20ème lettre sociale congolaise : De l’envie politique du pouvoir à la responsabilité politique au pouvoir comme exigence pour « jeter les jalons pour un Congo émergent »
« C’est une règle générale : l’homme qui réussit le mieux dans la vie est celui qui détient la meilleure information ». Benjamin Disraeli.
Chères lectrices, chers lecteurs ;
- Je voudrais avant toute chose vous présenter mes vœux de bonheur, de prospérité et de longévité pour l’an 2023.
- Je me dois aussi, par la même occasion, de vous remercier toutes et tous pour m’avoir encouragé et soutenu par votre lecture de la lettre sociale congolaise durant l’an 2022. Votre lecture de la lettre sociale congolaise témoigne de l’importance que vous attachez à la construction d’une bonne société. Car, pour Mortimer Jérôme Adler (1965 :173) « The good society, in large, must be an association of men made friends by intelligent communication ». La bonne société doit, dans son ensemble, être une association des hommes devenus amis par la communication intelligente. Pour Adler, les instruments par excellence de la communication intelligente sont la lecture et l’écriture.
- J’ai palpé du doigt cette évidence dans la mesure où à travers la lettre sociale congolaise, j’ai eu des amis avec qui nous partageons les mêmes idées et objectifs pour l’espèce humaine et pour la RDC. Et, laissez moi vous dire que nous avons formé une communauté telle qu’annoncée par Adler en ces termes : « we form a community to the extent that we communicate, share common ideas and purposes ». Nous formons une communauté dans la mesure où nous communiquons, partageons les mêmes idées et objectifs.
- Merci infiniment mes très chers amis lecteurs et lectrices de la lettre sociale congolaise. Tenez- vous encore prêts pour 2023.
- La 20ème lettre sociale congolaise, la première de l’an 2023, exhume un des thèmes annoncés par le Président de la République démocratique du Congo dans son discours du 10 décembre 2022. Ce thème est « jeté les jalons pour un Congo émergent » F.A. Tshisekedi Tshilombo (2022 :25).
- Dès lors, dans un pays comme la République démocratique du Congo, pour matérialiser ce thème, le passage de l’envie politique du pouvoir à la responsabilité politique au pouvoir est l’une des exigences à satisfaire.
- La responsabilité politique au pouvoir fait à ce que la sphère politique soit un endroit cognitif et productif des idées susceptibles de réaliser la fin politique qui est « le bien commun », c’est-à-dire un bien pour tous. C’est donc un endroit de conception des idées, des programmes, des objectifs par les femmes et les hommes politiques. Cet impératif politique est corroboré par l’une des hypothèses de Mabika Kalanda (1965 :11) selon laquelle « tout changement dans le monde social humain n’est pas essentiellement l’œuvre du hasard. Il procéderait également de l’esprit créateur de l’homme. L’homme conçoit d’abord, puis matérialiser ou objectiver ses idées ». Un homme qui ne conçoit pas ne peut en aucun cas progresser, car, il demeure dans la survie et non dans la réalisation.
- C’est pourquoi Kalanda (1965 : 25) montre qu’« Outre le fait de posséder des machines, de les utiliser et de savoir les fabriquer, ce qui caractérise une société développée c’est d’être à tout moment capable de concevoir les idées, les croyances et les techniques en mesure de maintenir le phénomène social, d’augmenter son efficience et d’adapter les outils aux dimensions des besoins du moment ». C’est ça la tâche que les femmes et les hommes politiques congolais devraient se donner avec le sentiment du devoir dans leurs discours et pratiques politiques.
- C’est ainsi que Bertin Mushagalusa Zihalirwa (2020 :219) montre que le discours politique est « le lieu de manifestation du sens de la politique en tant qu’effort de donation de sens à une vie pour la liberté, la paix sociale et la justice ».
- Ainsi donc, tout homme politique congolais digne de ce qualificatif devrait être fier non pas d’exhiber les avoirs matériels qu’il a eus par l’exercice du pouvoir, les rites du pouvoir et les lieux du pouvoir, mais d’avoir conçu et produit les idées qui élèvent psychologiquement, socialement et politiquement les congolais pour bâtir une société librement démocratique.
- Comme l’écrit Achile Mbemba cité par Georges Defour (2000 :4) « le développement de l’homme ne se réduit pas à la satisfaction de ses besoins alimentaires, mais comporte surtout une exigence d’éveil à l’intelligence et à la créativité ».
- Certains hommes politiques congolais travaillent pour l’éveil de l’intelligence des congolais. C’est le cas notamment de Noël Tshianyi avec son projet de loi et d’Adolph Muzito avec ses tribunes et ses actuelles exigences sur « l’offre politique crédible » et « le programme commun pour former une alliance » qui sont à situer dans un cadre logique de conception et production des idées à matérialiser et objectiver dans la sphère politique.
- Car, le projet de loi Tshiani tout comme les tribunes Muzito ne sont réalisés que par un écrit caractérisé par l’unité, la clarté et la cohérence.
- Par conséquent, ne peut produire un tell écrit que l’homme politique qui a fait de la lecture et de l’écriture une obsession. C’est ainsi que Mortimer Jérôme Adler rappelle ce que dit Francis Bacon sur la lecture et l’écriture en ces termes : « Reading maketh a full man, conférence a ready man, and writing an exact man ». La lecture fait un homme complet, la conférence (discours) un homme prêt et l’écriture un homme exact.
- Cette précision de Francis Bacon justifie la supériorité, la grandeur et la puissance que celles et ceux qui lisent et écrivent font souvent montre dans plusieurs circonstances de la vie humaine.
- Hélas, ces hommes complets, prêts et exacts sont des oiseaux rares dans la sphère politique congolaise à cause de l’envie politique du pouvoir de la plupart des femmes et hommes que les circonstances nous imposés comme femmes et hommes politiques. La lecture et l’écriture sont des belles mères, pour reprendre l’expression du Professeur Osokonda Basile, pour certains hommes politiques et des beaux pères pour certaines femmes politiques.
- Alors que Alvin Toffler dans montre, son livre Les nouveaux pouvoirs, que « de notre temps, la lutte pour le pouvoir, dans le pays soumis à une rapide révolution, deviendra de plus en plus une lutte pour la distribution du savoir et la possibilité d’y accéder ».
- La distribution du savoir et la possibilité d’y accéder sont très importantes dans un régime démocratique. Dans ce régime les citoyens doivent devenir critiques sur qu’ils lisent et entendent. Un exemple qui me vient à l’esprit part de l’Assemblée Nationale de la RDC qui a adopté en décembre dernier le budget 2023 de l’ordre de 15,8 milliards USD. Le budget 2018 voté en décembre 2017 était d’environ 5 milliards USD.
- Dès lors, tout en félicitant les efforts du régime actuel qui a augmenté le budget national année après année, les congolaises et congolais ne devraient pas seulement se contenter de cette augmentation, mais se demander à qui a profité cette différence qui saute aux yeux de milliards de dollars américains et ce, pendant des décennies ?
- La vérité est que cette différence n’a profité qu’aux partisans de l’envie politique du pouvoir, celles et ceux qui tiennent à se servir au lieu de servir le peule. Ces femmes et hommes politiques qui ont vécu dans l’opulence tout en condamnant le peuple congolais à la misère.
- De même, les congolaises et congolais ont payé les factures émises par la SNEL et la REGIDESO pour 28 jours, 29 jours, 30 jours ou 31 jours alors qu’ils ne consommaient que l’eau et l’énergie électrique de 5 ou 7 jours le mois et peut être même pas.
- Si ces femmes et hommes politiques opèrent encore dans les institutions, les entreprises et les établissements publics, les services de l’administration publique, ils ne pourront pas contribuer à la matérialité de « jeter des jalons d’un Congo émergent ».
- Déjà dans un message intitulé Des dirigeants nouveaux pour le salut du peuple (Congo Afrique n°293 :133), les évêques de l’église catholique romaine du Zaïre montraient que le peuple était non gouverné et que les autorités étaient nuisibles. Ces évêques justifiaient leur position par le fait que les autorités publiques zaïroises étaient omniprésentes au milieu du peuple. Mais, elles exerçaient rarement leur pouvoir. Et, lorsqu’elles semblaient l’exercer, c’était très souvent contre et au détriment du peuple.
- C’est ici qu’il convient de revenir avec Jacques Maritain qui prévient que « toute autorité exerçant une fonction dans l’Etat doit mettre au premier plan la notion de bien commun au nom du quel elle agira, car, l’Etat est considéré comme le sommet de la société qui vise le bien commun ».
- Cependant, les efforts fournis par le Président de la République démocratique du Congo pour le décollage de ce grand pays se butent toujours à l’envie politique du pouvoir. Il ne se passe pas un jour dans ce pays sans que cette phrase soit entendue : « Nous sollicitons l’implication personnelle du Chef de l’Etat pour déganter cette situation… ». Par cette phrase, le peuple congolais dans sa diversité tient à ce que le Président de la République resolve ses problèmes.
- Le non dit de la phrase ci-haut citée, devenue presque populaire, est que « comme les personnes que vous avez nommées ne parviennent pas à faire leur travail, résolvez vous-mêmes les problèmes qu’elles devraient résoudre par devoir de leurs fonctions ».
- Donc, le Président de la République est sollicité par son peuple pour exécuter les tâches pour lesquelles, un ministre est payé, un policier est payé, un magistrat est payé, un professeur est payé, un directeur général est payé… Le cas patent est celui d’un mémorandum adressé au Chef de l’Etat par les agents de l’Etat qui affirment avoir été évincés dans les récentes affectations des Secrétaires Généraux de l’administration publique. J’y reviendrai au regard de l’importance que revêt l’administration publique dans un pays.
- Tout compte fait, l’émergence de la République démocratique du Congo doit être portée par des hommes nouveaux, des hommes chez qui, comme l’exige Mgr Bakole wa Ilunga (1985 :30), le cœur de pierre est remplacé par un cœur plein de bonté, de pitié, de pardon et d’amour ». J’ajoute aussi d’un cœur plein d’humanité et de justice et d’un esprit sans famine intellectuelle.
- J’ai fait ma part. Si vous êtes intéressés par cette lettre sociale congolaise, rejoignez la coupe pleine au numéro + 243 994 994 872 pour appel normal, WhatsApp ou twiter et à l’e-mail jsphngandu@gmail.com pour la suite.
Fait à Kinshasa, le 15 janvier 2023.
Jean Joseph NGANDU NKONGOLO
Anthropobibliologue, Expert en AnthropoBibliologie du Travail, Formateur Psycho SocioProfessionnel et Chercheur à l’Observatoire Congolais du Travail.