Félix Tshisekedi aurait mieux fait d’approcher les acteurs impliqués dans les négociations ayant abouti à cet accord au lieu de se fier à des opportunistes qui squattent les médias (sécurocrates, diplomates, professeurs, membres des mouvements associatifs, etc.)
13 pages PDF, 16 articles. Le dernier est libellé « Le présent accord entre en vigueur à la date de sa signature ». Mention suivante : « Fait à Kinshasa, le 23 mars 2009 ». Les signataires sont Raymond Tshibanda, ministre de la Coopération Internationale et Régionale (pour le compte du Gouvernement) et Dr Désiré Kamanzi, président (pour le compte du Cndp). Les deux témoins extérieurs sont le tanzanien Benjamin William Mkapa, Co-facilitateur pour l’UA et la CIRGL et le nigérian Olusengun Obasanjo, Co-Facilitateur, Envoyé Spécial du Secrétaire Général de l’ONU pour les Grands Lacs. Chacune des 16 pages porte leurs paraphes…aiennent que la contribution du CNDP sur les sujets ci-dessus est à verser à la partie gouvernementale_».
5.5. _«En attendant la mise en place de la police de proximité, et afin d’assurer la sécurité des réfugiés et personnes déplacées rentrant dans leurs milieux, les parties conviennent de la mise en place, par le Gouvernement, d’une unité de police spéciale issue du processus d’intégration des éléments de la police du CNDP au sein de la Police Nationale Congolaise. Cette unité sera formée et équipée conformément aux exigences de maintien de l’ordre au niveau local_».
Administration du territoire
Article 8.1. _«Les parties conviennent que le rapprochement de l’administration des administrés est une exigence de bonne gouvernance_».
Article 8.2. _«Se fondant sur la nécessité d’une meilleure prise en compte possible des réalités sociologiques du pays, le CNDP a proposé un modèle de découpage du territoire national_».
Article 8.3. _«Il a été convenu *d’enregistrer la contribution du CNDP sur ce sujet comme un élément de réflexion* pour l’amélioration constante de l’efficacité de l’Administration du Territoire_».
Administration publique
Article 9.1. _«Les parties s’accordent sur le fait que l’administration devrait répondre aux besoins de proximité que ressentent souvent les populations locales_».
Article 9.2. _«Dans ce cadre, le CNDP a proposé que l’Administration publique soit prise en charge par des Agences Nationales techniquement et financièrement autonomes, quoique sous tutelle des Ministères_».
Article 9.3. _«Il a été convenu de verser cette contribution du CNDP à la partie gouvernementale pour enrichir les réflexions liées à la réforme de l’Administration publique en République Démocratique du Congo_».
Réforme de l’armée et des services de sécurité
Article 10.1. _«Les deux parties ont convenu qu’une réforme profonde de l’Armée et des Services de sécurité de la RDC constitue une priorité_».
Article 10.2. _«Le CNDP a proposé des orientations stratégiques pour une telle réforme_».
Article 10.3. _«Le Gouvernement, qui est conscient de cette nécessité et y travaille déjà, s’engage à inscrire la réforme de l’Armée et des Services en première ligne des activités à réaliser dans les meilleurs délais_».
Mode de scrutin (ou élection)
Article 11.1. _«Les parties conviennent de la nécessité d’une évaluation urgente, suivie d’une révision si nécessaire de la loi électorale, afin de permettre une représentativité la plus large possible, sans pour autant nuire à l’efficacité des institutions à tous les niveaux, et de renforcer les sanctions à l’endroit de ceux qui, pendant la campagne électorale, tiennent des discours sectaires et haineux_».
Article 11.2. _«Une proposition en ce sens est *versée par le CNDP à la partie gouvernementale* pour transmission à la Commission électorale nationale indépendante_».
Rien ne pouvait a l’époque justifier la création du M23
Observation à faire d’emblée : aux articles 14 et 15, les parties ont prévu la mise en place d’un Comité national et d’un Comité international de suivi pour une durée respective est de trois mois avec possibilité de renouvellement. Du premier, il est indiqué qu’il s’agit d’un Comité national paritaire Gouvernement-Cndp à instituer par un texte réglementaire. Il est chargé _«de veiller à la mise en oeuvre de cet Accord_». Du second, il est spécifié que ce Comité _«effectuera des évaluations périodiques afin de mesurer les progrès réalisés dans la mise en oeuvre de l’Accord_”. Et ajoute, tenez bien :_«Il pourra également assister le Gouvernement dans la mobilisation de l’appui régional et international à la mise en œuvre dudit Accord_».
Déjà, avec particulièrement l’article 15, rien ne pouvait à l’époque justifier la création du M23, à moins pour les dissidents du CNDP, déçus du non-respect par la partie Gouvernement des engagements pris, de n’avoir trouvé écho favorable auprès du Comité international de suivi. Il va bien falloir pour la vérité de l’Histoire que les dissidents apportent les preuves d’avoir saisi le Comité international du blocage observé dans le chef du Gouvernement avant de lancer la guerre le 4 avril 2012.
Pas a l’avantage du régime Udps/Usn
Car la vérité qui apparaît clairement dans l’analyse de l’Accord de Goma du 23 mars 2009 est que le principal engagement pris par le Gouvernement a consisté _«à verser les propositions du CNDP dans les réformes en cours_». Preuve, si besoin est, que l’Exécutif national n’avait pas dérogé aux principes de souveraineté nationale, d’intégrité territoriale et d’inviolabilité des frontières nationales, conformément au tracé en vigueur au 30 juin 1960 soulignés dans le PREAMBULE.
Passe encore qu’il y ait eu la guerre de 2013 qui, déjà, ne se justifiait pas. Mais de là à attribuer au Gouvernement de l’époque la responsabilité de la crise sécuritaire suscitée par le M23 en 2022 est un non-sens. C’est comme si, en réalité, on visait à dédouaner ce mouvement et à excuser le Rwanda de leurs aventures répétées en RDC !
Normalement, à son avènement au Pouvoir en janvier 2019, Félix Tshisekedi devait commencer par identifier et rassurer les personnes ressources auxquelles il devait se référer pour la résolution de la crise de l’Est vieille quand même, pour mémoire, des années 1960 et non 1990/2000. L’aurait-il fait ? Probablement non !
Des esprits mauvais situent cette crise à l’avènement de l’Afdl en 1996 pendant que les menaces de balkanisation du pays remontent à l’indépendance.
Pour rappel, la sécession avait commencé au Katanga en 1960. La rébellion lumumbiste en Province Orientale en 1961.
Les aventures de Jean Schramme se déroulaient au Kivu autour de 1967. Les deux guerres du Shaba I et II en 1977-1978. Il se raconte que le découpage en trois nouvelles provinces est lié aux troubles du Kivu en 1986.
D’ailleurs, les revendications territoriales qui sous-tendent les guerres de l’Est ont une histoire qui remontent à l’époque précoloniale, laisse-t-on entendre. C’est-à-dire à avant Berlin 1885.
Preuve que l’Est reste le tendon d’Achille de l’unité nationale.
Comment expliquer, dans ce cas, le fait d’avoir, d’un côté, la volonté d’en finir avec ce cycle infernal et, de l’autre, la capacité de banaliser, sinon d’ignorer les évidences à la base de différents accords provinciaux, nationaux, sous-régionaux, régionaux, continentaux et internationaux conclus jusque-là, tout en faisant de l’Accord de Goma une fixation.
L’ennui, dans la communication politique telle que organisée aujourd’hui, est de voir l’espace médiatique envahi par intervieweurs et interviewés (journalistes et invités) sans aucun background. Tous ignorent que leurs prestations – suivies de près par des partenaires notamment étrangers – sont de nature à convaincre ces derniers que la RDC fait exprès de ne pas se rendre gouvernable.
Dommage en plus que ceux qui maîtrisent les dossiers ne se pressent pas de rétablir les faits de la vérité, peut être à leur corps défendant parce que se sentant traqués.
Retenons seulement pour l’heure que trop de manipulations abjectes autour de l’Accord de Goma n’est pas à l’avantage du régime Udps/Usn.
Au contraire…
Omer Nsongo die Lema