Bavure policière sur le cortège de Katumbi à Kindu : Qui a peur des élections ?

Ce mardi 28 novembre 2023 a été entaché de sang, à la suite d’une bavure policière qui a été à la base de la mort d’un compatriote à la place Mapon à Kindu (Maniema) lors du meeting électoral. Des violences ont émaillé l’arrivée du candidat président de la République Moïse Katumbi et un policier s’est attaqué à la caravane du candidat n°3 au niveau du boulevard Joseph Kabila. Ces violences ont également fait plusieurs autres blessés légers. Il y a eu également des jets des projectiles sur la résidence du gouverneur lors des affrontements entre militants de Ensemble pour la  République et  ceux de l’UDPS, et la résidence de l’ancien Premier ministre Matata Ponyo,  et proche de Katumbi, situé en diagonale de la résidence officielle du gouverneur, ont également été attaqué. Chaque partie accuse l’autre d’être à l’initiative des incidents, alors que certains observateurs tranchent carrément qu’il y aurait peur des élections dans la classe politique. Alors, « qui a peur des élections » ?

 

Sur le boulevard Joseph Kabila, la police a été déployée pour sécuriser l’arrivée du candidat et encadre la population lors du meeting de Katumbi. Malgré les affrontements avant son arrivée, Moise  Katumbi est arrivé à la place Mapon dans le quartier Mikelenge à Kindu où il a tenu son meeting électoral.

Depuis quelques jours, des échos en provenance de Kindu signalent que la tension est visible jour après jour à Kindu depuis l’attente de l’arrivée de l’opposant Katumbi. Particulièrement lors de la fermeture pour des travaux, au lendemain du meeting de Félix Tshisekedi. Ce qui  n’a été bien accepté par l’opposition, la société civile et certains mouvements citoyens. Pour beaucoup, ces violences sont dans le schéma de ternir l’image du processus électoral apaisé et qui se veut transparent et sans exclusif. Mais malgré cette  montée des tensions à l’approche de l’élection présidentielle du 20 décembre 2023, le gouvernement tient mordicus à la tenue des élections à la date prévue par la constitution et la CENI persiste et signe qu’il n’y aura pas de glissement.

Les élections sont un moment hautement stratégique et de grande importance dans la vie d’une nation. Dans toutes les démocraties au monde, chaque échéance électorale permet au souverain primaire de sanctionner positivement ou négativement ses dirigeants et les mandataires publics. C’est donc un moment privilégié pour se choisir des dirigeants indiqués et capables de placer la population sur la voie du bonheur. Pour se faire, les dirigeants sortants sont tenus de défendre leurs bilans pour espérer le renouvellement de leur mandat et ceux qui s’oppose.

Quant à la République démocratique du Congo, depuis son accession à la souveraineté internationale en 1960 et  particulièrement depuis le premier cycle électoral de la 3ème République (2005-2006),  les élections ont plus suscité conflits et crises politiques qu’apaisement ou harmonie nationale  bien que transparentes.

Pour ce quatrième cycle électoral, la centrale électorale s’emploie à organiser des élections mieux élaborées que les précédentes éditions. Elle bénéficie de l’appui des institutions de la République dont la police nationale qui vient de démanteler un réseau des fossoyeurs des cartes d’électeurs.

Un réseau des fossoyeurs des cartes d’électeurs démantelé

La Police nationale congolaise a mis la main sur quatre individus dont trois policiers appartenant à un réseau de producteurs de fausses cartes d’électeur. Ce coup de filet  intervient à la suite d’une plainte introduite par la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI).

Ces trois policiers malfrats  agissaient comme intermédiaires chargés de trouver des demandeurs de nouvelles cartes d’électeurs ou de duplicatas. Une fois arrivé sur place pour soit solliciter un duplicata de carte d’électeur soit des personnes non enrôlées lors de l’opération d’identification et d’enrôlement des électeurs souhaitant en obtenir une, les policiers prenaient en charge la requête du demandeur.

Le lendemain, la fausse carte était livrée au sein même des installations de l’antenne donnant l’illusion d’une vraie pièce authentifiée par la CENI. Le matériel utilisé par ces faussaires est composé de trois imprimantes utilisées par la CENI en 2017, un ordinateur, avec une maquette de la carte d’électeur conçue et préinstallée que l’on ne changeait que les données. Toutefois, ces fausses cartes, fabriquées avec les moyens de bord, seront incapables de voter le 20 décembre prochain. Mais cela ne décourage pas le gouvernement congolais qui ne cesse de multiplier des efforts pour réussir des élections crédibles. Une des voies emprunter est de s’appuyer sur des missions d’observations à l’instar de la mission d’observation de l’Union européenne (UE) dans le strict respect de la souveraineté nationale

UE discute du déploiement de la mission d’observation électorale de l’Union européenne en République démocratique du Congo

La mission de l’UE, composée de 13 experts électoraux, dont sont joints 42 observateurs à long terme qui sont prévus pour être déployés dans tout le pays afin de surveiller le déroulement de la campagne électorale, était initialement prévue pour rester dans le pays jusqu’à la conclusion complète du processus électoral. Toutefois, l’organisation occidentale qui n’a pas obtenu l’autorisation nécessaire pour déployer ses équipements de communication, notamment les téléphones satellitaires.

Le mardi 28 novembre 2023 est donc butoir, étant l’échéance pour la mission d’observation électorale de l’Union européenne en République démocratique du Congo (RDC) qui est actuellement dans une phase délicate concernant le déploiement de sa mission d’observation électorale. Kinshasa est ainsi en pourparlers directs avec l’UE pour discuter de cette question. Toutefois, certaines personnes mal intentionnées voient dans ces pourparlers l’amorce d’une série de négociations pour un éventuel glissement. « Une idée fixe de ceux qui ont peur des élections », affirme un observateur de la politique congolaise.

Pas de glissement en vue

Jusqu’à ce mercredi 29novembre 2023, dix jours après le lancement de la campagne électorale, malgré le pullulement des banderoles dans les artères des villes congolaises, le déploiement sur toute l’entendue du territoire national des états-majors tant à la présidence qu’à l’Assemblée nationale ainsi qu’à l’Assemblée provinciale et aux conseils municipaux, des voix annonçant le report des élections pour laisser place aux éventuelles négociations s’élèvent toujours, particulièrement dans les réseaux. Ce qui installe des doutes dans le chef de certains candidats qui ont déjà investis des milliers de dollars dans la campagne qui sont démotivés. Etant donné que rien d’officiel venant de la part de la centrale électorale organisatrice des élections n’a été    annoncé dans ce sens, spéculer dans ce sens peut être indice de crainte de la défaite. Alors, qui a peur des élections ?

« La démarche du gouvernement ne doit pas être  prélude aux négociations politiques ou autres stratégies  pour des partages des postes ministériels et  ne doit  viser en rien l’amorce d’un glissement », préviens un observateur. L’on se souviendra qu’au mois de mai, la  mission d’observation électorale CENCO-ECC avait sollicité de la CENI l’organisation d’un cadre de concertation avant l’audit externe du fichier électoral et la publication des statistiques pour se convenir sur les TDR de l’audit externe du fichier électoral et apporter des éclairages concernant la situation des matériels électoraux sensibles qui se sont retrouvés entre les mains des individus ainsi que sur d’autres faits soulevés par elle (la MOE) dans ses différents rapports.

Bien que l’actuelle concertation UE/RDC ne soit  pas  celle recommandée par de  la mission d’observation électorale CENCO-ECC, la démarche  du gouvernement s’inscrit  dans l’objectif de la transparence des élections dans le respect de la souveraineté nationale. Que les acteurs politiques, se préparent sans nécessairement compter sur un probable glissement même si certains politologues pensent qu’il y a très peu de chances, que le vote puisse avoir lieu le 20 décembre prochain. Entre temps, du côté de la CENI, on se veut rassurant. Il y a quelques temps, Patricia Nseya Mulela, la rapporteur  de la CENI avait rassuré qu’il y aura bien élection cette année et que le calendrier électoral sera respecté.

Willy Makumi Motosia