Affaire exploitation illicite de minerais et blanchiment d’argent au Sud-Kivu : Dix sujets chinois acquittés par le TGI/Bukavu

Le Tribunal de Grande Instance de Bukavu a tranché dans une affaire hautement médiatisée qui mettait en cause dix ressortissants chinois de la société Global Business Sarl. Siégeant en matière répressive au premier degré, la juridiction a rendu son verdict mardi 21 janvier 2025, acquittant les prévenus des accusations d’exploitation illicite de minerais et de blanchiment des capitaux dans la province du Sud-Kivu.

Une affaire au cœur des préoccupations locales

Cette affaire, qui avait capté l’attention des médias et suscité de vives réactions au sein de la population du Sud-Kivu, soulignait des préoccupations récurrentes sur l’exploitation minière dans la région. Les dix ressortissants chinois étaient accusés de pratiquer des activités minières illégales et de manipuler des capitaux de manière douteuse, des pratiques qui, selon les autorités, minent l’économie locale et aggravent l’instabilité sociale.

Cependant, après une série d’audiences, le juge président de la composition, Bya Ngoyi, a déclaré que l’acquittement était motivé par une « insuffisance de preuves ». Cette décision a surpris plus d’un, compte tenu de la gravité des charges retenues au départ contre les prévenus.

Une décision fondée sur le manque de preuves

Dans son exposé, le juge Bya Ngoyi a expliqué que les éléments produits par le ministère public n’étaient pas suffisamment solides pour établir la culpabilité des accusés au-delà de tout doute raisonnable. Les documents fournis, les témoignages et les expertises présentés au tribunal n’ont pas permis de démontrer clairement l’implication directe des prévenus dans les activités illicites.

« La justice repose sur des preuves tangibles et irréfutables. En l’absence de telles preuves, il est de notre devoir de prononcer l’acquittement », a souligné le magistrat, tout en rappelant que cette décision n’annule pas la possibilité d’une enquête approfondie si de nouveaux éléments venaient à être découverts.

Une opportunité pour réformer

Au-delà des critiques, certains experts voient dans cette affaire une opportunité de renforcer le cadre légal et institutionnel autour de l’exploitation minière en République démocratique du Congo (RDC). Ils appellent à des mesures plus strictes pour surveiller les activités des entreprises étrangères, garantir la transparence dans l’attribution des permis miniers et promouvoir une gestion plus équitable des revenus générés par ce secteur.

En définitive, l’acquittement des dix ressortissants chinois de Global Business Sarl marque un tournant dans une affaire emblématique des défis posés par l’exploitation des ressources naturelles au Sud-Kivu. Si la justice a tranché en fonction des éléments à sa disposition, les critiques montrent que des doutes subsistent quant à l’efficacité et à l’indépendance du système judiciaire congolais.

 

Dans une région où les ressources minières sont à la fois une bénédiction et une malédiction, cette décision rappelle l’urgence d’une gouvernance plus rigoureuse et d’un cadre juridique capable de protéger les intérêts nationaux tout en attirant des investissements responsables. L’avenir dira si ce verdict constitue une simple parenthèse ou un appel à une réforme plus large du secteur minier en RDC.

Eugide Abalawi Ndabelnze