Campagne électorale : Quel contenu dans les messages des candidats ?
Quel est le contenu des messages proposés par les candidats aux différents scrutins du 20 décembre 2023 ? C’est la question que se pose plus d’un observateur à mi-parcours de la campagne électorale. Sur le terrain, les candidats rivalisent d’ardeur pour convaincre les électeurs. Cela se voit notamment par les affiches qui ont inondé les rues du pays avec parfois des messages qui sortent de l’ordinaire. Certains n’hésitent pas à afficher leurs réalisations passées ou futures en faveur des électeurs. Ces messages peuvent-ils convaincre les électeurs?
Selon l’ACP qui a tenté de répondre à ces questions, les grandes artères de la ville de Kinshasa et plusieurs grands carrefours ressemblent à un album photo, avec les effigies des différents candidats floquées sur les supports de campagne. Les affiches, calicots et banderoles contiennent toutes sortes des messages dans le but de convaincre même les indécis à voter en leur faveur. En plus de ce message, le nom du candidat, le numéro lui attribué par la CENI et sa circonscription électorale, sont des éléments qui figurent sur toutes les affiches. Certaines se distinguent des autres par leurs messages accrocheurs, sortant parfois de l’ordinaire.
Pour les électeurs rencontrés dans les rues de Kinshasa, certains messages reflètent la vérité, tandis que d’autres ne sont que démagogiques. Mike Kabund sait déjà pour qui il votera. Et ce n’est pas à cause du message placé sur une affiche.
«Certains messages sur les affiches nous chagrinent. Tu verras quelqu’un écrire “je suis le vrai fils du terroir, le jardin potager de la maison”. Mais, tout ce monde a le même genre de message depuis 2006 jusqu’en 2023», indique Mike Kabund, Habitant de Kinshasa
Le candidat qui aura le suffrage de Julien Bofalo, habitant de Kinshasa sera celui qui a été généreux envers lui. « Ils ont toujours l’habitude d’écrire sur les affiches. Mais, j’ai déjà mon candidat député provincial et candidat député national que je vais voter. Je voterai pour les candidats qui habitent mon quartier parce que de temps en temps ils nous aident.»
François Ndeke est candidat député provincial pour la commune de Ngaba. Sur ses affiches placardées sur son véhicule, il se présente aux côtés de son mentor politique et met en avant ce qu’il a déjà posé comme actes de bienfaisance en faveur de sa circonscription électorale.
« Le travail d’un député ce n’est pas de construire ce que nous avons mis là! Ce n’est pas de construire les ponts, les forages et tout ça. Un député a pour mission de légiférer des lois, de contrôler les actions du gouvernement, c’est ça les missions régaliennes d’un député. Mais au-delà de ça, nous sommes des humains, voyez, il faut avoir un esprit humanitaire. Si Dieu te bénit, il faut faire quelque chose pour la population qui te soutient. Nous, nous le faisons non pas parce que nous sommes déjà élus. On n’est pas élu, mais si vous venez chez moi, vous trouverez un forage depuis 2018, où les gens s’approvisionnent en eau potable gratuitement sans payer même un seul rond.»
Le message de mass-médias ne vient pas changer l’opinion ancrée auprès des gens
Les mass-médias changent-ils vraiment la décision des électeurs ? La réponse, nous sommes allés la chercher à l’institut facultaire des sciences de l’information et de la communication.
Adelar Mambuya Obul Okwess enseigne la communication à l’Ifasic depuis plusieurs années. Il évoque deux théories pour répondre à la question.
« La première théorie c’est celle que nous attribuons à Paul Félix Lazardsfeld. La théorie des étages, qui montre que le message de mass-médias ne vient pas changer l’opinion ancrée auprès des gens, surtout en période électorale. Parce que l’expérience a été faite par Lazardsfeld avec ses assistants au cours d’une campagne électorale en 1942 aux États-Unis. Ceux qui ont déjà une opinion ancrée, quel que soit le message que la propagande médiatique va amener, ça ne va pas changer leur opinion. Mais, ne change que ceux qu’on appelle les indécis. Les affiches toutes seules, on les met là, le message de campagne tout seul, on les met là, risque de ne pas changer le comportement des gens. Mais, le théoricien dit qu’il faut que s’agisse dans une constellation avec d’autres facteurs.»
A deux semaines de la date du scrutin, la campagne électorale entre dans sa phase finale. Certains candidats hésitants au départ, se lancent de plus en plus dans cette rude bataille qui exige non seulement des moyens, mais surtout de la stratégie pour gagner la confiance des électeurs.