Audience générale: dans l’Église, «nous sommes encore trop euro-centriques» 

«Ce fut un voyage mémorable. Je remercie le Seigneur qui m’a permis de faire en tant que vieux Pape ce que j’aurais aimé faire en tant que jeune jésuite.» De retour de son 45ème voyage apostolique effectué en Indonésie, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, au Timor oriental et à Singapour, le Pape a mercredi 18 septembre exprimé sa reconnaissance au Seigneur, mais aussi sa joie de rencontrer les différentes communautés de ces pays; d’écouter les témoignages des prêtres, des religieuses, des laïcs et surtout des catéchistes. De rencontrer «des églises qui ne font pas de prosélytisme, mais qui grandissent par “attraction”». Une première réflexion qui vient naturellement après ce voyage, «c’est qu’en pensant à l’Église, nous sommes encore trop euro-centriques, ou, comme on dit, “occidentaux”. En réalité, l’Église est beaucoup plus grande et plus vivante», a déclaré le Pape.

Lors de l’audience générale de ce mercredi 18 septembre, la première de ce mois, tenue sur la place Saint-Pierre, l’évêque de Rome s’est essentiellement prononcé dans sa catéchèse sur ce voyage, le plus long de son pontificat: 12 jours de déplacement sur 30 000 kilomètres. Âgé de 87 ans, le Pape argentin a suivi l’exemple de Paul VI qui, en 1970, a «été le premier pape à s’envoler vers le soleil levant, visitant longuement les Philippines et l’Australie, mais s’arrêtant aussi dans plusieurs pays d’Asie et à Samoa», a rappelé François.

Une Église vivante

En Indonésie, “Foi, fraternité, compassion” était le thème de la visite du Pape dans ce pays où les chrétiens sont environ 10 % et les catholiques 3 %. Ces trois mots considérés «comme un pont, comme le passage sous-terrain qui relie la cathédrale de Jakarta à la plus grande mosquée de l’Asie». Là, «j’ai vu que la fraternité est l’avenir, qu’elle est la réponse à l’anti-civilité, aux complots diaboliques de la haine et de la guerre», a dit le Souverain pontife.

Le Successeur de Pierre a été au contact d’«une Église vivante, dynamique, capable de vivre et de transmettre l’Évangile dans ce pays à la culture très noble, enclin à harmoniser la diversité, et qui compte en même temps le plus grand nombre de musulmans au monde».

«Un environnement idéal pour l’Esprit Saint»

Du côté de la Papouasie-Nouvelle-Guinée où environ 95% de la population de Papouasie-Nouvelle-Guinée est chrétienne, dont 26% de catholiques, François a confié avoir trouvé la beauté d’une Église missionnaire. Les différentes ethnies parlent plus de huit cents langues: «un environnement idéal pour l’Esprit Saint, qui aime faire résonner le message d’Amour dans la symphonie des langues». Le Pape s’est souvenu des beaux moments passés avec les missionnaires et les catéchistes, des chants et la musique des jeunes: «en eux, j’ai vu un nouvel avenir, sans violence tribale, sans dépendance, sans colonialisme économique ou idéologique; un avenir de fraternité et d’attention à l’environnement naturel merveilleux», a-t-il fait savoir.

«La Papouasie-Nouvelle-Guinée peut être un “laboratoire” de ce modèle de développement intégral, animé par le “levain” de l’Évangile». Car «il n’y a pas d’humanité nouvelle sans hommes et femmes nouveaux, et ceux-ci le Seigneur seul les fait», a dit l’évêque de Rome.

«J’ai respiré “l’air du printemps”»

Au Timor oriental, il a surtout été frappé par la beauté d’un peuple éprouvé mais joyeux, sage dans la souffrance. Un peuple qui non seulement engendre beaucoup d’enfants, mais leur apprend à sourire. C’est une garantie pour l’avenir, a-t-il expliqué. Dans ce deuxième pays le plus catholique de toute l’Asie après les Philippines, avec plus de 97% de la population catholique, «le pouvoir de promotion humaine et sociale du message chrétien se manifeste de manière particulière dans son histoire».

«L’Église y a partagé le processus d’indépendance avec tout le peuple, en l’orientant toujours vers la paix et la réconciliation. Il ne s’agit pas d’une idéologisation de la foi, non, c’est la foi qui devient culture et en même temps l’éclaire, la purifie et l’élève», a précisé le Souverain pontife. François a donc saisi l’occasion, de relancer la relation féconde entre foi et culture, sur laquelle saint Jean-Paul II avait déjà mis l’accent lors de sa visite.

Des témoins de l’espérance

Posant ses valises à Singapour pour clôturer ce long voyage plein d’émotions et de belles expériences, François a pu remarquer «qu’il y a dans la riche Singapour, des ”petits” qui suivent l’Évangile et deviennent sel et lumière, témoins d’une espérance plus grande que celle que les gains économiques peuvent garantir». Dans ce pays différent des trois autres: «une Cité-État, très moderne, pôle économique et financier de l’Asie et bien au-delà. Les chrétiens y sont minoritaires, mais ils forment une Église vivante, engagée à générer l’harmonie et la fraternité entre les différentes ethnies, cultures et religions», a souligné l’évêque de Rome.

Au terme de sa catéchèse, l’évêque de Rome a renouvelé sa gratitude aux autorités civiles et aux Églises locales de ces États d’Asie et d’Océanie, pour leur accueil plein d’enthousiasme. «Que Dieu bénisse les peuples que j’ai rencontrés et les guide sur le chemin de la paix et de la fraternité», a ainsi prié le Pape.

Le prochain voyage du Saint-Père aura lieu du 26 au 29 septembre prochain: le Pape François se rendra au Luxembourg et en Belgique.

Myriam Sandouno – Cité du Vatican