Caisse de résonnance du discours rwandais à la MONUSCO : Pour Bintou Keita craque et demande à Kinshasa de justifier le phénomène ‘’Wazalendo’’
Dans un récent rapport sur la situation sécuritaire en République démocratique du Congo, Huang Xia, l’Envoyé spécial du Secrétaire général de l’Organisation des Nations-unies dans la région des Grands Lacs, lors d’une réunion du Conseil de sécurité consacrée à cette région troublée, a souligné mardi 17 octobre 2023, ‘’l’inquiétée de l’ ONU d’un risque de “confrontation directe” entre la République démocratique du Congo et le Rwanda’’. De son côté, faisant allusions au groupe d’autodéfense ‘’Wazalendo’’, Bintou Keïta (photo), ne comprenant pas leur maîtrise de guerre forestière, estime que « le gouvernement congolais doit justifier cette réalité ».
Selon les responsables de l’ONU, le risque d’une confrontation directe entre la RDC et le Rwanda, « qui continuent de s’accuser mutuellement de soutenir des groupes armés (…) est bien réel », a déclaré M. Xia Huang l’Envoyé spécial du Secrétaire général de l’ONU. Pour ce dernier, « l’absence d’un dialogue direct de haut niveau et la persistance des discours de haine sont autant de signaux inquiétants que nous ne pouvons ignorer ». Les représentants des pays membres du Conseil de sécurité ont à tour de rôle appelé à la retenue, au dialogue et à une solution politique. Pour nombre d’observateurs, l’appel persistant au dialogue des membres fait écho à la demande et au discours du Rwanda qui insiste sur un dialogue direct entre le gouvernement congolais et le M23, ce que Kinshasa a toujours considéré comme une démarche non-logique.
Il y a également ce prétexte justifiant toutes les pseudos-rebellions depuis le ‘Protocole de Lemera‘ signé à Gisenyi au Rwanda le 18 octobre 1996, justifiant l’holocauste congolais par la ‘protection des rwandophones contre des discours de haine’.
La même protection réclamée contre ‘les discours de haine’ est martelée par les responsables de l’ONU à propos de l’insécurité dans l’est.
Ainsi, faisant allusion aux Wazalendo selon des propos relayés par des réseaux sociaux, Bintou Keïta qui avait affirmé il y a quelques semaines, que le « M23 se comportait comme une armée régulière » et que sa puissance de feu était supérieure à celle de la MONUSCO sans jamais chercher à ‘justifier cette réalité’’. Maintenant, faisant la caisse de résonnance des milieux déstabilisateurs de la RDC, elle (Bintou Keïta) s’inquièterait du fait que « nous (l’ONU) n’arrivons pas comprendre comment est-ce qu’un groupe de jeunes appelés ‘’Wazelando’’ peut-il avoir la maîtrise et la technique de la guerre jusqu’à a ce niveaux, ils tirent avec précision et ils ont beaucoup de technique de guerre, ils ont les drones de guère, et ils ont la maîtrise de guerre forestière on dirait qu’ils étaient formés en Israël. Voilà pourquoi le gouvernement congolais doit justifier cette réalité », a-t-elle lâché.
Une inquiétude quelque peu incompréhensible, du fait que la population pense que la MONUSCO est censée protéger soutient, elle, les actions de ces jeunes patriotes, réclamant même au prix du sang, comme le 30 août dernier à Goma, leur départ.
Pour Kinshasa, la MONUSCO doit partir d’ici le 8 décembre
Les Nations unies ont, depuis 1999 dans le pays, une force (la MONUSCO) comptant encore quelque 14 000 soldats dont Kinshasa, qui les accuse d’inefficacité, demande le départ à partir de décembre prochain. Cette mission est dirigée par Bintou Keita.
Ce que, dans une déclaration lundi de sa présidence tournante – détenue par le Brésil en octobre – le Conseil de sécurité s’est dit « prêt à décider, d’ici la fin de 2023, de l’avenir de la MONUSCO, de son retrait progressif, responsable et durable et des mesures concrètes et réalistes à prendre en priorité pour mettre en œuvre ce retrait », alors que la RDC qui l’avait invitée insiste pour un départ définitif le 8 décembre 2023. Ce qui ne passe pas pour elle et même le Rwanda souhaite qu’elle continue encore à jouer son rôle dans la sécurisation de la région.
Le Rwanda ne cesse d’accuser la RDC « de manque de volonté politique » parce qu’elle refuse de négocier avec le M23, tout en réaffirmant son souhait de trouver « une solution pacifique » qui doit passer par le dialogue avec le M23.
Il sied de noter que depuis la réapparition ’miraculeuse’ fin 2021 du défunt M23 (vaincu militairement il y a dix ans à 2013), l’insécurité est tapie dans l’Est de la RDC. Depuis le 1er Octobre 20123, les groupes d’« autodéfense » connus sous le nom de Wazalendu n’ont cessé de conquérir villages après village et localités après localités.
Plusieurs villages, jadis sous contrôle des supplétifs de l’armée rwandaise M23, sont arrachés des mains de ces pillards qui violent et terrorisent des paisibles citoyens dans l’est du pays.
Des affrontements se concentrent sur l’axe Burungu-Kilorirwe et Kitshanga-Mweso dans le territoire de Masisi et d’autres combats se déroulent sur l’axe Mabenga-Kiwanja, Ishasha-Kiwanja et Rugarama-Kiwanja dans le territoire de Rutshuru. Ce qui fait que la situation sécuritaire demeure tendue, avec ces combats violents et l’organisation internationale craint une confrontation directe entre la RDC et le Rwanda. Pourtant, selon le Rwanda, n’est qu’une ‘rébellion congolaise’. Si tel est le cas, alors pourquoi craindre la “confrontation directe”.
Willy Makumi Motosia