Absence de concertation dans la réalisation des infrastructures : De la nécessité d’une coordination des projets d’infrastructures

Le Président de la République FélixAntoine Tshisekedi Tshilombo, a présidé, à la cité de l’Union Africaine, la vingt-sixième réunion ordinaire du Conseil des Ministres du Gouvernement de la République, ce vendredi 13 décembre 2024.

Le Président de la République a été saisi au sujet de l’absence de concertation dans la réalisation des initiatives d’infrastructures notamment entre, d’une part, les gestionnaires du réseau routier et des voiries, en l’occurrence l’Office des Routes (OR), et de l’Office des Voiries et Drainage (OVD ) ; d’autre part, les agences d’exécution des projets, à savoir : l’Agence Congolaise des Grands Travaux (ACGT), le Bureau Central de Coordination (BCeCo), la Cellule Infrastructures et les exécutifs provinciaux, au sujet des choix stratégiques, les axes routiers et les voiries urbaines à financer.

Ce déficit, a-t-il déploré, a pour corollaire une discordance inflationniste des prix pour des bâtiments et travaux à réaliser pourtant par le même Etat, le manque de rigueur dans le contrôle des travaux, le non-respect des délais d’exécution des travaux, l’absence des normes relatives aux différents types d’interventions sur le réseau ainsi que les coûts associés, le manque de suivi efficace et de coordination des travaux, la non-réalisation d’économie d’échelle et de performance de la dépense publique, le risque de surfacturation des travaux, etc.

Face à ce constat désolant, le Président de la République a insisté sur la nécessité de mener urgemment des réflexions afin que ce secteur clé ne soit pas toujours objet d’interrogations de la part de la population et même des bailleurs qui manifestent cette volonté de nous accompagner à gagner le pari de la connectivité de notre pays.

Ainsi, pour permettre de jeter les bases d’un assainissement dans ce secteur, une réunion de haut niveau avec les principales parties prenantes, en vue de la réflexion sur les termes de référence y relatifs s’avère indispensable.

Le Président de la République a, d’ores et déjà, engagé le Ministre d’Etat, Ministre des Infrastructures et Travaux Publics à lancer, en collaboration avec son Cabinet, un examen minutieux des solutions d’amélioration du secteur. Un rapport est attendu à ce sujet dans les 20

jours.




Possible partenariat entre ANAPEX et les investisseurs chinois de OLI GROUP

Le Directeur Général de l’ANAPEX, Mike Tambwe Lubemba, accompagné de sa délégation, s’est entretenu avec l’ambassadeur de la RDC en Côte d’Ivoire, M. Gilbert Naiya Nabina, le dernier jour de son séjour à Abidjan. Après ses civilités à l’ambassadeur, le DG Mike Tambwe et son hôte ont fait l’état des lieux des échanges commerciaux entre la RDC et la Côte d’Ivoire. L’ambassadeur Gilbert Naiya a ensuite invité le DG de l’ANAPEX à une séance de travail avec des investisseurs chinois de OLI GROUP, intéressés par la RDC.

Lors de cette séance de travail, les investisseurs chinois ont présenté les différents secteurs d’activités qu’ils couvrent ainsi que les pays africains où ils ont déjà presté. En Côte d’Ivoire par exemple, OLI GROUP conduit un projet d’industrie de transformation des produits agricoles avec le conseil ivoirien de Café-Cacao. Ils ont également présenté leur désir de venir travailler en RDC dans les secteurs qui conviendraient au Gouvernement.

Prenant la parole, le DG Mike Tambwe a présenté les défis du secteur des exportations en RDC, en particulier l’absence des usines de transformation et le problème d’emballage et d’étiquetage des produits finis. Ce à quoi les Chinois ont assuré qu’ils pourront couvrir ces besoins si le gouvernement congolais les invite à travailler dans ce domaine, voire en collaboration avec les partenaires congolais. Pour concrétiser cette volonté, l’ambassadeur de la RDC en Côte d’Ivoire a invité les investisseurs de OLI GROUP à adresser une lettre d’intention aux autorités compétentes de la RDC.




Lâcheté incarnée : Kagame refuse d’assumer ses positions devant ses pairs et le monde 

La République Démocratique du Congo (RDC) prend note de la présentation déformée faite par le Rwanda concernant le déroulement de la dernière réunion ministérielle du Processus de Luanda, tenue le 14 décembre 2024, dans la capitale angolaise. Afin de rétablir les faits et contextualiser ces événements, la RDC se fait le devoir de répondre point par point aux mensonges avancés par le Rwanda dans sa récidive manipulatrice notoire :

1. ‘‘La question du M23 a été introduite dans le processus de Luanda, non pas par le Rwanda, mais par le Facilitateur angolais.’’

Le Facilitateur angolais a inclus la question du M23 dans les discussions, mais cela visait uniquement à examiner les engagements politiques globaux et non à établir un dialogue direct entre la RDC et le M23. Le Rwanda déforme cette inclusion pour justifier une condition qu’il tente d’imposer unilatéralement, montrant une incompréhension fondamentale des objectifs du processus de Luanda. Le Rwanda n’a pas hésité à saper les efforts inlassables de la facilitation jusqu’à refuser de participer au Sommet de la tripartite, refusant ainsi de donner une perspective de paix dans la région des Grands Lacs et de normalisation des relations bilatérales.

2. ‘‘La Facilitation angolaise a invité une délégation du M23 pour discuter de leurs revendications.’’

Le Rwanda déforme l’action de la facilitation concernant le M23 en méprisant la méthodologie du Facilitateur qui, dans ses démarches, a consulté plusieurs acteurs dans le but de récolter des informations. Cette consultation de récolte d’information ne constitue nullement une reconnaissance politique du M23, encore moins une tentative prétendue d’un quelconque dialogue.

3. ‘‘Lors de la réunion du 14 septembre 2024, le Rwanda a exprimé le besoin d’un dialogue politique avec le M23, et cela a été consigné.’’

Il est exact que le Rwanda a exprimé cette position lors de la réunion. Cependant, la consignation d’un point de vue ne signifie ni acceptation ni accord. La RDC a toujours rejeté cette proposition, insistant sur le fait que le M23 relève exclusivement du processus de Nairobi, qui inclut tous les groupes armés congolais sans exception, sous la facilitation de Son Excellence Uhuru Kenyatta.

4. ‘‘Lors de la réunion virtuelle du 26 novembre 2024, la question du dialogue avec le M23 a été discutée à nouveau.’’

La recherche de la clarification des positions divergentes ne constitue nullement une validation de la posture rwandaise de parrainage du M23 en cherchant à imposer un dialogue direct entre le Gouvernement congolais et le M23.

5. ‘‘Le Rwanda a envoyé une proposition écrite incluant un dialogue direct entre la RDC et le M23.’’

Cette proposition écrite illustre la tentative continue du Rwanda d’imposer ses conditions. Toutefois, à 1 heure du matin, voyant que sa demande initiale n’aboutissait à rien, le Rwanda a modifié sa posture, exigeant que ce dialogue direct soit accepté et qu’il précède la tenue de tout sommet et de signature d’accord. Cette exigence absurde visait à faire du M23 une condition sine qua non à toute avancée. Ni la facilitation, ni la RDC n’a cédé à cette absurdité.

6. ‘‘Le Facilitateur angolais a souligné que le paragraphe sur le M23 était une question de substance à résoudre.’’

Le Facilitateur angolais a effectivement mentionné la nécessité de résoudre la question du M23. Cependant, cela n’a jamais été présenté comme une condition préalable à la tenue du sommet ou à la signature de l’accord. En déformant les propos du Facilitateur, le Rwanda cherche à justifier son obstruction.

7. ‘‘Le Rwanda a réitéré que sans ce paragraphe, il ne signerait pas l’accord.’’

Cette déclaration montre que le Rwanda cherchait à saboter le processus. En conditionnant la signature de l’accord à l’acceptation de ses termes, le Rwanda a démontré sa volonté de privilégier ses intérêts – à savoir le M23 – au détriment des efforts pour une paix durable.

8. ‘‘La RDC a donné son accord pour traiter la question du M23 dans le cadre du processus de Nairobi.’’

La RDC a effectivement référé la question du M23 dans le cadre du processus de Nairobi, un cadre conçu pour inclure TOUS les groupes armés congolais. Cela ne signifie en aucun cas un dialogue direct ou une reconnaissance politique du M23. Ni un traitement particulier du M23. En insistant sur un dialogue direct, le Rwanda montre un mépris flagrant pour les principes du processus de Nairobi, auxquels il a pourtant adhéré lors de toutes les réunions de haut niveau. Le Processus de Luanda engage la République Démocratique du Congo et le Rwanda, sous la facilitation de l’Angola.

Face à l’obstruction persistante du Rwanda, la facilitation angolaise a proposé que la question restante – à savoir l’insistance du Rwanda sur un dialogue direct entre la RDC et le M23 – soit examinée directement par les Chefs d’État lors du sommet. La RDC a accepté cette proposition, curieuse d’entendre le président Kagame expliquer à ses pairs, les Présidents Tshisekedi et Lourenço, pourquoi il était si déterminé à imposer à un État souverain un dialogue direct avec un groupe terroriste. Cependant, à 1 heure du matin, le Rwanda a rejeté cette proposition, annulé la participation de son président et s’est empressé de quitter les lieux, empêchant même la rédaction d’un compte rendu.

Ce dernier acte du Rwanda a révélé le véritable visage de son gouvernement, caractérisé par :

• des mensonges perpétuels sur le processus – mensonges qui ne surprennent guère de la part d’un pays qui qualifie « de mesures défensives » le meurtre, le viol et le pillage des civils congolais, tout en maintenant sa propre population dans l’ignorance d’une guerre qu’il mène dans l’ombre, refusant même à ses citoyens le droit de pleurer ses soldats tombés, laissés sans nom ni reconnaissance ;

• une lâcheté incarnée par la fuite du Président Kagame, refusant d’assumer ses positions devant ses pairs et le monde ; et

• un mépris flagrant pour les dirigeants de la région, qui, avec sincérité et engagement, cherchent une paix durable.

Une fois de plus, tandis que le Rwanda se perd dans des soliloques délirants, ses actions parlent d’elles-mêmes.

Pour plus d’informations, contacter : communication@diplomatie.gouv.cd




La Chine offre à la Rdc un imposant Centre culturel et artistiques pour l’Afrique Central  

Cet ouvrage qui est une aide chinoise sans contrepartie, se compose de trois parties: le Centre culturel, l’Institut national des Arts et le Centre d’accueil. En tant qu’un des projets phares dans le cadre des « Huit actions majeures » du Sommet de Beijing du Forum sur la Coopération sino-africaine en 2018, explique l’Ambassadeur de Chine en Rdc, M. Zhao Bin, le Centre culturel et artistique pour les pays de l’Afrique centrale à Kinshasa, abritant le plus grand opéra de l’Afrique centrale, constitue une miniature de la coopération amicale sino-africaine dans la nouvelle ère et incarne la profonde amitié unissant nos deux pays. Tout en félicitant la RDC d’avoir créé une task force pour renforcer la synergie avec la Chine, ce qui démontre une fois de plus l’importance qu’attache le chef de l’Etat à la coopération mutuellement bénéfique entre les deux pays. Zhao Bin a promis de continuer à maintenir une communication étroite avec la partie congolaise pour l’aider à tirer davantage de profit dans le cadre du Forum sur la coopération sino-africaine.

Discours de S.E.M. l’Ambassadeur de Chine Zhao Bin

lors de la Cérémonie d’Inauguration du Projet du 

Centre culturel et artistique pour les pays

 de l’Afrique centrale à Kinshasa.

 

Excellence Monsieur le Président de la République,

Très Honorable Président de l’Assemblée Nationale,

Très Honorable Président du Sénat,

Excellence Madame la Première Ministre,

Excellences Messieurs les Vice-Premiers Ministres,

Excellences Mesdames et Messieurs les Ministres d’Etat et les Ministres,

。。。。。。

Mesdames et Messieurs, chers amis:

L’honneur m’échoit d’assister aujourd’hui à l’inauguration du Centre culturel et artistique pour les pays de l’Afrique centrale à Kinshasa réalisé avec l’aide chinoise sans contre-partie. L’achèvement des travaux ajoute non seulement un bâtiment emblématique à la belle ville de Kinshasa, mais pose aussi un jalon dans les relations sino-congolaises. À cette occasion, au nom du gouvernement chinois, je tiens à exprimer mes chaleureuses félicitations à toutes les parties prenantes de nos deux pays à la construction de ce projet, et surtout ma profonde gratitude à Votre Excellence, Monsieur le Président de la République pour l’attention particulière et le ferme soutien que vous l’avez bien voulu apporter tout au long de sa mise en œuvre. Il y a 5 ans, c’était vous qui avez personnellement posé sa première prierre; Aujourd’hui, alors que vous ouvrez votre deuxième mandat de magistrature suprême da la RDC, vous procédez à son inauguration officielle, en lui donnant un nouvel éclat.

En tant qu’un des projets phares dans le cadre des « Huit actions majeures » du Sommet de Beijing du Forum sur la Coopération sino-africaine en 2018, le Centre culturel et artistique pour les pays de l’Afrique centrale à Kinshasa, abritant le plus grand opéra de l’Afrique centrale, constitue une miniature de la coopération amicale sino-africaine dans la nouvelle ère et incarne la profonde amitié unissant nos deux pays.

Le corps principal de cet édifice se compose de trois parties, le Centre culturel, l’Institut national des Arts et le Centre d’accueil. De la conception à la construction, tout s’est déroulé dans heureuse condition grâce à la sagesse et à la sueur de plus de 1 000 agents chinois et congolais de divers horizons. Le style architectural qui a intégré des éléments culturels locaux et l’excellente qualité des travaux ont été hautement appréciés par les visiteurs.

La réalisation de ce centre culturel et artistique améliorera les infrastructures culturelles de la République démocratique du Congo pour mieux répondre aux besoins croissants du peuple congolais en la matière; Le nouvel Institut national des Arts, doté d’infrastructure complète et des conditions exceptionnelles d’hébergement, offre un excellent environnement pédagogique aux professeurs et étudiants. Desiné à devenir un berceau des artistes congolais, cette struture attirera un plus grand nombre d’experts internationaux à venir s’échanger ou enseigner, ce qui va en faire une importante vitrine et plate-forme d’échange sur la culture congolaise.

En cette occasion solennelle, je tiens à assurer au gouvernement congolais l’entière disponibilité du gouvernement chinois à le soutenir dans l’entretien et la valorisaton de ce centre afin qu’il puisse jouer, de façon continue, son rôle, constituant avec le Palais du Peuple, le Stade des Martyrs et le Bâtiment gouvernemental administratif, le plus beau quartier de l’amitié sino-congolaise.

Excellence Monsieur le Président de la République, Mesdames et Messieurs, chers amis,

Lors du récent sommet du Forum de Beijing sur la coopération sino-africaine, les dirigeants chinois et africains ont, à travers discussion, mis à niveau, les relations sino-africaines dans la nouvelle ère, ouvert de nouvelles perspectives pour la construction d’une communauté d’avenir partagé et tracé une nouvelle feuille de route pour la coopération entre la Chine et les pays africains. Le président chinois XI Jinping y a annoncé qu’au cours des trois prochaines années, la Chine serait disposée à mener « Dix Actions de Partenariat » avec les pays africains pour promouvoir conjointement le processus de modernisation de la Chine et de l’Afrique. Les mesures à prendre à cette fin couvrent un large éventail de domaines tels que la politique, l’économie, le commerce, les transports, la finance, la sécurité, la santé, la culture, l’éducation et le bien-être de la population. Excellence Monsieur le Président, sur votre instruction, la RDC a créé une task force pour renforcer la synergie avec la Chine dans la mise en oeuvre de ces mesures, ce qui démontre une fois de plus l’importance que vous attachez à la coopération mutuellement bénéfique entre nos deux pays. L’Ambassade de Chine en RDC a déjà eu le premier dialogue avec l’équipe congolaise et je m’engage à ce que mon Ambassade continuera à maintenir une communication étroite avec la partie congolaise pour l’aider à tirer davantage de profit dans le cadre du Forum sur la coopération sino-africaine.

Avant de terminer, je tiens à renouveler mes sincères remerciements aux différents départements gouvernementaux congolais, en particulier au Ministère des Infrastructures et Travaux Publics pour leur soutien accordé en vue d’assurer le bon achèvement de ce projet.

 

Vive l’amitié sino-congolaise!

Merci à tous!




6,85 dollars par jour : dans un monde en mutation, la Banque mondiale scrute l’évolution d’un seuil de pauvreté plus élevé

Ce billet est le troisième d’une série consacrée à la manière dont les pays peuvent progresser vers trois objectifs intrinsèquement liés : l’élimination de la pauvreté, la prospérité partagée et la préservation d’une planète vivable. Pour en savoir plus sur ce sujet, consultez le Rapport 2024 sur la pauvreté, la prospérité et la planète : « Les pistes d’action pour sortir de la polycrise » (a).

La Banque mondiale s’est dotée d’une vision plus large et renouvelée de sa mission : œuvrer pour un monde sans pauvreté sur une planète vivable. Conformément à cette nouvelle vision, elle a aussi élargi sa définition de la pauvreté afin de tenir compte de l’évolution des tendances démographiques dans le monde. Jusqu’à présent, la Banque mondiale se focalisait sur un seuil international de pauvreté fixé actuellement à 2,15 dollars par personne et par jour. Dans le cadre de la refonte de ses objectifs, elle va désormais suivre également l’évolution d’un seuil plus élevé, à 6,85 dollars, qui est en général celui fixé pour les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure — les deux seuils de pauvreté sont exprimés en parité de pouvoir d’achat (PPA) et en dollars constants de 2017 par personne et par jour.

Depuis l’instauration en 1990 d’un seuil international de pauvreté (fixé à 1 dollar par jour), la Banque mondiale a suivi l’évolution de l’extrême pauvreté à l’aide d’un indicateur de référence correspondant aux normes de pauvreté dans les pays les plus pauvres du monde. Le niveau de ce seuil a augmenté au fil des ans pour atteindre aujourd’hui 2,15 dollars (a), ce qui correspond à l’estimation du montant journalier minimum nécessaire pour permettre à un individu de subvenir à ses besoins élémentaires, à savoir se nourrir, se loger et se vêtir.

Au cours des dernières décennies, la structure de la population mondiale a considérablement changé. Entre 1990 et 2024, celle-ci a augmenté de 2,8 milliards d’habitants, soit une hausse de plus de 50 %, pour dépasser les 8 milliards (figure 1). En 1990, près de six personnes sur dix vivaient dans des pays à faible revenu (figure 1). Et ces pays abritaient aussi plus de 90 % (a) de la population en situation d’extrême pauvreté dans le monde. Il était donc tout à fait logique que la Banque fixe un seuil de pauvreté reflétant la réalité des pays les plus pauvres.

Or, aujourd’hui, les pays à revenu intermédiaire comptent plus des trois quarts de la population mondiale (figure 1). De nombreux pays, en particulier des pays très peuplés comme la Chine et l’Inde, sont passés du statut d’économie à faible revenu à celui de revenu intermédiaire (de la tranche inférieure ou supérieure). Et les pays à faible revenu ne représentent plus aujourd’hui que 9 % de la population mondiale. Le risque est donc d’utiliser un seuil trop bas pour rendre réellement compte de la pauvreté (a) dans les pays à revenu intermédiaire.

Graphique 1 : Évolution de la population par groupe de revenu depuis 1990

En raison de ces évolutions, la Banque mondiale présentera, dans le cadre de ses nouveaux indicateurs, une série supplémentaire de données phares sur la pauvreté correspondant au seuil de 6,85 dollars fixé pour les pays à revenu intermédiaire supérieur. Avec l’augmentation des niveaux de revenu, la définition des besoins fondamentaux s’étend au-delà de la nécessité de se nourrir, se loger et se vêtir, pour inclure également d’autres dimensions telles qu’une alimentation saine, des installations sanitaires correctes, une connectivité internet, l’accès à l’électricité ou encore l’éducation (voir ici [a] et ici [a]). Le seuil de 6,85 dollars est un seuil de pauvreté absolue qui rend compte de cette définition élargie et qui fournit un indicateur plus pertinent de la pauvreté dans un plus grand nombre de régions du monde. La figure 2 permet de mettre en évidence des variations importantes dans le profil régional de la pauvreté mondiale selon que l’on utilise le seuil de 2,15 ou 6,85 dollars. Par exemple, la proportion de la population pauvre mondiale vivant en Afrique subsaharienne diminue presque de moitié, pour passer de deux à un tiers environ, tandis qu’elle est multipliée par deux en Asie du Sud, pour passer de 21 à 42 %.

Figure 2 : Répartition régionale des pauvres dans le monde en 2024

La figure 3 illustre l’évolution de la répartition mondiale des revenus (ou des dépenses de consommation) au cours des dernières décennies. En 1990, environ un tiers de la population mondiale vivait avec moins de 2,15 dollars par jour, un autre tiers avec un revenu compris entre 2,15 et 6,85 dollars par jour, et le tiers restant avec plus de 6,85 dollars par jour. Des progrès considérables ont été réalisés depuis : aujourd’hui, environ la moitié de la population mondiale (56 %) vit avec plus de 6,85 dollars par jour, tandis que moins de 9 % des habitants disposent de moins de 2,15 dollars par jour. La part de la population mondiale située entre les seuils de 2,15 et 6,85 dollars est restée pratiquement inchangée (soit une proportion d’un tiers environ).

Figure 3 : Croissance des revenus depuis 1990

En chiffres absolus, le tableau est toutefois sensiblement différent. En raison de la croissance démographique, le nombre de personnes vivant avec moins de 6,85 dollars par jour dans le monde a à peine changé : elles étaient 3,7 milliards en 1990 et sont 3,5 milliards aujourd’hui. La réorientation de la Banque mondiale vers le seuil de 6,85 dollars recouvre par conséquent une immense population. Elle rend d’autant plus urgente la nécessité de lutter contre la pauvreté et de renforcer la résilience dans un monde davantage exposé aux risques climatiques et économiques qu’il y a quelques années encore.

Même si la Banque mondiale a étendu les limites de la pauvreté, l’élimination de l’extrême pauvreté reste au cœur de sa mission. La Banque est l’« organisme dépositaire » de la cible 1.1 des Objectifs de développement durable (ODD), qui vise à éradiquer l’extrême pauvreté dans le monde entier d’ici à 2030. À l’heure actuelle, les personnes en situation d’extrême pauvreté sont plus nombreuses dans les pays à revenu intermédiaire que dans ceux à faible revenu (a). C’est pourquoi le suivi de l’évolution de la pauvreté au seuil de 2,15 dollars, qui porte sur les privations les plus graves, reste pertinent tant pour les pays à faible revenu que pour ceux à revenu intermédiaire.

Les auteurs adressent leurs plus vifs remerciements au gouvernement britannique pour son soutien financier dans le cadre du programme de recherche « Data and Evidence for Tackling Extreme Poverty » (DEEP).

Samuel Kofi, Tetteh BaahHenry, Stemmler Maria, Eugenia Genoni et Christoph Lakner