« La Communauté, l’intégration et la situation des enfants », tels sont les trois points sur lesquels la Directrice-Pays du Programme commun des Nations unies sur le VIH/SIDA (ONUSIDA) en République démocratique du Congo, s’est focalisée, et invite en même temps tous les acteurs et décideurs y à travailler, à investir afin d’éliminer cette pandémie. C’était après avoir parcouru le dernier Rapport de son agence, intitulé : « L’urgence aujourd’hui, le SIDA à la croisée des chemins », lancé le 23 juillet dernier à Dakar au Sénégal par la Directrice régionale.
Ce document présente des avancées réalisées en Afrique de l’Ouest et du Centre, mais aussi et surtout des défis à relever afin de permettre à cette région d’être au rendez-vous de 2030.
L’importance de la Communauté
En effet, après une analyse approfondie de ce rapport qui met l’accent sur l’importance de la communauté, de l’intégration et de la situation des enfants dans la riposte contre le VIH/SIDA, d’un ton un peu fort, la Directrice-Pays de l’ONUSIDA en Rdc où l’infection à VIH est classifiée comme une épidémie généralisée avec une prévalence de 1,2% dans la population générale, souligne que la contribution de la communauté à la riposte au VIH est incontournable. Et donc, pour elle, il faut investir dans la communauté afin d’arriver à capitaliser toutes les ressources, qui se présentent afin de protéger et contribuer à la réponse et au développement du pays.
« Nous sommes dans un contexte où il y a beaucoup de défis et pour nous, l’opportunité d’engager une communauté qui se retrouve partout dans le pays où se retrouvent les populations qui sont dans les besoins d’un suivi, d’une prise en charge, d’une prévention, c’est alors très important que l’on capitalise, qu’on renforce ses capacités, qu’on se rassure que la communauté est informée, outillée pour répondre d’une manière efficace », a fait savoir la Directrice-Pays de l’ONUSIDA en Rdc, le Docteur Susan Kasedde. C’était avant d’ajouter ceci : « Pour nous, atteindre une réponse au Vih qui est accessible, qui est de bonne qualité et qui assure la continuité, c’est très important qu’on s’appuie sur une communauté forte, bien outillée et bien informée ».
Pour la plupart des cas, fait remarquer Dr. Susan Kasedde, l’action communautaire est volontaire. Ce qui veut dire que les acteurs communautaires dont on a besoin pour un engagement, un accompagnement quotidien et continue, doivent gérer plusieurs priorités, urgences sur le plan individuel et familial, et à la fois, ils doivent trouver les moyens pour s’engager et répondre aux demandes pour l’accompagnement nécessaire afin de faciliter le suivi et la survie.
A cet effet, elle préconise le réalisme afin de faciliter la tâche. C’était en ces termes: « Donc nous devons être très réalistes et nous devons prioriser la rémunération et l’offre d’un financement prévisible et adéquat pour la contribution de l’action communautaire si nous voulons réellement atteindre cet accès à l’échelle. Cette contribution pour une prise en charge continuelle de qualité pour les personnes vulnérables touchées par le VIH/SIDA ».
Le Docteur Susan Kasedde estime que la Rdc évolue actuellement dans un contexte favorable où la mise en place et la priorisation de la Couverture de la santé universelle intègre le VIH d’une manière délibérée. Ce qui doit permettre à chaque prestataire, chaque décideur, chaque partenaire engagé dans cet effort de pouvoir apprécier et saisir les opportunités pour renforcer les acteurs communautaires, qui vont justement aider à la fois à contribuer à l’identification des femmes enceintes, allaitantes ainsi que d’autres populations en besoin de soin de santé y compris celles qui sont touchées par le VIH/SIDA.
L’intégration est une obligation en Rdc
Le Programme commun des Nations unies sur le VIH/SIDA (ONUSIDA) considère « l’intégration » comme une stratégie centrale pour faciliter la réussite de la réponse au VIH sur le plan mondial. En effet, explique la Directrice-Pays, le Docteur Suzanne Kasedde, pour la République démocratique du Congo, l’intégration n’est pas même une option. C’est une obligatoire. Elle est importante pour optimiser les résultats.
« Que l’on renforce tous les efforts pour assurer l’intégration, c’est-à-dire que l’on va prendre les efforts pour la santé de la reproduction, on va prendre les efforts pour l’éducation des jeunes, on va prendre les efforts pour le renforcement des lois et le respect du genre, pour l’offre de la Couverture de la santé universelle, et on va voir comment intégrer toutes les opportunités pour le dépistage pour identification des cas positifs pour intégrer la protection afin d’assurer l’accès à la prévention pour toute la population qui en a besoin pour renforcer le suivi biologique, l’offre de nouvelles technologies pour améliorer la qualité des soins pour assurer la survie non seulement pour des personnes vivants avec le VIH mais pour tout le monde. Donc, toutes les priorités du pays, des priorités des services sociaux de base sont des priorités pour le VIH, parce qu’elles nous offrent l’opportunité pour identifier et pour lire ce dont les populations ont besoin pour mettre fin au VIH », a-t-elle indiqué en soulignant que l’intégration est capitale en Rdc.
Le VIH pédiatrique, encore et toujours un problème
Abordant le dernier point de son analyse, sur la problématique du VIH pédiatrique tel que relevé dans le rapport, la Directrice-Pays de l’ONUSIDA en Rdc a déploré le fait que la situation des enfants est toujours laissée de côté. Le rapport renseigne qu’au niveau global, plus de 40% d’enfants vivants sont couverts actuellement par le traitement antirétroviral. Ce qui veut dire que la majorité d’enfants ne sont pas couverts. Malheureusement, c’est le cas aussi en République démocratique du Congo.
« La majorité d’enfants de moins de 15 ans ne sont pas couverts par le traitement au Vih (Arv). Ça nous interpelle encore à regarder les stratégies mises en place pour identifier d’abord les femmes vivantes avec le VIH et s’assurer que leur partenaire, leurs enfants sont ciblés et priorisés pour un suivi et une prise en charge si nécessaire… », a regretté le Dr. Susan Kasedde.
Le rapport « L’urgence aujourd’hui, le SIDA à la croisée des chemins », souligne que l’Afrique de l’Ouest et du Centre est la région avec la performance la plus faible en terme du suivi et l’offre des soins de qualité pour la femme enceinte et allaitante.
« (…) En Rdc, ça veut dire que si nous regardons les chiffres pour la prise en charge des enfants exposés au VIH, c’est clair que c’est notre problème aussi. La qualité des soins, la qualité de suivi, le regard pour les valeurs de la vie de cette femme, de cette fille, (…) La question du genre, la question des droits de la femme, et la manière dont nous traduisons en action cette valeur attachée à cette femme pour sauver la vie et investir dans cette vie-là, pour protéger les générations qui vont suivre. C’est très important pour nous », a souligné le Numéro 1 de l’ONUSIDA en Rdc, qui a conclu son analyse avec un gout amer interpellateur, en ces termes : « En Rdc, nous cherchons à avancer sur le plan du développement, nous cherchons d’accélérer même et de servir comme modèle pour d’autres pays. Mais comment est-ce que nous allons faire cela quand les grandes parties de nos populations ne sont pas servies par les services et les outils que nous avons à notre disposition pour protéger et optimiser leur personnalité ».
Rappelons que le lancement de ce Rapport avait eu lieu en deux temps. Le premier s’était à Munich en Allemagne par la Directrice exécutive, alors que le deuxième temps concentré uniquement à la région de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, s’était déroulé à Dakar sous la houlette de la Directrice régionale de l’ONUSIDA, Madame Berthilde Gahongayire, en présence de plusieurs personnalités.
Prince Yassa