Bintou Keïta appelle à la cessation des hostilité entre les Wazalendu et le M23: Chaque jour, 9 Congolais tués par des groupes armés
La représentante du secrétaire général de l’Organisation des Nations-unies en République démocratique du Congo, cheffe de la MONUSCO, Bintou Keïta, a condamné lundi 9 octobre 2023, au Conseil des Droits de l’homme de l’ONU,
l’escalade de violence entre les jeunes résistants Wazalendo et le M23 à Masisi. Appel au cessez-le-feu, la diplomate onusienne a déploré le fait que chaque jour en RDC, au moins neuf personnes étaient tuées par les groupes armés.
En République démocratique du Congo, le mois d’octobre 2023 connait une réalité autre que d’habitude. Depuis le 1erdu mois en cours, les groupes d’« autodéfense » connus sous le nom de Wazalendu n’ont cessé de conquérir village après village et localité après localités. Un phénomène qui est monté d’un cran, depuis la répression de la manifestation anti-MONUSCO appelée à Goma le 30 août dernier, par des ‘Wazalendo’… qui a entraîné la mort de 56 personnes et de nombreux blessés.
Plusieurs villages, jadis sous contrôle du M23 au cours des derniers jours, sont tombés et arrachés des mains des supplétifs de l’armée rwandaise qui pillent, violent et terrorisent des paisibles citoyens dans l’est du pays. Des affrontements se concentrent sur l’axe Burungu-Kilorirwe et Kitshanga-Mweso dans le territoire de Masisi, selon Ocha et d’autres combats se déroulent sur l’axe Mabenga-Kiwanja, Ishasha-Kiwanja et Rugarama-Kiwanja dans le territoire de Rutshuru. Ce qui fait que la situation sécuritaire demeure tendue, avec ces combats violents. Rallongeant la liste des victimes déjà longue comme en témoigne ce propos de la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies en République démocratique du Congo et Cheffe de la MONUSCO, Bintou Keïta : « Depuis le début de l’année, neuf personnes en moyenne ont été tuées par jour en République démocratique du Congo par les membres de groupes armés ». Bintou Keïta, a souligné lors de la 54ème session du Conseil des Droits de l’homme, l’importance de garantir une réparation juste aux victimes des événements du 30 août dernier à Goma.
Entre-temps, un mois après le déclenchement depuis le 1er octobre 20123, de la nouvelle phase de conflit Wazalendo-M23/RDF, ces affrontements se sont intensifiés dans les territoires de Rutshuru, Nyiragongo et Masisi.
Des sanctions contre les responsables des tueries des manifestations anti-MONUSCO à Goma
Le verdict de la Cour Militaire du Nord-Kivu sur les tueries du 30 août 2023 à Goma a conduit à la condamnation à la peine de mort et à la radiation des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) du Colonel Mike Mikombe Kabamba, Commandant de la Garde Républicaine (GR) au Nord-Kivu. Trois autres militaires ont été condamnés à une peine de dix (10) ans de prison chacun. Quant au Colonel Bawili du 19e Régiment militaire des FARDC et le soldat de deuxième classe Idriss Kabamba, ils ont été acquittés.
En ce qui concerne les membres du secte Messianique Uwezo wa Neno/Wazalendo, 63 des 143 détenus qui seraient impliqués dans les événements du 30 août dernier ont été condamnés, certains à la peine de mort et d’autres à des peines de servitude pénale de 10 ou 20 ans. Éphraïm Bisimwa, leader de la secte et promoteur de la manifestation, a été condamné à la peine capitale pour sa participation à un mouvement insurrectionnel, association de malfaiteurs et meurtre. Les avocats de Bisimwa ont annoncé leur intention de faire appel de la décision.
Tout en saluant la récente condamnation de deux officiers et de quatre hommes de troupes de la Garde Républicaine impliqués dans ces événements, la cheffe de la MONOUSCO
Madame Keita a exhorté les autorités judiciaires à accorder une réparation adéquate aux victimes ou à leurs ayants droit.
Elle a souligné que la répression exemplaire de l’usage excessif de la force par les forces de défense et de sécurité dans le maintien de l’ordre est essentielle pour prévenir de tels événements regrettables à l’avenir.
Wazalendo et Uwezo wa Neno/Wazalendo, même organisation ?
Lors de son intervention au Conseil des droits de l’homme de l’ONU, la représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies en République démocratique du Congo , Bintou Keïta, a spécifiquement appelé le M23 à démanteler son administration parallèle et à respecter les positions sur le terrain telles que stipulées dans la feuille de route de Luanda. Elle a souligné que leur présence et leurs activités contribuent à l’aggravation de la situation humanitaire et des droits de l’homme.
Ce qui peut être compris comme un appel au Rwanda, dont un des généraux actuellement à la retraite et récemment à la tête de la diplomatie régionale dans les grands lacs, James Kabarebe, a été indexé comme étant à la coordination de M23.
En outre, la guinéenne a condamné fermement l’escalade de violence, qui a entraîné le déplacement de plus de 84 000 personnes, entre ce qu’elle qualifie de « groupes armés alliés au gouvernement » et le M23 dans le Masisi au cours des dix derniers jours.
En parlant de « groupes armés alliés au gouvernement » qui combattent le M23, certains observateurs perçoivent dans ces propos, l’écho du discours du M23 qui, accuse les FARDC et l’armée burundaise de soutenir les Wazalendu. Dans un communiqué, le M23 a accusé l’Armée burundaise de soutenir les “Wazalendo” en collaboration avec les FARDC.
Cette allégation avait déjà, rejetée par le gouvernement et même par des observateurs. “Les Wazalendo ne sont pas une milice, encore moins un groupe armé. Ce sont seulement des groupes de jeunes patriotes qui se sont mis ensemble dans le but de défendre leurs milieux naturels contre l’agression rwandaise et les rebelles du M23. D’ailleurs, ce qui nous intrigue, c’est le fait de voir que l’armée congolaise, les FARDC, sont en train de les traquer et les mettre en prison. C’est ce que nous ne comprenons pas”, avait expliqué il y a quelques mois à la radio allemande (DeutscheWele), un ’analyste. Toutefois, le porte-parole du Gouvernement Patrick Muyaya a précisé que « lorsque des compatriotes défendent la patrie, vous ne pouvez pas les qualifier de forces négatives. Il faut tenir compte des zones où ces opérations se déroulent, ce sont des zones sous occupation », a-t-il précisé.
La représentante du secrétaire général de l’ONU a affirmé que la MONUSCO soutient activement ces processus politiques ainsi que la mise en œuvre d’opérations militaires conjointes avec les forces armées nationales pour parvenir au désarmement définitif des groupes armés nationaux et étrangers. Cela après une série d’affrontements dans la région du Masisi, où les groupes d’auto-défense “Wazalendo” se sont opposés aux terroristes du M23. Des combats qui ont entraîné des pertes territoriales pour le M23, y compris la perte de la cité de Kitshanga.
Willy Makumi Motosia