Algérie-Palestine … La grande hypocrisie!

Il y a une vidéo que la propagande algérienne tente désespérément de faire disparaître, celle montrant le président algérien Abdelamjid Tebboune fanfaronner devant les caméras avec cette phrase devenue culte… « la cause palestinienne, laissez là à moi, je m’en occupe ». Ce fut à l’occasion du sommet arabe d’Alger dont tout le monde a oublié jusqu’à l’existence à cause du niveau bas de la représentation et de la maigreur des résultats politiques.

Il reste dans les mémoires cette posture virile du président algérien qui promettait de remuer ciel et terre pour défendre la cause palestinienne. Même si personne n’accordait le moindre crédit à cette attitude du régime algérien qui avait habitué son monde à sur-exploiter la cause palestinienne avec presque la même vigueur que l’antagonisme à l’égard du Maroc, la curiosité était grande de savoir ce qu’Alger pourrait faire en cas d’accélération notoire des événements comme l’incarne aujourd’hui la guerre israélienne contre la Bande de Gaza.
Or, depuis le début de cette sanglante confrontation entre Israël et le Hamas, le régime algérien avait frappé les esprits par son total mutisme politique. Pire, il fut parmi les rares pays à avoir formellement interdit toutes les manifestations en faveur des Palestiniens. Alors que les rues arabes, européennes et américaines bruissant de cette colère populaire contre cette guerre et ses impacts meurtriers sur les civils palestiniens, les rues algériennes étaient désespérément, voire honteusement silencieuses. Les rares expressions populaires autorisées étaient solidement encadrées et mises en scène, par crainte de voir ces manifestations déborder le cadre du soutien aux Palestiniens pour réanimer la flamme du Hirak.
La guerre israélienne contre Gaza a agi comme un révélateur des grandes contradictions du régime algérien et de sa profonde hypocrisie à l’égard de la cause palestinienne. Habile à l’utiliser dans sa propagande officielle, Alger est resté inerte, voire terrorisé à l’encontre de ces événements où Israël tue quotidiennement les civils palestiniens par centaines. Non seulement le régime algérien n’a proposé aucune aide matérielle digne de ce nom, mais sa diplomatie s’est activée à tenter de faire avorter, dans les forums internationaux, toutes les tentatives diplomatiques de venir en aide aux Palestiniens.
La grande hypocrisie algérienne sur ce conflit est à trouver aussi dans son exploitation dans les relations d’Alger avec son voisinage. Alors que le régime algérien avait fait du rapprochement diplomatique entre le Maroc et Israël une ligne rouge menaçant ses intérêts et justifiant l’état de rupture des relations diplomatiques avec Rabat, les fermetures des frontières terrestres et de l’espace aérien entre les deux pays, ce régime s’accommode à merveille quand d’autres pas pays alliés entretiennent des relations avec Israël.
Deux pays particulièrement semblent se distinguer sur cette question. La Turquie dont le président Tayeb Erdogan a visité récemment l’Algérie. La Turquie a de relations diplomatiques, militaires et économiques avec Israël et cette situation ne semble aucunement choquer le régime algérien dont la propagande officielle n’ose formuler la moindre critique sur ces relations avec Israël et leur maintien alors que la guerre israélienne contre les civils palestiniens fait rage.
Le second pays qui anesthésie à sa manière l’indignation algérienne sur cette question palestinienne est le Qatar. Récemment, les réseaux sociaux ont largement diffusé une photo de l’émir du Qatar Tamim en train de serrer la main au président Israélien Isaac Herzog, suivie d’une rencontre en tête en à tête en marge de la COP 28 qui se tient aux Émirats arabes unies. Comme leur abstention de poser des questions sur la stratégie israélienne d’Erdogan, les médias algériens ont volontairement ignoré cette photo. Et pour cause. Elle les met devant le miroir de leurs perceptions contradictoires des enjeux de cette crise au Proche Orient.
Et cerise sur le gâteau qui met en valeur cette vision trouble du régime algérien sur la cause palestinienne, l’inexplicable interdiction de voyager opposée à Abderazak Mokri, un islamiste algérien à qui certains cercles prédisent un avenir prometteur. Mokri devait voyager en dehors de l’Algérie pour rencontrer des personnalités du Hamas. Un projet qui semble déplaire aux militaires d’Alger qui ont fait le choix de l’interdire.
La guerre du 7 octobre et ses conséquences ont fait tomber les masques en Algérie. Son régime militaire exploite la cause palestinienne uniquement pour réaliser des objectifs de propagande interne, ni plus ni moins.