Bras de fer entre Constant Mutamba et les magistrats 

Rien ne va entre le ministre d’État, Constant Mutamba et les magistrats. En effet, les différentes actions posées par le garde de sceaux congolais depuis son avènement à la tête de ce prestigieux et important ministère sont mal vu par les magistrats à travers leurs syndicats. Dans ses sorties médiatiques, Constant Mutamba ne cesse de dénoncer ce qu’il qualifie des réseaux mafieux qui s’est installé dans le corps des magistrats foulant ainsi au pied le vœu du chef de l’État, Félix Tshisekedi de faire de la République démocratique du Congo un véritable État de droit.

Voilà pourquoi deux syndicats des magistrats à savoir le Synamac et le Symco ont chacun en ce qui le concerne haussé le ton pour condamner ce qu’ils qualifient des «  provocations et des humiliations »  de la part de celui qui est censé protéger le corps des magistrats. Ils dénoncent, à cet effet, la campagne de diabolisation contre le corps des magistrats en cherchant à dresser la population contre eux tout en éludant les problèmes structurels qui affectent le système judiciaire en République démocratique du Congo.

Le Synamac dénonce le discours populiste et outrageant de Mutamba

C’est le syndicat autonome des magistrats au Congo, Synamac, qui était le premier à élever la voix face aux critiques acerbes du ministre d’État à la Justice. Dans une déclaration, ce syndicat a dénoncé ce qu’il qualifie de «  rhétorique populiste et outrageante » qui vise à faire des magistrats des boucs émissaires de dysfonctionnement du système judiciaire au pays.

« Ces discours populiste exposent davantage des magistrats dont la sécurité est déjà précaire ou pas du tout assurée » pouvait-on lire dans le communiqué de Synamac. Il n’a pas manqué de critiquer des tribunaux populaires érigés par le ministre d’État Constant Mutamba, selon eux, se comporte à la fois comme juge et Procureur tout en remettant en cause les décisions judiciaires et ordonnant les arrestations. Le Synamac fustige aussi les commissions chargées de censurer les actes des magistrats sans consulter leurs hiérarchies.

L’on se rappellera que depuis le 5 août dernier, le ministre d’État a mis en place une commission nationale mixte chargée d’enquêter sur les pratiques mafieuses dans le système judiciaire. Cette commission est censée se déployer sur toute l’étendue du territoire national pour recueillir les plaintes des justiciables concernant les actes de corruption, d’escroquerie et d’autres actes jugés illégaux. Dans sa déclaration, le Synamac a rappelé que les magistrats ne sont qu’un maillon de la chaine judiciaire y compris le ministre lui- même.

L’appel à la mobilisation de Symco contre « les provocations » du ministre de la justice

A l’instar de Synamac, le syndicat des magistrats du Congo a dans une déclaration appelé à la résistance face aux « provocations et humiliations «  émanant du ministre d’État Constant Mutamba. Voilà pourquoi, ce syndicat a appelé le Conseil supérieur de la magistrature, les syndicats des magistrats ainsi que l’ensemble des magistrats de la RDC à s’ériger contre ce qu’il considère comme une ingérence croissante et inquiétante du pouvoir exécutif dans les affaires judiciaires. Au sujet des réformes entreprises par Constant Mutamba, le Symco dénonce le dépôt par le ministre d’État de plusieurs textes de réforme de la justice à l’Assemblée nationale sans consultation préalable des acteurs judiciaires et sans leur validation par le conseil des ministres.

Pour ce syndicat, cette démarche viole les principes constitutionnels et légaux régissant l’organisation et le fonctionnement du Gouvernement ainsi que la séparation des pouvoirs. Ainsi, face à cette situation, le Symco appelle les magistrats à une résilience totale pour défendre l’indépendance de la justice. Au ministre de la Justice, il l’appelle au dialogue franc avec les magistrats et les acteurs de la justice pour trouver ensemble des solutions aux maux qui rongent le système judiciaire congolais.

RSK