Depuis plus de deux semaines, l’Inspecteur général de l’IGF est sous le feu des balles, sans pour autant être atteint

La raison de ces missiles lancés contre lui est son travail de chasse à la corruption et détournement des deniers publics. Ayant permis à la République démocratique du Congo de redorer sa capacité de mobilisation pour enfin atteindre un budget historique de 16 milliards de dollars Us, Jules Alingete Key est devenu à ce jour la cible préférée de ses détracteurs qui montent dossier après dossier dans le but de nuire à son image de marque et de détruire par ricochet la vision du chef de l’État Félix Antoine Tshisekedi, celle d’un Congo prospère dont il est à ce jour un levier indispensable.

Après la fameuse affaire de Beltexco, les pourfendeurs du gendarme des finances publiques ont à ce jour voulu lancer un autre prétendu dossier de détournement des deniers publics par M. Alingete avec le Groupe Rawji aussi propriétaire de Beltexco. Le crime parfait n’existant jamais, ces diseurs des bonnes aventures se sont permis de lancer une série de mail entre M. Jules Alingete et un certain Kapita Depaul attaché de comptabilité du Groupe Rawji mais les erreurs sont flagrantes.

D’abord ayant été nommé en juin 2020, ces mails montés datent pourtant du mois d’avril 2020, soit deux mois avant sa nomination, première erreur.

Deuxièmement, même les juristes les plus véreux auront du mal à déceler une infraction dans une conversation qui a tout l’aire d’une discussion entre un expert-comptable (ce qu’est Jules Alingete est depuis plus de 20 ans) et un client, deuxième erreur.

Visiblement son action sur les différentes malversations dont celles de l’affaire de lampadaires a 5.200 USD ainsi que les 39 millions de l’installation des forages d’eau où est cité Nicolas Kazadi occasionnent des insomnies. Quoi qu’il en soit, le numéro un de l’IGF bras séculier du chef de l’État et jouissant encore pleinement de la confiance de ce dernier ne décolère pas et promet de poursuivre jusqu’au dernier retranchement les voleurs des biens de l’État

Didier Mbongomingi




Formation du gouvernement : Judith Suminwa consulte Sama Lukonde et la “Dynamique Agissons et Bâtissons”

Dans le cadre des discussions pour la formation de son Gouvernement, la Cheffe de l’Exécutif National, Judith Suminwa a lancé les consultations avec les regroupements et formations politiques de la majorité parlementaire, ce samedi 13 avril 2024 à l’Hôtel du gouvernement.

Ces consultations interviennent après les discussions avec les membres du Présidium de l’Union Sacrée de la Nation, plate-forme qui détient la majorité à l’Assemblée Nationale.

La Première Ministre a ouvert les discussions avec la “Dynamique Agissons et Bâtissons”, regroupement politique dirigé par le Premier Ministre sortant Sama Lukonde, qui compte 47 députés à l’Assemblée nationale.

Selon Sama Lukonde, les discussions avec Judith Suminwa ont tourné autour du format du prochain gouvernement qui est axé sur la réduction du train de vie des institutions. Ils ont également tablé sur le profil des animateurs du gouvernement Suminwa.

“Nous avons eu des échanges avec la Première Ministre sur la formation du gouvernement. Cette formation qui a tourné autour du format qui se veut être celui qui va aller vers la réduction du train de vie des institutions. Mais aussi, le profil des personnes qui doivent animer ce gouvernement. Selon le vœu du Président de la République, il faut des personnes expérimentées avec une forte probité et surtout des personnes qui remplissent des cas du genre et de la jeunesse”, a déclaré Sama Lukonde.

Il a, par ailleurs, fait savoir qu’ils ont aussi évoqué le respect des 6 priorités fixées par le Chef de l’État pour son deuxième quinquennat.

“Nous avons eu d’autres échanges ayant trait aux priorités qui vont être mises en avant dans le cadre du travail de ce gouvernement. Priorités qui sont reprises dans les 6 axes qui ont été donnés par le Président de la République. Nous avons promis de poursuivre nos échanges dans le cadre de la formation de ce gouvernement qui va permettre très vite la matérialisation, dans le vœu du Président de la République, de la consolidation des acquis”, a-t-il poursuivi.

Le Premier Ministre sortant a émis le vœu de voir ces consultations être menées en toute diligence.

“Nous nous sommes mis entièrement à la disposition non seulement du Président de la République mais aussi de son Excellence Mme la Première Ministre pour que ce travail puisse se faire en toute diligence mais aussi le plus rapidement possible”, a-t-il souhaité.

Fort du respect de l’engagement du Magistrat suprême Félix Tshisekedi, de répondre aux attentes légitimes de la population et de ne plus répéter les erreurs du passé, la nouvelle Cheffe du Gouvernement travaille d’arrache-pied pour former une équipe gouvernementale avec des animateurs jouissant de la probité et de la compétence.

Notons que selon le calendrier de la Première Ministre, les consultations vont durer 7 jours.




Le DG de l’ANAPEX et l’ambassadeur d’Italie en Rdc échangent sur la foire Macfrut 2024

Le Directeur Général de l’ANAPEX, M. Mike Tambwe Lubemba a reçu le vendredi 10 avril 2024 dans son cabinet de travail, l’ambassadeur d’Italie en RDC, M. Alberto Petrangeli. Les deux personnalités ont discuté des préparatifs de la foire de fruits et légumes, Macfrut 2024, qui se tiendra au mois de mai prochain en Italie.

L’ANAPEX va accompagner à cet événement des producteurs RD Congolais du secteur agricole et de l’agro-industrie. Pour le diplomate italien, cette foire représente une occasion unique de favoriser des partenariats bénéfiques pour les investisseurs congolais, dans le cadre de la nouvelle politique agricole de la RDC.

Macfrut 2024 est aussi une véritable opportunité pour la RDC de mettre en avant-plan ses différents produits agricoles. Les échanges et les rencontres qui auront lieu lors de cet événement permettront de renforcer les liens entre l’Italie et la RDC, et de favoriser le développement du secteur agricole congolais.




La Rdc et la Serbie décident de renforcer la coopération  

Le renforcement de la coopération bilatérale entre Kinshasa et Belgrade a été évoqué, jeudi au ministère des Affaires étrangères et Francophonie, au cours de l’audience que le Vice-Premier ministre Christophe Lutundula Apala Pen’Apala a accordée à Goram Aleksic, vice-ministre des Affaires étrangères de la Serbie.

“Nous avons rendu visite à un pays ami. Nous avons échangé sur le renforcement des relations bilatérales entre nos deux pays. Nous sommes heureux d’avoir eu cet échange avec le vice-Premier ministre des Affaires étrangères. Et nous sommes déterminés à travailler avec la RDC, à renforcer nos relations dans les domaines de l’éducation et de la science ainsi que dans plusieurs domaines d’intérêt commun”, a déclaré M. Goram Aleksic, à l’issue des échanges avec le chef de la diplomatie congolaise.

À une question sur la position de la Serbie vis-à-vis de l’agression de la République Démocratique du Congo par le Rwanda, l’homme d’État serbe a répondu que son pays est pour le respect de l’intégrité territoriale de la RDC et de tout pays.

“La position officielle de la Serbie est le respect de l’intégrité territoriale de n’importe quel pays. C’est un principe que nous soutenons pour les décennies passées. Nous sommes toujours pour résoudre tous les problèmes par négociation. Nous soutenons la politique de paix pour résoudre tous les problèmes en négociant et non en utilisant les forces armées. Dans ce sens-là, nous partageons la même attitude avec nos amis de la RDC”, a souligné l’homme d’État serbe.




TFM déclare une production en hausse pour l’exercice 2023 et une contribution exceptionnelle au Trésor public de la RDC

Tenke Fungurume Mining est heureux d’annoncer que pour l’exercice 2023, il a produit 280 297 tonnes de cathode de cuivre contre 254 286 tonnes pour 2022, et 21 592 tonnes de cobalt métal sous forme d’hydroxyde de cobalt contre 20 621 tonnes pour 2022.

Pour la même période, la société a versé un montant net d’environ 1 milliard 123 millions 72 USD contre 987,35 millions USD en glissement annuel, au titre d’impôt et autres paiements connexes au Trésor public et à d’autres services administratifs publics de la République Démocratique du Congo. Depuis le démarrage du projet en 2006, ces paiements ont atteint un montant total d’environ 5,891 milliard USD.

La société a aussi réalisé des investissements importants dans le domaine du développement communautaire. En effet, depuis 2006, TFM a financé pour un total de 284,02 millions USD des projets communautaires, dont 19,20 millions USD en 2023. En outre, TFM alloue 0,3 % de son chiffre d’affaires à la DOT TFM, anciennement Fonds social communautaire de TFM. Depuis le lancement de la production, les contributions à ce fonds s’élèvent à 68,83 millions USD, dont 9,77 millions USD en 2023.

En entreprise citoyenne, TFM se conforme religieusement à ses obligations. Les paiements des taxes, les primes de cession, les frais de consultance et les prêts à faible intérêt accordés par TFM et son actionnaire majoritaire à l’entreprise d’État congolaise, les paiements des actifs locaux, les contributions au développement communautaire et les contributions au Fonds représentent, dans l’ensemble, une somme de 6,60 milliards en contributions financières et contributions au développement communautaire faites à la RDC.

Au regard des conditions fiscales actuelles appliquées à TFM, plus de la moitié des retombées économiques générées par le projet restent en RDC sous forme de taxes, redevances et droits. Et si l’on inclut les impacts économiques résultant de la fourniture des services au niveau local, tels que l’achat de l’énergie auprès de la SNEL, c’est plus des deux tiers des retombées du projet qui restent au pays.

Étant l’un des plus grands producteurs de cuivre de la RDC, et avec des perspectives de croissance et de succès constants, TFM est fier de contribuer à la croissance de cette nation dynamique.




CULTE DOMINICAL /AVEC LE PAST FRANÇOIS MUTOMBO VH /DIMANCHE 14 AVRIL 2024




Formation du Gouvernement : Sama Lukonde reçoit de Judith Suminwa  des orientations sur les futures étapes

Poursuivant ses échanges avec les membres du Présidium de l’Union Sacrée, la Première Ministre Judith Suminwa Tuluka a reçu en audience, jeudi 11 avril à l’Hôtel Fleuve Congo, Sama Lukonde, Premier Ministre sortant et Président de la Dynamique Agissons et Bâtissons (Dynamique AB).

À l’issue de leur entretien, Sama Lukonde a affirmé élégamment avoir bien noté les orientations de la nouvelle cheffe du prochain gouvernement sur les consultations des forces politiques qui vont débuter d’ici peu.

“Nous avons reçu l’invitation de son Excellence Mme la Première Ministre en tant que membre de l’Union Sacrée. Cet échange a consisté à avoir ses orientations sur les futures étapes qui nous attendent du moins les consultations des forces politiques. On a eu le temps d’échanger sur ces étapes, il faut simplement attendre que nous revenions ici avec nos forces politiques respectives pour la suite des échanges. Ça sera à cette occasion que nous aurons à livrer plus sur les messages et les contenus des annotations qui nous ont été données par Mme la Première Ministre. Nous avons eu des échanges très courtois et nous attendons l’invitation qui nous sera lancée comme Dynamique Agissons et Bâtissons que je représente comme force politique au sein de l’Union Sacrée”, a déclaré Sama Lukonde.

La dynamique AB attend ainsi participer à la gestion de la chose publique afin de contribuer à la matérialisation de la vision du Président de la République, dans le cadre de l’Union Sacrée.

C’est depuis sa nomination que Judith Suminwa a amorcé des échanges avec le Présidium de l’Union Sacrée en perspective de la formation du premier gouvernement du deuxième mandat du Chef de l’État Félix Tshisekedi. Ces échanges précèdent les consultations proprement dites qui vont débuter la semaine prochaine.

Rappelons que la Première femme cheffe du gouvernement en RDC, Judith Suminwa, a aussi reçu tour à tour d’autres membres du Présidium de l’USN notamment Bahati Lukwebo, Christophe Mboso, Jean-Pierre Bemba, Vital Kamerhe et Augustin Kabuya.

À l’allure du travail, sous la houlette de la Première Ministre, le prochain gouvernement sera connu dans un délai relativement court.




Croissance économique : Bien gérer le retour de la politique industrielle, la barre est haute

Afin d’éviter les erreurs coûteuses, il faut plus de données, d’analyses et de concertation.

Dans l’histoire, les États ont communément eu recours à des interventions sélectives regroupées sous le nom de politique industrielle pour favoriser les industries nationales en renforçant la compétitivité de leurs entreprises ou en soutenant le développement de certains secteurs. Tombée en disgrâce il y a des années dans la majeure partie du monde en raison de sa complexité et de ses avantages incertains, la politique industrielle n’était plus appliquée que par quelques pays en développement.
Aujourd’hui, il semble que la politique industrielle est partout de retour. La pandémie, l’accroissement des tensions géopolitiques et la crise climatique ont fait craindre pour la résilience des chaînes d’approvisionnement et pour la sécurité économique et nationale et, plus généralement, pour la capacité des marchés à allouer les ressources de manière efficace et à faire face à ces préoccupations. Dans ces circonstances, les États subissent une forte pression pour que la politique industrielle reprenne du service.
La comparaison des avantages et des inconvénients de la politique industrielle est un vieux débat parmi les économistes. Certes, les mesures en question peuvent contribuer à remédier aux défaillances du marché ; c’est le cas, par exemple, des interventions en faveur de la transition climatique. Mais la politique industrielle est coûteuse et peut conduire à diverses formes de défaillance des pouvoirs publics, allant de la corruption à la mauvaise affectation des ressources. Les politiques industrielles peuvent également avoir des effets de contagion transfrontaliers, en augmentant le risque de représailles de la part d’autres pays, ce qui finirait par affaiblir le système commercial multilatéral et aggraver la fragmentation géoéconomique. Davantage de données, d’analyse et de concertation sont nécessaires si l’on veut éviter les erreurs coûteuses.
Dans ce blog, nous analysons le retour de la politique industrielle en nous intéressant particulièrement à trois questions : les raisons de cette résurgence, les arbitrages qu’elle suppose et l’action du FMI à ce sujet.
La nouvelle vague
Le FMI s’est récemment uni au groupe Global Trade Alert pour suivre l’évolution de la situation. Nos dernières études montrent qu’il y a eu plus de 2 500 interventions de politique industrielle dans le monde l’année dernière. Plus des deux tiers d’entre elles ont produit un effet de distorsion sur les échanges commerciaux, en exerçant probablement une discrimination à l’encontre d’intérêts commerciaux étrangers. Cette campagne de collecte de données constitue la première étape vers la compréhension de la nouvelle vague de politiques industrielles.

La multiplication des mesures de politique industrielle ces derniers temps est le fait des grandes puissances économiques : la Chine, les États-Unis et l’Union européenne totalisent près de la moitié de l’ensemble des interventions en 2023. Les pays avancés semblent avoir été plus actifs que les pays émergents et les pays en développement. Les données relatives aux dix dernières années sont moins précises, mais les informations dont on dispose montrent que le recours aux subventions a toujours été plus répandu dans les pays émergents, contribuant ainsi au grand nombre de mesures héritées du passé toujours en place.

Les mesures récentes se concentrent davantage sur la transition écologique et la sécurité économique, et moins sur la compétitivité. Cette dernière a néanmoins été l’objectif d’une mesure de politique industrielle sur trois en 2023, les deux autres étant motivées par l’atténuation des changements climatiques, la résilience des chaînes d’approvisionnement ou des considérations de sécurité.
D’un point de vue sectoriel, étonnamment, ce sont les produits à double usage — militaire et civil — et les technologies de pointe, y compris les semi-conducteurs et les solutions sobres en carbone ainsi que leurs composants, tels que les minéraux critiques, qui ont concentré la plus forte activité de politique industrielle.

La politique industrielle oriente la réaffectation des ressources vers certaines entreprises, industries ou activités nationales que les forces du marché ne parviennent pas à promouvoir de manière socialement efficace. Toutefois, pour produire des avantages économiques nets, ces interventions doivent être bien conçues, ce qui signifie qu’elles doivent viser à remédier à des défaillances du marché bien identifiées et se fonder sur des principes d’amélioration de la concurrence et sur une analyse coûts–avantages rigoureuse.
Étant donné que la politique industrielle vise à modifier les incitations pour les entreprises privées, elle implique aussi deux risques : que les ressources soient mal affectées et que, avec le temps, certaines industries accaparent le soutien public. La politique industrielle peut également perturber les échanges commerciaux, les investissements et les flux financiers, ainsi que les prix sur les marchés mondiaux, ce qui pourrait avoir des retombées importantes sur les partenaires commerciaux et sur l’économie mondiale.
Le premier enseignement qui ressort de l’analyse des nouvelles politiques industrielles par les services du FMI est que la prudence s’impose.
· Les mesures annoncées ou mises en œuvre l’année dernière n’étaient pas toujours clairement liées à des défaillances du marché. Autrement dit, dans certains cas, des politiques bien conçues qui visent à améliorer l’environnement des affaires en général auraient été plus judicieuses que des interventions étatiques ciblées avec leurs risques inhérents de mauvaise affectation des ressources et de coût budgétaire élevé.
· Les études des services du FMI apportent des preuves supplémentaires d’une dynamique de représailles. Les chances que les interventions se concentrent sur un produit en particulier sont accrues si le produit en question fait déjà l’objet de mesures chez d’autres partenaires commerciaux. De fait, les mesures comme les subventions entraînent souvent des effets de contagion transfrontaliers qui peuvent inciter les autorités d’autres pays à réagir de la même manière.
· Certains éléments révèlent aussi que la politique industrielle peut être influencée par des intérêts particuliers.L’analyse montre une forte corrélation entre le nombre de mesures et des variables d’économie politique telles que l’imminence d’une élection et l’importance de certains produits dans le panier d’exportations, laissant entendre que les autorités favorisent peut-être les entreprises établies.
Le rôle du FMI
Le caractère inédit et l’importance macroéconomique des nouvelles mesures de politique industrielle en général ont incité les services du FMI à intensifier leurs travaux dans trois domaines.
Le travail de collecte de données et d’analyse des politiques a été étoffé afin d’accroître la sensibilisation et d’éclairer le débat sur les politiques. Outre la nouvelle activité de surveillance des données, les services s’emploient à vérifier l’efficacité des politiques industrielles dans la réalisation des objectifs fixés — tels que la promotion de l’innovation (voir l’édition d’avril 2024 du Moniteur des finances publiques) et les objectifs climatiques —, ainsi que leurs retombées hors des frontières nationales.
Dans le cadre de la surveillance bilatérale, les services du FMI se concentrent sur l’évaluation des mesures de politique industrielle capables d’influencer fortement la stabilité intérieure ou extérieure d’un pays ou de générer d’importants effets de contagion transfrontaliers. La portée de l’analyse et des conseils des services dépend du type de politique industrielle et de ses objectifs, ainsi que des informations et des compétences spécifiques disponibles. Deux documents récents du FMI fournissent un cadre conceptuel et des principes directeurs pour le traitement de la politique industrielle dans le cadre des activités de surveillance au FMI, y compris les questions touchant aux échanges commerciaux et la cohérence avec les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
Enfin, le FMI collabore avec l’OMC pour lancer une concertation multilatérale sur le commerce et la politique industrielle. Une réunion technique sur les politiques de résilience a été organisée en février avec la contribution de plusieurs pays et d’autres organisations internationales. L’objectif est d’approfondir et d’élargir ces travaux dans les prochains mois. Des échanges de ce type peuvent améliorer le partage d’informations sur les mesures adoptées, leur efficacité et leurs retombées, et aider à établir une compréhension commune des problèmes ainsi que des possibilités de solutions coopératives.
Anna Ilyna, Ceyla Pazarbasioglu, Michele Ruta




Les années 2020 : turbulentes, moroses ou transformatrices ? Des remèdes au choix pour une économie mondiale frêle

Texte préparé pour l’intervention

Merci, Fred, pour cette aimable présentation. Mes remerciements à vous et au personnel du Conseil atlantique pour l’accueil de cet événement. Comme le FMI, le Conseil est une institution qui croit fermement que le dialogue et la coopération peuvent contribuer à bâtir un monde plus prospère.

Nous avons également des origines communes. Le secrétaire Dean Acheson, cofondateur du Conseil atlantique, était également présent à la conférence de Bretton Woods de 1944 qui a donné naissance au FMI et à la Banque mondiale.

Des années plus tard, en se remémorant ses années de service public, Acheson écrira : « La simple vérité est que persévérer dans l’exécution de politiques judicieuses est la seule voie de réussite [… ] ».

Dans un monde marqué par des chocs plus fréquents et une incertitude accrue, nous avons plus que jamais besoin de politiques judicieuses. Il est indispensable de faire les bons choix qui définiront l’avenir de l’économie mondiale.

Il y a un siècle, le monde vivait « les Années folles ». Que retiendra l’histoire de cette décennie-ci ? « Les Années turbulentes », une décennie de perturbation et de divergence des destinées économiques ? « Les Années moroses », une période de croissance lente et de mécontentement populaire ? Ou plutôt « Les Années transformatrices », une ère d’avancées technologiques rapides pour le bien de l’humanité ?

Permettez-moi d’évoquer tout d’abord la situation actuelle. D’après nos Perspectives de l’économie mondiale qui paraîtront la semaine prochaine, la croissance mondiale s’est marginalement accélérée, grâce à la bonne santé de l’activité aux États-Unis et dans bon nombre de pays émergents. La vigueur de la consommation des ménages et de l’investissement des entreprises et l’atténuation des problèmes des chaînes d’approvisionnement ont contribué à cette embellie. De plus, l’inflation est en baisse.

La résilience de l’économie mondiale s’explique principalement par les solides bases macroéconomiques établies ces dernières années. Elle s’appuie également sur le dynamisme des marchés du travail ainsi que sur l’accroissement de la main-d’œuvre, sous l’effet notamment de l’immigration, qui est particulièrement utile dans les pays à la population vieillissante.

Dans l’ensemble, les données disponibles à ce jour pourraient inspirer un soulagement. Contrairement à certaines prédictions, nous avons évité une récession mondiale et une période de stagflation.

Mais les sujets d’inquiétude ne manquent pas.

À l’échelle mondiale, les défis se multiplient. Les tensions géopolitiques accroissent le risque d’une fragmentation de l’économie mondiale. Comme nous l’avons appris ces dernières années, nous vivons dans un monde dans lequel il faut s’attendre à l’imprévu.

Hélas, l’activité économique est frêle par rapport à la moyenne historique et les perspectives de croissance ralentissent depuis la crise financière mondiale. L’inflation n’est pas complètement vaincue. Les marges de manœuvre budgétaire se sont épuisées. La dette est en hausse, ce qui est un défi de premier plan pour les finances publiques de beaucoup de pays.

Et nous ressentons encore les séquelles de la pandémie. Les pertes de production enregistrées dans le monde depuis 2020 s’élèvent à quelque 3 300 milliards de dollars, les pays les plus vulnérables en payant un prix disproportionné.

Qui plus est, la divergence au sein et entre les groupes de pays augmente.

Parmi les pays avancés, les États-Unis ont enregistré le rebond le plus net, favorisé par une accélération de la croissance de la productivité. En contraste, dans la zone euro, l’activité reprend beaucoup plus progressivement, ce qui tient aux effets persistants des prix élevés de l’énergie et au repli de la croissance de la productivité.

Parmi les pays émergents, des pays comme l’Inde ou l’Indonésie s’en sortent mieux.

Mais l’écart se creuse le plus avec les pays à faible revenu, eux qui ont subi les plus graves séquelles. De ces nations, ce sont les pays fragiles ou touchés par des conflits qui portent le fardeau le plus lourd.

Ces constatations ont un point commun : l’affaiblissement de la croissance est principalement dû à un ralentissement notable et généralisé de la croissance de la productivité. Selon notre analyse, ce phénomène explique plus de la moitié du ralentissement de la croissance économique dans les pays avancés et les pays émergents, et la quasi-totalité dans le cas des pays à faible revenu.

Par conséquent, nos perspectives de croissance mondiale à moyen terme, juste au-dessus de 3 %, restent de loin inférieures à la moyenne historique.

Faute d’un changement de cap, l’histoire retiendra « les Années moroses », une décennie timide et décevante sur le plan de l’économie.

À ce stade, les dirigeants ont un choix à faire.

Ils peuvent choisir d’éviter des décisions difficiles et d’avancer tant bien que mal en menant des politiques qui laissent à désirer.

Mais un autre choix est possible. En suivant le conseil d’Acheson, ils peuvent opter pour des politiques judicieuses : s’attaquer résolument à l’inflation et à la dette tout en promouvant la transformation économique pour stimuler la productivité, ainsi qu’une croissance inclusive et durable.

Optons pour « les Années transformatrices ».

Mais commençons par la priorité : restaurer la stabilité des prix.

Cette tâche incombe aux banques centrales, dont beaucoup s’attellent aujourd’hui à un exercice délicat : déterminer le moment et l’ampleur de la réduction des taux d’intérêt.

Depuis le pic de l’inflation au milieu de 2022, nous avons pu observer les retombées de politiques judicieuses. Au dernier trimestre de 2023, l’inflation globale était de 2,3 % dans les pays avancés, alors que seulement 18 mois plus tôt, elle avait culminé à 9,5 %. Dans les pays émergents et les pays en développement de la tranche médiane, elle a été ramenée à 4,1 %.

Cette tendance qui devrait se poursuivre en 2024 créerait les conditions permettant aux banques centrales des principaux pays avancés d’amorcer une réduction des taux au second semestre de cette année.

Le rythme et le calendrier de ce virage de la politique monétaire varieront toutefois. Certaines banques centrales ont déjà entamé un assouplissement, surtout dans les pays émergents où la lutte contre l’inflation n’avait pas tardé. Mais ailleurs, principalement dans les pays avancés, les banques centrales attendent encore. Elles doivent soigneusement adapter leurs décisions aux nouvelles données disponibles.

Sur cette dernière ligne droite, il est impératif que les banques centrales préservent leur indépendance. En effet, la crédibilité est d’une importance vitale dans la lutte pour restaurer la stabilité des prix.

Au besoin, les banques centrales doivent résister aux appels à une réduction hâtive des taux d’intérêt. Un assouplissement prématuré pourrait déclencher de mauvaises surprises sur le plan de l’inflation, forçant le retour à un resserrement de la politique monétaire. D’un autre côté, un assouplissement trop tardif risquerait de freiner l’activité économique.

Deuxièmement, il est temps de reconstituer les marges de manœuvre budgétaires.

Ces deux dernières années, nous avons préconisé une politique budgétaire prudente pour aider les banques centrales à lutter contre l’inflation. À présent, les finances publiques méritent toute notre attention. Les marges budgétaires sont épuisées et la plupart des pays sont clairement trop endettés.

La hausse de la dette est une tendance qui a commencé il y a plus de dix ans, à la faveur d’une longue période de taux d’intérêt très bas. La pandémie a nécessité la mobilisation d’un appui budgétaire d’une ampleur inédite pour protéger la population et les moyens d’existence — et la dette a explosé.

Nous sommes entrés dans une ère de taux d’intérêt bien plus élevés, ce qui accroît le coût du service de la dette.

Dans les pays avancés, à l’exclusion des États-Unis, les paiements d’intérêts sur la dette publique représenteront en moyenne 5 % des recettes publiques cette année.

Mais les pays à faible revenu sont ceux qui peinent le plus à assurer le service de la dette : les paiements d’intérêts devraient absorber environ 14 % de leurs recettes publiques, soit à peu près deux fois plus qu’il y a quinze ans.

Pour la plupart des pays, les perspectives d’un atterrissage en douceur et la vigueur des marchés du travail signifient que c’est le moment ou jamais d’agir afin d’assurer la viabilité de la dette et de renforcer les amortisseurs pour se prémunir contre de futurs chocs.

Pour certains, un report n’est tout simplement pas envisageable : le rééquilibrage doit commencer dès à présent pour éviter de basculer dans le surendettement.

Et pour les quelques pays déjà surendettés, une restructuration peut s’avérer nécessaire. À ce titre, le cadre commun du G20 peut aider. La Zambie a récemment conclu un accord avec les détenteurs de ses obligations, en plus de la restructuration de sa dette envers ses créanciers bilatéraux officiels : nous ne pouvons que nous en réjouir.

Nous devons mettre à profit les enseignements tirés pour améliorer le processus de restructuration de la dette. Lors des réunions de printemps, nous organiserons à nouveau notre table ronde mondiale sur la dette souveraine. Nous comptons expliciter davantage le principe de « comparabilité de traitement » entre les différents groupes de créanciers et établir des calendriers clairs et prévisibles pour la restructuration de la dette.

Pour les pays riches comme pour les pays pauvres, la prudence budgétaire n’est facile pour personne. C’est particulièrement vrai en cette année marquée par un nombre record d’élections et en cette période de profonde anxiété née de l’incertitude qui nous entoure et des chocs qui se sont succédé année après année.

Nos prévisions montrent d’ailleurs que les déficits resteront trop élevés pour stabiliser la dette dans plus d’un tiers des pays avancés et des pays émergents, et dans plus d’un quart des pays à faible revenu.

C’est pourquoi nous préconisons aux pays d’adopter des cadres à moyen terme réalistes ; c’est à notre sens le meilleur choix stratégique qu’ils puissent faire.

Nous recommandons également de mettre davantage l’accent sur l’élimination des échappatoires fiscales, le renforcement du recouvrement des impôts et l’amélioration de la qualité des dépenses publiques. Des finances publiques saines permettent aux pays à la fois de soutenir les tranches les plus vulnérables de la société et d’investir dans un avenir meilleur.

Cela m’amène à une troisième priorité : les politiques qui raviveront la croissance.

Il est indispensable de relever les perspectives de croissance pour rehausser les niveaux de vie et renforcer la résilience économique. Il faut pour cela éliminer les freins à l’activité et créer des débouchés pour stimuler la croissance de la productivité.

Des réformes fondamentales — renforcer la gouvernance, réduire les formalités administratives, accroître la participation des femmes au marché du travail, élargir l’accès aux capitaux — ont toutes un rôle à jouer. Dans les pays émergents et les pays en développement, un train de réformes judicieusement échelonnées pourrait relever la production de 8 % en quatre ans.

Les mesures propices à la transformation économique, pour accélérer les transitions écologique et numérique, permettraient d’aller encore plus loin. Le legs de cette décennie dépendra de notre degré de réussite sur ces fronts.

Cela vaut tout particulièrement sur le front de la transition écologique. La rapidité de cette transition sera un facteur déterminant dans notre capacité à maîtriser les risques climatiques. Mais le passage à une économie soucieuse du climat ne se limite pas à la gestion des risques. Cette transition offre aussi d’immenses possibilités d’investissement, d’emploi et de croissance.

Les avantages économiques, sanitaires et environnementaux des investissements transformateurs (notamment dans les énergies renouvelables, la mobilité électrique et la restauration des écosystèmes) sont déjà visibles. Aujourd’hui, pour chaque dollar dépensé dans les combustibles fossiles, 1,7 dollar est consacré aux énergies propres. Il y a cinq ans, ce ratio était de un pour un. Toutefois, il est nécessaire de pouvoir s’appuyer sur des mesures et des institutions solides pour créer un environnement stable et favorable à l’investissement et pour remédier aux nombreuses défaillances du marché.

De nombreux secteurs de l’économie sont concernés par les progrès technologiques, de l’industrie manufacturière à la santé en passant par les services financiers. Nous avançons vers une nouvelle économie numérique et il est fort probable que l’intelligence artificielle (IA) accélère considérablement la quatrième révolution industrielle.

Cette évolution présente un énorme potentiel, mais aussi des risques. Une étude récente du FMI montre que l’IA pourrait toucher jusqu’à 40 % des emplois dans le monde, voire 60 % dans les pays avancés. Elle pourrait accroître la productivité des travailleurs, mais aussi menacer certains emplois. La rapidité d’adoption de l’IA et son impact sur la productivité dépendra du niveau d’investissement dans les infrastructures et compétences numériques, et dans des dispositifs de sécurité sociale robustes.

Pour tirer parti des avantages de la transition écologique et de la transformation numérique et pouvoir gérer les risques qu’elles présentent, une coordination au niveau mondial est nécessaire.

J’en arrive ainsi à un dernier point: la coopération autour de politiques publiques qui intéressent le monde entier.

La pandémie, les guerres et les tensions géopolitiques ont changé les règles du jeu des relations économiques à l’échelle mondiale. Les décideurs cherchent à concilier efficacité et sécurité ; ils mettent en équilibre les considérations de coût et la résilience des chaînes d’approvisionnement. Les premiers signes d’une redéfinition des relations commerciales sont déjà visibles.

Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la croissance des échanges entre pays de blocs politiquement éloignés a ralenti de 2,4 points de pourcentage de plus que le commerce entre pays plus étroitement alignés.

Les pays « connecteurs » pourraient bénéficier de la réorientation des flux commerciaux. Mais les chaînes d’approvisionnement s’allongent, et des coûts pourraient s’ajouter à chaque étape.

Les politiques industrielles sont de nouveau en vogue : une nouvelle analyse fait état de plus de 2 500 interventions des pouvoirs publics dans le monde l’année dernière. Près de la moitié sont attribuables à la Chine, aux États-Unis et à l’Union européenne.

Comment appréhender ces mesures ?

En bref, s’il s’agit de remédier à une défaillance du marché (accélérer l’innovation pour faire face à la menace existentielle du changement climatique, par exemple), l’intervention des pouvoirs publics est justifiée, y compris sous forme de politique industrielle.

En l’absence de défaillance du marché, il faut être vigilant : les arguments en faveur d’une intervention des pouvoirs publics sont beaucoup moins convaincants. Certaines des mesures annoncées ou mises en œuvre l’année dernière n’étaient pas toujours clairement liées à des défaillances du marché.

Les services du FMI ont intensifié leurs travaux dans ce domaine parce plus de données, d’analyses et de discussions sont nécessaires pour éviter de commettre des erreurs qui coûteraient cher.

Plus généralement, nous plaidons pour une augmentation des échanges commerciaux et des flux d’investissements internationaux pour accroître la productivité et relever les défis mondiaux. Nous souhaitons aussi que l’accent soit mis sur les modes de répartition des bénéfices du commerce et de l’investissement au sein de la société. Nous devons éviter de commettre les erreurs du passé, comme lorsque les effets négatifs de la mondialisation sur certaines populations ont été ignorés, entraînant ainsi un mouvement de résistance contre une économie mondiale intégrée.

Tout au long de son histoire, le FMI a été et reste un vecteur de politiques judicieuses et une instance de coopération économique.

Dans un monde en rapide évolution et de plus en plus perturbé, il est plus important que jamais que les pays se réunissent pour relever les défis et saisir les opportunités.

Lorsque le monde a été frappé par la pandémie et la crise du coût de la vie, le FMI a agi de manière décisive pour fournir des conseils et un appui financier à ses membres.

Nous avons également étendu nos activités pour aider les pays à relever les défis liés aux transformations, tels que le changement climatique et la transition numérique, grâce à de nouvelles analyses, de nouveaux partenariats et de nouveaux instruments. Par exemple, 18 pays ont jusqu’ici fait appel à notre nouveau fonds fiduciaire pour la résilience et la durabilité.

Les pays doivent renforcer leur résilience pour faire face aux chocs futurs et le FMI doit en faire de même.

C’est déjà le cas.

Nos membres ont soutenu une augmentation de 50 % de nos ressources de prêt permanentes, et un renforcement de nos capacités pour apporter une aide financière à nos membres les plus pauvres.

Nous venons d’atteindre l’objectif de constitution de nos propres réserves financières, afin d’être une ancre fiable pour les pays qui subissent des chocs sur leur balance des paiements. Il s’agit maintenant de savoir comment mieux exploiter notre bilan afin de nous assurer que nous sommes bien positionnés pour continuer à aider nos membres.

J’aimerais conclure sur cette note. Tout comme notre bilan représente la force financière collective de nos membres, nos réunions de printemps de la semaine prochaine représentent notre engagement collectif en faveur de la coopération et du dialogue international.

Ainsi, à l’occasion de notre rencontre à Washington, nous aurons à faire un choix qu’Acheson décrivait comme un choix fondamental : « répondre aux problèmes auxquels le monde sera confronté […] par le biais de la coopération internationale [ou] en laissant chaque nation compter sur ses propres ressources et sa propre force et tracer son propre chemin dans le monde ».[2]

Travailler ensemble, c’est précisément faire le choix d’une politique judicieuse.

C’est choisir la croissance, l’emploi et la prospérité auxquels les gens aspirent dans le monde entier.

Je vous remercie.




Croissance économique : Relancer la productivité est une priorité mondiale pour réveiller la croissance à moyen terme  

Sans mesures ambitieuses pour renforcer la productivité, la croissance mondiale descendra nettement sous sa moyenne historique.

L’économie mondiale fait face à une réalité bien peu enthousiasmante. Le taux de croissance mondial, net des variations conjoncturelles, ne cesse de ralentir depuis la crise financière mondiale de 2008–09. Sans intervention des pouvoirs publics et mise à profit des nouvelles technologies, les taux de croissance plus soutenus risquent d’appartenir définitivement au passé.

Plusieurs vents contraires ont eu raison des bonnes perspectives de croissance : d’après les projections à cinq ans de notre dernière édition des Perspectives de l’économie mondiale, la croissance mondiale va ralentir et s’établir à juste un peu plus de 3 % d’ici 2029. Notre analyse [link] montre que la croissance pourrait chuter d’environ 1 point au-dessous de son niveau moyen prépandémique (2000–19) d’ici la fin de la décennie. Cette situation menace d’annuler les progrès obtenus en termes de niveaux de vie, et le caractère inégal du ralentissement observé dans les pays riches et les pays pauvres pourraient limiter les perspectives d’une convergence mondiale des revenus.

Un scénario d’affaiblissement durable de la croissance, conjugué à des taux d’intérêt élevés, pourrait compromettre la viabilité de la dette, restreignant la capacité des gouvernements à contrer les ralentissements économiques et investir dans des initiatives en faveur du bien-être social ou de l’environnement. De plus, l’anticipation d’une croissance faible pourrait décourager l’investissement dans le capital et les technologies, au point peut-être d’accentuer le ralentissement. Les vents très contraires de la fragmentation géoéconomique ainsi que les mesures commerciales et industrielles prises unilatéralement ne font qu’aggraver la situation.

Notre analyse la plus récente donne cependant des raisons d’espérer : diverses politiques, de l’amélioration de l’affectation du travail et du capital entre les entreprises à la lutte contre les pénuries de main-d’œuvre liées au vieillissement de la population dans les grands pays, pourraient collectivement relancer la croissance à moyen terme.

Les principaux leviers de la croissance économique sont le travail, le capital et l’utilisation judicieuse de ces deux ressources, c’est-à-dire la productivité globale des facteurs (PGF). Le recul de la croissance mesuré depuis la crise s’explique pour plus de la moitié par un essoufflement du troisième facteur, la PGF. Celle-ci augmente grâce au progrès technologique et à une meilleure allocation des ressources, qui permet d’orienter le travail et le capital vers les entreprises les plus productives.

Notre analyse montre que l’allocation des ressources est cruciale pour la croissance. Or, ces dernières années, une répartition de plus en plus inefficiente des ressources entre les entreprises a plombé la PGF et, partant, la croissance mondiale.

Cette affectation toujours moins efficiente s’explique par des obstacles persistants, par exemple des politiques qui favorisent ou pénalisent certaines entreprises sans tenir compte de leur productivité, empêchant le capital et le travail d’atteindre les plus productives d’entre elles, ce qui limite leur croissance potentielle. Si le problème de la mauvaise allocation des ressources ne s’était pas aggravé, la PGF aurait pu augmenter de 50 % et la décélération de la croissance aurait été moins drastique.

Deux autres facteurs ont ralenti la croissance. Dans les principales puissances économiques, où la population d’âge actif diminue, la pression démographique a freiné l’augmentation de la main-d’œuvre. Dans le même temps, le faible niveau d’investissement des entreprises a retardé la formation de capital.

Des pressions à moyen terme

Les Nations Unies prévoient une accentuation des pressions démographiques dans les principales puissances économiques, qui déséquilibrera l’offre de main-d’œuvre et modérera la croissance au niveau mondial. La population en âge de travailler augmentera dans les pays à faible revenu et certains pays émergents, tandis que la Chine et la majorité des pays avancés (sauf les États-Unis) devront composer avec une contraction de la main-d’œuvre. D’ici 2030, le taux de croissance de la population active mondiale devrait se réduire à tout juste 0,3 %, très en deçà de son niveau moyen d’avant la pandémie.

La mauvaise affectation des ressources se corrigera peut-être en partie d’elle-même avec le temps, car le travail et le capital afflueront vers les entreprises plus productives. Ceci contribuera un peu à atténuer l’essoufflement de la productivité globale des facteurs, malgré les obstacles structurels et réglementaires qui continuent de ralentir le processus. L’innovation technologique pourrait aussi limiter le ralentissement.

Néanmoins, le rythme d’accroissement de la PGF devrait continuer de baisser dans l’ensemble, en raison de certains défis comme la difficulté grandissante d’enregistrer de nouvelles percées technologiques, la stagnation des niveaux scolaires et le processus de rattrapage plus lent des pays moins avancés par rapport à leurs homologues plus avancés.

Faute de progrès technologiques ou de réformes structurelles majeures, nous tablons sur une croissance économique mondiale de 2,8 % en 2030, bien inférieure à la moyenne historique de 3,8 %.

Ranimer la croissance mondiale

Notre analyse évalue l’incidence des politiques sur l’offre de main-d’œuvre et l’affectation des ressources, dans un contexte marqué par les progrès rapides de l’intelligence artificielle (IA), le surendettement public et la fragmentation géoéconomique.

Nous étudions des scénarios de modifications ambitieuses mais néanmoins possibles des politiques, visant à corriger la mauvaise affectation des ressources en donnant plus de souplesse aux marchés des produits et du travail et en améliorant l’ouverture aux échanges et le développement financier. Nous examinons également des politiques destinées à renforcer l’offre de main-d’œuvre ou la productivité en réformant les pensions de retraite et l’indemnisation du chômage, à soutenir les services de la petite enfance, à développer les programmes de reconversion et de perfectionnement et améliorer l’intégration des travailleurs immigrés, mais aussi à supprimer les barrières sociales et les inégalités de genre.

Nous en arrivons à la conclusion que les avantages associés à l’augmentation du taux d’activité, l’intégration de migrants plus nombreux dans les pays avancés et une affectation optimisée de la main-d’œuvre dans les pays émergents sont relativement modestes.

En revanche, les réformes qui stimulent la productivité et exploitent toutes les possibilités de l’IA sont essentielles pour redynamiser la croissance à moyen terme. Notre analyse indique que des politiques publiques ciblées visant à accroître la concurrence commerciale, l’ouverture aux échanges, l’accès aux financements et la flexibilité du marché du travail pourraient rehausser la croissance mondiale d’environ 1,2 point d’ici 2030. En outre, même si l’on ignore aujourd’hui dans quelle mesure l’IA peut doper la productivité, son potentiel est sans doute substantiel, avec à la clé une hausse possible de 0,8 point de la croissance mondiale, en fonction de l’adoption de l’IA et de ses incidences sur la population active.

À long terme, des politiques axées sur l’innovation [Link Fiscal Monitor Ch 2] seront indispensables au maintien de la croissance mondiale.

— Ce billet, qui se fonde sur le chapitre 3 des Perspectives de l’économie mondiale intitulé « Ralentissement de la croissance mondiale à moyen terme : comment inverser la tendance ? », rend compte des travaux de Chiara Maggi, Cedric Okou, Alexandre B. Sollaci et Robert Zymek.