Lutte contre le VIH/SIDA au Bénin:  Winnie Byanyima plaide pour la réduction de la stigmatisation

La Directrice Exécutive du Programme commun des Nations unies contre le VIH/SIDA (ONUSIDA), Winnie Byanyima, a plaidé pour la réforme législative, la réduction de la stigmatisation et de la discrimination dans les établissements de soins de santé et l’autonomisation des initiatives menées par les communautés.

S’inscrivant dans le cadre du projet de partenariat avec Expertise France, qui marque un tournant décisif dans le renforcement des efforts de l’ONUSIDA pour éradiquer le VIH/SIDA dans la région d’Afrique de l’Ouest et du Centre, Mme Winnie Byanyima a achevé sa mission au Bénin sur une note de satisfaction, au regard des efforts fournis par le Bénin pour endiguer cette pandémie.

« Le Bénin a accompli des progrès considérables dans la lutte contre le VIH SIDA. En 14 ans, les nouvelles infections et les décès ont été réduits de moitié, et de nombreuses personnes ont désormais accès à des traitements », s’est réjouie Mme Winnie Byanyima. Elle a néanmoins souligné les efforts à faire en ce qui concerne la réforme législative, la réduction de la stigmatisation et de la discrimination dans les établissements de soins de santé et l’autonomisation des initiatives menées par les communautés en vue de résultats encore plus probants.

La Directrice Exécutive de l’ONUSIDA a par ailleurs félicité le président béninois, Patrice Talon pour avoir été l’un des premiers chefs d’Etat à signer l’initiative Education Plus. Elle est une campagne soutenue par les Nations Unies, dont l’objectif est de réduire la vulnérabilité des adolescentes au VIH en Afrique subsaharienne, y compris au Bénin. Le chef de l’Etat s’est notamment engagé à œuvrer au maintien des filles à l’école et à l’augmentation du financement public dans la lutte contre le VIH SIDA au Bénin.

Au cours de sa mission, la Directrice Exécutive de l’ONUSIDA a également rencontré plusieurs acteurs et structures de la lutte contre le VIH SIDA au Bénin entre autres : les ministères sectoriels, l’Institut national de la femme, l’ONG Racines, le président de l’Assemblée nationale, le Caucus des femmes parlementaires et la Fondation Claudine Talon. Winnie Byanyima qui était accompagnée d’une délégation d’Expertise France, a insisté sur l’importance du projet de réponse communautaire à la stigmatisation, la discrimination et la réforme juridique en Afrique de l’Ouest et du Centre.

Financé à hauteur de 1.921.520 € pour la phase pilote, ce projet mis en œuvre avec Expertise France vise à améliorer les réponses juridiques et sociales face au VIH dans six pays de l’Afrique de l’Ouest et du Centre : le Bénin, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, la République Centrafricaine, le Sénégal et le Togo. Il met l’accent sur l’accès aux traitements, la prévention et la sensibilisation au niveau communautaire.

« La priorité si nous voulons atteindre nos objectifs de 2030, reste le VIH pédiatrique, et l’ONUSIDA soutiendra tous les efforts du Benin pour augmenter la couverture du traitement pour les enfants qui n’est que de 36% actuellement », a-t-elle déclaré.

 

Prince Yassa




L’affiche officielle de la Supercoupe de la CAF TotalEnergies dévoilée

À quelques jours du coup d’envoi, la Confédération Africaine de Football (CAF) a présenté l’affiche officielle de l’édition 2024 de la Supercoupe de la CAF TotalEnergies. La rencontre est prévue pour le vendredi 27 septembre 2024 à 21h00, heure locale (18h00 GMT).

Cette Supercoupe opposera les vainqueurs de la Ligue des Champions CAF TotalEnergies, Al Ahly SC, à leurs éternels rivaux, Zamalek SC, qui ont remporté la Coupe de la Confédération CAF TotalEnergies.

Avant ce très attendu duel entre ces deux cadors du football africain, la CAF a dévoilé le poster de la rencontre, conçu de manière originale et inspiré par l’identité visuelle récemment modernisée de la Supercoupe de la CAF.

La conception met en lumière le prestigieux Trophée de la Supercoupe de la CAF TotalEnergies, agrémenté d’éléments colorés issus de la nouvelle identité visuelle, permettant ainsi aux logos des deux équipes de se différencier en tant que rivaux du trophée principal.

Cette affiche unique est disponible en téléchargement gratuit ICI.

La Supercoupe de la CAF TotalEnergies, dont les billets se sont écoulés en seulement 24 heures après leur mise en vente, aura lieu dans la très primée Kingdom Arena à Riyad, en Arabie Saoudite.

Les supporters peuvent s’engager et suivre les discussions sur toutes les plateformes digitales de la CAF grâce au hashtag #TotalEnergiesCAFSC.




Zizo (Zamalek) : “Remporter la Supercoupe face à Al Ahly aura une saveur particulière”

Ahmed Mostafa Sayed, dit “Zizo” s’est entretenu avec CafOnline.com. Un derby cairote, Al Ahly contre Zamalek, au menu de la Supercoupe de la CAF TotalEnergies. L’aillier gauche vise une deuxième Supercoupe avec les Chevaliers Blancs.

Ahmed Mostafa Sayed, surnommé “Zizo”, a déclaré que le match de la Supercoupe de la CAF TotalEnergies 2024, qui opposera Zamalek à son rival historique Al Ahly, ce vendredi 27 septembre à la Kingdom Arena de Riyad, en Arabie Saoudite, sera particulièrement intense, car il réunira les deux plus grands clubs d’Afrique.

Dans une interview exclusive accordée à CAFonline.com, Zizo a exprimé son ambition de remporter une deuxième Supercoupe de la CAF TotalEnergies avec Zamalek. Il a également souligné que l’enthousiasme des supporters pour ce tournoi offrira une grande motivation aux joueurs.

CAFonline.com : Vous affrontez Al Ahly, le club le plus titré en Supercoupe de la CAF TotalEnergies, que vous connaissez bien. Quels sont, selon vous, les éléments clés pour remporter ce match ?

Zizo : La Supercoupe de la CAF TotalEnergies promet d’être un affrontement captivant entre les deux plus grands clubs du continent. Nous voulons offrir un match de grande qualité qui mette en lumière le football égyptien. L’entraîneur portugais José Gomes et son staff travaillent intensément avec nous pour préparer ce défi.

Quelle est votre analyse technique du match et quel message le staff technique vous a-t-il transmis avant la finale ?

L’élément le plus important sera de rester pleinement concentrés et de tirer profit de chaque opportunité. Notre ambition est de décrocher la Supercoupe de la CAF TotalEnergies, surtout que Zamalek peut compter sur le soutien de ses nombreux fans dans le Golfe, qui seront présents pour nous encourager. Notre objectif est de les rendre fiers.

Les billets pour la Supercoupe de la CAF TotalEnergies 2024 se sont vendus en 24 heures. Comment percevez-vous cette ambiance qui s’annonce électrique à la Kingdom Arena de Riyad ?

L’ambiance à la Kingdom Arena sera exceptionnelle, avec une forte présence de supporters égyptiens et saoudiens. Cela nous ravira en tant que joueurs et nous donnera une énergie supplémentaire, car ce match opposera les deux plus grands clubs d’Afrique et l’enthousiasme des fans sera immense, nous poussant à donner le meilleur de nous-mêmes.

Que représente pour vous le fait de s’imposer sur la scène africaine et de remporter la Supercoupe de la CAF TotalEnergies ?

En tant que joueur, mon ambition est de remporter la Supercoupe de la CAF TotalEnergies pour la deuxième fois avec les “Chevaliers Blancs”. J’ai déjà remporté ce titre en 2020 contre l’Espérance de Tunis, un moment marquant dans ma carrière. J’espère le revivre pour inscrire davantage mon nom dans l’histoire de Zamalek.

La dernière victoire de Zamalek en Supercoupe de la CAF TotalEnergies date de 2020. Les supporters doivent être impatients de revivre cette expérience, n’est-ce pas ?

Les fans de Zamalek attendent avec impatience ce titre, et nous sommes déterminés à le remporter, d’autant plus que cette édition contre Al Ahly a une importance particulière. Depuis mon arrivée en 2019, j’ai eu la chance de contribuer à plusieurs succès de Zamalek, et nous voulons continuer à enrichir le palmarès du club.

Quel message souhaitez-vous adresser aux supporters de Zamalek avant la finale de la Supercoupe de la CAF TotalEnergies 2024 ?

Je demande aux supporters de nous soutenir, que ce soit dans le stade ou devant leurs écrans. Nous avons besoin de votre énergie et de votre confiance en ce moment. Croyez en nous, et si Dieu le veut, nous ramènerons ce titre pour la cinquième fois dans l’histoire de Zamalek.




« La modernisation chinoise apportera de plus grandes opportunités au développement et au redressement de la RDC » (ZHAO BIN)

Le 75e anniversaire de la République Populaire de Chine a été célébré avec faste dans un hôtel de la place. Dans son discours lors dune réception organisée à cet effet, lAmbassadeur de Chine en Rdc, Zhao Bin a précisé que la modernisation chinoise apportera de plus grandes opportunités au développement et au redressement de la RDC. Sur un nouveau point de départ historique des relations Chine-Afrique, la modernisation chinoise apportera de plus grandes opportunités au développement et au redressement de la RDC. Premièrement, la coordination des politiques entre les deux parties sera plus étroite. Deuxièmement, la coopération sino-congolaise gagnant-gagnant continuera à sélargir. Troisièmement, le soutien mutuel entre la Chine et la RDC sera encore plus solide.

Ci-dessous lintégralité du discours de lAmbassadeur :

 

 

Discours de S.E.M. ZHAO Bin, Ambassadeur de Chine en RDC,

à loccasion de la Réception pour célébrer le 75e anniversaire

de la République Populaire de Chine

 

Excellence Julien Paluku Kahongya, Représentant de la partie congolaise et Ministre du Commerce Extérieur,

Mesdames et Messieurs les Chefs de missions diplomatiques et les Représentants des Organisations internationales arrédités en RDC,

Mes chers compatriotes,

Mesdames et Messieurs, chers amis,

Bonsoir ! Cest pour moi un grand plaisir de vous retrouver au bord du Fleuve Congo pour célébrer ensemble le 75e anniversaire de la République Populaire de Chine. En ce moment heureux, je tiens à exprimer mon distingué respect et mes remerciements sincères à tous les amis qui ont soutenu depuis toujours le développement de la Chine et favorisé lamitié sino-congolaise, et à adresser ma salutation et mes meilleurs vux à tous mes compatriotes en RDC à loccasion de la fête nationale. Bonne fête à toutes et à tous.

Au cours du mois passé, de nombreux amis ici présents et moi-même, nous nous sommes déplacés de Kinshasa à Mbuji-Mayi pour élargir la coopération sino-congolaise et ouvirir de nouvelles perspectives pour celle-ci. Nous sommes ensuite allés à Beijing et y ont vécu une « Semaine dor » Chine-Afrique, en participant au Sommet du Forum sur la Coopération sino-africaine (FOCAC). Nous étions témoins de la rencontre amicale entre le Président XI Jinping et le Président Félix-Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO et mené de vives discussions sur la concrétisation des consensus importants atteints par les deux Chefs dÉtat et sur la promotion dune coopération globale et dun partenariat stratégique Chine-RDC plus étroits et plus dynamiques. Maintenant, nous sommes retournés à Kinshasa avec pleines de choses à faire ensemble, parmi lesquelles on compte surtout la mise en uvre dune série de mesures annoncée par la partie chinoise pour promouvoir la modernisation de lAfrique au cours du Sommet du FOCAC. Et Les amis des pays africains, dont plus de 400 venus de la RDC, ont encore une fois découvert la dynamique de la modernisation de la Chine, approfondi leur connaissance sur son histoire et sa culture et consolidé davantage leur confiance sur ses perspectives de développement.

Mesdames et Messieurs, chers amis,

Le 1 octobre 1949, le Président MAO Zedong a proclamé solennellement la fondation de la République Populaire de Chine sur la Porte Tiananmen à Beijing. Au cours des 75 ans écoulés, le peuple chinois, uni autour du Parti communiste chinois (PCC), a travaillé darrache-pied et transformé la Chine dun pays agricole arriéré en 2e plus grande économie du monde disposant de toutes les filières industrielles. Depuis la nouvelle ère, sous la conduite du Comité central du PCC ayant le Secrétaire général XI Jinping en son centre, la Chine a parachevé lédification dune société de moyenne aisance, et contribué à hauteur de plus de 70% à la réduction de la pauvreté dans le monde et à hauteur de plus de 30% à la croissance économique mondiale depuis des années consécutives. Ce sont non seulement des réalisations remarquables de la Chine, mais aussi une contribution considérable à la cause du développement mondial.

En juillet dernier, le 3e plénum du Comité central du PCC sest tenu avec succès et a tracé les perspectives de lapprofondissement plus poussé de la réforme sur tous les plans en vue de promouvoir la modernisation chinoise, ce qui a montré au monde entier la détermination de la Chine daméliorer les systèmes et les mécanismes en faveur de louverture sur lextérieur de haut niveau pour réaliser un développement économique de haute qualité. Au cours de la première moitié de lan 2024, malgré un environnement extérieur sévère et complexe, le PIB de la Chine a augmenté de 5% et son économie numérique a connu une croissance rapide, ce qui a placé la Chine au premier rang des pays du monde en matière de télécommunication, avec un taux de pénétration de 5G de plus 60%. De plus, les produits verts produits par les entreprises chinoises tels que véhicules électriques, batteries lithium et panneaux solaires ont apporté une contribution importante aux efforts du monde pour relever les défis posés par le changement climatique. De nombreux amis étrangers ont été impressionnés par lessor du progrès scientifique et du développement économique de la Chine après lavoir visitée. Comme la indiqué le Président TSHISEKEDI à lAgence Xinhua (je cite), le voyage dans plusieurs villes chinoises a « renforcé ma conviction que la RDC peut tirer profit de lexpertise chinoise pour accélérer notre industrialisation et développer nos infrastructures technologiques » (fin de citation).

Ici, je tiens à souligner que le Président TSHISEKEDI a été le premier dirigeant africain que le Président XI Jinping a reçu au cours du Sommet du FOCAC. Cela a montré parfaitement limportance majeure que la partie chinoise attache aux relations sino-congolaises. Et ce nouveau « moment fort » sinscrira dans lhistoire de ces relations. Suite à leur rencontre, les deux Chefs dÉtat ont dégagé un consensus important sur la consolidation de la confiance politique entre les deux parties et lapprofondissement de la coopération sino-congolaise dans différents domaines, ce qui donne une forte impulsion au développement des relations sino-congolaises dans lavenir. Jen suis pleinement confiant car tous les projets fixés par les deux Chefs dÉtat depuis la visite du Président TSHISEKEDI en Chine lannée dernière ont été réalisés et tous les promesses prises par la partie chinoise ont été honorées et donné des résultats effectifs.

Dabord, lassistance chinoise pour la RDC a porté de fruits abondants. Le nouveau Centre culturel et artistique pour les pays de lAfrique centrale, don du Gouvernement chinois, est officiellement transmis à la partie congolaise, après 5 ans de travaux assidus des constructeurs chinois. Il deviendra un nouveau site repère de Kinshasa et un nouveau symbole de la coopération sino-congolaise. Les agronomes chinois, venus en aide à la RDC, se sont déjà mis au travail dans 2 Centres de démonstration de techniques agricoles situés en banlieu de Kinshasa. Et les experts médicaux chinois, depuis plus de 20 ans, sont à Kinshasa et à Lubumbashi pour sauver la vie et soigner les malades. Enfin, cette année, le Gouvernement chinois a déjà accordé à la partie congolaise plus de 230 opportunités de stage et déchanges en Chine sous différentes formes et dans divers secteurs, fournissant un appui fort à la partie congolaise dans la formation de ses talents.

Ensuite, la construction chinoise a surmonté les défis pour aller de lavant. Dans le cadre de la coopération «ressources contre projets», plusieurs projets majeurs comme les rocades sud-ouest et sud-est de Kinshasa et la réhabilitation de la Route Mbuji-Mayi-Nguba de RN1, ont été mis en chantier. La Centrale hydro-électrique de Busanga, financé et construit par des entreprises chinoises, a non seulement réglé en partie le problème de manque délectricité delles-mêmes, mais aussi bénéficié aux habitants locaux. La route Sakania-Kasumbalesa et les Ports terrestres de Sakania et Mokambo, ont effetivement améliorer la chaîne logistique de la RDC. De nouveaux projets ont vu le jour, comme la construction des centrales photovoltaïque au Lualaba.

Enfin, les engagements chinois ont été traduits en actions concrètes. En 2023, les entreprises chinoises ont contribué plus de 3 milliards de dollars américains aux recettes fiscales congolaises. Au fur et à mesure du développement des secteurs des mines, dindustrie, dinfrastructure et de service, elles ont créé plus de 100 mille demplois directs pour la RDC. À cela, il faut ajouter leur contribution au développement des communautés locales conformément au principe de bénéfice mutuel. Selon les statistiques de lUnion des sociétés minières aux capitaux chinois (USMCC) en RDC, les entreprises membres de lUSMCC a versé plus de 90 millions de dollars américains au total pour remplir leurs responsabilités sociales, ce qui a donné une forte implulsion au développement économique et social de la RDC, notamment au bénéfice de sa population.

Par ailleurs, le dernier bilan des échanges économiques et commerciaux sino-congolais est encourageant. En 2023, la RDC garde sa place de 4e plus grand partenaire commercial de la Chine en Afrique et le volume commercial sino-congolais a atteint 18,75 milliards de dollars américains. Cette année, ce chiffre a même dépassé 14,5 milliards de dollars américains pendant les 7 premiers mois, soit une augmentation de 36,9% sur un an. La RDC bénéficie dun exédent commercial de presque 10 milliards de dollars américains par an dans son commerce avec la Chine. Il est juste daffirmer que la communauté dintérêts et la communauté davenir partagé Chine-RDC sont de plus en plus étroites et solides.

Mesdames et Messieurs, chers amis,

Dans son discours prononcé à loccasion de louverture du Sommet 2024 du FOCAC, le Président XI Jinping a lancé six grandes propositions et dix Actions de partenariat pour que la Chine et l’Afrique travaillent ensemble à promouvoir la modernisation et rehaussé la relation Chine-Afrique dans son ensemble à une communauté d’avenir partagé de tout temps à l’ère nouvelle. Sur un nouveau point de départ historique des relations Chine-Afrique, la modernisation chinoise apportera de plus grandes opportunités au développement et au redressement de la RDC.

Premièrement, la coordination des politiques entre les deux parties sera plus étroite. Dans la Déclaration de Beijing publiée au cours du dernier Sommet du FOCAC, il est clairement énoncé que la Chine et l’Afrique travailleront à promouvoir la synergie de la coopération de qualité dans le cadre de l’Initiative « la Ceinture et la Route » avec l’Agenda 2063 de l’UA et le Programme de développement durable à l’horizon 2030 des Nations Unies. La partie chinoise entend renforcer la coordination avec la partie congolaise, approfondir la connexion des initiatives majeures lancées par le Président XI Jinping avec les « six engagements majeurs » initiés par le Présidnet TSHISEKEDI et soutenir les efforts de la RDC dans l’exploration d’une voie de modernisation adaptée à ses réalités nationales. Récemment, la partie congolaise a mis en place la Task-Force pour la mobilisation des financements chinois ce qui favorisera une coordination des politiques plus ciblée et plus efficace entre les deux parties. LAmbassade de Chine en RDC est pleinement disponible à maintenir des échanges étroits avec la partie congolaise sur ce sujet.

Deuxièmement, la coopération sino-congolaise gagnant-gagnant continuera à sélargir. Dans les 3 ans à venir, la Chine travaillera avec lAfrique pour la mise en uvre des dix Actions de partenariat et y accordera un soutien financier de 360 milliards de yuan RMB qui couvrira un large évantail de domaines tels que la politique, léconomie, le commerce, les infrastructures, la santé, lagriculture, la culture, le développement vert, la sécurité, etc. Il est fortement encourageant que le Président TSHISEKEDI a exprimé sa volonté de considérer la Chine comme le partenaire prioritaire de coopération. La partie chinoise entend continuer à travailler avec la partie congolaise à approfondir la coopération bilatérale dans différents domaines comme lagriculture, la transformation des minerais et la formation professionnelle et à appuyer la partie congolaise dans la transformation de ses avantages en matière de ressources naturelles en force motrice de développement pour que les accomplissements de la modernisation de nos deux pays bénéficient davantage aux peuples chinois et congolais.

Troisièmement, le soutien mutuel entre la Chine et la RDC sera encore plus solide. Au cours du Sommet du FOCAC de cette année, la Chine a réaffirmé son soutien ferme à la partie africaine dans la préservation de lindépendance, de lunité nationale, de lintégrité territoriale, de la souveraineté, de la sécurité et des intérêts de développement des États africains et la partie africaine a réitéré son ferme attachement au principe dune seule Chine. La Chine poursuivra la voie de développement pacifique pour réaliser sa modernisation. Le développement de la Chine signifient le renforcement de la force en faveur de la paix mondiale et de léquité et de la justice internationales. La partie chinoise entend travailler comme toujours avec la partie congolaise à se prêter un soutien mutuel sur les questions touchant aux intérêts vitaux de part de dautre, et à mettre en uvre conjointement lInitiative pour le Développement mondial, lInitiative pour la Sécurité mondiale et lInitiative pour la Civilisation mondiale pour porter ensemble la voix du Sud global encore plus élevée sur la scène internationale.

En tant quAmbassadeur de Chine en RDC, je suis convaincu que la Chine et la RDC deviendront, lune pour lautre, bons frères qui partagent la même aspiration, bons partenaires qui mènent une coopération gagnant-gagnant, et bons amis qui uvrent ensemble pour la paix et construisent ensemble une communauté sino-africaine d’avenir partagé.

Pour terminer, je propose un toast :

À la prospérité de la République Populaire de Chine !

À lamitié éternelle entre la Chine et la RDC !

Et à la santé de vous tous et de vo

tre famille !

Je vous remercie.




Communique au public N°CAMI/DG/034/2024




Nous devons placer notr

Ce n’est qu’en œuvrant de concert que les pays pourront éviter la fragmentation et l’intensification des crises.

« Ceux qui ne se tournent que vers le passé ou vers le présent sont certains de manquer l’avenir. » Ces mots prononcés par le président John F. Kennedy il y a 60 ans sont de nouveau chargés d’actualité. Chaque année qui passe expose un peu plus les failles de notre paradigme économique suranné et le besoin évident de changement.

Qu’il s’agisse du changement climatique ou de la poussée des menaces informatiques, les défis d’ampleur mondiale qui appellent des solutions à la même échelle sont omniprésents. Dans le même temps, nous assistons à l’effondrement des trois piliers du système mondial post-guerre froide : l’unipolarité, l’hypermondialisation et l’économie néolibérale. Ces changements profonds font le terreau d’une nouvelle vague de nationalisme populiste incarné par les mouvements de type « America First », « Russia First », « India First », « China First » et bien souvent « mon pays seul avant tout » qui apparaissent à travers le monde.

D’abord, notre monde unipolaire est en train de céder la place à un monde multipolaire — non pas un monde où plusieurs États sont de puissance équivalente, mais plutôt un monde caractérisé par de multiples centres de pouvoir. Il y a vingt ans, le président Poutine aurait-il envahi l’Ukraine ? Un Premier ministre israélien aurait-il tenu aussi longtemps en ignorant l’avis du président des États-Unis ? Les dirigeants arabes auraient-ils refusé de rencontrer un président des États-Unis en déplacement au Moyen-Orient ?

Il y a aujourd’hui des pays qui, libérés de ce qu’ils voyaient comme un carcan unipolaire, ont le sentiment qu’ils peuvent se permettre de miser sur plusieurs chevaux, se garder de prendre parti, et jouer les arbitres. Cela s’est manifesté de manière spectaculaire lorsque la moitié du monde, essentiellement des pays non occidentaux, a refusé de soutenir l’Ukraine dans la guerre qui l’oppose à la Russie. À ce jour, seuls 45 pays appliquent des sanctions contre la Russie. Il paraît possible de choisir le non-alignement ou le multi-alignement et de jouer sur les désaccords entre les grandes puissances. Et comme le démontre le développement du groupe des BRIC, qui est passé de cinq à dix membres et devrait en accueillir d’autres prochainement, la tendance est aux liaisons opportunistes et potentiellement dangereuses.

Ensuite, nous sommes aussi en train de passer d’un monde néolibéral caractérisé par l’économie du libre-échange à un monde davantage mercantiliste, défini par le « friend-shoring » — l’économie d’affinité — des Américains, le « dérisquage » des Européens et l’« autosuffisance » des Chinois. Sur ce fond de montée du protectionnisme, les États interviennent bien plus dans la politique économique — ils ne se contentent pas d’augmenter les droits de douane, ils interdisent certaines importations, certaines exportations, certaines technologies ou certains investissements, et ils imposent des sanctions.

L’année dernière, près de 3 000 restrictions commerciales ont été imposées dans le monde. Selon le FMI, les pertes résultant de cette fragmentation accrue des échanges commerciaux pourraient représenter un coût à long terme de près de 7 % du PIB mondial, sans parler du ralentissement de la coopération sur des questions d’intérêt planétaire telles que la transition écologique et l’IA.

Un ordre mondial régi par la loi du plus fort

Enfin, nous sommes passés d’une hypermondialisation débridée à une mondialisation entourée de plus de contraintes, où il faut désormais tenir compte des questions de sécurité, des considérations environnementales et de l’équité. Les banques centrales ne sont plus les seuls maîtres du jeu, et le règne de la loi cède la place à la loi du plus fort. Cela ne signifie pas pour autant que la mondialisation s’inverse ou ralentisse, comme le démontre le développement du commerce de services dans le monde. Ce qui se passe, c’est que plus de 100 pays ont adopté une politique industrielle nationale, et que plus de 2 500 mesures protectionnistes ont été prises rien que l’année dernière.

Dans les politiques d’achat, le « au cas où » a remplacé le « juste à temps », l’accent étant mis désormais sur la résilience et la sécurité de l’approvisionnement plutôt que sur le prix. Des pays qui échangent avec la Chine mais souhaitent atténuer leur dépendance vis-à-vis d’un seul producteur adoptent une stratégie « Chine plus un », plus deux, plus trois, plus quatre, ou même plus cinq, et réorientent leurs commandes pour exportation vers le Viet Nam, le Bangladesh, le Mexique et d’autres pays.

Alors que l’on estime que la croissance mondiale se situera à 2,8 % à l’horizon 2030, soit nettement en dessous de la moyenne historique de 3,8 %, le FMI avertit dans ses Perspectives de l’économie mondiale que les années 2020 risquent d’être la pire décennie de l’histoire récente en la matière. La montée du protectionnisme ne fera que diminuer la croissance mondiale au moment où un accroissement de la coopération s’impose pour stimuler les échanges commerciaux et la prospérité. L’extrême pauvreté, censée être éradiquée à d’ici 2030 en vertu des objectifs de développement durable (ODD) de l’ONU, touche actuellement quelque 700 millions de personnes. Au rythme actuel, 600 millions de personnes vivront encore dans la pauvreté en 2030.

Dans les années 30, autre période de repli, Winston Churchill disait des dirigeants qu’ils étaient « résolus à être irrésolus, inflexibles dans leur dérive, solidement fluides, tout puissamment impuissants ». De nos jours, la déception des populations à l’égard de leurs dirigeants trouve son reflet dans le nationalisme populiste : les électeurs attribuent leur sort à la mondialisation alors que la faute revient à notre incapacité à la gérer correctement.

La déception des populations à l’égard de leurs dirigeants trouve son reflet dans le nationalisme populiste : les électeurs attribuent leur sort à la mondialisation alors que la faute revient à notre incapacité à la gérer correctement.

Or les politiques qui attisent les tensions, les accords commerciaux et sécuritaires éphémères et les alliances de passage ne mèneront pas les pays très loin. Pour tous les continents, l’avenir économique passera plutôt par un système international stable. Fût-ce pour des raisons différentes, tous ont besoin d’un ordre multilatéral : l’Europe parce qu’elle dépend du commerce ; les pays en développement parce qu’ils ne pourront réaliser leur potentiel économique sans bénéficier d’un transfert de ressources depuis les pays développés ; les pays à revenu intermédiaire parce qu’ils ne veulent pas être forcés de choisir entre la Chine et les États-Unis — et la Chine elle-même ne pourra rejoindre les rangs des pays à revenu élevé sans un marché d’exportation porteur.

L’Amérique aussi bénéficiera d’un renforcement de l’ordre multilatéral. Les États-Unis ne se trouvent plus dans un monde unipolaire où ils pourraient espérer triompher par l’action unilatérale. Ils sont plutôt le chef de file évident d’un monde multipolaire qui progressera grâce aux institutions multilatérales qu’ils ont eux-mêmes créées.

Renforcer le multilatéralisme

L’Organisation mondiale du commerce devrait mettre à profit les compétences certaines de sa directrice générale, Ngozi Okonjo-Iweala, afin de résoudre les différends commerciaux par la conciliation, l’arbitrage et la négociation, en s’écartant de son système d’appel devant des juges, trop légaliste et désormais inopérant.

Dans le même temps, le FMI devrait renforcer son rôle de prévention et de résolution des crises. Sous le leadership fort de Kristalina Georgieva, il devrait mettre davantage l’accent sur son rôle crucial de système d’alerte précoce pour l’économie mondiale, mobiliser sa capacité de prêt de 1 000 milliards de dollars pour mieux assurer ses membres contre les chocs économiques, négocier un mécanisme de restructuration de la dette souveraine nettement amélioré, et tisser ainsi un filet de sécurité financier mondial plus englobant.

Avec 59,1 % des droits de vote détenus par des pays qui représentent 13,7 % de la population mondiale tandis que l’Inde et la Chine n’en ont que 9 % à elles deux, le FMI doit aussi réformer ses statuts.

La Banque mondiale doit quant à elle devenir, comme l’a proposé son dynamique nouveau président, Ajay Banga, une banque de biens publics mondiaux axée sur la gestion du capital humain et de l’environnement. Selon les estimations, les marchés émergents et les économies en développement, à l’exclusion de la Chine, auront besoin de 3 000 milliards de dollars par an d’ici à 2030 pour financer l’action climatique et la réalisation des ODD, dont 2 000 milliards devront être réunis au niveau national et 1 000 milliards devront être obtenus de sources extérieures.

Le rapport Summers–Singh du G20 propose une augmentation annuelle de 260 milliards de dollars de l’apport des banques multilatérales de développement. Afin de soutenir et de compléter cette démarche, il faudra mobiliser des mécanismes financiers novateurs, notamment le recours aux garanties pour écarter les risques liés à l’investissement privé et le faire passer à l’échelle supérieure. La Banque mondiale et les banques multilatérales de développement devront obtenir davantage de fonds de la part de leurs membres au moyen d’une augmentation de leurs fonds propres.

Le Groupe des Sept est trop restreint pour piloter l’économie mondiale : le Groupe des Vingt (G20) devrait donc jouer le rôle pour lequel il était prévu, celui d’un forum de premier plan pour la coopération économique mondiale. Pour y parvenir, il lui faudra, d’une part, devenir plus représentatif grâce à un système électif et, d’autre part, créer un secrétariat professionnel apte à assurer la continuité des politiques d’année en année.

Dans les temps difficiles, il est essentiel de conserver l’espoir. Le traité sur l’interdiction des essais nucléaires de Kennedy dans les années 60, la démarche de réduction des armes nucléaires de Ronald Reagan et Mikhaïl Gorbatchev dans les années 80, les efforts multinationaux de prévention de l’appauvrissement de la couche d’ozone dans les années 90, le sommet du G20 de 2009 axé sur la stabilisation de l’économie mondiale et, plus récemment, l’accord de Paris sur le climat sont autant de preuves du potentiel de coopération au niveau mondial. Mais la clef du succès sera un leadership visionnaire et la volonté de collaborer.

Deux voies s’offrent à nous : l’une mène vers la fragmentation du monde et l’intensification des crises ; l’autre, si nous œuvrons de concert, vers la prospérité, le progrès et l’espoir. Pour ma part, je choisis l’espoir.

Cet article est tiré d’un discours prononcé par l’auteur lors de la conférence sur la conduite du changement structurel organisée en avril 2024 par le PIIE et le FMI.

GORDON BROWN est ancien Premier ministre du Royaume-Uni.




Créer de la valeur pour les contribuables

Les infrastructures publiques numériques peuvent permettre d’augmenter durablement la mobilisation des recettes et renforcer la confiance dans l’État.

Partout dans le monde, les pays livrent une bataille difficile pour aider leurs citoyens à se prémunir contre les chocs économiques engendrés par le changement climatique, les fractures géopolitiques mondiales et les pandémies, tout en défendant une croissance inclusive et résiliente face au changement climatique. Pour les gouvernements des pays en développement, la tâche est encore plus ardue et les options, moins nombreuses.

Le FMI estime qu’il faudrait 3 000 milliards de dollars par an jusqu’en 2030 aux pays en développement à faible revenu pour financer leurs objectifs de développement et la transition climatique. Et avec une dette mondiale attendue à 100 % du PIB d’ici la fin de la décennie, le recours à l’emprunt n’est peut-être pas la solution la plus judicieuse pour financer ces investissements. Comme ces pays ont un potentiel fiscal inexploité de 8–9 % du PIB, mieux vaudrait qu’ils utilisent la fiscalité.

Mais accroître les recettes fiscales est un gros défi pour les pays les plus pauvres. Une fraction importante de la population exerce des activités difficiles à imposer comme celle des paysans ou des prestataires de services informels (marchands ambulants, par exemple). Il est difficile de suivre ces revenus essentiellement encaissés en espèces. Les travailleurs concernés pensent souvent que rejoindre le secteur formel aura pour unique conséquence d’alourdir leurs obligations fiscales sans leur procurer d’avantages notables en contrepartie. Ils préfèrent continuer à travailler à petite échelle et de manière informelle.

Pour que les secteurs économiques se développent, les gouvernements proposent souvent des exonérations fiscales aux grandes entreprises, ce qui a pour effet d’éroder l’assiette de l’impôt sur les sociétés et de renforcer les droits acquis. Ces pays se reposent donc essentiellement sur l’imposition des biens et des services, pénalisant davantage les pauvres. De surcroît, le recouvrement des recettes se caractérise trop souvent par une application des lois fiscales clémente pour les riches et punitive pour la classe ouvrière et les pauvres.

Créer de la valeur

Nous proposons une approche différente et plus durable pour accroître les recettes dans les pays en développement. Elle repose sur l’idée que la façon dont les gouvernements cherchent à améliorer la perception de l’impôt est indissociable de la quantité d’impôts qu’ils peuvent recouvrer. Il s’agit de renforcer le contrat social et d’encourager les ménages et les entreprises à formaliser leurs activités économiques ; à cet égard, des enseignements peuvent d’ores et déjà être tirés de l’expérience indienne.

Un rapport de la Banque mondiale publié récemment, avec notamment le soutien de la Fondation Bill et Melinda Gates, présente un cadre d’administration fiscale dans lequel les gouvernements intensifient leurs efforts pour améliorer la mise en recouvrement en s’efforçant de susciter la confiance par la création d’utilité sociale pour leurs citoyens. Créer cette valeur est une stratégie de réforme de la fiscalité particulièrement importante dans les pays pauvres, où la confiance dans l’administration fiscale, le respect des obligations fiscales et le soutien politique à l’imposition sont médiocres.

Intitulé Innovations in Tax Compliance: Building Trust, Navigating Politics, and Tailoring Reforms, ce rapport se penche sur les réformes fiscales qui visaient traditionnellement à améliorer le recouvrement par une détection plus efficace de la fraude et le durcissement des sanctions fiscales ; il propose une autre approche, qui cherche davantage à favoriser la confiance entre les contribuables et les pouvoirs publics en créant de la valeur pour les citoyens, les contribuables obtenant certains avantages en contrepartie du paiement de leurs impôts. Si l’entrée dans l’économie formelle présente un intérêt, ils seront plus enclins à transformer leur activité et à acquitter les impôts applicables.

Le cas de l’Inde

L’exemple indien montre qu’une infrastructure publique numérique bien conçue peut faciliter la création de valeur, et ainsi améliorer la perception des recettes. Ce type d’infrastructure s’inscrit dans une approche où les citoyens se voient offrir des services et des perspectives économiques grâce à la combinaison d’éléments interopérables, en libre accès et réutilisables qui forment un réseau de systèmes numériques comparable au réseau routier ou à d’autres infrastructures physiques reliant les gens et leur donnant accès à des biens et des services. Les infrastructures publiques numériques conjuguent des technologies innovantes avec des cadres macroéconomiques solides et des mesures incitatives à l’intention du secteur privé. La sécurité des données, la confidentialité et le consentement sont au cœur du système.

Les particuliers et les entreprises peuvent être réticents à déclarer leurs revenus, car la démarche leur paraît fastidieuse et coûteuse. Ils trouvent souvent plus pratique de rester en dehors du système, en réglant leurs transactions informelles en espèces et en ne déclarant pas leur patrimoine. Une infrastructure publique numérique peut les faire radicalement changer d’avis, et permettre ainsi d’améliorer durablement le recouvrement de l’impôt. Nous identifions trois étapes qui peuvent aider les pouvoirs publics à encaisser davantage de recettes et à élargir l’assiette fiscale.

Premièrement, introduire la vérification numérique des avoirs et des références pour qu’il soit moins intéressant de rester en marge de l’économie formelle et du système fiscal. En Inde, par exemple, Aadhaar fournit des numéros d’identification numériques uniques et vérifiables. Ce système a notamment permis à des particuliers et des entreprises d’ouvrir un compte bancaire. Il a aussi fait baisser les dépenses publiques grâce à la dématérialisation des prestations sociales. Avec Pix au Brésil, PromptPay en Thaïlande et l’interface de paiement unifiée en Inde, les paiements numériques sont désormais moins coûteux et plus simples. Quant aux documents et certificats revêtus d’une signature électronique, vérifiables par des tiers indépendants, ils peuvent faciliter la délivrance de licences et autres permis.

Deuxièmement, harmoniser les mesures incitant les particuliers et les entreprises à rejoindre le secteur formel. Il faut que les contribuables aient l’impression que la formalisation de leur activité économique présente un intérêt avant tout pour eux. Par exemple, en réduisant le coût de la vérification de l’authenticité des entreprises, les empreintes de paiement numériques et les références professionnelles vérifiables peuvent aider les particuliers comme les petites et moyennes entreprises à obtenir plus facilement des prêts officiels à des taux compétitifs. À terme, le volume plus important de paiements enregistrés se traduira aussi par une mise en recouvrement plus transparente de l’impôt, mais ce doit être un objectif secondaire, et non pas prioritaire. (Lancer par exemple un réseau de paiement avec pour objectif explicite de relier toutes les transactions du réseau aux déclarations fiscales pourrait avoir un effet dissuasif sur les entreprises et les ménages utilisant une telle infrastructure.)

Troisièmement, créer de la valeur pour les particuliers et les entreprises via le système fiscal. Les deux premières étapes servent à rendre moins intéressant pour les contribuables de rester à l’extérieur du système fiscal officiel. Mais il faut tout de même créer de la valeur pour que les entreprises se mettent en particulier à déposer des déclarations et que le civisme fiscal soit récompensé de diverses manières :

Restituer les données aux contribuables. Les données constituent un avoir dont l’utilisation doit obéir à des règles de confidentialité et d’éthique. Elles doivent aussi être restituées aux contribuables au format de leur choix, afin qu’ils puissent les réutiliser pour avoir accès aux services essentiels. En Inde, par exemple, les services de perception fournissent aux contribuables à jour de leurs obligations des certificats (infalsifiables) signés électroniquement dont ils peuvent se servir comme identifiants numériques pour vérifier l’identité de leurs clients. Le fisc a aussi conçu un mécanisme public permettant de vérifier les principaux éléments de l’enregistrement des entreprises associés à un identifiant numérique pour la taxe sur les produits et services, ce qui aide les entreprises à créer un lien de confiance avec leurs prospects et partenaires.

Créer des incitations à déclarer tout au long de la chaîne d’approvisionnement. Pour ce qui est de la taxe sur les produits et services en Inde, l’administration concernée propose aux entreprises un allégement sous forme de crédit d’impôt sur le revenu pouvant atteindre 20 % si elles achètent leurs produits et services auprès de fournisseurs également enregistrés et payant des impôts. Cet allégement s’applique dans l’ensemble des réseaux d’approvisionnement pour inciter les entreprises à rejoindre le système fiscal officiel. Afin d’encourager les contribuables à déclarer régulièrement et en temps opportun, l’allégement ne prend pas la forme d’un remboursement en espèces, mais d’un crédit à valoir sur l’impôt suivant.

Permettre à l’écosystème privé d’organiser des services entièrement dématérialisés de déclaration et de valeur ajoutée. L’ouverture d’interfaces de programmation d’applications (API) dans le système fiscal permettrait à des innovateurs privés de créer des expériences utilisateur uniques, numériques et physiques, qui combineraient plusieurs services et feraient gagner du temps aux déclarants. Cette incitation commerciale à la concurrence privée est axée sur la facilité de déclaration, qui assure la prise en compte des besoins divers des utilisateurs et stimule la dématérialisation. Depuis l’ouverture de l’accès API par les autorités indiennes, plus de 55 plateformes tierces agréées sont utilisées pour la déclaration des revenus.

Une perspective axée avant tout sur la valeur

L’Inde a su tirer parti de son infrastructure publique numérique, puisque les recettes de la taxe sur les produits et services financiers ont augmenté de plus de 50 points de base de PIB depuis 2018, soit une hausse sensible par rapport aux prévisions établies à l’époque du régime fiscal précédent (graphique 1).

Le temps nécessaire au traitement des formulaires électroniques et aux remboursements a considérablement diminué (graphique 2).

Et l’assiette fiscale s’est élargie, avec une progression notable et durable des contribuables autres que les sociétés, par exemple les petites entreprises et les particuliers (graphique 3).

L’une des clés du succès indien dans ce domaine est la fiabilité des méthodes de contrôle de la sécurité et de la confidentialité, garante du fait que l’État traite les données des contribuables de manière confidentielle et éthique.

Mais l’amélioration du recouvrement des recettes ne saurait être mise au crédit des seules technologies. Les réformes de la gouvernance et des politiques sont décisives aussi. Par exemple, l’Inde a créé le réseau de la taxe sur les produits et services, un mécanisme de recouvrement unifié destiné à simplifier l’acquittement et l’administration de la taxe pour les entreprises, quelle que soit leur taille.

En résumé, les pouvoirs publics peuvent stimuler durablement la mobilisation des recettes en instaurant des systèmes et des processus créant de la valeur pour les ménages et les entreprises, et le recouvrement de l’impôt progresse alors peu à peu en conséquence. Comme les transactions électroniques deviennent partie intégrante de l’activité économique et du quotidien, il est plus difficile d’échapper au système. Passer d’une optique de perception des recettes à une optique privilégiant la valeur est une nouvelle piste prometteuse pour amorcer des hausses durables de la mobilisation des recettes et encourager un contrat social plus crédible entre les individus et l’État.

Confiance et fiscalité

Il existe un lien de réciprocité entre la confiance dans l’administration et l’efficacité de cette dernière. La confiance augmente quand les institutions politiques sont fortes et les gouvernements mettent en œuvre des politiques et des initiatives en faveur de l’intérêt général et améliorant le quotidien de la population. Et les gouvernements ne peuvent agir avec efficacité que s’ils inspirent suffisamment confiance aux citoyens pour qu’ils respectent les lois, ouvrant ainsi la voie aux réformes.

Bien sûr, la confiance dans l’État ne dépend pas uniquement de plateformes numériques performantes. En Inde, cependant, la construction d’une infrastructure publique numérique a jeté quelques-unes des bases requises pour renforcer la confiance en créant une plateforme inclusive permettant aux citoyens d’effectuer des transactions numériques et à ses utilisateurs de mieux contrôler leurs données. Une infrastructure publique numérique de qualité peut établir un lien de confiance entre deux acteurs, quels qu’ils soient, en introduisant des composantes infalsifiables relatives à l’identité, aux paiements et à la sécurité, ce qui permet aux citoyens et aux entreprises de s’assurer de l’identité de leurs contreparties et de la validité des transactions. Ceci réduit les coûts explicites et implicites pour les citoyens, dans leurs interactions avec l’administration, et pour les entreprises, dans leurs interactions avec les particuliers, d’autres entreprises et l’administration.

La confiance peut aussi imprégner le système global par d’autres canaux, comme la fiabilité de son fonctionnement ou le règlement rapide et transparent des différends. Les pays ont encore des progrès notables à faire pour renforcer à la fois les systèmes numériques et, plus largement, les cadres stratégiques et institutionnels, afin que les citoyens fassent davantage confiance à l’État et inversement. La confiance dans l’économie en sera renforcée, de même que l’investissement, l’innovation, la productivité et, en fin de compte, la croissance.

KAMYA CHANDRA est directrice de la stratégie monde du Centre for Digital Public Infrastructure, TANUSHKA VAID est coresponsable du pôle Asie du Centre for Digital Public Infrastructure et PRAMOD VARMA a été l’architecte en chef de Aadhaar et India Stack.




Sénat-RDC: Les Assemblées Provinciales appellent à l’implication de Sama Lukonde pour des réponses idoines à leurs problèmes 

Les présidents des Assemblées Provinciales des 26 provinces de la République Démocratique du Congo ont été reçus par le Président du sénat, Jean-Michel Sama Lukonde dans son cabinet de travail au Palais du Peuple.

Ils ont tout d’abord signalé qu’ils sont venus soumettre au speaker du Sénat, les problèmes auxquels sont confrontés leurs assemblées respectives sur l’ensemble du territoire national, en l’occurrence les questions relatives aux impaiements des députés provinciaux, mais aussi celles en rapport avec les fonds d’investissement pour les exécutifs provinciaux et à la rétrocession aux provinces.

 

“Nous sommes venus soumettre au président du sénat les problèmes qui rongent nos Assemblées. Il s’agit notamment des impaiements. Nous avons des problèmes de fonds d’investissement pour les exécutifs, et les problèmes de la rétrocession pour nos provinces. c’est tout ça que nous sommes venus soumettre à la première institution, en termes de préséance, au président du sénat, pour qu’il puisse voir tant soit peu comment ça peut être traité”, a déclaré devant la presse, Alain Tshisungu Ntumba, président de l’Assemblée Provinciale du Kasaï, qui faisait office de chef de cette délégation.

C’était aussi une rencontre de prise de contact entre les deux institutions et présenter des civilités au nouveau président du sénat.

“Mais aussi, nous lui avons présenté nos civilités. Nous l’avons

félicité parceque depuis qu’il a pris son fauteuil, nous ne l’avons pas encore fait officiellement et aujourd’hui, nous venons nous acquitter de cet agréable devoir”, a t-il fait savoir.

Pour ces présidents des assemblées provinciales, le sénat est mieu placer de plaider pour le bon fonctionnement de leurs institutions au niveau des provinces.

“Les problèmes de la province donc sachant que le Sénat est l’émanation des Provinces et nous sommes venus lui rendre compte pour non seulement lui faire part de nos problèmes mais aussi lui demander à ce qu’il soit le porte étendard, le pilier qui va étre là pour défendre les intérêts des provinces. Et défendre nos problèmes, notamment les rétrocessions au niveau des provinces et même pour les émoluments des députés provinciaux et autres. Nous avons aussi brossé plusieurs situations notamment la situation sécuritaire ainsi que la situation économique”, confie le chef de la délégation.

Les hôtes du président du sénat ont salué la volonté de Sama Lukonde qui a laissé ses oreilles ouvertes, attentive et réceptive pour trouver des solutions à leur problème.

 

 

Jonsard Mikanda




La complexité des défis au Sahel

L’insécurité, l’instabilité politique et la faiblesse des institutions compromettent les chances d’un progrès économique partagé.

« Sans une analyse du pouvoir, il est difficile de comprendre les inégalités ou bien d’autres aspects du capitalisme moderne », écrit Angus Deaton dans le numéro de mars de Finances & Développement. Les réflexions de Deaton valent tout aussi bien pour certains des pays les plus pauvres du monde, notamment ceux d’Afrique de l’Ouest. Il est impossible de comprendre les trajectoires économiques de ces pays et l’extrême fragilité et l’incertitude qui planent sur la sécurité et la politique dans une grande partie de la région sans analyser les rouages du pouvoir politique et comment il interagit avec d’autres formes de pouvoir.

L’instabilité politique et l’insécurité

Le Sahel central a fait l’objet d’une attention particulière ces douze dernières années, car plusieurs groupes armés non étatiques, dont des terroristes, ont pris racine dans la région. Selon l’Indice mondial du terrorisme de 2024, le Burkina Faso, le Mali et le Niger font partie des 10 pays les plus touchés par le terrorisme dans le monde.

Ces trois pays ont connu des coups d’État militaires entre 2020 et 2023. Le Mali a connu un putsch en deux temps en septembre 2020 et avril 2021, qui a marqué le début d’une autre phase dans sa longue crise politique et sécuritaire entamée en 2012. Le Burkina Faso a suivi en 2022, avec un coup d’État en janvier et un autre en septembre. Et au Niger, un coup d’État a eu lieu en juillet 2023, alors que la situation sécuritaire était pourtant beaucoup moins grave qu’elle ne l’avait été au Mali et au Burkina Faso.

Il est certes possible que certains des militaires qui ont pris le contrôle de leur pays aient été motivés, du moins en partie, par une volonté sincère d’améliorer la situation sécuritaire, mais d’autres en revanche ont principalement été séduits par l’appât du pouvoir et des privilèges. Les militaires ont pu miser sur la profonde frustration de la population face à la dégradation de la situation sécuritaire et à l’absence de progrès économiques et sociaux en dépit de l’existence d’un gouvernement démocratiquement élu. L’échec des gouvernements civils élus à maintenir le contrôle effectif de vastes étendues du territoire national, au Mali et au Burkina Faso en particulier, fut le prétexte idéal pour que l’armée s’empare du pouvoir politique. Au-delà de ceux qui tiennent actuellement les rênes du gouvernement, les militaires exerceront vraisemblablement une forte influence sur le pouvoir politique dans la région pour plusieurs années à venir.

Le Sahel paie déjà un lourd tribut aux crises des dix dernières années, en particulier sur le plan de l’éducation. Avec la fermeture des écoles, les déplacements internes et l’appauvrissement des familles démunies, la génération actuelle d’adolescents et d’enfants a acquis peu de connaissances et d’aptitudes utiles au quotidien, et ces jeunes risquent de sombrer dans la criminalité et le terrorisme. La détérioration des conditions de vie ne fera que prolonger les crises sécuritaires et politiques dans la région, et aggraver ses fragilités.

L’histoire compte

Bien que la situation au Sahel se soit considérablement dégradée depuis 2012, la fragilité du Mali, du Burkina Faso et du Niger est directement liée à leur difficile construction (y compris celle de leurs institutions politiques, économiques et sociales, dont la structure est héritée de l’ère coloniale française).

Outre les séquelles de la colonisation, les pays du Sahel ont un autre dénominateur commun. Au regard des frontières actuelles, ils sont tous de jeunes États indépendants. Cela ne fait que quelques dizaines d’années que ces pays ont entamé la construction d’institutions politiques qui doivent inspirer confiance à une population d’une grande diversité ethnique, culturelle et linguistique. Les résultats de ce chantier ont été mitigés.

De plus, les crises économiques et financières de la fin des années 80 et des années 90, suivies d’une période de stabilisation macroéconomique et d’ajustement structurel dans la région, ont sérieusement entravé l’établissement d’États compétents en réduisant considérablement leur potentiel d’action et en les rendant tributaires des institutions internationales. Le multipartisme et les élections pluralistes avaient fait leur retour dans plusieurs pays. Toutefois, les bases du processus de démocratisation étaient fragiles et les dispositions constitutionnelles ne se sont pas toujours concrétisées dans la pratique politique.

Les prisons du pouvoir

Dans un article sur l’économie politique du Niger publié en 2015, l’anthropologue franco-nigérien Jean-Pierre Olivier de Sardan livre ses réflexions sur les raisons qui poussent les pays à tomber dans le piège de la mauvaise gouvernance et de l’instabilité. Il existe selon lui quatre « prisons du pouvoir » qui ont pour gardiens respectifs : les grands commerçants ; les militants, alliés et courtisans ; les bureaucrates ; et les experts internationaux.

« Celui qui arrive au pouvoir doit satisfaire aux exigences de nombreux groupes d’intérêt, écrit Olivier de Sardan, le président élu attribue des ministères aux partis qui l’ont aidé à remporter les élections, les ministres doivent à leur tour distribuer des postes aux militants, et ces derniers trouveront également de petites récompenses pour d’autres militants sous la forme de contrats de prestations de services ou de petits contrats d’approvisionnement. »

Les grands commerçants qui exercent une influence politique attendent un rendement sur placement sous forme de protection, de « bienveillance » fiscale, de placement de leurs alliés à des postes stratégiques, ou de passations de marchés. Ils sont ainsi au cœur d’une corruption systémique, directement liée au coût toujours croissant des campagnes électorales dans un contexte de pauvreté généralisée.

Olivier de Sardan explique également comment les experts internationaux et le système d’aide internationale font partie intégrante de cette économie politique qui alimente des politiques publiques inefficaces et des résultats économiques décevants. « Le système de l’aide, que ce soit l’aide projet, l’aide sectorielle ou l’aide budgétaire (les trois restent mêlés), induit une dépendance malsaine et paralysante », écrit-il.

Ces liens entre les pratiques politiques corrompues, les dysfonctionnements de l’État, la mauvaise qualité des services publics et la stagnation des conditions de vie des populations ne sont pas propres au Sahel. Ils sont présents dans la plupart des États d’Afrique de l’Ouest et ailleurs, bien que l’ampleur et la complexité de cette mainmise sur les institutions et les opportunités économiques par les groupes d’intérêt varient d’un pays à un autre. Les crises sécuritaires, qui résultent en partie de résultats mitigés dans la mise en place d’institutions et le développement de l’économie, ajoutent une couche supplémentaire de complexité.

Investir dans les institutions et le capital humain

Pour restreindre l’accaparement de l’État par les quelques groupes qui abusent de leur proximité avec les détenteurs de pouvoir politique, il faut renforcer les institutions en privilégiant l’efficacité et l’intégrité. Les actions proposées par le groupe de réflexion ouest-africain WATHI, que je dirige, comprennent le renforcement des institutions qui contrôlent l’utilisation des ressources publiques et la lutte contre la corruption, tout en institutionnalisant la participation citoyenne au débat sur les politiques publiques en tant que composante essentielle de la gouvernance démocratique. Nous recommandons aussi d’adopter une démarche institutionnelle délibérée visant à réduire les inégalités entre territoires au sein des pays en suivant les progrès réalisés en matière de prestation de services publics.

Il est essentiel d’aider les pays du Sahel à devenir plus stables pour assurer un développement économique durable sur une vaste partie du continent africain. En dépit de la pandémie de COVID-19 et de la guerre en Ukraine, plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest (notamment le Bénin, la Côte d’Ivoire et le Sénégal) ont connu une croissance économique remarquable ces dernières années. Toutefois, la pérennité de cette croissance dépend du maintien de la sécurité sur leurs territoires et de la perception du risque, qui est affectée par la situation au Sahel.

Les institutions financières internationales doivent prêter une plus grande attention au contexte local dans chaque pays et aux effets négatifs des interventions extérieures, en particulier dans le Sahel. Ces institutions doivent notamment coopérer avec les pays de la région pour privilégier les investissements et les réformes en matière d’éducation et de formation professionnelle. C’est ce qui permettra de dynamiser les économies locales basées sur la production agricole, l’élevage du bétail et la transformation à petite échelle des ressources naturelles.

Dans toute l’Afrique de l’Ouest, le progrès économique et social durable, qui se distingue de la croissance économique à court terme, dépend d’une réorientation de l’action vers le développement d’institutions et l’investissement dans le capital humain.

GILLES YABI est le fondateur et le directeur exécutif de WATHI, le think tank citoyen de l’Afrique de l’Ouest, et chercheur non résident pour le programme Afrique du Carnegie Endowment for International Peace.




Les pays émergents sur la scène mondiale

Les pays émergents tiennent à la fois les rênes de la croissance future et les clés de l’avenir du multilatéralisme.

Avec le repli sur soi de plus en plus prononcé des pays avancés, les pays émergents ont un grand rôle à jouer dans la lutte contre la fragmentation économique mondiale.

Après avoir gagné à la fois en taille et en stature économique dans le monde, grâce à une intégration de plus en plus poussée et à des réformes atteintes de haute lutte, les pays émergents sont non seulement un élément incontournable de la scène économique mondiale, mais devraient également être les défenseurs naturels de l’approche multilatérale.

Compte tenu du développement de leur empreinte mondiale, il peut paraître étrange de parler encore du concept de « marchés émergents ». Jusqu’en 1980, le FMI répartissait les pays en deux groupes : une petite poignée de « pays industrialisés » riches en capital, aisés et « adultes », et une majorité de « pays en développement » riches en main-d’œuvre, plus pauvres et « encore en croissance ». En 1981, un audacieux membre des services de la Société financière internationale, Antoine van Agtmael, a inventé l’expression « marché émergent » pour susciter l’intérêt dans un nouveau fonds d’investissement rassemblant 10 pays en développement prometteurs.

Ce qualificatif, qui évoque dynamisme, potentiel et promesses, s’est maintenu. Et il a donné naissance à une catégorie d’actifs bien précise et à nombre d’indices, notamment l’indice boursier MSCI des marchés émergents, apparu en 1988, et l’indice obligataire des marchés émergents de JP Morgan, créé en 1991. Ces indices ont permis aux investisseurs de se familiariser avec ces cadets de l’économie mondiale, à mesure qu’ils ont traversé des difficultés de croissance, subi des chocs extérieurs et fait face à des crises monétaires, à la contagion financière, à des arrêts soudains et à des accélérations de croissance.

Nombre de pays émergents, toutefois, sont en train de dépasser à la fois l’expression et le stéréotype, compte tenu de leur influence mondiale et de la crédibilité et sophistication croissantes de leurs politiques publiques, ce qui soulève plusieurs questions : que faut-il à ces pays pour qu’ils finissent par émerger ? Et cela a-t-il un effet sur leur place dans l’économie mondiale ?

Une influence croissante au niveau mondial

La façon dont sont perçus les pays émergents repose inévitablement sur l’histoire de leurs origines économiques et politiques, qui sont non seulement assez turbulentes, mais aussi plus récentes. Après les troubles des années 70 et 80, l’adhésion de la Chine à l’Organisation mondiale du commerce, en 2001, a ouvert la porte à une période de formidable croissance des pays émergents, jusqu’à la crise financière mondiale. Le développement de la Chine a accéléré la mondialisation et déclenché un super-cycle des produits de base, qui a stimulé l’activité mondiale et enrichi les pays émergents exportateurs de ces produits.

Après 2010, la situation a changé du tout au tout pour les pays émergents, en particulier pour les pays exportateurs de produits de base. Rien qu’en Chine, la croissance annuelle du PIB a ralenti de 4,6 points de pourcentage entre 2010 et 2019 et devrait s’établir juste au-dessus de 3 % d’ici 2029. À cela s’ajoutent les répercussions mondiales de la pandémie, les nouveaux conflits, les chocs sur les produits de base, le repli des capitaux mondiaux et l’escalade des tensions géopolitiques.

Toutefois, les pays émergents ne sont pas les otages involontaires des évolutions mondiales comme ils l’ont été à une époque. Au contraire, une récente étude du FMI démontre que les pays émergents ont désormais une influence croissante tant sur le plan local que mondial. Les retombées des chocs intérieurs sur la croissance dans ces pays se sont non seulement intensifiées ces 20 dernières années, mais sont désormais comparables à celles des pays avancés.

Les pays émergents ne sont pas les otages des évolutions mondiales comme ils l’ont été à une époque.

En conséquence, les pays émergents tiennent vraiment les rênes en matière de croissance mondiale, qu’il s’agisse des hauts ou des bas. Les résultats des pays émergents membres du Groupe des Vingt (G20) représentaient près des deux tiers de la croissance mondiale l’an dernier. Le repli des perspectives dans ces mêmes pays a également été à l’origine de plus de la moitié de la baisse de près de 2 points de pourcentage des perspectives de croissance à moyen terme depuis la crise financière mondiale. Ce poids ne va vraisemblablement qu’augmenter.

 

En outre, bien que la Chine continue d’avoir une grande influence sur l’économie mondiale, les pays émergents sont de moins en moins tributaires des perspectives de ce pays. La résilience dont ils font preuve récemment peut aussi s’expliquer par une amélioration générale des fondamentaux (amélioration des soldes des transactions courantes, baisse de la dette libellée en dollars et hausse des réserves, par exemple) et par un renforcement des dispositifs de politiques monétaire et budgétaire. Avec la transition climatique qui met en évidence l’écart entre l’offre et la demande de minéraux critiques tels que le cuivre et le nickel, la fragmentation des échanges et la diversification au lendemain de la pandémie signifient que l’importance des marchés émergents sur les chaînes d’approvisionnement mondiales est appelée à s’amplifier.

Convergence vers le statut de pays avancés

Malgré leur influence croissante au niveau mondial et les augmentations de revenus et de richesse qu’ils ont obtenues pour leurs populations, tous ces pays émergents ont vu le passage à la liste A (pays avancés) rester inaccessible, à l’exception d’une poignée d’entre eux. Être un pays émergent revient à être laissé dans l’expectative sans voir clairement la fin du processus (d’émergence) et quelque peu négligé sur la scène mondiale.

Le FMI a ajouté le concept de « pays avancé » à son lexique dans son édition de mai 1997 des Perspectives de l’économie mondiale, en regroupant les quatre pays nouvellement industrialisés d’Asie de l’Est et Israël avec les 23 « pays industrialisés » de l’époque, en fonction plus ou moins de niveaux de revenus par habitant comparables, d’un bon développement des marchés financiers, d’un niveau élevé d’intermédiation financière, d’une diversification des structures économiques avec un secteur des services relativement important et en croissance rapide, et d’une baisse de l’emploi dans le secteur manufacturier. Depuis lors, seuls 13 autres pays ont rejoint leurs rangs, tous d’Europe, à l’exception de la Région administrative spéciale de Macao et Puerto Rico — tandis que le groupe dans son ensemble a vu sa part de l’activité mondiale diminuer de 75 à 60 %.

Comment ces pays ont-ils réussi ? Deux modèles se dégagent : premièrement, celui des « tigres asiatiques », qui ont connu une industrialisation rapide axée sur les exportations (comme au Japon) grâce à l’intervention de l’État pour développer des avantages comparatifs dans certains secteurs (tels que le textile dans la Région administrative spéciale de Hong Kong, et les industries lourdes et chimiques en Corée). Deuxièmement, l’exemple des pays d’Europe centrale et orientale qui ont mené de vastes réformes institutionnelles fondées sur l’adhésion à l’Union européenne et connu des entrées de capitaux extérieurs. Dans ce contexte, l’étape suivante consistant à rejoindre la zone euro en répondant aux quatre critères de convergence économique a garanti également l’accès automatique à la liste A, celle des pays avancés.

Et c’est bien là le problème (dans les deux cas) : le fait d’avoir émergé signifie avoir convergé. Pour y parvenir — même en créant un avantage comparatif dans un seul maillon des chaînes de valeur mondiales —, il faut de grandes quantités de capitaux provenant de l’épargne intérieure ou extérieure, et reposant sur une structure cohérente de politiques publiques, capable de survivre au cycle politique. En théorie, les pays émergents et les pays en développement devraient attirer les capitaux extérieurs comme des aimants, car leur assise financière plus limitée et leur fort potentiel de croissance donnent lieu à des rendements réels attrayants. Dans la pratique, nous sommes face au paradoxe de Lucas : l’observation que les capitaux ne circulent pas des pays riches vers les pays pauvres. Au contraire, la convergence a besoin d’un financement intérieur, à moins que ne soient disponibles des injections de capitaux de l’ampleur de celles du plan Marshall. Dans la mesure où cela est assez difficile à obtenir, nombre de pays émergents et de pays en développement se retrouvent à la merci de mouvements de capitaux internationaux volatiles, dans un contexte marqué par une gouvernance fragile et des systèmes financiers peu développés.

L’enveloppe du multilatéralisme

Or même si les pays émergents n’atteignent toujours pas les normes des pays avancés, cette répartition dans ces deux catégories de pays semble de moins en moins pertinente ces dernières années. L’intégration de plus en plus poussée des pays émergents dans l’économie mondiale et rien que leur taille, aussi bien en matière de PIB que de population, ainsi que leur diversité signifient qu’ils sont désormais tout aussi importants et tout aussi systémiques que la plupart des pays avancés. Le fait que plusieurs pays avancés reviennent à des politiques de repli sur soi renforce cette idée : les pays émergents ne sont plus des spectateurs, mais ont tout intérêt à ce que réussisse l’approche multilatérale. Après tout, la mondialisation, la coopération et les mouvements ininterrompus de biens, de services, de capitaux et de savoir-faire ont été et resteront indispensables à leur croissance, leur productivité, leur innovation et leur lutte contre la pauvreté.

Bien entendu, un certain nombre des plus grands pays émergents exercent déjà leurs droits économiques mondiaux dans le cadre du G20, seul groupe de pays avec un G majuscule indifférent à la dichotomie entre pays émergents et pays avancés. Dans la mesure où sur les 10 présidences récentes du groupe, sept ont été occupées par des pays émergents, et avec l’Afrique du Sud sur le point de reprendre le flambeau en 2025, ces pays ont réussi à promouvoir des enjeux qu’ils considèrent comme des priorités d’une importance macroéconomique tant nationale que mondiale : par exemple, inclusion et investissement (Türkiye, 2015) ; innovation et diffusion des technologies (Chine, 2016) ; avenir du travail, des infrastructures et de l’alimentation durable (Argentine, 2018) ; autonomisation des femmes et des jeunes (Arabie saoudite, 2020) ; productivité et résilience (Indonésie, 2022) ; développement vert et infrastructures publiques numériques (Inde, 2023) ; et inégalités, accroissement des recettes, et gouvernance mondiale (Brésil, 2024).

Cependant, tout comme le font les pays émergents qui s’impliquent de plus en plus, les organisations internationales aussi doivent s’impliquer davantage auprès d’eux dans l’intérêt du monde entier. Le FMI, par exemple, doit continuer d’adapter ses conseils en politiques publiques aux circonstances de chaque pays. Il faut pour cela mieux comprendre les pays émergents et mieux connaître leurs problématiques. Le FMI doit également revoir ses ressources et ses instruments de prêts — actifs et de précaution, financiers et non financiers — pour assurer que le dispositif mondial de protection financière soit correctement financé et proposer une série d’outils adaptés aux pays émergents d’une importance systémique. Et leur place croissante doit être légitimée dans la gouvernance mondiale.

Malgré leur qualificatif, les pays émergents sont désormais au cœur de l’élaboration des politiques publiques et de la croissance mondiales. À un moment où la conjoncture économique du monde est de plus en plus incertaine et où les politiques publiques sont de plus en plus sélectives, les organisations internationales peuvent se reposer davantage sur ces alliés naturels, qui ont de plus en plus intérêt à entretenir la flamme du multilatéralisme, afin de relever les considérables défis auxquels nous sommes confrontés dans le monde.

AQIB ASLAM est chef de division au département des études du FMI et PETYA KOEVA BROOKS est directrice adjointe au département des études du FMI.