Sénat-RDC: Les Assemblées Provinciales appellent à l’implication de Sama Lukonde pour des réponses idoines à leurs problèmes 

Les présidents des Assemblées Provinciales des 26 provinces de la République Démocratique du Congo ont été reçus par le Président du sénat, Jean-Michel Sama Lukonde dans son cabinet de travail au Palais du Peuple.

Ils ont tout d’abord signalé qu’ils sont venus soumettre au speaker du Sénat, les problèmes auxquels sont confrontés leurs assemblées respectives sur l’ensemble du territoire national, en l’occurrence les questions relatives aux impaiements des députés provinciaux, mais aussi celles en rapport avec les fonds d’investissement pour les exécutifs provinciaux et à la rétrocession aux provinces.

 

“Nous sommes venus soumettre au président du sénat les problèmes qui rongent nos Assemblées. Il s’agit notamment des impaiements. Nous avons des problèmes de fonds d’investissement pour les exécutifs, et les problèmes de la rétrocession pour nos provinces. c’est tout ça que nous sommes venus soumettre à la première institution, en termes de préséance, au président du sénat, pour qu’il puisse voir tant soit peu comment ça peut être traité”, a déclaré devant la presse, Alain Tshisungu Ntumba, président de l’Assemblée Provinciale du Kasaï, qui faisait office de chef de cette délégation.

C’était aussi une rencontre de prise de contact entre les deux institutions et présenter des civilités au nouveau président du sénat.

“Mais aussi, nous lui avons présenté nos civilités. Nous l’avons

félicité parceque depuis qu’il a pris son fauteuil, nous ne l’avons pas encore fait officiellement et aujourd’hui, nous venons nous acquitter de cet agréable devoir”, a t-il fait savoir.

Pour ces présidents des assemblées provinciales, le sénat est mieu placer de plaider pour le bon fonctionnement de leurs institutions au niveau des provinces.

“Les problèmes de la province donc sachant que le Sénat est l’émanation des Provinces et nous sommes venus lui rendre compte pour non seulement lui faire part de nos problèmes mais aussi lui demander à ce qu’il soit le porte étendard, le pilier qui va étre là pour défendre les intérêts des provinces. Et défendre nos problèmes, notamment les rétrocessions au niveau des provinces et même pour les émoluments des députés provinciaux et autres. Nous avons aussi brossé plusieurs situations notamment la situation sécuritaire ainsi que la situation économique”, confie le chef de la délégation.

Les hôtes du président du sénat ont salué la volonté de Sama Lukonde qui a laissé ses oreilles ouvertes, attentive et réceptive pour trouver des solutions à leur problème.

 

 

Jonsard Mikanda




La complexité des défis au Sahel

L’insécurité, l’instabilité politique et la faiblesse des institutions compromettent les chances d’un progrès économique partagé.

« Sans une analyse du pouvoir, il est difficile de comprendre les inégalités ou bien d’autres aspects du capitalisme moderne », écrit Angus Deaton dans le numéro de mars de Finances & Développement. Les réflexions de Deaton valent tout aussi bien pour certains des pays les plus pauvres du monde, notamment ceux d’Afrique de l’Ouest. Il est impossible de comprendre les trajectoires économiques de ces pays et l’extrême fragilité et l’incertitude qui planent sur la sécurité et la politique dans une grande partie de la région sans analyser les rouages du pouvoir politique et comment il interagit avec d’autres formes de pouvoir.

L’instabilité politique et l’insécurité

Le Sahel central a fait l’objet d’une attention particulière ces douze dernières années, car plusieurs groupes armés non étatiques, dont des terroristes, ont pris racine dans la région. Selon l’Indice mondial du terrorisme de 2024, le Burkina Faso, le Mali et le Niger font partie des 10 pays les plus touchés par le terrorisme dans le monde.

Ces trois pays ont connu des coups d’État militaires entre 2020 et 2023. Le Mali a connu un putsch en deux temps en septembre 2020 et avril 2021, qui a marqué le début d’une autre phase dans sa longue crise politique et sécuritaire entamée en 2012. Le Burkina Faso a suivi en 2022, avec un coup d’État en janvier et un autre en septembre. Et au Niger, un coup d’État a eu lieu en juillet 2023, alors que la situation sécuritaire était pourtant beaucoup moins grave qu’elle ne l’avait été au Mali et au Burkina Faso.

Il est certes possible que certains des militaires qui ont pris le contrôle de leur pays aient été motivés, du moins en partie, par une volonté sincère d’améliorer la situation sécuritaire, mais d’autres en revanche ont principalement été séduits par l’appât du pouvoir et des privilèges. Les militaires ont pu miser sur la profonde frustration de la population face à la dégradation de la situation sécuritaire et à l’absence de progrès économiques et sociaux en dépit de l’existence d’un gouvernement démocratiquement élu. L’échec des gouvernements civils élus à maintenir le contrôle effectif de vastes étendues du territoire national, au Mali et au Burkina Faso en particulier, fut le prétexte idéal pour que l’armée s’empare du pouvoir politique. Au-delà de ceux qui tiennent actuellement les rênes du gouvernement, les militaires exerceront vraisemblablement une forte influence sur le pouvoir politique dans la région pour plusieurs années à venir.

Le Sahel paie déjà un lourd tribut aux crises des dix dernières années, en particulier sur le plan de l’éducation. Avec la fermeture des écoles, les déplacements internes et l’appauvrissement des familles démunies, la génération actuelle d’adolescents et d’enfants a acquis peu de connaissances et d’aptitudes utiles au quotidien, et ces jeunes risquent de sombrer dans la criminalité et le terrorisme. La détérioration des conditions de vie ne fera que prolonger les crises sécuritaires et politiques dans la région, et aggraver ses fragilités.

L’histoire compte

Bien que la situation au Sahel se soit considérablement dégradée depuis 2012, la fragilité du Mali, du Burkina Faso et du Niger est directement liée à leur difficile construction (y compris celle de leurs institutions politiques, économiques et sociales, dont la structure est héritée de l’ère coloniale française).

Outre les séquelles de la colonisation, les pays du Sahel ont un autre dénominateur commun. Au regard des frontières actuelles, ils sont tous de jeunes États indépendants. Cela ne fait que quelques dizaines d’années que ces pays ont entamé la construction d’institutions politiques qui doivent inspirer confiance à une population d’une grande diversité ethnique, culturelle et linguistique. Les résultats de ce chantier ont été mitigés.

De plus, les crises économiques et financières de la fin des années 80 et des années 90, suivies d’une période de stabilisation macroéconomique et d’ajustement structurel dans la région, ont sérieusement entravé l’établissement d’États compétents en réduisant considérablement leur potentiel d’action et en les rendant tributaires des institutions internationales. Le multipartisme et les élections pluralistes avaient fait leur retour dans plusieurs pays. Toutefois, les bases du processus de démocratisation étaient fragiles et les dispositions constitutionnelles ne se sont pas toujours concrétisées dans la pratique politique.

Les prisons du pouvoir

Dans un article sur l’économie politique du Niger publié en 2015, l’anthropologue franco-nigérien Jean-Pierre Olivier de Sardan livre ses réflexions sur les raisons qui poussent les pays à tomber dans le piège de la mauvaise gouvernance et de l’instabilité. Il existe selon lui quatre « prisons du pouvoir » qui ont pour gardiens respectifs : les grands commerçants ; les militants, alliés et courtisans ; les bureaucrates ; et les experts internationaux.

« Celui qui arrive au pouvoir doit satisfaire aux exigences de nombreux groupes d’intérêt, écrit Olivier de Sardan, le président élu attribue des ministères aux partis qui l’ont aidé à remporter les élections, les ministres doivent à leur tour distribuer des postes aux militants, et ces derniers trouveront également de petites récompenses pour d’autres militants sous la forme de contrats de prestations de services ou de petits contrats d’approvisionnement. »

Les grands commerçants qui exercent une influence politique attendent un rendement sur placement sous forme de protection, de « bienveillance » fiscale, de placement de leurs alliés à des postes stratégiques, ou de passations de marchés. Ils sont ainsi au cœur d’une corruption systémique, directement liée au coût toujours croissant des campagnes électorales dans un contexte de pauvreté généralisée.

Olivier de Sardan explique également comment les experts internationaux et le système d’aide internationale font partie intégrante de cette économie politique qui alimente des politiques publiques inefficaces et des résultats économiques décevants. « Le système de l’aide, que ce soit l’aide projet, l’aide sectorielle ou l’aide budgétaire (les trois restent mêlés), induit une dépendance malsaine et paralysante », écrit-il.

Ces liens entre les pratiques politiques corrompues, les dysfonctionnements de l’État, la mauvaise qualité des services publics et la stagnation des conditions de vie des populations ne sont pas propres au Sahel. Ils sont présents dans la plupart des États d’Afrique de l’Ouest et ailleurs, bien que l’ampleur et la complexité de cette mainmise sur les institutions et les opportunités économiques par les groupes d’intérêt varient d’un pays à un autre. Les crises sécuritaires, qui résultent en partie de résultats mitigés dans la mise en place d’institutions et le développement de l’économie, ajoutent une couche supplémentaire de complexité.

Investir dans les institutions et le capital humain

Pour restreindre l’accaparement de l’État par les quelques groupes qui abusent de leur proximité avec les détenteurs de pouvoir politique, il faut renforcer les institutions en privilégiant l’efficacité et l’intégrité. Les actions proposées par le groupe de réflexion ouest-africain WATHI, que je dirige, comprennent le renforcement des institutions qui contrôlent l’utilisation des ressources publiques et la lutte contre la corruption, tout en institutionnalisant la participation citoyenne au débat sur les politiques publiques en tant que composante essentielle de la gouvernance démocratique. Nous recommandons aussi d’adopter une démarche institutionnelle délibérée visant à réduire les inégalités entre territoires au sein des pays en suivant les progrès réalisés en matière de prestation de services publics.

Il est essentiel d’aider les pays du Sahel à devenir plus stables pour assurer un développement économique durable sur une vaste partie du continent africain. En dépit de la pandémie de COVID-19 et de la guerre en Ukraine, plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest (notamment le Bénin, la Côte d’Ivoire et le Sénégal) ont connu une croissance économique remarquable ces dernières années. Toutefois, la pérennité de cette croissance dépend du maintien de la sécurité sur leurs territoires et de la perception du risque, qui est affectée par la situation au Sahel.

Les institutions financières internationales doivent prêter une plus grande attention au contexte local dans chaque pays et aux effets négatifs des interventions extérieures, en particulier dans le Sahel. Ces institutions doivent notamment coopérer avec les pays de la région pour privilégier les investissements et les réformes en matière d’éducation et de formation professionnelle. C’est ce qui permettra de dynamiser les économies locales basées sur la production agricole, l’élevage du bétail et la transformation à petite échelle des ressources naturelles.

Dans toute l’Afrique de l’Ouest, le progrès économique et social durable, qui se distingue de la croissance économique à court terme, dépend d’une réorientation de l’action vers le développement d’institutions et l’investissement dans le capital humain.

GILLES YABI est le fondateur et le directeur exécutif de WATHI, le think tank citoyen de l’Afrique de l’Ouest, et chercheur non résident pour le programme Afrique du Carnegie Endowment for International Peace.




Les pays émergents sur la scène mondiale

Les pays émergents tiennent à la fois les rênes de la croissance future et les clés de l’avenir du multilatéralisme.

Avec le repli sur soi de plus en plus prononcé des pays avancés, les pays émergents ont un grand rôle à jouer dans la lutte contre la fragmentation économique mondiale.

Après avoir gagné à la fois en taille et en stature économique dans le monde, grâce à une intégration de plus en plus poussée et à des réformes atteintes de haute lutte, les pays émergents sont non seulement un élément incontournable de la scène économique mondiale, mais devraient également être les défenseurs naturels de l’approche multilatérale.

Compte tenu du développement de leur empreinte mondiale, il peut paraître étrange de parler encore du concept de « marchés émergents ». Jusqu’en 1980, le FMI répartissait les pays en deux groupes : une petite poignée de « pays industrialisés » riches en capital, aisés et « adultes », et une majorité de « pays en développement » riches en main-d’œuvre, plus pauvres et « encore en croissance ». En 1981, un audacieux membre des services de la Société financière internationale, Antoine van Agtmael, a inventé l’expression « marché émergent » pour susciter l’intérêt dans un nouveau fonds d’investissement rassemblant 10 pays en développement prometteurs.

Ce qualificatif, qui évoque dynamisme, potentiel et promesses, s’est maintenu. Et il a donné naissance à une catégorie d’actifs bien précise et à nombre d’indices, notamment l’indice boursier MSCI des marchés émergents, apparu en 1988, et l’indice obligataire des marchés émergents de JP Morgan, créé en 1991. Ces indices ont permis aux investisseurs de se familiariser avec ces cadets de l’économie mondiale, à mesure qu’ils ont traversé des difficultés de croissance, subi des chocs extérieurs et fait face à des crises monétaires, à la contagion financière, à des arrêts soudains et à des accélérations de croissance.

Nombre de pays émergents, toutefois, sont en train de dépasser à la fois l’expression et le stéréotype, compte tenu de leur influence mondiale et de la crédibilité et sophistication croissantes de leurs politiques publiques, ce qui soulève plusieurs questions : que faut-il à ces pays pour qu’ils finissent par émerger ? Et cela a-t-il un effet sur leur place dans l’économie mondiale ?

Une influence croissante au niveau mondial

La façon dont sont perçus les pays émergents repose inévitablement sur l’histoire de leurs origines économiques et politiques, qui sont non seulement assez turbulentes, mais aussi plus récentes. Après les troubles des années 70 et 80, l’adhésion de la Chine à l’Organisation mondiale du commerce, en 2001, a ouvert la porte à une période de formidable croissance des pays émergents, jusqu’à la crise financière mondiale. Le développement de la Chine a accéléré la mondialisation et déclenché un super-cycle des produits de base, qui a stimulé l’activité mondiale et enrichi les pays émergents exportateurs de ces produits.

Après 2010, la situation a changé du tout au tout pour les pays émergents, en particulier pour les pays exportateurs de produits de base. Rien qu’en Chine, la croissance annuelle du PIB a ralenti de 4,6 points de pourcentage entre 2010 et 2019 et devrait s’établir juste au-dessus de 3 % d’ici 2029. À cela s’ajoutent les répercussions mondiales de la pandémie, les nouveaux conflits, les chocs sur les produits de base, le repli des capitaux mondiaux et l’escalade des tensions géopolitiques.

Toutefois, les pays émergents ne sont pas les otages involontaires des évolutions mondiales comme ils l’ont été à une époque. Au contraire, une récente étude du FMI démontre que les pays émergents ont désormais une influence croissante tant sur le plan local que mondial. Les retombées des chocs intérieurs sur la croissance dans ces pays se sont non seulement intensifiées ces 20 dernières années, mais sont désormais comparables à celles des pays avancés.

Les pays émergents ne sont pas les otages des évolutions mondiales comme ils l’ont été à une époque.

En conséquence, les pays émergents tiennent vraiment les rênes en matière de croissance mondiale, qu’il s’agisse des hauts ou des bas. Les résultats des pays émergents membres du Groupe des Vingt (G20) représentaient près des deux tiers de la croissance mondiale l’an dernier. Le repli des perspectives dans ces mêmes pays a également été à l’origine de plus de la moitié de la baisse de près de 2 points de pourcentage des perspectives de croissance à moyen terme depuis la crise financière mondiale. Ce poids ne va vraisemblablement qu’augmenter.

 

En outre, bien que la Chine continue d’avoir une grande influence sur l’économie mondiale, les pays émergents sont de moins en moins tributaires des perspectives de ce pays. La résilience dont ils font preuve récemment peut aussi s’expliquer par une amélioration générale des fondamentaux (amélioration des soldes des transactions courantes, baisse de la dette libellée en dollars et hausse des réserves, par exemple) et par un renforcement des dispositifs de politiques monétaire et budgétaire. Avec la transition climatique qui met en évidence l’écart entre l’offre et la demande de minéraux critiques tels que le cuivre et le nickel, la fragmentation des échanges et la diversification au lendemain de la pandémie signifient que l’importance des marchés émergents sur les chaînes d’approvisionnement mondiales est appelée à s’amplifier.

Convergence vers le statut de pays avancés

Malgré leur influence croissante au niveau mondial et les augmentations de revenus et de richesse qu’ils ont obtenues pour leurs populations, tous ces pays émergents ont vu le passage à la liste A (pays avancés) rester inaccessible, à l’exception d’une poignée d’entre eux. Être un pays émergent revient à être laissé dans l’expectative sans voir clairement la fin du processus (d’émergence) et quelque peu négligé sur la scène mondiale.

Le FMI a ajouté le concept de « pays avancé » à son lexique dans son édition de mai 1997 des Perspectives de l’économie mondiale, en regroupant les quatre pays nouvellement industrialisés d’Asie de l’Est et Israël avec les 23 « pays industrialisés » de l’époque, en fonction plus ou moins de niveaux de revenus par habitant comparables, d’un bon développement des marchés financiers, d’un niveau élevé d’intermédiation financière, d’une diversification des structures économiques avec un secteur des services relativement important et en croissance rapide, et d’une baisse de l’emploi dans le secteur manufacturier. Depuis lors, seuls 13 autres pays ont rejoint leurs rangs, tous d’Europe, à l’exception de la Région administrative spéciale de Macao et Puerto Rico — tandis que le groupe dans son ensemble a vu sa part de l’activité mondiale diminuer de 75 à 60 %.

Comment ces pays ont-ils réussi ? Deux modèles se dégagent : premièrement, celui des « tigres asiatiques », qui ont connu une industrialisation rapide axée sur les exportations (comme au Japon) grâce à l’intervention de l’État pour développer des avantages comparatifs dans certains secteurs (tels que le textile dans la Région administrative spéciale de Hong Kong, et les industries lourdes et chimiques en Corée). Deuxièmement, l’exemple des pays d’Europe centrale et orientale qui ont mené de vastes réformes institutionnelles fondées sur l’adhésion à l’Union européenne et connu des entrées de capitaux extérieurs. Dans ce contexte, l’étape suivante consistant à rejoindre la zone euro en répondant aux quatre critères de convergence économique a garanti également l’accès automatique à la liste A, celle des pays avancés.

Et c’est bien là le problème (dans les deux cas) : le fait d’avoir émergé signifie avoir convergé. Pour y parvenir — même en créant un avantage comparatif dans un seul maillon des chaînes de valeur mondiales —, il faut de grandes quantités de capitaux provenant de l’épargne intérieure ou extérieure, et reposant sur une structure cohérente de politiques publiques, capable de survivre au cycle politique. En théorie, les pays émergents et les pays en développement devraient attirer les capitaux extérieurs comme des aimants, car leur assise financière plus limitée et leur fort potentiel de croissance donnent lieu à des rendements réels attrayants. Dans la pratique, nous sommes face au paradoxe de Lucas : l’observation que les capitaux ne circulent pas des pays riches vers les pays pauvres. Au contraire, la convergence a besoin d’un financement intérieur, à moins que ne soient disponibles des injections de capitaux de l’ampleur de celles du plan Marshall. Dans la mesure où cela est assez difficile à obtenir, nombre de pays émergents et de pays en développement se retrouvent à la merci de mouvements de capitaux internationaux volatiles, dans un contexte marqué par une gouvernance fragile et des systèmes financiers peu développés.

L’enveloppe du multilatéralisme

Or même si les pays émergents n’atteignent toujours pas les normes des pays avancés, cette répartition dans ces deux catégories de pays semble de moins en moins pertinente ces dernières années. L’intégration de plus en plus poussée des pays émergents dans l’économie mondiale et rien que leur taille, aussi bien en matière de PIB que de population, ainsi que leur diversité signifient qu’ils sont désormais tout aussi importants et tout aussi systémiques que la plupart des pays avancés. Le fait que plusieurs pays avancés reviennent à des politiques de repli sur soi renforce cette idée : les pays émergents ne sont plus des spectateurs, mais ont tout intérêt à ce que réussisse l’approche multilatérale. Après tout, la mondialisation, la coopération et les mouvements ininterrompus de biens, de services, de capitaux et de savoir-faire ont été et resteront indispensables à leur croissance, leur productivité, leur innovation et leur lutte contre la pauvreté.

Bien entendu, un certain nombre des plus grands pays émergents exercent déjà leurs droits économiques mondiaux dans le cadre du G20, seul groupe de pays avec un G majuscule indifférent à la dichotomie entre pays émergents et pays avancés. Dans la mesure où sur les 10 présidences récentes du groupe, sept ont été occupées par des pays émergents, et avec l’Afrique du Sud sur le point de reprendre le flambeau en 2025, ces pays ont réussi à promouvoir des enjeux qu’ils considèrent comme des priorités d’une importance macroéconomique tant nationale que mondiale : par exemple, inclusion et investissement (Türkiye, 2015) ; innovation et diffusion des technologies (Chine, 2016) ; avenir du travail, des infrastructures et de l’alimentation durable (Argentine, 2018) ; autonomisation des femmes et des jeunes (Arabie saoudite, 2020) ; productivité et résilience (Indonésie, 2022) ; développement vert et infrastructures publiques numériques (Inde, 2023) ; et inégalités, accroissement des recettes, et gouvernance mondiale (Brésil, 2024).

Cependant, tout comme le font les pays émergents qui s’impliquent de plus en plus, les organisations internationales aussi doivent s’impliquer davantage auprès d’eux dans l’intérêt du monde entier. Le FMI, par exemple, doit continuer d’adapter ses conseils en politiques publiques aux circonstances de chaque pays. Il faut pour cela mieux comprendre les pays émergents et mieux connaître leurs problématiques. Le FMI doit également revoir ses ressources et ses instruments de prêts — actifs et de précaution, financiers et non financiers — pour assurer que le dispositif mondial de protection financière soit correctement financé et proposer une série d’outils adaptés aux pays émergents d’une importance systémique. Et leur place croissante doit être légitimée dans la gouvernance mondiale.

Malgré leur qualificatif, les pays émergents sont désormais au cœur de l’élaboration des politiques publiques et de la croissance mondiales. À un moment où la conjoncture économique du monde est de plus en plus incertaine et où les politiques publiques sont de plus en plus sélectives, les organisations internationales peuvent se reposer davantage sur ces alliés naturels, qui ont de plus en plus intérêt à entretenir la flamme du multilatéralisme, afin de relever les considérables défis auxquels nous sommes confrontés dans le monde.

AQIB ASLAM est chef de division au département des études du FMI et PETYA KOEVA BROOKS est directrice adjointe au département des études du FMI.




Achèvement de la première étape du PDL-145T au cœur des discussions RDC-PNUD à New York

Le Vice-Premier Ministre, Ministre en charge du Plan, Guylain Nyembo et le Ministre des Finances, Doudou Fwamba Likunde Li-Botayi, ont échangé ce mardi 24 septembre à New York, aux États-Unis, avec la directrice du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD). Les discussions ont porté sur le partenariat entre la République Démocratique du Congo et cette organisation des Nations Unies. Les deux parties ont évoqué l’état d’avancement des travaux dans le cadre du Programme de Développement Local des 145 territoires (PDL-145T), dont le PNUD est l’une des trois agences d’exécution.

Au cours de cet entretien de haut niveau, le ministre des Finances a fait part à la Directrice du PNUD des exigences du Gouvernement congolais dans le cadre de ce partenariat. Il s’agit, entre autres, d’accélérer la finalisation des ouvrages restants avant le 31 décembre de l’année en cours, avant de lancer le deuxième volet du programme, principalement centré sur les routes de desserte agricole.

Pour sa part, la directrice du PNUD a rassuré les autorités congolaises de la volonté et de la disponibilité de son institution à accompagner les projets visant à améliorer les conditions de vie de la population de la RDC dans son ensemble.

À ce jour, il convient de préciser que le taux d’avancement des travaux est évalué à 84,1%. La satisfaction de toutes les parties prenantes est justifiée par cela.

Pour rappel, le Programme de Développement Local des 145 territoires (PDL-145T) est une initiative ambitieuse du Chef de l’État, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, visant à lutter contre la pauvreté, les inégalités et à promouvoir le développement dans les 145 territoires du pays. Les premiers volets du programme concernent la construction, la réhabilitation et l’équipement d’écoles, de centres de santé et de bâtiments administratifs, ainsi que la réhabilitation des routes de desserte agricole.

Au terme de cette réunion, les autorités congolaises ont annoncé l’organisation d’une table ronde axée sur les investissements, à laquelle seront conviés les bailleurs de fonds et les investisseurs du secteur privé.

 




La prospérité de masse et le dynamisme économique

En renouant avec les valeurs modernes, nous pourrons inverser le ralentissement de l’innovation et de ses retombées positives.

Pourquoi certaines nations connaissent-elles la prospérité de masse et d’autres non ? Pourquoi plusieurs nations occidentales –– d’abord le Royaume-Uni, puis les États-Unis, la France et l’Allemagne –– ont-elles vécu une remarquable période d’innovation, de croissance économique et de progrès humain à partir de 1890 environ ? Et pourquoi l’innovation s’est-elle essoufflée plus ou moins à partir des années 70 ?

La thèse que je développe dans mon livre La Prospérité de masse, paru en 2013, et qui est mise à l’épreuve dans la suite parue en 2020, intitulée Dynamism: The Values That Drive Innovation, Job Satisfaction, and Economic Growth (« Dynamisme : les valeurs qui favorisent l’innovation, la satisfaction au travail et la croissance économique »), est que les nations performantes sont celles qui ont développé un plus grand dynamisme –– c’est-à-dire le désir et la capacité chez leur population d’innover. La force derrière ce dynamisme de l’innovation, qui a poussé un grand nombre de personnes à concevoir des nouveautés, a été le développement et la diffusion de certaines valeurs modernes : l’individualisme, le vitalisme et un désir d’expression de soi.

L’individualisme (à ne pas confondre avec l’égoïsme) est le désir de jouir d’une certaine indépendance et de suivre sa propre voie. Ses origines remontent à la Renaissance. Au XVe siècle, le philosophe italien Giovanni Pico della Mirandola avançait que si Dieu a créé l’être humain à son image, alors nous devons, dans une certaine mesure, être doués de sa créativité. Autrement dit, Pico pressentait une sorte d’individualisme en tant que point de départ du développement de chacun. Martin Luther contribua à répandre cet esprit d’individualisme en soutenant, lors de la Réforme, qu’il appartenait à chacun de lire et d’interpréter la Bible. D’autres penseurs encore se sont faits le porte-voix de l’individualisme, par exemple Ralph Waldo Emerson avec sa notion de confiance en soi, ou encore George Eliot, qui incarnait l’esprit de rupture avec les conventions.

Le vitalisme, quant à lui, traduit l’idée que le fait de prendre l’initiative d’« agir sur le monde », pour reprendre la terminologie du philosophe allemand Georg Wilhelm Friedrich Hegel, nous fait nous sentir vivants, dans la délectation de nos découvertes et de nos entreprises dans l’inconnu. Un esprit vitaliste a déferlé sur l’Italie, puis la France, l’Espagne et, plus tard, la Grande-Bretagne, pendant la période des Grandes découvertes, du XVe au XVIIe siècle. On le retrouve dans l’œuvre du grand sculpteur Benvenuto Cellini, assoiffé de compétition, dans le Don Quichotte de Cervantès, quand Sancho Panza, privé de défis, va jusqu’à lutter contre des obstacles imaginaires pour avoir l’impression d’accomplir quelque chose, et plus tard chez le philosophe français Henri Bergson, pour lequel les individus stimulés par les courants de la vie, impliqués dans des projets qui les mettent au défi, se transforment dans le cadre d’un processus de « devenir ».

L’expression de soi, enfin, renvoie à la satisfaction que nous procure le recours à notre imagination et à notre créativité –– l’expression de nos pensées, la démonstration de nos talents. Lorsque, pris d’inspiration, on imagine ou on crée quelque chose de nouveau ou une nouvelle façon de faire, on peut révéler une part de notre être profond.

Les valeurs modernes

Les économies modernes se sont formées dans les nations où les valeurs modernes ont émergé. Ces économies avaient pour moteur intrinsèque le discernement, l’intuition et l’imagination de populations modernes –– des populations qui, comme j’aime à le dire, étaient essentiellement composées de personnes ordinaires travaillant dans différents secteurs. Chez ces nations dynamiques, ce n’était pas seulement le taux d’innovation qui était plus élevé, c’étaient aussi les degrés de satisfaction au travail et de bonheur lié aux aspects gratifiants non pécuniaires tels que le sentiment d’accomplissement ou le fait d’utiliser son imagination pour créer des choses nouvelles ou surmonter des difficultés. Ces nations étaient propices à la prospérité de masse.

Au contraire, dans les sociétés où prévalaient des valeurs traditionnelles comme le conformisme, la crainte de prendre des risques, les services rendus à autrui et l’attention portée aux gains matériels plutôt qu’aux gains de l’expérience, le dynamisme était rare, et l’innovation et la satisfaction au travail étaient moins fréquents.

Ai-je des preuves à l’appui de ma théorie ? Dans Dynamism, les calculs de l’un de mes coauteurs, Raicho Bojilov, révèlent que pendant à peu près un siècle, l’innovation était constamment abondante dans certains pays et rare dans d’autres. Pendant la période de forte innovation qui a suivi la Seconde Guerre mondiale (et qui est comparable de ce point de vue à celle qui s’étend des années 1870 à la Première Guerre mondiale), le taux d’innovation endogène était particulièrement élevé aux États-Unis (1,02), au Royaume-Uni (0,76) et en Finlande (0,55), mais particulièrement faible en Allemagne (0,42), en Italie (0,40) et en France (0,32).

L’analyse de 20 pays de l’Organisation pour la coopération et le développement économiques réalisée par un autre coauteur, Gylfi Zoega, montre que les pays dont la population adhère fortement aux valeurs modernes –– les États-Unis, l’Irlande, l’Australie, le Danemark et, dans une moindre mesure, la Suisse, l’Autriche, le Royaume-Uni, la Finlande et l’Italie –– présentent un taux d’innovation endogène relativement élevé, conformément à ma théorie.

Gylfi Zoega démontre également par les statistiques que les valeurs ont de l’importance. Il constate que non seulement la confiance –– valeur qui n’est ni moderne ni traditionnelle à mon avis –– est importante, mais aussi « la volonté de prendre des initiatives, le désir de réussir dans son travail, l’enseignement aux enfants de l’indépendance et l’acceptation de la concurrence contribuent à la performance économique (…) mesurée par la croissance de la PTF (productivité totale des facteurs), la satisfaction au travail, la participation des hommes à la vie active, et l’emploi ». Au contraire, lorsque l’on enseigne aux enfants l’obéissance, on réduit la performance économique.

Malheureusement, cette croissance autrefois spectaculaire s’est essoufflée. Selon les calculs de Raicho Bojilov, la croissance cumulée de la PTF aux États-Unis sur 20 ans est passée de 0,381 sur la période 1919–39 à 0,446 pour 1950–70, puis à 0,243 pour 1970–90 et 0,302 pour 1990–2010.

Ce ralentissement de l’innovation et de la croissance ne signifie pas qu’il n’y ait pas eu d’innovation depuis les années 70 –– citons par exemple les progrès phénoménaux de l’intelligence artificielle (IA), ou encore les véhicules électriques. Cependant, la plupart de ces innovations proviennent du berceau des technologies de pointe en Californie, la Silicon Valley, qui ne représente qu’une petite partie de l’économie : selon les estimations récentes de Daron Acemoglu, économiste au Massachusetts Institute of Technology (MIT), l’augmentation de la production économique des États-Unis permise par l’IA ne dépassera pas 1 % au cours des dix prochaines années.

La disparition de l’innovation

Le coût économique pour l’Occident de la disparition de l’innovation est considérable. La quasi-stagnation des salaires qui en découle nuit au moral des travailleurs, qui ont grandi dans la croyance que leur salaire augmenterait suffisamment pour leur assurer un niveau de vie meilleur que celui de leurs parents. Les investissements de capitaux se heurtent à des retours toujours plus faibles qui ne sont plus compensés par des progrès techniques impressionnants, ce qui décourage en grande partie la formation de capital. Les taux d’intérêt réels se sont affaissés, et le prix de bon nombre de biens, immobiliers notamment, n’a cessé d’augmenter de 1973 à 2019, rendant plus difficile que jamais l’accession à la propriété.

Le coût social est lui aussi très important. Selon les données de l’Enquête sociale générale des États-Unis, la satisfaction au travail dans le pays est en diminution constante depuis 1972. Dans le livre Morts de désespoir, Anne Case et Angus Deaton exposent des données montrant la flambée du désespoir en Amérique et établissent un lien entre cette situation et l’évolution de l’économie.

Je suis convaincu que le déclin de l’innovation et de ses retombées positives est imputable en grande partie à l’effritement de ces valeurs modernes qui alimentent le dynamisme de la population. Comme je l’explique dans La Prospérité de masse, l’essor épouvantable de la « culture de l’argent », pour reprendre un terme du philosophe américain John Dewey, est de nature à affaiblir le dynamisme d’une nation.

Je trouve encourageant que d’autres souhaitent développer mes idées sur le rétablissement du dynamisme économique. Ainsi, Melissa Kearney, directrice de l’Aspen Economic Strategy Group, a réorienté vers le renforcement du dynamisme les recherches de l’organisation, autrefois concentrées sur la résilience.

Il sera ardu de renouer avec ces valeurs et d’inverser le ralentissement de l’innovation. Il faudra que les économistes façonnent une économie hautement dynamique qui permette l’accès à la prospérité de masse à partir des classes populaires.

EDMUND PHELPS est professeur émérite McVickar en économie politique à l’Université Columbia. Il s’est vu décerner en 2006 le Prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel.




Economie et contes de fées

Keynes voyait dans les idéaux des institutions de Bretton Woods une victoire de l’esprit humain

L’un des discours les plus enjoués qu’ait prononcés John Maynard Keynes au cours de ses trente années de vie publique fut également l’un de ses derniers. À Savannah, en Géorgie, dans la tiédeur de l’hiver finissant, Keynes demanda un jour à son auditoire d’économistes, de juristes et de diplomates, assemblé au beau milieu des guirlandes de mousse espagnole, de penser un instant aux fées de « La Belle au bois dormant ».

Que pourrait-on bien demander à ces esprits bienveillants lors du « baptême » de ses « jumeaux » bien-aimés, la Banque mondiale et le Fonds monétaire international ? Il espérait trois présents de circonstance. Premièrement, un manteau bigarré, pour que les deux nouvelles institutions n’oublient jamais qu’elles appartiennent au monde entier. Deuxièmement, un cocktail de vitamines, pour les rendre énergiques et intrépides. Enfin, le don de sagesse, de patience et de discrétion, pour gagner la confiance des populations dans le besoin.

Bien que cela ait pu échapper à son auditoire, l’invocation de « La Belle au bois dormant » était davantage qu’une vue de l’esprit pour Keynes ; il s’agissait d’une allusion littéraire visant à réaffirmer ce qu’il considérait comme la raison d’être profonde de ce qu’il est convenu d’appeler les institutions de Bretton Woods. Avant que Walt Disney ne l’adapte au cinéma en 1959, la version la plus connue de « La Belle au bois dormant » était le somptueux ballet du compositeur russe Tchaïkovski, inspiré d’un conte allemand des frères Grimm, qui en avaient emprunté la trame à un récit populaire médiéval français. Aucune nation ne pouvait en revendiquer la paternité exclusive : l’intemporalité de l’histoire était un produit de son internationalisme.

Fraternité humaine

Au moins pour Keynes, le FMI et la Banque mondiale incarnaient un idéal géopolitique plus précieux qu’une quelconque motion d’ordre technique ou administratif. En effet, il voyait dans les institutions de Bretton Woods une victoire de l’esprit humain, alors même que nombre de ses propres propositions furent rejetées durant les multiples cycles de négociations. En 1944, à l’issue de la conférence organisée dans les montagnes du New Hampshire, il fit part à Richard Hopkins, responsable du Trésor britannique, de son engouement pour ce qu’il considérait comme une expérience de coopération internationale remarquablement réussie. Il déclara à la conférence que les pays avaient appris à travailler ensemble. S’ils pouvaient continuer ainsi, le cauchemar dans lequel la plupart des participants avaient passé une trop grande partie de leur vie prendrait fin. La fraternité humaine deviendrait davantage qu’un simple mot.

L’une des grandes épreuves intellectuelles auxquelles Keynes fit face au cours des quinze dernières années de sa vie fut de faire comprendre aux économistes que la théorie de l’avantage comparatif de David Ricardo ne se substituait pas à ce mode de coopération, de réciprocité et d’échange culturel. L’économie mondiale ne consistait pas en deux produits, comme dans le célèbre raisonnement de Ricardo, et les progrès technologiques avaient réduit l’importance des gains d’efficacité que pouvait générer la libéralisation des échanges commerciaux. Quand, à Bretton Woods, le secrétaire d’État des États-Unis, Cordell Hull, prétendit que le libre-échange était la solution aux ravages de la guerre, Keynes railla ce qu’il estimait être les propositions folles de M. Hull. Ce qui comptait, de manière générale, ce n’était pas tant de supprimer les droits de douane que de préserver un certain équilibre et de reconnaître que tous les pays n’avaient pas les mêmes besoins de développement.

Pour relever les défis de notre siècle, les pouvoirs publics ne peuvent pas se contenter de s’inspirer des instruments employés ces dernières décennies.

À la fin des années 40, il était nécessaire de reconstruire les régions dévastées par la guerre et d’industrialiser les pays pauvres, qui avaient été exclus de la croissance fulgurante dont l’Europe et les États-Unis avaient bénéficié depuis le début du siècle. Les importations bon marché pouvaient permettre aux pays de se procurer des biens qu’ils ne pouvaient pas produire eux-mêmes, mais la mise en place de droits de douane pouvait également les aider à développer ou à reconstruire leurs secteurs industriels endommagés par la guerre. Selon Keynes, aucune loi d’airain ne pouvait dicter quel choix était le plus judicieux dans telle ou telle circonstance.

Aujourd’hui, la crise climatique a créé de nouveaux besoins en matière de développement, même pour les pays les plus riches. Aucune nation ne peut espérer atténuer la menace qui pèse sur la planète sans rapidement mettre au point et déployer de nouvelles technologies propres. Pour relever les défis de notre siècle, les pouvoirs publics ne peuvent pas se contenter de s’inspirer des instruments employés ces dernières décennies. Cela est particulièrement vrai en matière de commerce international : désormais, les droits de douane, les subventions et les entreprises publiques — si souvent décriés par les économistes, qui y voient des obstacles à l’innovation et à la concurrence — joueront certainement un rôle essentiel dans le développement et le bon fonctionnement d’un marché industriel mondial respectueux de l’environnement. Pour l’instant, les technologies vertes représentent un secteur naissant qui nécessite beaucoup plus de protection que de discipline.

Principes et platitudes

La plus grande crainte que nourrissait Keynes au sujet du FMI et de la Banque mondiale — qu’il exprima implicitement dans son discours de Savannah, lorsqu’il fit référence à la méchante fée Carabosse, et plus explicitement dans les dépêches qu’il envoya en Angleterre — était que les « jumeaux » ne deviennent des instruments de la puissance américaine plutôt que des organismes internationaux véritablement indépendants. Finalement, en raison du refus de l’Union soviétique de ratifier les accords de Bretton Woods, la Banque mondiale et le FMI se sont retrouvés à ne représenter qu’un seul des deux camps qui s’affrontèrent pendant la guerre froide. En l’absence de certaines formes d’interventions et de protections dans les échanges commerciaux, les principes de l’avantage comparatif ricardien favoriseront toujours les premiers entrants dans le domaine des technologies vertes, et seules quelques nations privilégiées récolteront tous les fruits du développement. Dans de telles conditions, la domination de quelques-uns remplacera la coopération entre tous.

Il ne tient qu’à nous de construire l’avenir que nous souhaitons. En aidant leurs différents pays membres à mettre en œuvre une large palette de politiques économiques dans le but de maîtriser de nouvelles technologies et d’acquérir de nouvelles compétences, les institutions de Bretton Woods peuvent être un vecteur de transformations, non seulement dans la lutte contre le changement climatique, mais aussi au service de la concorde internationale. C’est un rôle que seules des institutions internationales peuvent jouer avec quelque chance de succès.

À Savannah, Keynes était conscient que ses propos sur la coordination et la coopération internationales relevaient d’un vœu pieu, extrêmement difficile à réaliser. Il est souvent difficile de distinguer, à première vue, les grands principes des vaines platitudes ; les grands idéaux ne se révèlent qu’à force de persévérance dans les discours et de dévouement dans les actes. Cela sera particulièrement vrai pour la mise en œuvre d’une politique de développement respectueuse du climat, qui se fonde sur de rares principes universels, mais comporte des paramètres particuliers d’une grande complexité. Une solution judicieuse pour un certain pays ou une technologie donnée ne le sera pas nécessairement pour d’autres. Cependant, si une institution internationale peut exister pendant 80 ans et survivre à la guerre froide et au XXe siècle, alors il n’est pas déraisonnable d’espérer qu’elle puisse servir d’enceinte de coopération innovante au cours des 80 prochaines années. Comme Keynes à Savannah, souhaitons que cela soit de bon augure, quoi qu’en décident les fées.

 

 

ZACHARY CARTER est chercheur associé au Carnergie Endowment for International Peace et auteur de l’ouvrage The Price of Peace: Money, Democracy, and the Life of John Maynard Keynes.




ONU: Entretiens à New York entre M. Akhannouch et le président du gouvernement espagnol

Le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch a eu, mardi à New York, des entretiens avec le président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez.

Tenus en marge de la 79è session de l’Assemblée générale de l’ONU, ces entretiens se sont déroulés en présence du ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita et du ministre espagnol des Affaires étrangères, de l’Union européenne et de la coopération, José Manuel Albares.

Les discussions entre les deux parties ont porté notamment sur les moyens de raffermir davantage les relations entre Rabat et Madrid, ainsi que sur les questions régionales et internationales d’intérêt commun.

Mapexpress.ma

 

 

 




ONU: Sao-Tomé-Et-Principe réaffirme son soutien à l’intégrité territoriale et à la souveraineté du Maroc sur son Sahara

Le ministre des Affaires étrangères, des affaires internationales, du Commerce et de l’Energie de la République de Sao-Tomé-Et-Principe, Gareth Guadalupe, a réitéré, mardi à New York, la position constante de son pays en faveur de la souveraineté du Maroc sur son Sahara et de l’intégrité territoriale du Royaume.

Le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita, et son homologue de Sao-Tomé-Et-Principe ont procédé ce mardi à la signature d’un communiqué conjoint entre les deux pays, à l’issue d’une réunion en marge de la 79ème session de l’Assemblée générale de l’ONU.

Dans ce communiqué, la République démocratique de Sao-Tomé-Et-Principe réaffirme son soutien à l’intégrité territoriale et à la souveraineté du Maroc sur l’ensemble de son territoire, y compris le Sahara marocain et réitère le soutien à l’initiative d’autonomie, présentée par le Royaume en 2007, comme la seule solution crédible, sérieuse et réaliste pour la résolution du différend autour du Sahara.

A cet égard, le ministre santoméen a salué les efforts des Nations Unies en tant que cadre exclusif pour parvenir à une solution réaliste, pratique et durable à ce différend régional.

Mapexpress.ma




RDC : Constant Mutamba lance les travaux de la Commission spéciale des réformes dans le secteur de la justice

Le ministre d’État en charge de la justice et garde des sceaux, Constant Mutamba reste déterminé à avoir une justice adaptée aux réalités congolaises en impliquant tous les acteurs sociaux , politiques et administratifs pour récolter les résultats escomptés.

Le patron de ce secteur a procédé ce mardi 24 septembre 2024, au lancement officiel des travaux de la Commission spéciale des reformes de quelques lois essentielles sur le système judiciaire, pénitentiaire, le Barreau, le Huissier et consort.

 

Dans son mot, allocution, le Patron de la Justice congolaise a posé un diagnostic inquiétant de l’état de la justice congolaise. Pour lui, la justice de son pays a présenté depuis de décennies ses limites causées par le manque de volonté de ceux qui sont sensés la faire appliquer et surtout, par la législation qui est désuète et parfois, non adaptée aux réalités de la vie sociale congolaise ainsi qu’au fonctionnement harmonieux de l’appareil judiciaire.

Il a préconisé que les travaux de cette commission soient accélérés et qu’ils impliquent toutes les couches sociales de la population dont, les Magistrats, les Experts du Gouvernement, de la Présidence, du Barreau, de la Chambre d’Huissiers de justice et les acteurs de la Société civile. Constant Mutamba a beaucoup insisté sur le fait qu’ils doivent réfléchir en apportant des solutions idoines pour la justice et non les nouvelles difficultés. Les portes du Bureau de la Commission sont ouvertes à tout congolais qui a un plus à apporter dans le secteur de la justice.

 

Cette cérémonie a connu la participation de plusieurs personnalités, notamment, le Procureur Général près la Cour Constitutionnelle, le Premier Président de la Cour de cassation, le Président de la Haute Cour militaire ainsi que le Conseiller Spécial du Chef de l’Etat en matière de sécurité.

 

 

Jonsard Mikanda




Chine: A la découverte du musée des guerriers et chevaux en terre cuite dans la ville de Xi’an

Les statues des guerriers et chevaux en terre cuite sont conservées dans le grand musée basé sur le parc des ruines du mausolée de Shihuangdi des Qin, situé dans le district de Lintong, à Xi’an, capitale de la province du Shaanxi. 

Ces statues avaient été érigées il y a deux mille ans (2000 ans) par l’empereur Qin en hommage aux soldats tombés sur le champ de bataille dans la guerre l’unification de la Chine.

La découverte de ce joyau qui est considérée aujourd’hui comme la « huitième merveille du monde », a été faite en 1974 par un paysan qui creusait un puits. Il s’en était suivi une opération d’assemblage car, certains chevaliers étaient en mauvais état, nous a expliqué une guide touristique.

Le site est subdivisé en trois compartiments, à savoir : la fosse 1 qui avait été découverte en premier en 1974, compte selon les estimations, 6000 soldats mais seulement 1300 sont exposés à ces jours. La 2è et 3e fosse ont été, elles, découvertes 2 ans plus tard soit en 1976. La 3e fosse est le centre de commandement et constitue la plus petite unité.

Le site des statues des guerriers et chevaux en terre cuite qui est géré par le bureau du patrimoine de la province du Shaanxi accueille 65 mille touristes par jour. En 2023, les autorités de la province du Shaanxi renseignent que 11 millions de touristes avaient visité ce musée. Cela constitue un poumon pour le tourisme local.

Ces chevaliers ont été exposés dans plus de 40 pays et 170 villes à travers le monde permettant ainsi de faire connaître l’ancienne et « glorieuse » civilisation chinoise afin de promouvoir l’échange culturel. Des coopérations entre les archéologues Chinois et internationaux existent pour la préservation de ce site.

Ce musée est reconnu comme l’une des grandes découvertes de l’archéologie du XXe siècle mais aussi comme le symbole spirituel de la civilisation chinoise ».

Derick Katola depuis la ville de Xi’an, capitale de la province de Shaanxi en Chine