Afforestation : la mobilisation des financements au cœur du segment ministériel

Peu avant la réunion des chefs d’Etat prévue, le 5 juillet 2024, les ministres en charge des questions forestières du monde ont réfléchi sur les stratégies de mobilisation des financements pour la mise en œuvre de l’initiative sur la « Décennie africaine et mondiale d’Afforestation et de Reboisement. » C’est le premier ministre, Anatole Collinet Makosso qui a ouvert, à Kintelé, ce segment ministériel de la première conférence internationale sur l’afforestation et le reboisement (CIAR1).

Le 04 juillet, les ministres des forêts en pris le relais des experts pour examiner les recommandations que ces derniers ont formulé, en vue de bâtir des stratégies de mobilisation des fonds. Ces stratégies seront soumises à l’attention des chefs d’Etat et de gouvernement.

La cérémonie a débuté par la restitution des travaux des experts, suivie des mots de circonstance des ministres des pays présents. La table ronde sur la mobilisation et l’engagement planétaires a été précédée, pour sa part, par l’adoption des projets de stratégie, de déclaration et des résolutions.

A la clôture de ces travaux, le premier ministre congolais, Anatole Collinet Makosso a rendu hommage au président Denis Sassou N’Guesso pour avoir lancé l’idée d’une « Décennie Mondiale d’Afforestation et Reboisement », lors de la COP 27 en Egypte.

« La réunion de l’UA (…) a endossé l’initiative sous le label je cite de « Décennie Africaine de l’Afforestation et du Reboisement » en adoptant la décision 846 sous l’égide du forum des Nations Unies sur les forêts pour l’organisation de la 1ère CIAR à Brazzaville », a-t-il rappelé.

L’objectif du segment ministériel, a poursuivi, le chef du gouvernement congolais a été d’examiner les recommandations des experts, en se focalisant sur les conditions d’appropriation globale de l’initiative « Décennie Africaine de l’Afforestation et du Reboisement » et sur les conditions de sa mise en œuvre.

Pour Anatole Collinet Makosso, l’accent a été mis sur la mobilisation des financements. D’où, la proposition d’un organe de suivi dont les missions, l’organisation, le fonctionnement et l’ancrage refléteront « l’importance et rôle crucial dévolu aux forêts dans un contexte d’accélération avérée des changements climatiques. »

Les participants à ce segment ministériel ont également accéléré la réflexion sur l’élaboration de la stratégie mondiale d’afforestation et de Reboisement. « C’est au regard de tout ce travail que les chefs d’Etat endosseront la stratégie africaine et mondiale de l’Afforestation et de Reboisement et adopteront la déclaration de Brazzaville », a déclaré le premier ministre congolais. Il a, par ailleurs, précisé que tous ces outils seront soumis à l’Assemblée générale des nations Unies en vue de l’adoption d’une résolution reconnaissant l’importance pour la planète de la « Décennie Africaine et Mondiale de l’Afforestation et du Reboisement. »

A noter que plusieurs chefs d’Etat ont déjà foulé le sol congolais pour prendre part à la première conférence internationale sur l’Afforestation et le Reboisement. Il s’agit de la présidente de la République fédérale d’Ethiopie, du président de la transition du Gabon et du président équato-guinéen.

Par Roch Bouka/Correspondant de la RTGA World au Congo.




Une Opposition extra-parlementaire forte est en vérité contre-productive pour la démocratie et le développement !

“Opposition ya pete” (Opposition molle). C’est le qualificatif attribué par le régime en place à l’Opposition actuelle constituée, pour rappel, d’acteurs politiques institutionnels (députés nationaux et sénateurs) et d’acteurs politiques non institutionnels (au nombre desquels les candidats ayant échoué aux dernières élections et les non candidats). La première catégorie comprend les membres d’Ensemble de Moïse Katumbi. La deuxième Adolphe Muzito, Martin Fayulu, Delly Sessanga etc. La troisième les “Résistants” de Joseph Kabila déterminés à rentrer aux affaires en 2028. Ils les estiment assez, les 10 à passer en dehors des institutions à l’érection desquelles ils ont largement contribué et pour lesquelles ils sont actuellement copieusement vilipendés…

Le mythe Étienne Tshisekedi en train de s’écrouler

Pourquoi ” Opposition ya pete ?”. Réponse : pour avoir gouverné le pays à un niveau ou à autre, les membres de cette Opposition peinent à mobiliser la rue.

Normal : dans un pays où l’Opposition est perçue en termes des marches non autorisées, sit-in, journées ville-morte, diabolisation à outrance, etc., il n’est pas aisé d’utiliser les mêmes méthodes puisqu’on a une autre perception du Contre-Pouvoir.

Cette perception, l’Udps en fera la découverte lorsque – alternance politique oblige – il va rentrer à l’Opposition.

Pour avoir gouverné, il peinera à remobiliser les foules avec les méthodes qui lui réussissaient hier.

C’est quoi, cependant, le rapport avec le titre ?

De tous les acteurs politiques de l’Opposition parlementaire et extra-parlementaire actuelle, seul Martin Fayulu n’a pas encore exercé à proprement parler la fonction exécutive de chef d’Etat, de Premier ministre, de ministre ou de gouverneur de province. Il a été dans sa vie député provincial une fois (cycle électoral 2006) et député national une fois (cycle électoral 2011). Il n’a pas siégé à l’Assemblée nationale ou au Sénat, moins encore à l’Assemblée provinciale ni en 2018, ni en 2023. C’est ainsi qu’on le qualifie d’acteur politico-médiatique.

Est-ce pour lui une assurance d’être plus blanc que neige pour espérer succéder à Félix Tshisekedi, arrivé aux affaires lui aussi plus blanc que neige ?

La réponse est d’emblée non !

Le mythe Etienne Tshisekedi est en train de s’écrouler, et le “parricide” est l’oeuvre de l’Udps, son parti, en raison des scandales qui ponctuent la gouvernance institutionnelle. Scandales qui auraient pu être gérés autrement que sur la place publique avec, pour acteurs, des proches du Chef de l’Etat utilisant les médias pro-Pouvoir comme fantassins. Ni les premiers, ni les seconds ne réalisent toute l’opprobre qui rejaillit sur Félix Tshisekedi et l’Udps.

Très à l’aise dans l’Opposition extra-parlementaire

Pour mémoire, à partir du 24 avril 1990, Etienne Tshisekedi avait pris son “abonnement” à l’Opposition extra-parlementaire. La déduction est de l’observation de ses faits et gestes faite par les analystes avertis.

En effet, tout son parcours entre 1991 (Accords du Palais de Marbre I) et 2017 (Négociations du Centre interdiocésain catholique) en passant par la Cns et le Dialogue intercongolais l’a amplement démontré : sous Mobutu, le lider maximo n’aura pas eu son pareil dans l’art de susciter des incidents avant d’être nommé Premier ministre ou pendant qu’il en exerce la fonction. Question, pour lui, de se faire virer et, par effet d’entraînement, d’entretenir son mythe dans l’opinion et garder son aura.

C’est vrai qu’à la différence de ses compagnons de l’Opposition extra-parlementaire, il n’avait à proprement parler pas des problèmes financiers. Par contre, ses camarades broyaient du noir. D’où la tactique d’auto-exclusion qui était, en réalité, de l’exclusion suggestionnée à l’encontre de tout compagnon soupçonné de rapprochement avec successivement les régimes Mobutu (entre 1990 et 1997), Laurent-Désiré Kabila (entre 1997 et 2001) et Joseph Kabila (entre 2001 et 2018). La liste est longue : Dikonda, Ngalula, Lihau, Kibassa, Birindwa, Mulumba, Mbwankiem, Massamba, Phongo, Moleka, Badibanga, Mavungu, Tshibala etc. !

Ainsi, Etienne Tshisekedi se sentait (très) à l’aise dans l’Opposition extra-parlementaire, même après le Dialogue intercongolais.

C’est de bonne guerre

Après que son propre fils biologique et politique Félix Tshisekedi ait accédé à la magistrature suprême, pense-t-on encore voir quelqu’un d’autre remplacer valablement Etienne Tshisekedi dans l’animation de l’Opposition extra-parlementaire ?

Certes, la politique étant dynamique, rien n’est à exclure ; tout peut arriver.

Toutefois, voir les Congolais tenter une nouvelle aventure avec à la tête du pays un Opposant extra-parlementaire qui viendra apprendra le métier une fois aux affaires, ça pourrait ne plus passer ! Le précédent Udps suffit.

En termes clairs : des acteurs politiques qui croient se faire une place au soleil en s’inspirant de la méthode Etienne Tshisekedi (animer l’Opposition extra-parlementaire) ont trop peu de chance, sinon aucune de briguer la magistrature suprême.

Averti, le Congolais lambda, victime première et principale de cette méthode (Opposition extra-parlementaire plus forte dans la rue et dans les médias que l’Opposition parlementaire), ne sera plus aussi “tentable” facilement.

A la limite, il optera pour ceux qui connaissent le métier pour peu que ces derniers lui garantissent la volonté et la capacité du changement plus d’une fois promis, mais jamais réellement entamé. En témoigne : le double chiffre du classement de la RDC parmi les 10 pays les plus pauvres au monde et l’incapacité du Gouvernement d’assurer la prise en charge des déplacés de guerre (150 FC l’an).

Sur ces entrefaites, les Opposants ayant autrefois gouverné le pays rêvent du retour aux affaires avec engagement de réparer et d’améliorer. C’est de bonne guerre…

Jeu dangereux

C’est pour dire que le Congo a besoin, désormais – et c’est cela l’intérêt même des élections – d’une Majorité et d’une Opposition issues toutes les deux du même corps électoral : le souverain primaire.

Dans cet exercice, ce n’est pas tout le monde qui est élu. On peut être candidat pour le compte de la Majorité et échouer. On ne bascule pas pour autant à l’Opposition. On reste dans la Majorité, mais dans la “périphérie”.

De même, on peut être candidat pour le compte de l’Opposition et échouer aussi. On ne bascule pas pour autant dans la Majorité. On reste dans l’Opposition, mais dans la périphérie.

Le jeu dangereux consiste à être de l’Opposition sans avoir été élu, mais qu’en se retrouvant dans l’Opposition extra-parlementaire, on cherche à passer pour plus légitime que le compagnon ou la compagne élu (e).

Pire, c’est de voir la Majorité préférer à l’Opposition parlementaire, avec laquelle elle partage pourtant le même cordon ombilical, plutôt l’Opposition extra-parlementaire avec laquelle elle n’a peut-être qu’un lien affectif. C’est juste un stratagème pour réduire l’Opposition parlementaire à la figuration, car on est conscient des conséquences de ce stratagème : l’Opposition parlementaire ne saura pas s’appliquer la loi n°07/008 du 04 décembre 2007 portant statut de l’Opposition politique. Notamment les droits déterminés à l’article 8, à savoir “Etre informée de l’action de l’Exécutif” et “Critiquer ladite action et, le cas échéant, formuler des contre-propositions, sous réserve du respect de la Loi, de l’ordre public et des bonnes mœurs”.

En définitive, l’Opposition extra-parlementaire forte est contre-productive pour la démocratie et le développement.

Elle n’est responsable devant aucune loi qui puisse la régir…

Omer Nsongo die Lema




Le clergé de Kinshasa adresse un message en 7 points au Cardinal Fridolin Ambongo

Dans un message adressé au Cardinal Fridolin Ambongo, le clergé de Kinshasa a épinglé 7 sept points à la base des malaises toujours persistants et exacerbés dans l’Archidiocèse. Le Professeur Abbé Okalema Pashi Placide, président de l’ACKIN, cite par exemple la relation Archevêque-prêtre de plus en plus toxique, les conditions matérielles d’organisation des retraites et des récollections sont de plus en plus déplorables et laissent à désirer, la définition et l’application d’un statut financier des prêtres de Kinshasa qui les met à l’abri de besoins deviennent de plus en plus urgentes, La politique économique et de gestion de l’Archidiocèse est opaque, etc.

 

Ci-dessous le message :

 

MESSAGE DU CLERGÉ DE KINSHASA AU CARDINAL FRIDOLIN AMBONGO, ARCHEVÊQUE MÉTROPOLITAIN DE KINSHASA

Éminence,

C’est avec un réel plaisir que nous, Clergé de Kinshasa, avons reçu votre invitation à cette Journée du Clergé diocésain de Kinshasa (cf. Le communiqué de la Chancellerie, Prot. N.161/24, du 17 juin 2024), qui est une première dans notre Archidiocèse, et nous saluons l’initiative. Nous vous en félicitons et souhaitons que cette journée soit instituée dans notre Archidiocèse.

Notre pays est confronté à une crise multiforme qui risque de le conduire à l’implosion et à la balkanisation. Corruption aggravée, détournements de deniers publics, extrême pauvreté de la population, inégalités exponentielles, salaires impayés, chômage des jeunes, insécurité, agression dans l’Est du pays, etc. Les maux sont légion. Nous saluons votre engagement personnel pour la justice, la vérité et la paix dans notre pays. Nous vous rassurons de notre indéfectible soutien dans cette mission prophétique.

Nous saisissons cette opportunité pour raviver votre mémoire sur les malaises toujours persistants et exacerbés dans notre Archidiocèse. De façon générale, ces malaises concernent la synodalité. Les termes de ces malaises peuvent être éclatés en sept (7) points.

La relation Archevêque-prêtre de plus en plus toxique : indifférence dans le cas de deuil (notamment des parents des abbés) ou de maladie, le manque de confiance et de considération envers les abbés kinois dans la provision des offices, le non-respect des structures établies, etc. Par exemple, on a créé des structures qu’on ne consulte pourtant pas dans la prise de certaines décisions pastorales ou qui sont tout simplement restées formelles, notamment le Conseil presbytéral qui ne s’est pas réuni pendant une année, le Collège des consulteurs qui ne siège plus, et le Conseil pour les affaires économiques qui n’existe que de nom. Les prêtres de Kinshasa, nous sommes vos premiers collaborateurs. Nous avons introduit le texte des Statuts de notre Assemblée du Clergé Kinois auprès de votre haute autorité pour approbation. Nous sommes toujours dans l’attente de la suite réservée à ce texte de nos Statuts.

La vie spirituelle : Les conditions matérielles d’organisation des retraites et des récollections sont de plus en plus déplorables et laissent à désirer (2 à 3 personnes dans une chambre lors de la dernière retraite), financement problématique, inexistence d’animation spirituelle du Clergé par l’Archevêque lui-même, etc.

La vie économique, matérielle et financière : la définition et l’application d’un statut financier des prêtres de Kinshasa qui les met à l’abri de besoins deviennent de plus en plus urgentes. Aujourd’hui, on ne connait pas la rémunération assurée aux abbés. En cette matière, il y a beaucoup d’inégalités et de discriminations qui ne favorisent pas la fraternité et la cohésion. Tout cela est contraire à la synodalité.

La politique économique et de gestion de l’Archidiocèse est opaque. Elle n’est pas transparente. Ce qui favorise un climat de suspicions, de préjugés. Jusqu’à ce jour, nous n’avons fait aucune évaluation de la redevance. La rétrocession n’existe pas. Le moment n’est-il pas venu de procéder à l’évaluation de la politique financière et économique de notre Archidiocèse ? A quand le budget prévisionnel annuel et le rapport financier ? Quelle est la situation du patrimoine du diocèse, notamment la résidence Sainte Anne, le Centre Béthanie, la maison Jean-Jacques Olier, le cimetière de Saint Kaggwa, les antennes de télécommunications érigées dans certaines paroisses, nos séminaires et autres biens immobiliers ? Nous n’oublions pas le flou autour de différents crédits contractés auprès de banques.

Le tout économique, avec la consécration du personnage du Conseiller financier, dont l’étendue du pouvoir est sans précédent, risque d’étouffer sensiblement la vie du diocèse et d’hypothéquer l’avenir. Dans un contexte de crise économique avérée, les plans de masse, par exemple, mettent en difficulté quasiment toutes les paroisses. Ils ne semblent pas réalistes par rapport au pouvoir d’achats de nos fidèles. Les paroisses se voient dépouiller de leurs écoles, construites grâce au dur labeur des pauvres fidèles. Cette situation entrave ainsi la promotion de l’autonomie relative des paroisses ; principe pourtant consacré dans les Options et Directives Pastorales de 2020 (cf . n. 95).

La prise en charge alimentaire et sanitaire des prêtres et des séminaristes laisse à désirer. Il y a des cas de santé qui nécessitent une prise en charge immédiate, notamment celui des Abbés Makolo, Nsenga, Koko, etc. Vu l’état de santé dégradant et aggravant de ces confrères, nous demandons leur hébergement au Centre Catholique Nganda avec des services médicalisés, en attendant leur prise en charge optimale. Pour une alimentation saine des futurs prêtres et leur prise en charge mentale, nous proposons d’engager dans les séminaires des experts en nutrition, en diététique et en psychologie. On ne peut pas lésiner sur les moyens en ce qui concerne la santé. La santé n’a pas de prix, dit-on. Notre Clergé vieillissant appelle d’urgence à l’aménagement d’un home médicalisé pour les prêtres âgés, fatigués et malades. Nous demandons la relance et la matérialisation du projet de construction de ce home au site de l’actuelle Maison Jean-Jacques Olier.

La situation de prêtres mis à la disposition de votre Éminence, qui sont hébergés à la Maison Jean-Jacques Olier et au Centre Catholique Nganda, ainsi que celle des prêtres qui travaillent dans la périphérie de notre Archidiocèse sont une inquiétude majeure. Nous demandons une réévaluation de la politique des affectations dans les extensions, tenant compte de l’état de santé de personnes missionnées, des objectifs poursuivis et des moyens rendus disponibles.

4. Pour conclure, nous réaffirmons notre attachement à vous notre Père-Évêque et vous rassurons de notre franche collaboration. Nous espérons que vous réserverez une suite positive à ce message qui appelle à un travail d’analyse en profondeur de la situation de notre Archidiocèse par les structures reconnues canoniquement et d’autres à créer pour les besoins de la cause.

 

Fait à Kinshasa, le 04 juillet 2024

Pour l’ACKIN

Professeur Abbé OKALEMA Pashi Placide

Président