Lutte contre le VIH/SIDA: La Directrice régionale de l’ONUSIDA se réjouit des progrès accomplis en Afrique de l’Ouest et du Centre
La Directrice régionale du Programme commun des Nations sur le VIH/SIDA (ONUSIDA) s’est réjoui hier des efforts accomplis dans la lutte contre cette pandémie au niveau de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, tel qu’indiqués dans le dernier Rapport de l’ONUSIDA, lancé hier au niveau régional à Dakar, capitale de la République du Sénégal en présence de plusieurs partenaires et diplomates.
« L’urgence aujourd’hui, le SIDA à la croisée des chemins », tel est l’intitulé du Rapport. Selon Madame Berthilde Gahongayire, il y a une dizaine d’années, la couverture en matière de traitement était seulement de 45 % aujourd’hui, tandis qu’aujourd’hui elle est 72%. « Il y a eu beaucoup d’avancées qui ont été réalisées dans la riposte au VIH/SIDA. Cependant, nous avons encore beaucoup d’efforts à fournir si nous prétendons mettre fin au VIH/SIDA en 2030 entant que problème santé publique. Nous avons encore des efforts à fournir. Et c’est justement pour cela que rapport mondial est intitulé l’Urgence aujourd’hui, le SIDA à la croisée des chemins », a souligné la Directrice régionale de l’ONUSIDA Madame Berthilde Gahongayire, dont le document interpelle et oblige à tous les acteurs à s’impliquer davantage.
Aussi renseigne le rapport, le nombre des nouvelles infections en Afrique de l’Ouest et du Centre a diminué de 46% entre 2010 et 2023. Néanmoins, il reste élevé chez les populations clés, les adolescents et les jeunes femmes. En effet, a expliqué la Directrice régionale, en 2023 les adolescentes et les jeunes femmes âgées de 15 à 25 ans représentaient 19 % de toutes les nouvelles infections à VIH dans la région. Dans cette catégorie d’âge, en 2022, 8 nouvelles infections sur 10 concernent les jeunes filles et 2 sur 10 les jeunes garçons. « Ainsi, dans notre région, nous avons aussi fait d’énormes progrès surtout dans le traitement et le nombre des adultes de 15 et plus reçoivent le traitement contre VIH/SIDA. Aujourd’hui 81% des personnes vivant avec le VIH/SIDA connaissent leur statut. 76% de ces personnes reçoivent un traitement antirétroviral et 70 % ont une charge virale supprimée. Donc, elles ne peuvent plus transmettre le VIH/SIDA », s’est-elle réjouie
La RDC et le Burundi, parmi les bons élèves
Poursuivant son allocution, la Directrice régionale de l’ONUSIDA a fait savoir qu’en dépit de tout, la République démocratique du Congo et son voisin, le Burundi, figurent parmi les bons élèves. Ces deux pays sont sur le point d’atteindre les 3 objectifs 95%, 95%, 95% de dépistage et de traitement parmi les populations adultes. Ce qui doit réjouir les Gouvernements de ces pays mais en même temps les amener à intensifier d’efforts pour l’atteinte du 3 objectif de ces 95% relatif à la suppression à la charge virale.
Un autre progrès réalisé, c’est celui sur la diminution de nombre de décès lié au VIH/SIDA. A cet effet, le bureau régional de l’ONUSIDA indique qu’entre 2010 et 2023, le nombre des décès liés au SIDA a diminué de 55% dans la région.
Cependant, si la région de l’Afrique de l’Ouest et du Centre a enregistré une diminution en décès lié à cette pandémie, soulignons que la lutte contre le VIH pédiatrique reste quand-même un problème absolument important dans la région. Parce que, selon le rapport de cette année, seulement 35 % des enfants vivant avec le VIH/SIDA recevaient un traitement en 2023. « De plus, la région abrite 20% des femmes enceintes vivant avec le VIH dans le monde mais plus de la moitié d’entre elles ne reçoivent pas le traitement antirétroviral. En termes de discrimination et stigmatisation, des efforts sont en cours dans plusieurs pays pour mettre en œuvre des réformes juridiques pour lutter contre la discrimination et la stigmatisation à l’égard des populations vivant clés », a-t-elle fait savoir. C’était avant de déplorer le fait que l’âge du consentement de dépistage au VIH pour les enfants est toujours limité dans la région. Ca exige encore le consentement des parents ou du tuteur pour le dépistage des jeunes de moins 18 ans.
Pour la Directrice régionale, ceci est une entrave qui fait que la riposte au VIH n’avance pas aussi si vite.
Les ressources domestiques encore un problème
« Bien que globalement, les ressources allouées au VIH ont diminué dans notre région, on peut se féliciter d’une augmentation de 10% des ressources totales de lutte contre le VIH/SIDA en 2023 principalement dans l’augmentation des ressources internationales, parce que malheureusement les ressources domestiques ont diminué de 3% en 2023. Nous sommes bien loin de 15 % que nos Chefs d’Etats ont signés à Abuja qu’ils vont donner 15% de leur budget à la santé y compris le VIH/SIDA », a déclaré la Directrice régionale d’un ton monté à l’endroit des Gouvernements.
Soulignons que l’ONUSIDA a proposé une nouvelle approche pour garantir la viabilité de la riposte au VIH/SIDA. Cette approche holistique selon Madame Berthilde Gahongayire couvre cinq domaines de durabilité notamment ; le leadership et l’engagement politique, les lois et les politiques habilitantes, le financement durable et équitable, les services et solutions VIH fondés sur la science efficaces, efforts et impacts et les systèmes construits pour fournir les résultats.
« En résumé, nous avons progressé en termes de baisse des nouvelles infections sauf chez les adolescentes. Nous avons progressé dans l’accès au traitement mais très peu pour les enfants de 0 à 14 ans. Le nombre de décès à VIH a diminué, les ressources internationales alloués au VIH ont augmenté malheureusement les ressources allouées par les pays ont diminué. Ce qui fait aussi reculer la pérennisation des actions dans la riposte… Nous avons intitulé ce rapport Urgence du moment, le VIH à la croisée des chemins », parce que nous pensons qu’une combinaison d’engagement politique fort, d’expertises techniques et de mobilisation communautaire est nécessaire pour poursuivre des progrès vers la prévention de la transmission verticale du VIH. Si nous intensifions la prévention, si nous travaillons à éliminer les inégalités entre les sexes et si nous mettons à la stigmatisation et à la discrimination liées au VIH alors nous serons sur le bon chemin pour mettre fin au VIH/SIDA d’ici à 2030 entant que problème de santé publique », a-t-elle préconisé.
Rappelons que le lancement de ce Rapport au niveau international avait eu lieu le lundi 22 juillet à Munich en Allemagne.
Prince Yassa