36ème édition de la Journée mondiale de lutte contre le VIH/SIDA: Le ministre R. Kamba rappelle à la conscience collective
Le ministre congolais de la Santé publique, Hygiène et Prévoyance sociale a officiellement lancé le lundi 02 décembre, les activités commémoratives de la 36e édition de la Journée mondiale de lutte contre le SIDA (JMS). C’était dans la grande salle de conférences du Programme national multisectoriel de lutte contre le VIH/SIDA (PNMLS) en présence de plusieurs partenaires internationaux, dont le bureau du Programme commun des Nations unies sur le VIH/SIDA (ONUSIDA) et des autres partenaires nationaux, dont notamment de la société civile et du secteur privé.
Dans une salle pleine comme un œuf où l’on pouvait s’apercevoir l’engagement de l’assistance par le port du « ruban rouge » pour dire : « Mettre fin au SIDA », le ministre Roger Kamba, s’est saisi de cette occasion pour appeler à la conscience collective, parce que la maladie est là.
« Cette journée est un moment pour nous rappeler avec le monde entier que le SIDA est toujours là et qu’il emporte encore des milliers de vies souvent sous silence car ces victimes sont parfois laissées pour compte », a-t-il déclaré à l’occasion de cette journée, dont le thème est : « Suivons le chemin des droits pour mettre fin au VIH/SIDA d’ici 2030 ».
Il est donc important, a-t-il préconisé : « que chacun puisse jouer sa partition afin de permettre au pays d’être au rendez-vous de 2030, qui est celui de mettre fin à cette pandémie, qui existe depuis près de 40 ans ».
A cet effet, le ministre congolais de la Santé publique, Hygiène et Prévoyance sociale a insisté sur le rôle central que les communautés doivent jouer dans la lutte contre le VIH/SIDA, en insistant sur le respect des droits humains, la dignité des personnes affectées et une approche basée sur l’équité.
Des statistiques qui font froid au dos
S’exprimant à son tour, la Directrice-Pays de l’ONUSIDA en Rdc, a interpellé l’assistance sur l’efficacité que le pays et les partenaires sont appelés à donner à la réponse face aux défis les plus vulnérables dans la société. Cette société, dont la moitié de filles âgées de 5 à 17 ans sont exclues des écoles, en grande partie à cause des coûts directs et indirects liés à la participation. 81% des femmes sexuellement actives âgées de 15 ans 4 et plus n’utilisent aucune forme de planification familiale.
Parmi les adolescents âgés de 15 à 19 ans, ce chiffre est de 86%. « L’inégalité d’accès aux opportunités pour les femmes et les filles et l’insuffisance des investissements dans l’accès et la qualité de l’éducation et de l’information et des services en matière de santé sexuelle et reproductive signifient que ces adolescentes sont laissées à elles-mêmes et qu’elles doivent continuer à assumer leur rôle de parent trop tôt, souvent avec des partenaires plus âgés, avec un risque accru d’infection et la poursuite d’un cycle de vulnérabilité pour leurs enfants », a décrié Docteur Susan Kasedde, d’un ton monté, qui oblige le changement.
Pour étayer cela, la Directrice de l’ONUSIDA s’est appuyée sur les données les plus récentes de l’enquête démographique et sanitaire renseignant ceci : Seuls 22 % des jeunes sont capables d’identifier correctement les méthodes de prévention du VIH. 90% des hommes ayant des partenaires sexuels multiples déclarent ne pas utiliser de préservatifs. 20% des adolescentes de 15- 19 ans sur cinq ont déjà été enceintes (25% dans les zones rurales et 33% parmi celles qui ne sont pas scolarisées et 50% des adolescentes de l’âge de 19 ans).
Qu’il s’agisse d’un problème de genre, de culture, d’éducation ou d’investissement public, a-t-elle souligné : « les conséquences ne sont pas discriminantes (…) L’épidémie de VIH chez les enfants est une tragédie absolument évitable, car nous connaissons depuis plus de 20 ans les avantages et les stratégies opérationnelles de la prévention de la transmission mère-enfant, et les lignes directrices sur le diagnostic précoce chez les nourrissons ont été considérablement améliorées pendant cette période »
Nécessité de la mise en place du « FONDS SIDA »
En plus de ce tableau sombre, qui risque de compromettre le rendez-vous de 2030, la Chargée du programme genre et droits humains au sein du Réseau des Associations des adolescents et jeunes contre le SIDA(RACOJ) a déploré le rétrécissement des financements liés à la prévention des adolescents et jeunes en général, notamment sur l’accès au dépistage du VIH et du traitement des IST.
Elle l’a dit en ces termes : « Si l’on n’y prend pas garde nous risquons de vivre la remonté des nouvelles infections à VIH au sein de cette cible, susceptible de réduire les efforts pays face à la réduction des nouvelles infections à VIH dans la population général », avant de faire remarquer que la prévention des jeunes en âge de procréer devrait rester prioritaire au vu des statistiques qui démontrent la moyenne d’âge au premier rapport sexuel chez les filles à 15 ans et les garçons à 17 ans selon l’EDS en vigueur.
Face à cette indifférence qui ne dit pas son nom et au silence du gouvernement congolais, qui ne subventionne pas la lutte contre le VIH/SIDA, le secrétaire exécutif national de l’Union congolais des personnes vivant avec le VIH (UCOP +) appelle de tous ses vœux à la mise en place des fonds innovants pour la lutte contre le VIH. « Nous parlons du fonds sida, seul moyen durable pour lutter efficacement contre le VIH », a martelé Ange Mavula.
Comme de coutume, plusieurs stands étaient érigés à l’entrée principale du PNMLS, où tous les acteurs engagés étaient présents pour commémorer cette journée, qui oblige de regarder la réalité en face, parce la maladie est là.
Prince Yassa