Une région et deux trajectoires : divergence en Afrique subsaharienne

En Afrique subsaharienne, depuis une dizaine d’années, les pays riches en ressources naturelles présentent une croissance inférieure à la moitié de celle des pays pauvres en ressources naturelles, et les pays exportateurs de carburants sont les moins bien lotis. Cette divergence s’explique en grande partie par le fait que les pays riches en ressources naturelles, au premier rang desquels les pays exportateurs de carburant, ont subi un choc spectaculaire sur les termes de l’échange.

De plus, l’impact de ces chocs sur les pays riches en ressources naturelles a été amplifié par plusieurs facteurs de vulnérabilité structurels : insuffisance de la gouvernance et de la gestion des recettes tirées des ressources naturelles, climat peu propice aux affaires, manque de capital humain et forte prévalence des conflits et des situations de fragilité. Ces facteurs ont conféré à la politique budgétaire une orientation procyclique et entravé la diversification économique et l’essor du secteur privé.

Pour recréer les conditions d’une croissance durable, il sera nécessaire de mettre en place un environnement macroéconomique stable et d’éliminer les distorsions entraînées par certaines politiques publiques. La consolidation des cadres budgétaires peut contribuer à renforcer la croissance. Les réformes qui visent à remédier aux faiblesses structurelles peuvent aider les pays à diversifier et faire croître leur activité économique.




Le temps presse : relever le défi urgent de la création d’emplois en Afrique subsaharienne

L’Afrique subsahariennedoit impérativement créer des emplois pour sa population croissante, en particulier dans les pays fragiles et à faible revenu. Les marchés du travail de la région se heurtent à un niveau élevé d’informalité et des entraves à la création d’emplois, ce qui se traduit par un manque d’emplois de qualité.

Pour y remédier, il est essentiel d’assurer une croissance de la productivité dans tous les secteurs, y compris le secteur informel. Les mesures devraient surtout viser à soutenir les travailleurs, éliminer les obstacles à la croissance des entreprises et favoriser une transition vers des industries à productivité accrue qui peuvent créer des possibilités d’emploi plus importantes.




FMI : Entre réformes et grandes espérances

Les pays d’Afrique subsaharienne mettent en œuvre des réformes difficiles et indispensables pour rétablir la stabilité macroéconomique et, bien que les déséquilibres globaux aient commencé à se résorber, la situation est hétérogène. Les dirigeants sont confrontés à trois principaux obstacles. Premièrement, la croissance régionale, attendue à 3,6 % en 2024, est globalement atone et inégale, même si une modeste reprise est prévue l’année prochaine à 4,2 %.

Deuxièmement, les conditions de financement demeurent restrictives. Troisièmement, l’interaction complexe entre la pauvreté, le manque de débouchés et la mauvaise gouvernance, conjugués à des augmentations du coût de la vie et à des difficultés à court terme liées aux ajustements macroéconomiques, nourrissent les frustrations sociales.

Dans ce contexte, les décideurs doivent se livrer à un véritable exercice d’équilibriste consistant à concilier quête d’une stabilité macroéconomique, réponse aux besoins de développement et assurance de l’acceptabilité sociale et politique des réformes. Il sera essentiel de protéger les plus vulnérables des coûts de l’ajustement et de mettre en œuvre des réformes qui créent suffisamment d’emplois pour mobiliser le soutien public.




Comment faire mieux (Discours de Kristalina Georgieva Directrice générale du FMI, Assemblées annuelles 2024)

Merci, Monsieur le Gouverneur, et bonjour à toutes et tous !

C’est un privilège pour moi de m’adresser à vous au nom des membres talentueux et dévoués des services du FMI, aux côtés d’Ajay Banga, qui est un partenaire formidable depuis son entrée en fonction. Ajay, je ne saurais dire à quel point j’admire vos qualités de président de la Banque mondiale et j’estime notre partenariat — le nôtre, et celui de nos institutions !

Je voudrais commencer par une bonne nouvelle : l’inflation est en train de se replier. Selon nos Perspectives de l’économie mondiale, l’inflation au niveau mondial devrait passer de 5,7 % au quatrième trimestre de l’année dernière à 5,3 % ce trimestre, et 3,5 % au quatrième trimestre de 2025 — et les pays avancés devraient enregistrer une baisse plus rapide. Le resserrement des politiques monétaires a fonctionné sans briser l’économie mondiale. Quel soulagement !

Mais il est encore trop tôt pour se réjouir, notamment parce que, même si l’inflation recule, ce niveau élevé atteint par les prix va persister. Des familles souffrent.

Et la perspective à laquelle le monde est à présent confronté est celle d’une trajectoire de croissance faible et d’endettement élevé :

Selon nos projections, le PIB mondial devrait croître au taux anémique de 3,2 % par an en moyenne au cours des cinq prochaines années. Voyez comment nos prévisions ont été constamment révisées à la baisse au fil des ans.

Dans le même temps, nous prévoyons que la dette publique mondiale ne cessera d’augmenter — elle risque même de dépasser nos projections de référence de pas moins de 20 % du PIB mondial dans un scénario défavorable extrême mais plausible. Cent mille milliards de dollars de dette publique dans le monde. Des paiements d’intérêts plus élevés absorbant une part croissante des recettes budgétaires, en particulier dans les pays à faible revenu et les pays émergents. Tout cela alors que les pressions sur les dépenses s’accumulent.

Les dépenses prioritaires sont celles qui sont liées au climat et à la démographie et, dans les pays émergents et les pays à faible revenu, les dépenses d’investissement visant à combler les écarts de développement. Les recherches du FMI montrent que d’ici à 2030, ces pressions sur les dépenses devraient ajouter environ 7 % du PIB aux dépenses annuelles dans les pays avancés, 9 % dans les pays émergents, et 14 % dans les pays en développement à faible revenu.

À cela vient s’ajouter un contexte mondial en pleine fracturation, où les échanges commerciaux ne sont plus le puissant moteur de croissance qu’ils étaient autrefois. Le désengagement de l’intégration économique mondiale — impulsé tant par des préoccupations de sécurité nationale que par la colère de ceux qu’elle a lésés — se manifeste par une multiplication de mesures de politique industrielle, de barrières commerciales et de pratiques protectionnistes.

Il y a beaucoup à faire.

Mon message à nos pays membres est le suivant : premièrement, changez de cap pour reconstituer des marges de manœuvre budgétaires ; deuxièmement, investissez dans des réformes visant à stimuler la croissance ; et troisièmement, affrontez ensemble les défis mondiaux.

Avec l’assouplissement de la politique monétaire, il faut dès à présent entamer un rééquilibrage des finances publiques. Pour être crédible, il faudra persuader les opinions publiques par une communication convaincante, et établir des plans budgétaires pluriannuels définissant des trajectoires d’assainissement adaptées à la situation particulière de chaque pays.

La tâche n’est pas aisée. Les pouvoirs publics sont confrontés à un dilemme, ou plus exactement, à un trilemme : d’importants besoins de dépenses, des limites fiscales infranchissables, et la nécessité de reconstituer les marges de manœuvre.

Pour bien des pays, la résolution de ce casse-tête passera nécessairement par la mobilisation de ressources intérieures. Il faudra protéger les investissements stimulant la croissance, notamment dans les domaines du climat et de la technologie –– et veiller à ce que le rééquilibrage ne se fasse pas aux dépens de la protection sociale et de l’emploi.

Le FMI peut vous aider. En Jamaïque, par exemple, les autorités ont gagné l’adhésion de la population à un train de réformes des recettes et des dépenses élaboré avec soin qui a protégé l’investissement public et les dépenses sociales tout en réduisant l’endettement de près de moitié entre 2012 et 2022. Au cours des trente dernières années, plus de 20 pays sont parvenus à accroître leurs recettes fiscales de plus de 5 % du PIB. Les bons exemples sont nombreux.

Tout en rééquilibrant leurs finances publiques, les pays devront engager des réformes ambitieuses pour relever leur potentiel de croissance. Non seulement l’élévation de la croissance contribue à la création d’emplois bien rémunérés, mais encore elle accroît les recettes fiscales et rend ainsi le trilemme budgétaire moins aigu.

Les réformes à engager devront comprendre des mesures ciblant le marché du travail telles que l’amélioration des compétences et l’adéquation à l’emploi, des mesures tournées vers le marché des produits visant à réduire les formalités administratives et mobiliser l’épargne, et des mesures spécifiques visant à encourager l’innovation et accroître la productivité. Dans les pays avancés, le capital-risque et l’intégration du marché des capitaux sont des priorités essentielles ; ailleurs, il faudra mettre l’accent sur des mesures d’amélioration de la gouvernance et des institutions.

De réels progrès sont possibles. Une nouvelle étude du FMI montre que la meilleure façon d’élaborer des réformes est de le faire en concertation avec la population, en y intégrant des mesures qui en atténuent les effets sur ceux qui risquent d’en sortir perdants.

Mais les politiques publiques au niveau national ne suffiront pas. Pour affronter les défis mondiaux d’aujourd’hui, nous avons besoin –– plus que jamais –– de coopération et d’action multilatérale. Le FMI et la Banque mondiale ont ici un rôle essentiel à jouer.

Prenons la question de l’endettement. Les pays au bord de la crise budgétaire doivent prendre des mesures préventives pour rétablir la viabilité de leur dette. Le FMI s’est donné pour priorité de remédier aux facteurs de vulnérabilité de la dette et d’améliorer la résolution de la dette, et les efforts qui ont été faits portent maintenant leurs fruits. Le cadre commun a déjà permis des avancées notables au Ghana et en Éthiopie –– même s’il reste à améliorer la prévisibilité et accélérer les délais de traitement de la dette.

Les progrès ont été soutenus par une coopération renforcée entre les parties prenantes à la Table ronde mondiale sur la dette souveraine, qui a contribué à l’émergence d’un consensus sur les questions techniques.

Dans le climat géopolitique surchauffé que nous connaissons actuellement, la coopération n’est pas un acquis. C’est pourquoi le FMI s’efforce dans toutes ses activités d’apporter à ses pays membres une aide utile et adaptée à leurs besoins.

Dans le cadre de nos activités de surveillance bilatérale, nous fournissons en temps opportun des diagnostics et des conseils pour aider les pays à mettre en œuvre des politiques économiques solides. Pendant la pandémie, ces activités ont été essentielles pour aider les pays à élaborer rapidement des ripostes coordonnées, en dépit de la grande incertitude.

Les sujets de nos consultations régulières avec les pays membres varient de l’aide au développement institutionnel dans les pays fragiles ou touchés par un conflit, à la gestion des flux de capitaux dans les pays émergents, et aux conseils sur des points précis de la politique de taux directeurs dans les pays avancés. Nous avons également approfondi notre analyse des questions de politique macroéconomique que posent la transition écologique et la transition numérique.

Nous réunissons ensuite tous ces éléments dans le cadre de nos activités de surveillance multilatérale pour en tirer des enseignements transversaux utiles à tous. Là encore, l’objectif est de détecter et de traiter les problèmes promptement. C’est précisément ce que nous faisons dans nos rapports phares : les Perspectives de l’économie mondiale, le Rapport sur la stabilité financière dans le monde et le Moniteur des finances publiques.

Enfin, nous menons des activités de développement des capacités. Au cours des cinq dernières années seulement, nous avons effectué des milliers de missions d’assistance technique, dans le cadre desquelles nous avons transféré des connaissances et créé une mine de bonne volonté.

En bref, nous sommes la ligne de transmission essentielle dans le monde pour les échanges d’expériences nationales entre nos pays membres.

Le FMI joue aussi un rôle unique de prêteur au centre du dispositif mondial de sécurité financière.

Nous sommes les premiers intervenants en période difficile. Les pays –– en particulier les pays les plus pauvres et les plus vulnérables –– savent que nous sommes là pour les rattraper en cas de chute.

Nous avons développé nos prêts pour soutenir les réformes et aider les pays vulnérables à répondre à leurs besoins de financement de la balance des paiements et à renforcer leur résilience face à des chocs multiples.

La Barbade et le Bénin, le Cabo Verde et le Costa Rica, la Moldova et le Maroc, le Suriname et le Sri Lanka, pour n’en citer que quelques-uns : la liste des récents succès de programmes appuyés par le FMI est longue.

Dans les années qui ont suivi l’apparition de la pandémie, nous avons atteint des records tant pour le volume total de nos prêts que pour le nombre de pays aidés : l’encours des crédits concessionnels au titre de notre fonds fiduciaire pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance a triplé pour atteindre 28 milliards de dollars. Et, moins de trois ans après son lancement, le fonds fiduciaire pour la résilience et la durabilité a permis à 20 pays de bénéficier de prêts à long terme à l’appui de mesures de renforcement de la résilience face au changement climatique.

Nous exposons actuellement au FMI une œuvre d’art qui représente superbement le volume des prêts que nous avons consentis au fil des décennies –– le rendu est vraiment remarquable, venez-donc vous en rendre compte par vous-même !

L’augmentation de 50 % des quotes-parts dont nous sommes convenus l’an dernier à Marrakech consolide notre capacité de prêt. Sur cette base, nous continuerons d’affiner nos outils. En renforçant le rôle de prêteur du FMI et les facilités de crédit de précaution, nous renforçons le dispositif mondial de sécurité financière. Tous les pays ont à y gagner –– parce que moins il y a d’instabilité, plus le monde entier va bien, et parce qu’en regroupant les ressources, on est plus efficace.

L’aide du FMI est essentielle pour les pays dont la capacité à constituer des réserves internationales est limitée –– d’autant que cinq pays détiennent plus de la moitié des réserves mondiales totales tandis que de nombreux pays restent peu protégés.

Au FMI, nous venons d’avoir un excellent exemple de coopération à la veille de ces assemblées annuelles. Grâce à plusieurs années de revenu net élevé, notre conseil d’administration a adopté un ensemble de mesures qui, premièrement, préserveront la solidité financière qui étaye notre soutien à nos pays membres, deuxièmement, réduiront les commissions et commissions additionnelles sur nos prêts ordinaires de 36 % en moyenne, et, troisièmement, nous permettront de mettre en place un train de réformes et de financement complet qui fera plus que doubler notre capacité de prêts concessionnels et solidifiera notre soutien aux pays à faible revenu pour plusieurs années.

Au-delà du fond de ces réformes importantes, permettez-moi de souligner que nous sommes parvenus à obtenir un soutien unanime. Pas un seul pays membre n’a émis d’opposition.

Ce n’est pas dû à la chance – il nous a fallu travailler très dur pour cela, et nous nous y sommes repris maintes fois avec nos pays membres pour arriver finalement à un résultat satisfaisant pour tous.

 

Il y a là une leçon pour les années à venir. Quelle que soit la difficulté de la situation géopolitique, nous pouvons œuvrer à préserver l’esprit de coopération concrète et réalisable. Les pays n’adhèrent pas à un projet par idéalisme ou par charité, mais parce qu’ils comprennent qu’il est dans leur intérêt.

Pour bien faire notre travail, nous devons viser l’inclusivité. Dans cet esprit, je vous prie d’accueillir chaleureusement le Premier ministre Daniel Risch et son équipe, qui sont ici pour représenter notre nouveau membre, le 191e : la Principauté de Liechtenstein.

Nous ne devrons jamais cesser non plus de viser une représentation équitable du monde dans lequel nous vivons. Notre conseil d’administration et les pays membres travaillent actuellement à l’élaboration, pour le mois de juin, de démarches qui pourraient être adoptées pour mieux refléter le poids de nos différents membres dans l’économie mondiale, notamment par l’établissement d’une nouvelle formule de calcul des quotes-parts.

De même, la participation est importante. J’ai le grand plaisir d’annoncer que le 1er novembre, notre conseil d’administration accueillera un troisième administrateur pour l’Afrique subsaharienne, ce qui permettra à cette région de mieux se faire entendre.

Enfin et surtout, la coopération ne se fait pas dans le vide. Au FMI, nous comptons sur la solidité des institutions et sur l’excellence des membres de nos services pour soutenir nos pays membres. Applaudissons-les !

Permettez-moi de conclure par une anecdote.

En cette année qui marque le 80e anniversaire de la conférence historique de Bretton Woods, Ajay et moi avons décidé de nous rendre dans notre lieu de naissance. Accompagnés d’un groupe d’éminents intellectuels, nous sommes partis pour deux jours réfléchir et nous inspirer de nos fondateurs : des hommes qui, même dans les jours les plus sombres de la guerre totale, ont su façonner un monde nouveau. Et voici ce que nous avons compris : si Keynes et White pouvaient faire briller une lumière dans un tunnel aussi sombre, alors il est clair que notre mission est de porter leur flambeau.

Le ciel au-dessus de Bretton Woods a été triste et sombre pendant l’essentiel de ces deux jours, le mois dernier. Et puis, soudain, le soleil a percé, et la nature nous a offert un magnifique double arc-en-ciel. Au-dessus des couleurs chaudes du feuillage d’automne sur le mont Washington, c’était tout simplement spectaculaire. Il n’y a pas d’autre façon de le dire.

Pour nous, c’était un magnifique présage —et un rappel que le soleil est toujours là, ce ne sont que les nuages qui vont et viennent. Nos fondateurs nous ont laissé un héritage pour dépasser les périodes sombres. Et c’est ce que nous ferons, parce que nous savons que c’est possible.

Merci !




Assemblées annuelles 2024 : Discours du président des conseils des gouverneurs M. Ahmed Munawar, Gouverneur de l’autorité monétaire des Maldives

Je suis très heureux de vous accueillir à la séance plénière 2024 des conseils des gouverneurs du Fonds monétaire international et du Groupe de la Banque mondiale.

Je souhaite la bienvenue à la Directrice générale du FMI, Mme Kristalina Georgieva et au Président du Groupe de la Banque mondiale, M. Ajay Banga. Mme Georgieva, je vous adresse toutes mes félicitations pour le début de votre second mandat.

L’année 2024 revêt une importance particulière. En effet, nous célébrons cette année le 80e anniversaire de la création des institutions de Bretton Woods, qui a été un tournant majeur dans l’histoire de la gouvernance économique mondiale. J’aimerais revenir sur les propos du premier Président des conseils des gouverneurs des assemblées annuelles, le secrétaire au Trésor américain, John W. Snyder : « En adhérant au FMI et à la Banque mondiale, nos États respectifs ont non seulement investi d’importantes sommes d’argent, ils ont aussi, dans une large mesure, misé leur destin économique sur le succès de ces institutions. Nous avons une responsabilité envers nos États et, surtout, envers les citoyens que nous représentons et l’espoir qui les anime ».

Ces mots, prononcés il y a 80 ans, résonnent toujours avec pertinence aujourd’hui. Ces 80 dernières années, le FMI et la Banque mondiale ont été une source d’espoir, maintenant le cap dans les crises mondiales, les guerres ou les pandémies. Même dans les moments difficiles, nous faisons preuve de résilience. Le fait qu’un représentant d’un petit État comme le mien préside le conseil des gouverneurs lors de cette réunion historique témoigne de la nature inclusive de ces institutions.

En dépit du durcissement des conditions financières et de la montée des tensions géopolitiques, l’économie mondiale continue de montrer une vigueur remarquable. Un atterrissage en douceur est possible. L’inflation diminue. Nous ne pouvons cependant pas nous reposer sur nos lauriers. L’incertitude demeure élevée. Les conflits et bouleversements actuels dans de nombreuses régions du monde ternissent nos progrès. Toute escalade aurait des conséquences particulièrement graves pour les pays vulnérables, notamment en raison de la hausse des prix des produits de base.

Oui, il reste des défis majeurs à relever, et je voudrais en souligner trois.

Tout d’abord, le changement climatique. Les petits pays, comme les Maldives, sont en première ligne face au changement climatique. Les Maldives ont pour objectif de produire 33 % de leur électricité à partir de sources renouvelables d’ici à 2028. Cette transition renforcera la résilience au changement climatique et permettra de réaliser d’importantes économies budgétaires et d’épargner des devises. Pour atteindre cet objectif, le pays a besoin de 1,3 milliard de dollars pour moderniser son infrastructure électrique. À ce jour, seulement 13 % de ce montant ont été engagés par les donateurs. Les petits États insulaires en développement (PEID) comme les Maldives appellent les institutions financières internationales à faciliter l’accès à un financement plus abordable pour améliorer l’adaptation au changement climatique et atténuer ses effets, selon les principes d’une transition énergétique juste. Il nous faut saluer la mise en place de la facilité pour la résilience et la durabilité du FMI, ainsi que le financement record de 42,6 milliards de dollars alloué par la Banque mondiale pour l’action climatique au cours de l’exercice 2024, mais il faut aller plus loin, en particulier pour les PEID vulnérables au changement climatique. Nous devons aussi faire preuve d’innovation et d’appliquer des stratégies visant à mobiliser les investissements du secteur privé.

Deuxièmement, la viabilité de la dette. Plus des deux tiers des pays émergents et pays en développement sont exposés à un risque élevé de surendettement. La table ronde mondiale sur la dette souveraine a certes favorisé la collaboration, mais des mesures supplémentaires sont nécessaires. L’analyse de viabilité de la dette doit davantage prendre en compte le contexte national, et la révision en cours du cadre de viabilité de la dette pour les pays à faible revenu devrait intégrer les besoins spécifiques des PEID. Le FMI, la Banque mondiale et les banques multilatérales de développement devraient prendre des mesures audacieuses pour soutenir les pays en situation de surendettement. Les banques multilatérales de développement peuvent aussi mettre en place des dispositifs tels que les échanges de dettes contre des investissements en faveur de l’adaptation au changement climatique.

En dernier lieu, les réformes structurelles. Pour les pays émergents et pays en développement, nous devons renforcer les capacités de production et les capacités de l’État. Les institutions de Bretton Woods devraient se consacrer davantage à la création d’emplois, à l’égalité des chances, à la diversification économique et à l’impact des flux de réfugiés. Les réformes structurelles doivent aussi être socialement acceptables, de manière à garantir un large partage des avantages.

Au cours de l’année écoulée, le FMI et la Banque mondiale ont pris des initiatives importantes pour soutenir nos pays membres. L’achèvement de la 16e révision générale des quotes-parts, la reconstitution des ressources de l’IDA (IDA-21), la tenue du débat sur le réalignement des quotes-parts et l’augmentation du financement du Groupe de la Banque mondiale sont autant de mesures qui permettront à ces institutions de continuer à disposer de ressources suffisantes. Pour autant, nous ne devons pas perdre de vue l’importance d’assurer, d’une part, un accès et une représentation adéquats aux pays qui ont le plus besoin de l’aide des banques multilatérales de développement, et d’autre part, un traitement équitable pour tous les États membres.

La revue du fonds fiduciaire du FMI pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance, celle de sa politique en matière de commissions et de commissions additionnelles, ainsi que la reconstitution des ressources de l’IDA (IDA-21) par la Banque mondiale témoignent du soutien à nos nations les plus vulnérables.

Les discussions que j’ai eues au cours de ces assemblées annuelles ont mis en lumière un thème majeur : la nécessité absolue d’une coopération multilatérale. Mes amis, l’action collective est l’antidote à un monde de plus en plus fragmenté. Ce 80e anniversaire des institutions de Bretton Woods nous offre l’occasion de faire le point sur les résultats que nous avons obtenus et de préparer ensemble un avenir meilleur. Permettez-moi aussi de souhaiter la bienvenue au Liechtenstein qui est devenu en début de semaine le cent quatre-vingt-onzième pays membre du FMI, confirmant encore une fois l’importance du multilatéralisme.

Je me réjouis de la création d’un 25e siège au conseil d’administration du FMI pour l’Afrique subsaharienne et j’encourage vivement mes homologues gouverneurs à défendre la diversité et l’égalité des sexes. Pour préparer l’avenir, les institutions de Bretton Woods devraient adapter leurs conseils et leurs activités aux besoins et aux capacités spécifiques de chacun de leurs États membres. Dans le cas contraire, nous faillirons à notre responsabilité envers les citoyens que nous représentons, responsabilité que nous a rappelée avec sagesse le premier président des assemblées annuelles, John Snyder, il y a quatre-vingts ans.

Je voudrais, pour conclure, que nous gardions à l’esprit notre engagement indéfectible en faveur de la stabilité macroéconomique, de la prospérité et de la coopération.

Je vous remercie.




Xi exhorte les pays des BRICS Plus à œuvrer à la sécurité commune, au développement et à l’harmonie entre les civilisations

Le président chinois Xi Jinping a appelé jeudi les pays des BRICS Plus à œuvrer à la sécurité commune, au développement commun et à l’harmonie entre les civilisations.

M. Xi a émis ces remarques alors qu’il s’adressait au Dialogue BRICS Plus.

Notant que l’émergence collective du Sud global était une caractéristique distinctive de la grande transformation à travers le monde, M. Xi a déclaré que la marche de l’ensemble des pays du Sud global vers la modernisation était monumentale dans l’histoire du monde et sans précédent dans la civilisation humaine.

En même temps, la paix et le développement font toujours face à de sérieux défis, et le chemin de la prospérité du Sud global ne sera pas sans obstacle, a-t-il souligné, exhortant les pays des BRICS Plus à faire preuve de sagesse et de force collectives et à assumer leur responsabilité dans la construction d’une commuauté de destin pour l’humanité.

M. Xi a déclaré que les pays des BRICS Plus devraient défendre la paix et s’efforcer d’assurer la sécurité commune, travaillant ensemble pour former une force stabilisatrice pour la paix, renforcer la gouvernance de la sécurité mondiale et explorer des solutions permettant de s’attaquer aux symptômes et aux causes profondes des dossiers brûlants.

Il a indiqué que de nombreuses parties avaient répondu chaleureusement à l’Initiative pour la sécurité mondiale qu’il a proposée. “Dans le cadre de cette initiative, nous avons réalisé des progrès considérables dans le maintien de la stabilité régionale et dans de nombreux autres domaines”, a-t-il dit, ajoutant que la Chine et le Brésil avaient conjointement publié un consensus en six points et lancé le Groupe des amis pour la paix sur la crise ukrainienne avec d’autres pays du Sud global.

 

Il a également appelé les pays des BRICS Plus à promouvoir une désescalade rapide afin d’ouvrir la voie à un règlement politique.

En juillet dernier, les factions palestiniennes sont parvenues à une réconciliation à Beijing, marquant ainsi une étape clé vers la paix au Moyen-Orient. “Nous devons continuer à promouvoir un cessez-le-feu global dans la bande de Gaza et relancer la solution à deux Etats. Nous devons empêcher les flammes de la guerre de se propager au Liban et mettre fin aux souffrances immenses que subissent les Palestiniens et les Libanais”, a souligné M. Xi.

 

Notant que le Sud global émergeait pour le développement et prospérait grâce au développement, M. Xi a déclaré que les pays des BRICS Plus devraient redynamiser le développement et s’efforcer d’atteindre une prospérité commune, être une force motrice majeure pour le développement commun, jouer un rôle actif et de premier plan dans la réforme de la gouvernance économique mondiale, et placer le développement au cœur de l’agenda économique et commercial international.

Depuis son lancement il y a trois ans, l’Initiative pour le développement mondial a permis de débloquer près de 20 milliards de dollars de financement de développement et de lancer plus de 1.100 projets. Récemment, le Centre d’excellence de l’Alliance mondiale sur l’intelligence artificielle pour l’industrie et la manufacture a été établi à Shanghai.

La Chine construira un portail mondial des douanes intelligentes et un centre d’excellence des douanes des BRICS, a-t-il noté, ajoutant que la Chine se réjouissait de la participation active de tous les pays.

Soulignant que la diversité des civilisations était la qualité innée du monde, M. Xi a appelé les pays des BRICS Plus à promouvoir ensemble le développement de toutes les civilisations et à s’efforcer d’assurer l’harmonie entre elles, à défendre les échanges entre les civilisations, à renforcer la communication et le dialogue et à se soutenir mutuellement dans la poursuite d’une voie de modernisation adaptée à leurs conditions nationales respectives.

L’Initiative pour la civilisation mondiale qu’il avait proposée a pour objectif de créer un jardin des civilisations mondiales “dans lequel nous pouvons partager et admirer la beauté de chaque civilisation”, a déclaré M. Xi, en ajoutant que la Chine, en coordination avec d’autres parties, mettrait en place une alliance mondiale des groupes de réflexion du Sud global afin de promouvoir les échanges humains et culturels ainsi que le partage d’expériences en matière de gouvernance.

M. Xi a souligné que le 3e Plénum du 20e Comité central du Parti communiste chinois avait élaboré des plans systémiques pour approfondir la réforme de manière globale afin de faire progresser la modernisation chinoise, ce qui offrira davantage d’opportunités au monde.

“Le mois dernier, nous avons organisé à Beijing un sommet fructueux du Forum sur la coopération sino-africaine et lancé dix Actions de partenariat Chine-Afrique sur la modernisation. Cela insufflera de nouvelles énergies au Sud global sur la voie de modernisation”, a-t-il indiqué.

M. Xi a également déclaré que quels que soient les changements de la conjoncture internationale, “la Chine gardait toujours le Sud global à son esprit et elle y était enracinée”.

La Chine encourage davantage de pays du Sud global à rejoindre la cause des BRICS en tant que membres à part entière, pays partenaires ou dans le format BRICS Plus, “afin que nous puissions unir les énergies puissantes du Sud global pour construire ensemble une communauté de destin pour l’humanité”, a-t-il conclu.




L’aviation israélienne coupe un point de passage entre le Liban et la Syrie

Des avions de guerre israéliens ont mené vendredi un raid sur le poste-frontière de Joussieh, qui relie le Liban et la Syrie, entraînant sa fermeture, selon une source sécuritaire libanaise.

S’exprimant sous le couvert de l’anonymat, elle a déclaré à Xinhua que les appareils avaient tiré quatre missiles sur une zone centrale de la route internationale située dans l’est du Liban.

“Les missiles ont créé un grand trou d’un diamètre d’environ 15 mètres et d’une profondeur d’environ 5 mètres, ce qui a entraîné la coupure complète de la route dans les deux sens”, selon cette source.

Le ministre libanais des Travaux publics et des Transports, Ali Hamieh, a confirmé que le point de passage était désormais hors service après le raid israélien, selon l’agence de presse officielle libanaise ANI.

Selon des sources militaires libanaises, il existe cinq points de passage légaux entre le Liban et la Syrie, répartis sur les 375km de frontière entre les deux pays.

Un autre point de passage, celui de Masnaa, avait été visé par l’aviation israélienne le 4 octobre, ce qui a entraîné la fermeture de la route dans les deux sens, selon une source sécuritaire.

Les gens peuvent toujours le traverser à pied. Du 23 septembre au 24 octobre, la Sûreté générale libanaise a enregistré 430.000 passages piétons au poste-frontière de Masnaa, comprenant à la fois des Libanais et des Syriens déplacés.




Cinq soldats israéliens tués dans le sud du Liban

Cinq soldats ont été tués et quatre autres grièvement blessés par une roquette tirée jeudi soir dans le sud du Liban, a annoncé vendredi l’armée israélienne dans un communiqué.

Selon elle, les victimes, parmi lesquelles deux officiers, étaient des réservistes de la 8e brigade blindée.

Les soldats ont été frappés par une roquette tirée par le Hezbollah devant une maison dans un village libanais, alors que les militaires recevaient un ravitaillement logistique, a rapporté la chaîne publique israélienne Kan. Celle-ci a ajouté que sept autres soldats avaient subi de blessures modérées, tandis que dix autres ont été légèrement blessés lors de cet incident.

Ce dernier porte à dix le nombre de soldats israéliens tués mercredi et jeudi dans le sud du Liban, avec 11 autres grièvement blessés.

Dans un autre communiqué, l’armée israélienne a indiqué que son aviation avait tué jeudi Abbas Adnan Moslem, un commandant de l’unité d’élite Al-Radwan du Hezbollah, dans le sud du pays du Cèdre.

Elle a ajouté avoir frappé tout au long de jeudi plus de 200 cibles du Hezbollah dans le sud du Liban.




Les dirigeants des pays BRICS s’engagent à construire un ordre mondial démocratique et multipolaire (Poutine)

Les pays BRICS s’engagent à favoriser un ordre mondial plus démocratique et multipolaire, a déclaré jeudi le président russe Vladimir Poutine lors d’une conférence de presse donnée le dernier jour du 16e sommet des BRICS à Kazan.

Il a noté que la Déclaration de Kazan, approuvée à l’issue du sommet, définissait un programme positif pour l’avenir, selon le Kremlin.

“Il est important que cette déclaration réaffirme l’engagement de tous nos Etats à construire un ordre mondial plus démocratique, inclusif et multipolaire, basé sur le droit international et la Charte des Nations Unies”, a-t-il souligné.

Le groupe des BRICS est ouvert à tous ceux qui partagent ses valeurs, et ses membres sont déterminés à trouver des solutions communes sans céder aux pressions extérieures ni se laisser limiter par des approches étroites, a dit M. Poutine.

Le bloc des BRICS n’est pas un format fermé, a-t-il souligné lors de la conférence de presse.

Le président russe a également confirmé que les dirigeants des BRICS s’étaient mis d’accord sur la liste des pays partenaires des BRICS.

Selon M. Poutine, les BRICS n’ont pas développé et ne développent pas d’alternative au système SWIFT, mais cette question reste importante et les pays membres s’orientent vers l’utilisation des monnaies nationales.

Les membres BRICS utilisent actuellement le système de messagerie financière créé par la Banque centrale russe, a-t-il ajouté.




Football: Marrakech accueille la cérémonie des “CAF Awards” le 16 décembre 2024 (CAF)

La ville de Marrakech accueillera la cérémonie des “CAF Awards24” le 16 décembre 2024, a annoncé, jeudi, la Confédération africaine de football (CAF).

Pour la deuxième année consécutive, la ville ocre abritera cet événement de renom, se félicite la CAF dans un communiqué, rappelant que l’édition précédente a été marquée par la présence de nombreuses célébrités et un succès retentissant.

Lors de la dernière édition, le Nigérian Victor Osimhen avait été sacré “Joueur Africain de l’Année” dans la catégorie masculine, tandis que sa compatriote Asisat Oshoala, avait été lauréate dans la catégorie féminine.

Les “CAF Awards” célèbrent les performances exceptionnelles des acteurs du football africain, aussi bien au niveau des clubs que des sélections nationales, et culminent avec la remise des prestigieux trophées de “Joueur Africain de l’Année” pour les hommes et les femmes.