dernières années examine différents facteurs, parmi lesquels l’indépendance dans les prises de décisions, la clarté du mandat et la possibilité qu’elles soient contraintes de consentir des prêts à l’État. Là encore, il s’avère qu’un plus grand degré d’indépendance est associé à de bien meilleurs résultats sur le plan de l’inflation.

Les bienfaits sont évidents : l’indépendance des banques centrales contribue à garantir la stabilité des prix, qui est importante pour réaliser une croissance constante à long terme.

Mais l’accès à des pouvoirs considérables dans des sociétés démocratiques est indissociable de la notion de confiance. Cette confiance, les banques centrales doivent la gagner au quotidien en maintenant une gouvernance forte, en faisant preuve de transparence, en rendant des comptes et en se montrant à la hauteur de leurs responsabilités fondamentales.

Une gouvernance solide permet de garantir que la politique monétaire est prévisible et qu’elle est guidée par des objectifs à long terme entrant dans le mandat de la banque centrale, et non par la quête d’avantages politiques à court terme. Tout part d’un mandat clair, fixé par un texte de loi qui fait de la stabilité des prix l’objectif principal de la banque centrale.

Même lorsque l’emploi est placé au même niveau d’importance, comme dans le double mandat de la Réserve fédérale aux États-Unis, les législateurs reconnaissent que la stabilité des prix contribue à la stabilité macroéconomique, qui agit en faveur de l’emploi.

Les responsables de banques centrales disposant d’une gouvernance solide et d’une forte indépendance doivent avoir le contrôle de leur budget et de leur personnel, et ils ne doivent pas être exposés à un licenciement facile en raison de leurs avis ou de mesures prises dans le cadre du mandat.

En contrepartie, ils doivent rendre des comptes et faire preuve de transparence.

Ils doivent régulièrement expliquer en quoi leurs actions sont au service des objectifs fixés par le mandat que leur confère la loi, que ce soit en rédigeant des rapports exhaustifs ou en répondant aux questions des parlementaires. Dans la mesure où leurs décisions ont de profondes implications pour l’ensemble de la population, les banques centrales doivent, de concert avec les pouvoirs publics, continuer à améliorer les compétences économiques de la population afin de l’intégrer au dialogue.

En dernier ressort, la confiance dépend de leur capacité à assurer la stabilité des prix et à maintenir la stabilité du système financier.

Une indépendance à respecter

Il incombe aussi à d’autres composantes de l’État d’aider les banques centrales à atteindre les objectifs de leur mandat et à négocier les écueils qui se profilent. Il s’agit non seulement de promulguer des lois établissant l’indépendance des banques centrales, mais aussi d’en respecter la lettre et l’esprit.

Cela suppose aussi de tenir compte des éventuelles répercussions de l’action des pouvoirs publics sur la mission des banques centrales.

L’adoption de politiques budgétaires prudentes préservant la viabilité de la dette contribue à réduire le risque de « prédominance de la politique budgétaire », une situation dans laquelle la banque centrale est poussée à fournir des financements à faible coût à l’État, ce qui finit par exacerber l’inflation. La prudence en matière de finances publiques dégage aussi de l’espace budgétaire pour soutenir l’économie en cas de besoin, ce qui renforce la stabilité économique.

Il revient en outre aux pouvoirs publics de maintenir un système financier fort et bien réglementé, une responsabilité qu’ils partagent souvent avec les banques centrales.

La stabilité financière bénéficie à l’ensemble de l’économie et elle réduit le risque de voir la banque centrale hésiter à hausser les taux d’intérêt par peur de provoquer un effondrement du système financier. Les mesures destinées à renforcer les institutions financières depuis la crise financière mondiale, notamment dans les pays émergents, ont permis aux banques centrales de relever fortement leurs taux sans mettre le système financier en péril. Cet accomplissement de grande importance doit être préservé.

C’est un constat : lorsque les banques centrales et les États jouent chacun leur partition, l’inflation est mieux maîtrisée, les résultats sur le plan de la croissance et de l’emploi sont meilleurs, et les risques pour la stabilité financière diminuent.

Le FMI est présent aux côtés des décideurs pour les aider à relever ces défis. Nous soutenons fermement l’indépendance des banques centrales en dispensant une assistance technique sur mesure aux pays membres qui œuvrent à l’amélioration de leurs dispositifs de gouvernance et leurs cadres juridiques. Nous faisons de l’indépendance un pilier explicite de certains programmes de financement appuyés par le FMI, en convenant avec les pays membres concernés de mesures destinées à la mesurer et la rendre effective.

Pour étayer ce travail, nous avons introduit une nouvelle méthode de mesure de l’indépendance fondée sur les aspects de cette dernière qui ont le plus d’importance, d’après notre récente enquête auprès des banques centrales.

Enfin, pour améliorer la responsabilisation, nous avons mis au point un code de transparence qui aide les banques centrales à évaluer et améliorer leurs pratiques.

En travaillant ensemble — responsables de banques centrales et dirigeants, parlementaires et citoyens —, nous pouvons préserver et renforcer les banques centrales pour remporter le combat contre l’inflation aujourd’hui puis promouvoir la stabilité et la croissance économiques dans les années à venir.

Tout le monde en sortira gagnant : le retraité touchant une pension fixe ; la créatrice de petite entreprise ; toute société susceptible de connaître des périodes de trouble lorsque l’inflation devient incontrôlable.

 

Compte tenu de ces enjeux considérables, nous devons préserver et renforcer l’indépendance des banques centrales.




Réglementation et contrôle du secteur financier : Mécanisme de résolution pour les grandes banques, chantier en cours (Tobias Adrian, Marc Dobler)

Les secousses de l’an dernier ont montré qu’il reste du travail à accomplir dans plusieurs domaines pour veiller à ce que les banques ne soient pas « trop grandes pour faire faillite »

Il y a un an de cela environ, Credit Suisse, institution fondée en 1856 devenue deuxième établissement de prêt en Suisse et banque d’importance systémique au niveau mondial avec 540 milliards de dollars d’actifs, s’est retrouvé en défaut de paiement et a été racheté par UBS. Aux États-Unis, la Silicon Valley Bank, la Signature Bank et la First Republic Bank ont fait faillite à la même période, marquée par les hausses de taux d’intérêt appliquées par la Réserve fédérale pour maîtriser l’inflation. Avec un total d’actifs cumulé de 440 milliards de dollars, elles ont donné lieu aux deuxième, troisième et quatrième plus importantes résolutions bancaires réalisées depuis la création de l’agence fédérale d’assurances des dépôts, la Federal Deposit Insurance Corporation, après la Grande Dépression.

 

Ces turbulences qui ont secoué le secteur bancaire ont constitué le premier test grandeur nature depuis la crise financière mondiale de l’abandon du principe « trop grande pour faire faillite », guidé par l’idée qu’il est possible de procéder à la résolution de la défaillance d’une banque d’importance systémique en protégeant à la fois la stabilité financière et les contribuables.

Alors, quel bilan en tirer ? En résumé, le chantier a bien avancé mais il reste encore du travail.

D’un côté, comme nous l’avons constaté dans un récent rapport, les mesures prises par les autorités l’an dernier ont permis d’éviter des secousses encore plus violentes dans le secteur financier et les indicateurs de solidité financière de la plupart des institutions font état du maintien d’une bonne résilience. Par ailleurs, contrairement à ce que nous avions vu lors de la plupart des faillites survenues au cours de la crise financière mondiale, les pertes considérables ont cette fois été réparties entre les actionnaires et certains créanciers des banques défaillantes.

Toutefois, les contribuables ont de nouveau payé les pots cassés, car un soutien massif de l’État a été nécessaire pour assurer une protection qui ne s’est pas limitée qu’aux seuls déposants des banques défaillantes. Sur fond de panique généralisée des créanciers, l’État a appuyé l’ acquisition de Credit Suisse par une garantie et des liquidités représentant environ un quart de la production de l’économie suisse. L’aide publique a bien été récupérée par la suite mais cela a donné lieu à un passif conditionnel à l’origine d’un risque considérable, ainsi qu’à la création d’une banque encore plus grande revêtant une importance systémique accrue. Si l’on avait utilisé les pouvoirs de résolution existants pour transférer la propriété de Credit Suisse, après renflouement par les actionnaires et créanciers, au lieu de recourir à une législation d’urgence pour entériner une fusion, les actionnaires du Credit Suisse auraient été pleinement mis à contribution et l’aide publique aurait sûrement été moindre. Nous devrions en savoir plus dans les jours à venir, avec la publication d’un rapport de la Suisse sur le régime « trop grande pour faire faillite ».

Aux États-Unis, en plus d’assouplir les exigences en matière de garanties conditionnant les injections de liquidité, les autorités ont fait valoir des risques systémiques pour justifier une exception permettant la protection de tous les dépôts de deux des banques défaillantes. Cela a considérablement alourdi les coûts pour le fonds de garantie des dépôts, ce qui devra in fine être compensé par le secteur. Même les déposants les plus importants et les plus avertis ont été protégés, pas seulement ceux qui étaient assurés.

Les enseignements

Un contrôle intrusif et des interventions précoces s’imposent. La confiance des déposants du Credit Suisse s’est érodée au fil de nombreuses défaillances en matière de gouvernance et de gestion des risques. Aux États-Unis, les banques en faillite ont mené des stratégies imprudentes sans gérer les risques comme il se devait. Dans les deux cas, les organes de contrôle auraient dû non seulement agir plus vite, mais aussi se montrer plus vigoureux et inflexibles. Il est ressorti de notre récente étude sur les approches prudentielles que la capacité et la volonté d’agir sont primordiales, et qu’elles peuvent être entravées par des mandats mal définis, par des pouvoirs, des ressources et une indépendance juridiques inadaptés, ou encore par de puissants groupes de pression du secteur financier. Les décideurs doivent doter les organes de contrôle des pouvoirs nécessaires pour agir rapidement et avec autorité si nécessaire.

Même des banques de petite taille peuvent avoir une importance systémique. Les autorités de contrôle et de résolution doivent prévoir des plans de redressement et de résolution adaptés, qui doivent intégrer des banques qui ne sont peut-être pas d’une importance systémique dans l’absolu mais pourraient le devenir dans certaines conditions. Il s’agissait d’une des principales recommandations de notre dernier programme d’évaluation pour le secteur financier (PESF) pour les États-Unis.

Les régimes et plans de résolution doivent être suffisamment flexibles. Les décideurs doivent en tenir compte lorsqu’ils les conçoivent afin d’assurer la gestion des risques pour la stabilité financière tout en ménageant les contribuables. Le soutien de l’État pourrait se révéler nécessaire dans certaines circonstances, par exemple pour éviter une crise financière systémique. Les services du FMI ont recommandé l’équivalent d’une exception pour risque systémique pour la zone euro, par exemple. Tout en continuant d’appliquer le plan A, les autorités ont besoin de flexibilité pour y déroger, en combinant par exemple différents instruments de résolution, selon ce qu’exigent les circonstances spécifiques au moment de la défaillance.

La liquidité joue un rôle essentiel dans les résolutions. Les banques font généralement faillite car leurs créanciers perdent confiance, avant même que leurs bilans ne laissent apparaître des pertes potentielles. À elle seule, la reconstitution des volants de capitaux peut ne pas suffire à rétablir la confiance. Les autorités doivent accélérer la mise à disposition du soutien à la liquidité pour les banques se dirigeant vers une résolution — notamment en prépositionnant des garanties et en testant l’état de préparation des dispositifs — sans mettre en péril le bilan de la banque centrale.

De nombreux pays doivent renforcer leurs régimes d’assurance des dépôts, comme nous l’avons recommandé à la Suisse. Les nouvelles technologies telles que les paiements 24h/24 et 7j/7, les services bancaires mobiles et les réseaux sociaux ont accéléré les ruées vers les dépôts. Les faillites de l’an dernier ont fait suite à des retraits de dépôts massifs et rapides. Les fonds de garantie des dépôts et les autres autorités doivent donc être prêts à agir plus rapidement que la plupart d’entre eux ne peuvent le faire aujourd’hui, et en avoir la capacité. Les banques américaines ayant fait faillite étaient des cas extrêmes, avec des bilans qui avaient gonflé très rapidement, financés par une forte proportion de dépôts non garantis. Lorsqu’une protection élargie est envisagée, elle doit s’accompagner de financements adéquats. Les décideurs doivent veiller à ne pas trop élargir l’assurance des dépôts, en particulier dans les pays où celle-ci n’est pas soutenue par un État aux reins solides. S’ils ne se sentent pas sécurisés par une augmentation proportionnelle du financement de l’assurance des dépôts, les déposants pourraient vite perdre confiance.

En somme, des progrès ont été accomplis mais il reste encore beaucoup à faire pour mettre fin au principe « trop grande pour faire faillite ». Les faillites bancaires de l’an dernier ont constitué une précieuse occasion de faire le point sur les avancées réalisées par les décideurs sur le programme de réformes et de tracer le chemin restant à parcourir.

Les services du FMI travaillent activement pour accompagner les efforts déployés par les pays membres pour renforcer leurs dispositifs de contrôle, de résolution, de soutien à la liquidité et d’assurance des dépôts, notamment par le biais des PESF et de l’assistance technique. Nous participons également à l’élaboration des politiques au niveau international, notamment la revue des normes internationales sur l’assurance-dépôts, récemment annoncée. En début d’année, nous avons également organisé, en collaboration avec le conseil de stabilité financière, un atelier à l’attention des décideurs consacré à l’utilisation des pouvoirs de transfert dans le cadre de résolutions.

—Se référer à la récente note sur la stabilité financière dans le monde, The US Banking Sector since the March 2023 Turmoil:Navigating the Aftermath, pour une analyse plus poussée des banques touchées et une étude plus approfondie des vulnérabilités résiduelles.




Rdc : Mgr Félicien Ntambue Kasembe nommé archevêque de Kananga 

Le 19 mars 2024, le Saint-Père a nommé Mgr Félicien Ntambue Kasembe archevêque métropolitain de Kananga, en République démocratique du Congo. Il était jusqu’à présent évêque de Kabinda et administrateur apostolique du diocèse de Kananga.

L’archidiocèse congolais était vacant depuis le 21 décembre 2022, suite au départ à la retraite de Mgr Marcel Madila Basanguka, qui était à la tête de l’archidiocèse depuis décembre 2006.

Né en septembre 1970, Mgr Ntambue Kasembe est entré dans la Congrégation du Cœur Immaculé de Marie (CICM) et a prononcé ses vœux perpétuels en 1996. Il a été ordonné prêtre au sein de cette même congrégation en août 2001, après avoir terminé ses études théologiques et philosophiques, et ayant obtenu un master en droit à Louvain, en Belgique.

Le nouvel archevêque a exercé les responsabilités suivantes : vicaire paroissial à Kinshasa (2001-2003), secrétaire provincial des Missionnaires de Scheut (2003-2006), conseiller provincial de la C.I.C.M. à Kinshasa (2013-2016) et assistant général de la Congrégation de la CICM (2017-2020). Il a été nommé évêque de Kabinda le 23 juillet 2020, et consacré le 27 septembre suivant.




Trois prêtres sur la voie de la béatification : Des miracles attribués à un prêtre français, un prêtre espagnol et un patriarche libanais 

Le jeudi 14 mars 2024, le pape François a reçu en audience le cardinal Marcello Semeraro, préfet du Dicastère pour les causes des saints. Au cours de l’audience, le Saint-Père l’a autorisé à promulguer plusieurs décrets, notamment ceux des miracles attribués à l’intercession de trois vénérables serviteurs de Dieu, ouvrant ainsi la voie à leur béatification.

Parmi eux, le prêtre français Camille Costa de Beauregard, l’espagnol José Torres Padilla, et le patriarche libanais Étienne Douayhy. Les trois ayant en commun un dévouement immense envers les plus démunis.

Le P. Camille Costa de Beauregard, « père des orphelins »

Le P. de Beauregard (1841-1910) vient d’une famille aristocratique de Chambéry, en France. Entré en novembre 1863 au séminaire français de Rome, il a reçu le 26 mai 1866 l’ordination sacerdotale dans la basilique Saint-Jean de Latran.

Prêtre diocésain, il a décliné les honneurs en refusant à deux reprises l’épiscopat. Le P. Camille de Beauregard a consacré sa vie à l’éducation des orphelins, ainsi qu’aux classes pauvres et nécessiteuses. Il a fondé l’Œuvre du Bocage en 1868, apportant formation et éducation aux jeunes orphelins, et en faisant don de ses biens familiaux. On l’appelait, en Savoie, le « père des orphelins ».

La guérison miraculeuse attribuée à son intercession est celle d’un enfant souffrant d’un « traumatisme oculaire » suite à un accident en septembre 1910. L’œil était perdu, selon les médecins. Une religieuse de l’Œuvre du Bocage a alors entamé une neuvaine à l’intercession du P. Camille. Toute la communauté, les enfants de l’orphelinat et quelques prêtres se sont joints aux prières. Le 28 octobre, l’œil est devenu sec et propre, complètement guéri, de manière complète et durable.

Le P. José Torres Padilla, l’« El Santero »

Le P. José Torres Padilla (1811-1878) a étudié à Valence et à Séville, et a été ordonné prêtre en 1836. Nommé en 1842 professeur de théologie au Séminaire de Séville, il enseigna à partir de 1857 l’histoire ecclésiastique et la patrologie.

Prêtre diocésain et co-fondateur de la Congrégation des Sœurs de la Compagnie de la croix, le P. José était amoureux de son ministère. Il a vécu fidèlement la suite du Christ, unissant en lui l’homme de prière, le professeur et le co-fondateur. Animé par l’espérance, il s’est donné aux autres, attiré avant tout pour les âmes les plus nécessiteuses, les malades et leurs familles. À la fin de sa vie, la réputation d’homme de Dieu était si répandue qu’à Séville, on l’appelait « El Santero » (le Saint).

La guérison miraculeuse, attribuée à son intercession, est celle d’une religieuse de la Congrégation des Sœurs de la Compagnie de la croix. Le 3 mars 2018, elle faisait « une thromboembolie massive et un infarctus pulmonaire ». Les médecins estimaient que les chances de la sauver étaient très minces. De nombreuses communautés de la Congrégation de la Croix se sont unies dans la prière pour obtenir le miracle de la guérison par l’intercession de José Torres Padilla. Le 13 avril 2018, la religieuse était complètement guérie.

Le patriarche maronite libanais Étienne Douayhy

Le patriarche Étienne Douayhy (1630-1704) est né à Ehden au Liban dans une famille noble. Ordonné prêtre le 25 mars 1656, il a exercé son apostolat dans diverses paroisses du Liban et de Syrie, se consacrant à l’assistance aux pauvres et contribuant au dialogue entre les Églises orientales et l’Église catholique. Il a également mené une intense activité intellectuelle, publiant d’importants ouvrages à caractère philosophique et théologique.

Ordonné évêque du diocèse maronite basé à Chypre en mai 1668, il est devenu patriarche d’Antioche des Maronites, et confirmé par le pape Clément X en 1672. La guérison miraculeuse, attribuée à son intercession, est celle d’une dame souffrant de « polyarthrite rhumatismale séronégative », se trouvant dans un état grave en 2012.

Le 7 septembre 2013, compte tenu de son état désespéré, elle a été emmenée par ses proches à Ehden, lieu de naissance du patriarche Douayhy, pour invoquer son intercession. Après cela, elle n’a plus présenté aucun symptôme de maladie, de manière complète et durable.




Malaisie : 1700 adultes seront baptisés la nuit de Pâques  

En Malaisie, le nombre de nouveaux baptisés adultes grandit chaque année. Selon l’agence Fides, ils seront plus de 1700 catéchumènes à recevoir le baptême lors de la prochaine veillée pascale.

Étant donné le nombre croissant de demandes de la part des paroisses, l’Église catholique en Malaisie a mis en place un plus grand nombre de parcours de catéchuménat, afin de pouvoir préparer tous ceux qui le désirent à la réception de ce sacrement.

Les catéchumènes vivent ainsi les étapes prévues par le Rite de l’initiation chrétienne des adultes, qui adopte une approche d’accueil, d’accompagnement et de discernement. Ce rite est « un voyage spirituel entrepris en compagnie de prêtres, de catéchistes et avec le soutien de la communauté ecclésiale. Il accompagne la découverte de la foi par l’enseignement, le partage, les prières, le culte communautaire, la communion et d’autres formes d’exercices expérientiels », explique l’Église malaisienne.

Sur l’île de Bornéo par exemple, le diocèse de Kota Kinabalu accompagne cette année plus de 900 catéchumènes. Pour son archevêque John Wong, « le baptême n’est que le début de la marche à la suite de Jésus. C’est un choix de vie, pas une mode passagère ». L’archevêque demande aux catéchumènes de continuer à s’unir à Jésus par la prière, la lecture et la réflexion sur la Parole de Dieu, « en s’accrochant à Jésus, en s’appuyant sur lui, en se laissant fortifier par lui ». Il rappelle que le chemin du catéchuménat n’est pas sans obstacles ni difficultés.

Dans ce pays composé de plus de 60 % de musulmans, les chrétiens représentent moins de 10 % de la population, soit environ 1,3 million au total. Ils sont en grande partie de confession catholique et sont répartis dans neuf diocèses, entre la Malaisie péninsulaire et l’île de Bornéo.