Au-delà du contrat sino-congolais malmené par l’IGF: De quelle Rdc parle l’UE pour proposer « un partenariat stratégique sur la chaîne de valeur des minerais » ?

« Quel que soit la durée de la nuit, le soleil apparaîtra » : voici une citation à (se) recommander pour bien circonscrire la question « Sicomines » au travers du contrat sino-congolais. Le 4 mars 2023, dans la suite du président français Emmanuel Macron, les analystes avertis ont perçu la présence des commissaires européens Jutta Urpilanen, en charge des Partenariats internationaux, et Thierry Breton, en charge du Marché intérieur. Dans le communiqué conjoint publié à l’occasion, la Commission européenne et la RDC ont envisagé un partenariat qui soit « une opportunité de renforcer les liens entre les deux parties autour d’intérêts et d’objectifs communs, notamment la mise en place en RDC de la chaine de valeur responsable des minéraux critiques ». Il est question de signature « d’un protocole d’entente (MOU) gagnant-gagnant dans ce domaine ainsi que l’établissement d’une feuille de route autour des projets de coopération et d’investissements ».

Question pertinente : de quelle RDC est-il question ? Car, les analystes avertis, eux, savent que depuis quasiment les années 1985, les Européens et les Américains n’ont plus investi en République Démocratique du Congo. Ils ont profité de la crise institutionnelle surgie à partir de 1990, dans la foulée de l’enclenchement du processus démocratique (appelé aussi Transition) pour se désengager davantage.
Les Congolais, Zaïrois à l’époque, se souviennent de la suspension de la coopération structurelle décidée au détriment des entreprises publiques comme Regideso pour l’eau, Snel pour l’électricité, Office des routes pour les routes, Rvf pour le transport fluvial et lacustre, Rva pour le transport aérien, Rvm pour le transport maritime, Onatra et Sncz pour le transport ferroviaire, fluvial et lacustre, et même Gécamines pour l’exploitation minière !
A la base, le massacre des étudiants survenu sur le campus de l’Université de Lubumbashi en mai 1990 que tous les gouvernements occidentaux, informés par leurs services de renseignements, savaient pourtant faux.
Voici dont près de 40 ans que les Américains et les Européens ont décidé de substituer à la coopération structurelle (qui développe des pays) l’assistance humanitaire (qui détruit totalement des pays).
Revoir les Occidentaux tenter un retour en territoire congolais qu’ils semblent avoir mis en jachères à quelque chose d’interpellateur.
En effet, que serait devenue la RDC si la Chine avait suivi en 2008 le conseil des Occidentaux de ne pas y investir au motif d’un pays non éligible à l’accès au marché international des financements ?
Les faits, vérifiables, sont rapportés par des Congolais mobilisés en 2007 pour convaincre les investisseurs étrangers des opportunités en affaires. Ces Congolais avaient été amenés à constater la non-tenue, par l’Union européenne, de la promesse faite aux Congolais du retour de grands investisseurs en contrepartie de leur participation massive au référendum constitutionnel de 2005 et aux élections de 2006.
En Europe, en Amérique et même en Asie, les investisseurs occidentaux avaient dit niet !
Seuls les Chinois avaient accepté de s’y risquer. D’où le contrat sino-congolais conclu en 2008 et qui a permis à la RDC de se redresser pour redevenir un pays fréquentable.
Comme le dit d’ailleurs si bien un connaisseur dudit contrat ayant recommandé au Gouvernement « le renouvellement de ce modèle de collaboration, toutefois en prenant soin d’y insérer les améliorations », l’entrée en lice des Chinois aura servi de « garantie aux autres partenaires qui sont venus investir dans notre pays. Ils se disent que si les partenaires chinois investissent une enveloppe de 6 milliards de dollars, cela signifiait que le pays est fréquentable et un bon climat des affaires ».

Ils noseront pas relever ce défi

Que les Américains (en marge du sommet Etats-Unis/Afrique en décembre 2022) et les Européens (en mars 2023 à Kinshasa) cherchent à rentrer en RDC comme on revient sur le lieu du « crime », et qu’ils se trouvent pour cela des Congolais au cour bon disposés à les accueillir à bras ouvert, c’est dans l’ordre normal des choses.
L’ordre anormal commence toutefois lorsque les premiers conseillent aux seconds de participer à une sorte de battue dont le gibier est le contrat sino-congolais, cela via la Sicomines.
Symbolique forte : pour l’organiser, les commanditaires ne s’embarrassent pas d’utiliser, eux, les infrastructures aménagées ou réaménagées par les Chinois dans le cadre du même contrat ! Et comble de perfidie, ils s’appuient sur les mêmes réseaux qui les avaient aidés entre 1990 à 2022 à affaiblir tous les gouvernements qui se sont succédé en RDC, réseaux ayant mis le pays à la merci notamment des groupes armés et de leurs supplétifs intéressés tous à l’exploitation artisanale minière (celle qui ne rapporte pas grand-chose à l’Etat congolais), pendant qu’ils s’opposent à l’exploitation industrielle (celle qui rapporte beaucoup de moyens aux Pouvoirs publics).
C’est peut-être le moment de demander à ces Occidentaux : peuvent-ils rendre compte aux Congolais de ce que l’exploitation minière leur a rapporté depuis la colonisation, et combien ont-ils mis dans le développement du pays jusqu’à 1985, année d’arrêt de leurs investissements !
Même en disposant de statistiques fiables en la matière, ils n’oseront pas relever ce défi.