25 ans de règne. Voie express Tiznit-Dakhla, port Dakhla Atlantique, CHU de Laâyoune… Quand le Sahara marocain a son plan Marshall
Depuis son accession au Trône, le roi Mohammed VI a orchestré un changement significatif à travers le Maroc, en particulier au Sahara. L’initiative phare, le modèle de développement des provinces du Sud, couplé avec la régionalisation avancée, symbolise un tournant majeur, visant à transformer cette région en un hub économique vital, reliant le Maroc à son extension africaine. Décryptage.
Il ne se passe pas un jour sans que l’on observe les engins de construction en action et les nombreux projets en cours de réalisation. Chaque lever de soleil charrie avec lui le bourdonnement des machines et le travail assidu des équipes sur le terrain, concrétisant la vision ambitieuse du Souverain pour une intégration économique et sociale profonde de ces provinces.
Des ponts se dessinent au loin, des routes s’étendent à perte de vue, et des bâtiments émergent du sol… Chaque coup de pioche, chaque mètre de goudron déroulé, chaque pierre posée ne peut être que le témoignage d’une volonté royale de transformer radicalement les provinces du Sud en un hub économique et social de grande envergure.
La voie express Tiznit-Dakhla, un catalyseur de connexion et de croissance régionale
Les provinces du Sud ont connu une métamorphose sous l’impulsion de projets d’infrastructure ambitieux. La voie express Tiznit-Dakhla en est un exemple éloquent, avec plus de 950 kilomètres déjà opérationnels. Les équipes sur place s’emploient activement à finaliser les derniers travaux.
Ce mégaprojet comprend le dédoublement et l’élargissement de la route nationale n°1 sur une distance de 1.055 kilomètres. Dotée d’un budget de 10 milliards de dirhams, la voie express vise à réduire les temps de trajet, à prévenir les interruptions de circulation dues aux inondations ou aux ensablements, et à améliorer le flux de marchandises vers et depuis les provinces du Sud, renforçant ainsi leur lien avec les principaux centres de production et de distribution nationaux.
Les études préliminaires se sont déroulées entre 2016 et 2018, suivies de près par les appels d’offres et l’approbation des contrats en 2017-2018, avant de lancer les travaux de construction en 2017.
La Cité des métiers et des compétences de Laâyoune, un pôle d’innovation et de formation au cœur du Sahara
La formation et l’éducation figurent au centre de ce nouveau modèle de développement, avec des institutions clés comme la Cité des métiers et des compétences (CMC) de Laâyoune, qui offre une formation adaptée aux besoins locaux et régionaux. Cette approche permet non seulement de doter les jeunes de compétences pertinentes, mais aussi de les intégrer efficacement dans le marché du travail.
D’une superficie de 6 hectares, la CMC est érigée en véritable complexe grandeur nature dédié au savoir et à la formation, munie des meilleurs moyens matériels et pédagogiques au cœur du Sahara marocain. Fruit d’un investissement de 300 millions de dirhams et dotée d’une capacité d’accueil globale de 2.000 places pédagogiques/an, cette CMC a accueilli dès son ouverture, en 2022, 1.250 stagiaires, dont 630 en formation diplômante (1ère année) et 620 en formation qualifiante.
Précédemment interrogé par Le360, Tayeb Sami Assolh, directeur régional de la formation professionnelle à Laâyoune, avait affirmé que cette structure s’inscrit dans le cadre de la feuille de route visant la réforme de la formation professionnelle au Maroc, présentée devant le roi Mohammed VI en 2019. «L’objectif est double: doter la région des compétences dont elle a besoin pour son plein essor économique et faciliter l’intégration socio-économique de ses jeunes en mettant toutes les chances de réussite professionnelle entre leurs mains. Le tout dans le cadre du Nouveau modèle de développement des provinces du Sud», avait-il précisé.
Directrice de la CMC de Laâyoune, Jamila Dimani nous avait expliqué que «cet établissement de nouvelle génération propose une offre de formation diversifiée couvrant 46 filières réparties en pôles métiers: santé, doté d’une unité pédagogique de soins; pêche, équipé d’une chaîne de valorisation des produits de la pêche; artisanat, transport et logistique, doté d’une plateforme logistique et de pistes de conduite; et gestion et commerce, incluant une entreprise virtuelle et digitale».
La CMC de Laâyoune est également pourvue d’un Centre de langues et soft skills, agencé et équipé de manière à répondre aux finalités pédagogiques, d’un espace de coworking, d’une digital factory et d’un incubateur qui favorisent l’interaction entre les stagiaires. S’y ajoute un Centre d’orientation professionnelle pour l’accompagnement des jeunes, du choix de la filière jusqu’à l’appui à l’insertion professionnelle, en passant par la recherche de stage.
Cet établissement compte également une médiathèque offrant l’accès aux apprenants à un large éventail de ressources didactiques (physiques et digitales), incitant à la lecture et à la connaissance. «L’idée est non seulement de promouvoir la compétence et la maîtrise d’un métier donné, mais aussi tous les atouts à même d’aider nos stagiaires à s’épanouir et réussir leur développement personnel dans sa globalité», avait précisé Ali Ellih, responsable de la médiathèque de la CMC de Laâyoune.
La Faculté de médecine et de pharmacie de Laâyoune, un véritable temple du savoir
C’est un véritable antre du savoir. La Faculté de médecine et de pharmacie de Laâyoune, qui peut accueillir jusqu’à 2.500 étudiants, joue un rôle clé dans la stratégie nationale visant à augmenter le nombre de médecins formés chaque année et à doubler la densité médicale du pays. Elle est également destinée à améliorer l’enseignement supérieur et l’offre pédagogique dans les trois régions du sud du Royaume.
Ce projet d’envergure, qui tend à étoffer l’offre de formation dans la région, a mobilisé une enveloppe budgétaire de 270 millions de dirhams, et s’étend sur une superficie de 10 hectares, dont 24.000 m² couverts. Les installations de cette faculté comprennent un espace d’accueil, des bureaux administratifs, une bibliothèque, des centres de formation et de recherche, des salles pour les travaux dirigés, un amphithéâtre de 400 places, quatre amphithéâtres de 300 places chacun, et des espaces verts aménagés.
Le futur CHU de Laâyoune ou comment construire le futur de la santé à Laâyoune
S’étendant sur 18 hectares, dont 9,5 hectares de superficie couverte, ce centre hospitalier disposera de 500 lits et a nécessité un investissement de 1,5 milliard de dirhams. Il comprendra une gamme étendue de services spécialisés, tels qu’un pôle médico-chirurgical, des blocs opératoires, des unités d’endoscopie et d’imagerie interventionnelle, ainsi qu’un pôle de cardiologie. Des salles d’imagerie, des urgences et un laboratoire sont également inclus dans le projet, assurant une infrastructure complète pour les soins de santé avancés.
Une fois livré, ce CHU jouera un rôle crucial à deux niveaux: enrichir l’offre de soins de santé dans la région et soutenir la formation des étudiants de la Faculté de médecine et de pharmacie de Laâyoune.
L’Institut africain de recherche agricole, un incubateur pour les technologies avancées
Le développement durable est également une priorité, comme en témoigne la création de l’Institut africain de recherche agricole à Foum El Oued. Cet établissement se concentre sur l’innovation en agriculture pour répondre aux défis du changement climatique, illustrant l’engagement du Maroc envers des pratiques durables et la résilience environnementale.
Le port Dakhla Atlantique: une vision royale, une vocation résolument africaine
Parallèlement, la construction du port Dakhla Atlantique progresse, promettant de stimuler l’économie maritime et de renforcer les liens commerciaux avec l’Afrique et au-delà. Cet investissement massif vise à positionner Dakhla comme un carrefour maritime majeur, reflétant la vision stratégique du Roi pour le Maroc en tant que pont entre l’Europe et l’Afrique.
Avec déjà 20% des travaux réalisés, les composantes de ce projet titanesque commencent à prendre forme. Les infrastructures se dessinent déjà: les quais commerciaux devraient s’allonger sur plusieurs centaines de mètres, avec des spécifications techniques permettant d’accueillir des navires de grande envergure. De plus, des sections dédiées à la pêche et à la réparation navale sont en cours de développement, avec des quais spécifiques pour chaque activité. Ces installations sont conçues pour booster l’économie maritime de la région, tout en intégrant des aspects environnementaux et durables dans leur conception.
Avec un investissement total de 12,5 milliards de dirhams, le port Dakhla Atlantique inclura diverses structures essentielles: un bassin de commerce avec un poste pétrolier, un bassin pour la pêche côtière et hauturière capable de gérer un trafic annuel de près d’un million de tonnes de produits maritimes, et un bassin de réparation navale. Le projet comprendra également plusieurs infrastructures de connectivité, telles qu’un pont d’accès maritime et une route de 7 kilomètres reliant le port à la route nationale n°1, parmi d’autres installations.
Par Ali Tantani, Hajar Kharroubi et Abderrahim Et-Tahiry