Avec cette crue du fleuve : « Il n’y a pas que les conséquences économiques, l’on redoute également de maladies comme le Choléra, etc. »
La crue du fleuve Congo a eu de nombreuses conséquences surtout dans le domaine économique. Toutes les activités économiques qui se déroulaient dans les quartiers de la ville de Kinshasa inondés sont paralysées. Si dans certains quartiers, elles tournent au ralenti, dans d’autres, elles ont complètement cessé au grand dam des habitants de ces quartiers. Conséquences économiques de la crue du fleuve Congo à Kinshasa, un reportage de l’Agence Congolaise de Presse.
Au sortir du Boulevard du 30 Juin, à l’entame de l’avenue Poids Lourds, une grande artère qui longe le fleuve Congo, rien ne paraît à priori anormal. Mais, quelques mètres plus loin, une partie de cette artère est également sous les eaux, notamment, vers la société brassicole Bralima. Plus loin encore, ce sont des quartiers entiers qui sont engloutis sous les eaux débordantes du fleuve Congo. La prestigieuse Cité du Fleuve et ses environs sont complètement inondés. Pour circuler dans ce coin du quartier Kingabwa, il faut utiliser la pirogue, ce qui constitue une bonne affaire pour les pagayeurs. Si ces derniers se frottent les mains, les commerçants, eux, grincent des dents.
Mimie Bofonge est commerçante et victime d’inondation au quartier Kingabwa. Depuis la montée des eaux du fleuve jusque dans leurs maisons, rien ne marche pour leurs petits commerces.
«La situation que nous vivons depuis la crue du fleuve, premièrement nous ne vendons plus comme avant. Beaucoup des personnes ont fui le quartier, nous n’avons plus d’électricité, même les robinets qui nous desservaient de l’eau potable sont immergés, nous n’avons plus d’eau. Nous avons beaucoup de difficultés, les maisons sont inondées. Nous voyions ces eaux venir, et croyions qu’elles allaient s’arrêter quelque part, mais, plus nous déplacions nos biens, plus les eaux montaient. Nous étions obligés d’abandonner nos maisons pour regagner le toit familial. Mais, en allant là-bas, nous avons constaté que l’eau du fleuve continue de monter. Nous avons perdu beaucoup de biens, nous n’avons plus rien», explique-t-elle.
Les manutentionnaires ne sont pas en reste. Ils sont également touchés par cette crue historique du fleuve Congo. Léon Iyefa, l’un des manutentionnaires éprouve d’énormes difficultés pour déplacer les planches à coffrage du port vers son chariot. Pour ce faire, il doit traverser les eaux qui ont drainé les ordures et les matières fécales. Il ne s’inquiète pas seulement pour son commerce mais également pour la santé des riverains.
« La difficulté que nous avons c’est la disette. Nous ne vivons pas bien. L’eau pénètre, tout est difficile comme la mort, les latrines, les urines voire les matières fécales sont dans les eaux où l’on traverse. Si vous regardez bien vous verrez les matières fécales flottées sur les eaux nous souffrons, toutes ses saletés sur les hommes. Les mamans qui nourrissent nos familles ne vendent plus les planches on les transporte avec beaucoup de difficultés, nous sommes obligés de les porter sur nos têtes pour le sortir jusque-là ça nous coûte mille francs pour une planche, les mamans ne viennent plus au marché parce que les clients ne sont pas là», dit-il.
Le quartier Ndanu est complètement submergé. Pour se déplacer, il faut recourir à la pirogue moyennant quelques billets de banque. Certains téméraires s’agrippent tout de même sur quelques points encore immergés pour continuer à vendre ce qu’ils peuvent. Cette vendeuse de pains a du mal à écouler sa marchandise.
«Les pains ne se vendent pas, ça fait trois jours qu’ils traînent ici. Depuis que j’en ai pris juste pour 10 000 francs, il n’y a pas de clients pour acheter. La consommation se fait entre voisins. Celui qui a faim, vient prendre un pain pour payer plus tard, ainsi de suite. Du coup, je n’ai plus de quoi faire une autre commande», explique une vendeuse des pains.
À Ndanu, un autre quartier de la commune de Limete, la situation est aussi catastrophique. Les habitants se posent mille et une questions sur les causes de cette crue. Pour certains, l’une des digues qui protègent le quartier Ndanu face au fleuve Congo voisin a cédé, raison pour laquelle ce quartier est sous les eaux. Thérèse Assani vend la braise à Ndanu. Elle peine, non seulement à acheter des marchandises, mais aussi, à les faire couler.
« Depuis le 18 décembre qu’il avait plu, c’est là où gecoco a travaillé et de là qu’on voulait faire un canal pour conduire l’eau, c’est juste là qu’il s’est cassé et a ouvert la voie pour que l’eau entre .nous dormons dehors et nous sommes en souffrance, nous sommes frappés par plusieurs maladies, vous pouvez le constater par les pieds», dit-elle.
Avec cette crue du fleuve, il n’y a pas que les conséquences économiques, l’on redoute également de maladies, notamment le Choléra, une des maladies liées à l’eau souillée. Une telle épidémie risque de causer de nombreux morts. Pour protéger les victimes de cette inondation contre la crise financière et les éventuelles maladies, les autorités compétentes sont invitées à trouver un autre espace pour mettre à l’abri ces habitants qui appellent à l’aide. C’est une course contre la montre.