Au nom de la liberté et de l’égalité des Etats

La levée du moratoire sur la peine de mort, en vigueur depuis deux décennies, a suscité des réactions diverses.

Si une ONG et un Syndicat ont soutenu le rétablissement de la peine de mort ainsi que le Peuple congolais par une massive approbation silencieuse ; faute de manifestations contre et d’envergure, d’autre comme les ambassadeurs de l’UE et les Evêques de la CENCO ont désapprouvé cette décision du Gouvernement congolais.

Il y a eu d’autres réactions plus étranges, presque anecdotiques qui considèrent cette levée du moratoire comme une voie à la dictature ou l’expression d’incapacité du Gouvernement à gérer ses criminels.

Pour le Gouvernement, soutenu par l’opinion nationale, il s’agit d’une mesure de nature à décourager les crimes atroces de guerre contre les populations civiles, les trahisons et collaboration avec l’ennemi. Décision de bon sens qui caractérise la détermination du Président Tshisekedi à mettre fin à cette guerre annexionniste et de prédation avec la conspiration silencieuse de certains partenaires bien connus et identifiés : la Grande Bretagne à travers le deal d’accueil des réfugiés, l’UE lié par les MOU de partenariat sur les minerais stratégiques inexistants au Rwanda, la Pologne par une sorte d’accord bilatéral de sécurité. Alors que le Congo ne représente aucun danger pour la Pologne.

Cette vue réductionniste et manichéenne de ces partenaires du Rwanda est pourtant loin de refléter la réalité internationale.

Les Etats Unis, figure emblématique de la démocratie occidentale appliquent la peine de mort sans une quelconque protestation, de tous ceux qui prétendent que la levée du moratoire sur la peine de mort est un recul démocratique pour ouvrir la voie à la dictature et à un pouvoir autocratique.

Même si le monde est perçu et vécu aujourd’hui comme un grand village grâce à la technologie, il n’en est pas moins vrai que tous les pays n’évoluent pas de la même façon, au même rythme ou partagent à l’unanimité les mêmes valeurs en tout.

Bien plus si l’on fait une lecture diachronique de l’histoire du monde, tous les pays en proie à la situation similaire à celle que vit la RDC dans sa partie Est appliquent ou ont appliqué la peine de mort sans état d’âme pour sauver leur intégrité et leur existence. Tel le sort réservé aux traitres, aux espions, aux collabos, et aux militaires qui fuient les combats ou livrent des secrets à l’ennemi.

Pour éclairer et édifier l’opinion, revenons aux fondamentaux du débat sur la peine de mort.

Le débat sur la peine de mort porte fondamentalement sur deux aspects, à savoir l’efficacité dissuasive sur la société et la pénibilité du châtiment pour les condamnés.

Plutôt que d’abolir purement et simplement la peine de mort. En toute circonstance, la plupart d’Etats veille plutôt à sa légalité pour éviter les exécutions sommaires et des actes de vengeance.

Ainsi, la peine de mort comme châtiment est d’application depuis les temps immémoriaux : la lapidation dans la société juive antique, la crucifixion, la fusillade, l’obligation de boire du poison appliquée à Socrate ou l’injection létale aux USA.

Dans tous les cas, la motivation a une importance déterminante : l’immoralité pour la lapidation, la corruption de la jeunesse comme le cas de Socrate, la trahison, la fuite devant l’ennemi, etc.

Au nom de la liberté et de l’égalité des Etats, le Gouvernement congolais a donc le droit de défendre la désintégration de sa société par tous les moyens légaux.

Le rétablissement de la peine de mort ne signifie pas l’autorisation de tuer les citoyens en série et de façon arbitraire.

Pour comprendre ses différentes prises de position, une analyse explicative s’impose.

Les organisations congolaises ainsi que la population congolaise drapées dans un silence approbateur partagent toutes les raisons données par le Gouvernement, notamment les trahisons et les infiltrations massives dans le commandement de l’Armée et sur le théâtre des opérations.

Une façon de décourager tous les complices des atrocités commises par l’Armée rwandaise sur nos terres.

Dans tous les cas, aucun mouvement de masse n’a été signalé à la suite de la levée du moratoire sur la peine de mort.

 

Aux yeux de l’opinion congolaise, la protestation des Ambassadeurs de l’UE semble suspecte et insolite. L’opinion y voit une manœuvre diplomatique pour couvrir les agissements coupables de leur partenaire rwandais, confirmant ainsi la rumeur populaire, largement rependue et partagée depuis la signature des MOU de partenariat sur les minerais stratégiques, que le Rwanda ne possède pas éventuellement en quantité commerçable.

Un aveu de complicité !

La position des Evêques de la CENCO est plutôt idéologique dans une approche christologique.

En effet, le fait que le Christ, Fondateur de l’Eglise Catholique, ait été condamné à mort par crucifixion alors que le pouvoir romain n’a retenu aucune charge.

Ainsi que la peine de mort infligée aux martyrs, justifie leur position de principe pour son l’abolition.

A la vérité, l’Eglise a eu aussi à appliquer la peine de mort notamment pendant l’inquisition et contre les hérétiques comme un châtiment dissuasif et salutaire.

Dans cet ordre d’idée, on peut signaler la condamnation de Jeanne d’Arc à mourir par le feu.

En conclusion, au nom de la liberté et de l’égalité des Etats, l’Etat congolais a le droit, dans des circonstances exceptionnelles et de force majeures, d’appliquer légalement la peine de mort pour sauver la patrie en danger.

En tout état de cause, l’application ou l’abolition de la peine de mort comme châtiment dépendront toujours des circonstances particulières du moment, propres à chaque Etat.

 

Kinshasa, le 28/03/2024

 

Ambassadeur

André-Alain ATUNDU LIONGO

Bureau d’Etudes Stratégiques