Communication numérique : une approche anthropologique de l’intelligence artificielle à l’africain
MANONGO BAKENGE Jean-Marcel, Chef de Travaux à l’Université Officielle de Mbuji-Mayi et doctorant, en Sciences de l’Information et de la Communication de l’Université de Kinshasa, RDC
Résumé
Intelligence artificielle, communication africaine reste un aspect non exploitée jusqu’au jour d’aujourd’hui, alors que ce type de communication fait partie de la communication sensible du point de vue ancestral. Les chercheurs ayant abordé ce domaine l’ont souvent développé sous l’angle technologie (machine, automate, robotique…). Les constructions des pyramides, les tombes et les palais pharaoniques, et les grands monuments comme sphinx en Egypte, la recherche et jet de mauvais sorts sur les voleurs et autres badous en République Démocratique du Congo en général et particulièrement au Kasaï-Oriental (cas de Nkuba, Kansonda, Nteta, Elawa chez les Teléla) et Mbazu chez les congolais de la province de Congo Central pour ne citer que cela, démontrent à suffisance que l’Afrique n’a pas eu besoin de l’avènement de la technologie et/ou du développement du numérique pour faire recours aux applications de l’intelligence artificielle à l’africain.
Mots-clés : Communication, Numérique, Intelligence, Intelligence Artificielle, Afrique.
Digital communication ; a anthropological approach to african artificial intelligence
Abstrat : Artificial intelligence, African communication not exploited until today, when this type of communication is part of sensitive communication from the ancestral point of view. Researchers who have approached this field have often developed it from a technological angle (machine, automaton, robotics, etc.). The constructions of the pyramids, the tombs and the pharaonic palaces, and the great monuments like sphinxes in Egypt, the search for and rejection of bad luck on thieves and other badou in the Democratic Republic of Congo in general and particularly in Kasaï Oriental (case of Nkuba , Kansonda, Nteta, Elawa among the Teléla) and Mbazu among the Congolese of the province of Congo Central, to name but a few, sufficiently demonstrate that Africa did not need the advent of technology and/or the development of digital technology to use artificial intelligence applications for Africans.
Keysword : Communication, Digital, Intelligence, Artificial Intelligence, Africa.
Introduction
Tout est parti de l’invention et/ou de l’évolution de la technologie, l’évolution de l’informatique; le microordinateur, microprocesseur, la téléphonie mobile, le mobile money, la robotique continuent à bouleverser les habitudes de la société. Les machines sont devenues presque humaines, ce qui est à la base de l’Intelligence Artificielle (IA). Aujourd’hui, l’intention des utilisateurs du concept de l’intelligence artificielle (IA) est de nous faire penser aux machines « comme des humains » ; en d’autres termes, le fait d’effectuer des tâches telles que raisonner, planifier, apprendre et comprendre notre langage. C’est ce qu’on appelle l’explicabilité de l’IA, qui consiste à comprendre comment un système d’IA fonctionne pour aboutir à ses résultats. Les entreprises qui créent des systèmes d’IA veulent protéger leur propriété intellectuelle. Et les algorithmes d’IA sont parfois si complexes qu’il est presque impossible de comprendre les processus impliqués. Il faudra noter que l’IA à l’africaine et/ou à la congolaise, encore mieux à la Kasaïenne ne pas à confondre avec celle à l’occidentale qui est généralement compris au sens technologique et/ou matériel. Au Kasaï (République Démocratique du Congo) en particulier et en Afrique généralement, l’IA a existé bien avant l’existence de la technologie, sinon, comment expliquer la construction des édifices comme pyramides de l’Egypte antique ; beaucoup de centaines de siècles avant Jésus Christ, la momification des corps sans vie avec des ingrédients naturels faits maison rien qu’avec l’existence de l’homme noir et cela longtemps avant l’avènement de l’informatique? On peut extrapoler en disant que l’IA à l’occidental a été calquée sur base des pratiques ancestrales de l’homme noir de l’époque. Nous développerons cette thèse dans les lignes suivantes.
Problématique
Dans le grand Kasaï et particulièrement dans la ville de Mbuji-Mayi, il existe une sorte de l’intelligence artificielle difficile à démontrer. Lorsqu’on commet un crime ou une dérive quelconque dans la société, on doit s’attendre à des sanctions punitives qui ne sont pas ni juridiques ni de la justice populaire, comme c’est toujours le cas ailleurs. Cela va des sévices corporels aux amandes et corvées, jusqu’à la peine capitale. La justice était exercée soit par le chef du village, les féticheurs qui sont généralement les vieux et doyens du village, soit par ce que l’on croyait être le « Nzambi » ou « Mvidi mukulu ». Ces sanctions permettaient de maintenir l’ordre, la pureté et la sécurité en famille et dans la communauté. Cela étant, les choses sont peut-être de simples mythes et préjugés, d’autres en revanche sont des réalités. Aujourd’hui au Kasaï, notamment dans la tribu luba, le pouvoir coutumier a perdu toute sa force (ou presque) en raison de son rapprochement avec la politique et la civilisation modernes. C’est parce que les interdits coutumiers ne sont plus respectés. Cependant, la justice dite mystique et « divine » conserve encore un réel pouvoir sur le sol kasaïen. Les témoignages qui le confirment sont légion. Pourtant, ce sont des choses qu’on ne peut expliquer ni par la science ni par la raison, mais qui se produisent quand-même. En dehors du fait que l’intelligence artificielle est toujours présentée de manière technologique ou moderne dans d’autres cieux, nous voulons pour notre part, démontrer qu’une technologie dite moderne a été avant tout traditionnelle, après avoir suivi une certaine révolution de la modernité (transformation dans le temps et dans l’espace), oubliant que ce qui est moderne pour les uns, ne l’est forcément pas pour les autres (relativisme technologique ou de la modernité) Etant chercheur en sciences de l’information et de la communication, nous nous intéressons à l’aspect communicologique de l’intelligence artificielle à l’africaine, considéré par certains comme maléfique et/ou sorcellerique surtout par les non africains (les occidentaux).
Cela étant la question principale de cette réflexion s’article de la manière suivante : Quelles sont les manifestations de l’intelligence artificielle à l’africaine ? De cette question principale découle une série de questions qui nous plongent dans cette réflexion à savoir : – Quelles sont les œuvres africaines qui démontrent de l’intelligence artificielle avant l’avènement du numérique, de la modernité et sa révolution ? – Quelles sont les applications Kasaïenne qui dénotent de l’intelligence artificielle sans recourir aux nouvelles technologies de l’information et de la Communication ? Toutes ces questions seront exploitées dans la partie suivante.
Hypothèse
Nous pensons pour notre part que cet aspect reste non exploité par les chercheurs en Sciences de l’Information et de la Communication par manque de d’explication propre à ce phénomène considéré par plusieurs comme mystique et/ou sorcellerique. Par cette peur de s’engager sur un terrain dont ils n’ont pas la maitrise ou ne croient pas (croyance), ils optent tout simplement pour le silence.
Les œuvres africaines qui démontrent de l’intelligence africaine sont légions. Certaines d’elles méritent d’être citées dont : Les constructions des pyramides, les tombes et les palais pharaoniques, et les grands monuments comme sphinx en Egypte, pouvaient ériger sans qu’on aille faire recours à « l’intelligence artificielle à l’africaine ». Les applications Kasaïennes qui dénotent de l’intelligence artificielle n’ayant pas fait recours aux nouvelles technologies de l’information et de la Communication sont entre autres : le Nkuba, le Nteta, le Kansonda, le Tshiabawu, le Tshibindji, le Elawo chez les tetela pour ne citer que celles-là.
Définition de concepts
Cette partie envisage de fournir davantage d’éclairages autours des termes, ces notions qui sous-tendent notre travail de recherche. Il comprend quelques concepts à savoir :
– Communication : Le fait de communiquer, d’établir une relation avec quelqu’un ou quelque chose. Elle implique la notion de feedback, de rétroaction ou d’effet combo entre deux protagonistes.
– Communication Numérique : La communication numérique est un champ des sciences de la communication qui désigne l’ensemble des actions visant à diffuser des messages par le biais d’un média numérique, Web, médias sociaux, application mobile ou autres. La communication sur les médias numériques se distingue de la communication traditionnelle par son évolution constante en termes d’usages et de technologies. Le numérique constitue, de nos jours, une réalité et un phénomène intrinsèquement liés à l’homme, et ce, à travers la gestion de toutes ses activités. Il est qualifié d’une représentation de l’information par un nombre fini de valeurs discrètes comme l’affirme le professeur bob Bobutaka dans ces publications sur la documentation.
– Intelligence Artificielle (IA)
Dans son ouvrage intitulé : « Intelligence artificielle à travers l’information, la communication et le média », le professeur Bobutaka Bob, estime que l’intelligence est par essence, la faculté de comprendre, de saisir par la pensée. Elle est aussi un ensemble de fonctions mentales ayant pour objet la connaissance conceptuelle et rationnelle, poursuit-il. L’IA est aussi comprise comme un ensemble de théories et des techniques mises en œuvre pour réaliser les machines dont le fonctionnement s’apparente au cerveau humain. Elle est l’extension de l’intelligence humaine. L’intelligence artificielle consiste à rendre intelligent un système artificiel, principalement informatique. Cela suppose qu’il existe une définition précise de l’intelligence. Or, ce n’est pas forcément le cas. L’Intelligence Artificielle est un domaine qui a révolutionné le monde et surtout l’univers scientifique. Elle a stimulé la réflexion sur sa prise en charge dans l’épistémologie des Sciences de l’Information et de la Communication. Cette discipline scientifique est souvent exploitée en Informatologie, en Communicologie et en Médialogie ou en Médiologie comme support d’opérationnalisation de leur heuristique en produisant les savoirs scientifiques. Et pourtant, l’IA fait partie intégrante du noyau même des SIC en favorisant l’élaboration des connaissances scientifiques. On notera que l’Informatique, son domaine d’attache, est une des sciences de l’information. En outre, le numérique, l’artificialisation de l’intelligence, l’intelligence humaine naturelle, l’intelligence humaine artificielle, la mémoire artificielle, la révolution technétronique et le métavers sont exploités. Metavers est un mot formé à partir de méta (au-delà) et univers. Il désigne un univers numérique et connecté, accessible avec le matériel adéquat, où les utilisateurs incarnent des avatars et réalisent des actions34. Le métavers est un réseau de mondes virtuels immersifs, interactifs, persistants et partagés45. Ce concept est apparu dans la science-fiction avant de se concrétiser avec les jeux en ligne massivement multi-joueurs.
– Anthropologie de la communication
L’anthropologie est étude de l’homme dans son milieu naturel. Dell Hymes6 pense que l’anthropologie de la communication s’intéresse aux rapports entre le langage, la culture et la société. Elle emploie les méthodes de l’enquête
5 Bobutaka, B., (2022), Intélligence artificielle à travaers l’information, la communication et le média, Mauritius, EUE. Et MATHIVET, V., (2014) Intelligence Artificielle pour les développeurs. Concepts et implémentations en C#, Editions ENI. 6 Dell Hymens, « The Antropology of communication », in Fex Dance (ed), Human Communication Theory OrginalEssays, Holt, Rinehort and Winston, 1967. Texte cité par Yves Winkin, « Vers une antropologie de la communication » dans la communication. Etat des savoirs, , Sciences Humaines, 3ème édition, Paris, 2003. P111 – 112
– Intelligence Artificielle à l’Africain (IAA)
C’est le recour à l’économie communicative (la richesse communicationnelle) d’une société donnée pour y puiser techniques et le savoirfaire nécessaire à partir des moyens tirés du patrimoine culturel afin de résoudre et accomplir les problèmes de la cité (gestion et résolution de conflits, cohésion et concorde sociale, gestion des maladies et des épidémies…) en Afrique, sans recourt aux NTIC7 ni à la révolution de la modernité. Cette façon de définir l’IAA, est issue de vision de l’anthropologue de la communication Dell Hymes qui évoque pour la première fois une nouvelle notion de la dimension l’invisible, dans la prise en compte des éléments constitutifs de la définition de l’anthropologie de la communication. C’est ainsi qu’il fait appel à la notion d’animisme8. Pour lui, « C’est le fait de croire qu’au-delà du visible, l’invisible existe. Ici, la communication n’implique forcement pas la notion d’Emetteur (visible) d’autant plus que l’Emetteur peut être surnaturel (un dieu, un esprit, une foudre, un éclair, une pierre, un fantôme, une œuvre d’art, etc.) »… Tous les êtres: vivants ou inertes, naturels ou surnaturels, sont sujets de communication. Aussi, le même Hymens estime qu’ « il faut insérer dans l’économie communicative d’une société tous les acteurs auxquels ses membres attribuent des intentions de communication (les dieux, les morts, les animaux, les esprits, les fantômes, etc.) ainsi que tous les moyens dont ces êtres disposent (éclaires, pierres, aboiement etc.), pour parler aux hommes, ou se parler entre eux ».
Méthodes
Toute recherche scientifique a des exigences, parmi lesquelles les méthodes, théories et techniques propres qui fondement la scientificité d’un domaine ou d’un autre. La communication numérique, quelques applications de l’intelligence artificielle à l’africaine exige l’utilisation de la méthode ethno sociologie. La méthode ethnosociologique selon Gérard Dérèze (1999) est un ensemble d’actes inter-reliés et interdépendants. Elle est une approche objective dans la mesure où elle a pour objectif d’étudier un fragment de la réalité socio-historique (objet social) et de comprendre comment ce moment s’est créé, a connu une transformation à travers les rapports sociaux, les mécanismes, les processus et les logiques d’action qui le caractérisent. Pour lui, elle est une approche qui est : Dynamique, sous-entend qu’elle se construit un objet dans l’évolution de l’enquête et la spécificité de son approche dans l’évolution de la recherche ; Potentiellement distincte, dans la mesure où elle peut au-delà de ce que l’ethnologie a tendance à faire comme proposition, de tenter de mener des approches qui s’intéressent à des questions spécifiques ; Situationnelle, ce qui veut dire localisable et contextualisant ; Compréhensive et non explicative ou strictement descriptive, du fait qu’elle propose des interprétations localisées ; Empirique, c’est-à-dire qui est fondée sur l’expérience personnelle des choses et des faits en recourant sur terrain, et non sur une théorie établie ; Ordinaire, c’est-à-dire que priorité est donnée au sens commun, sens donné par les acteurs ; Extensive, qu’elle vise à dépasser l’empirique et les interprétations localisées pour tenter de formuler des extensions compréhensives proportionnelles. Notre recours à cette approche ethnosociologique se justifie parce qu’elle fait appel à la démarche qualitative, mais focalise son attention sur des catégories spécifiques de la population. Dans son approche qualitative, la méthode ethnosociologique permet d’obtenir des attitudes des cibles potentiels de la communication en vue de comprendre la communication numérique pour quelques applications de l’intelligence artificielle à l’africain, dans la ville de Mbujimayi, Kasaï Oriental, République de Démocratique du Congo et dans toute l’Afrique. Du point de vue théorique, nous avons opté pour la théorie de représentation sociale de Denise Jodelet. La théorie dans une recherche scientifique sert principalement à présenter un cadre d’analyse et à généraliser les relations théoriques déjà prouvées dans d’autres contextes pour tenter de les appliquer au problème sous étude. Selon la théorie des représentations sociales, toute représentation portée par un individu est socialement construite. Les représentations sont sociales ; lorsqu’elles se forgent dans le creuset de la communication et de l’agir social, qu’elles contribuent à rendre possible par ailleurs. En psychologie sociale, l’étude des représentations sociales (RS) suscite un grand intérêt parce qu’elle permet de confronter les perceptions que les individus ont des objets en jeu dans leur vie quotidienne, raison pour laquelle nous l’abordons dans cette étude.
C’est à la psychologie sociale que l’on doit d’avoir enrichi ces premières réflexions en mettant en lumière le caractère socialement construit des représentations, surtout lorsqu’il s’agit d’objets sociaux comme l’environnement ou la santé. Selon la théorie des représentations sociales, toute représentation portée par un individu est socialement construite. Les représentations sont sociales ; elles se forgent dans le creuset de la communication et de l’agir social, qu’elles contribuent à rendre possible par ailleurs. Comme le soulignent Doise et collaborateurs, la dynamique d’élaboration des représentations est intimement entremêlée à la dynamique des rapports sociaux. Les représentions sociales « forment le sous-sol qui échappent aux individus mêmes dont elles façonnent les actes et les paroles et à qui elles permettent de coexister ». Étudier les représentations sociales, à la fois produits et processus, c’est plonger dans un univers d’une très grande complexité : Apport de la théorie des représentations sociales à l’éducation relative à l’éducation relative à l’environnement, La représentation se manifeste de façon complexe et plurielle. Elle tient à la fois du savoir, de la théorie, de la croyance et de l’attitude. Elle résume une certaine expérience du monde qui ne se dissocie pas de son interprétation ; elle exprime un système de valeurs et commande la mise en œuvre d’une éthique ; elle absorbe le passé pour organiser l’avenir. Elle se repère aussi bien dans les productions idéologiques de la culture que dans certaines idiosyncrasies individuelles ou minoritaires. Elle surgit à chaque instant de la vie quotidienne, mais aussi là où on l’attendrait le moins, dans le discours scientifique par exemple. Au carrefour entre l’individuel et le social, les représentations sociales sont le fruit de deux dynamiques combinées. Chez l’individu, les représentations comportent des éléments socialement construits et partagés au sein de son principal groupe d’appartenance ; mais on y retrouve également des éléments idiosyncrasiques liés à son histoire de vie personnelle (tributaires entre autres de la succession et sans doute de la multiplicité des groupes d’appartenance de l’individu au cours de son histoire personnelle). Les représentations sont « déterminées par le sujet lui-même, par le système social et idéologique dans lequel il est inséré, et par la nature des liens que le sujet entretient avec le système social ». À cet effet, Doise et collaborateurs mettent en garde contre la tentation de considérer de façon réductrice les représentations sociales comme étant essentiellement consensuelles ; elles sont porteuses de différences interindividuelles et ce phénomène intéresse également la recherche sur les représentations sociales.
Les recherches sur les représentations sociales présentent un caractère à la fois fondamental et appliqué et font appel à des méthodologies variées : expérimentation en laboratoire, et de terrain ; enquêtes par questionnaire et par guide d’entretiens, techniques d’association des mots ; observation participante ; analyse documentaire et de discours, etc. Autant d’éléments qui attestent de la fécondité de la notion, de sa maturité scientifique et de sa pertinence pour traiter des problèmes psychologiques et sociaux de notre société. C’est pourquoi, il nous a apparu nécessaire d’en faire recours dans le cadre de cette réflexion.
1. Bref aperçu historique de l’intelligence artificielle
Au cours des dernières années, l’intelligence artificielle (IA) est devenue un thème central dans les agendas technologique, économique et politique au niveau mondial. Une infinité d’applications et d’outils que nous utilisons au quotidien incorporent des systèmes d’IA — moteurs de recherche, assistants personnels et agents conversationnels (chabots), pour n’en citer que quelques-uns — ce qui confère à ces derniers un fort impact sur des secteurs aussi variés que la santé, la mobilité, l’éducation ou la finance. Cela implique aussi bien des opportunités – meilleure productivité, création d’emplois qualifiés –, que des menaces — fermeture de postes de travail dans de multiples industries, concentration accrue de la richesse et augmentation des inégalités. Dans ce contexte, nombreux sont les pays et les organisations sociales qui promeuvent pour une utilisation de l’IA éthique, responsable et centrée sur l’humain. L’intelligence artificielle regroupe un certain nombre de techniques qui ont pour but de ressembler ou de prendre la place d’une « intelligence réelle » et de reproduire le cheminement de la pensée humaine. L’histoire de l’intelligence artificielle débute en 1943, avec la publication de l’article « A Logical Calculus of Ideas Immanent in Nervous Activity. » par Warren Mc Cullough et Walter Pitts. Dans ce document, les scientifiques présentent le premier modèle mathématique pour la création d’un réseau de neurones. Le premier ordinateur à réseau de neurones, Snarc, sera créé en 1950 par deux étudiants de Harvard : Marvin Minsky et Dean Edmonds. La même année, Alan Turing publie le Turing Test qui sert encore aujourd’hui à évaluer les IA. En 1952, Arthur Samuel crée un logiciel capable d’apprendre à jouer aux échecs de manière autonome. Le terme d’intelligence artificielle, quant à lui, sera prononcé pour la première fois durant la conférence « Dartmouth Summer Research Project on Artificial Intelligence. » de John Mc Carthy en 1956. Lors de cet événement, les chercheurs présentent les objectifs et la vision de l’IA. Beaucoup considèrent cette conférence comme la véritable naissance de l’intelligence artificielle telle qu’elle est connue aujourd’hui. Nous sommes au bord d’une révolution technologique qui modifiera fondamentalement notre mode de vie, notre travail et nos relations mutuelles… Actuellement, l’Intelligence Africaine s’appuie sur la révolution numérique et se caractérise par la fusion de nouvelles technologies qui brouillent les frontières entre les mondes physique, numérique et biologique, impactant toutes les disciplines, économies et industries, et même défiant les idées sur ce que signifie être humain.
1.1. Définition de l’IA
L’intelligence artificielle est une science pluridisciplinaire difficile à définir de façon formelle. Elle est pourtant très bien connue par ses applications dans de nombreux secteurs d’activités et le traitement automatique des langues naturelles. L’intelligence artificielle (IA, ou AI en anglais pour Artificial Intelligence) consiste à mettre en œuvre un certain nombre de techniques visant à permettre aux machines d’imiter une forme d’intelligence réelle. L’IA se retrouve implémentée dans un nombre grandissant de domaines d’application tels que l’automobile, la santé, le transport, l’agriculture, le changement climatique, le tourisme, la banque et l’assurance, le commerce, l’industrie, l’éducation, l’aéronautique. Les avantages et les inconvénients de l’intelligence artificielle ont été mis en exergue. La notion voit le jour dans les années 1950 grâce au mathématicien Alan Turing. Dans son livre Computing Machinery and Intelligence, ce dernier soulève la question d’apporter aux machines une forme d’intelligence. Il décrit alors un test aujourd’hui connu sous le nom « Test de Turing » dans lequel un sujet interagit à l’aveugle avec un autre humain, puis avec une machine programmée pour formuler des réponses sensées. Si le sujet n’est pas capable de faire la différence, alors la machine a réussi le test et, selon l’auteur, peut véritablement être considérée comme « intelligente ». De Google à Microsoft en passant par Apple, IBM ou Facebook, toutes les grandes entreprises dans le monde de l’informatique planchent aujourd’hui sur les problématiques de l’intelligence artificielle en tentant de l’appliquer à quelques domaines précis. Chacun a ainsi mis en place des réseaux de neurones artificiels constitués de serveurs et permettant de traiter de lourds calculs au sein de gigantesques bases de données.
1.2 But de l’Intelligence Artificielle
Son but est de concevoir des systèmes capables de reproduire le comportement de l’humain dans ses activités de raisonnement. L’IA se fixe comme but la modélisation de l’intelligence prise comme phénomène (de même que la physique, la chimie ou la biologie qui ont pour but de modéliser d’autres phénomènes). L’intelligence artificielle a plusieurs buts, parmi lesquels l’apprentissage, le raisonnement et la perception. Elle est utilisée dans toutes les industries, à tel point que les applications sont infinies et impossibles à énumérer de façon exhaustive.
2. De l’Intelligence Artificielle à l’Africaine (IAA) à l’Intelligence Artificielle (IA)
Il est question de voir comment nous sommes partis du mortier à la presse à huile moderne. De ce fait, il sied de noter que l’IA n’est que le résultat du processus du développement ou de l’évolution de l’IAA pour les adeptes du monde non africain alors que les africains n’ont pas besoin de l’IA partout, c’està-dire les africains ont justement besoin de l’intelligence artificielle selon les nouvelles technologies de l’information et de la communication pour le développement social. Ils ont également besoin de recourir aux pratiques et autres applications ancestrales ou culturelles de leur appartenance dans le cadre de la promotion de leur identité sociale entant que telle et la gestion de certaines questions propres à eux. Méconnaitre ce phénomène, c’est méconnaitre également, non seulement l’existence de l’Afrique, mais aussi celle de son histoire, de sa culture et de sa civilisation (il n’existe pas des cultures, ni de races supérieures à d’autres, toutes se valent et se complètent dit-on). Contrairement à l’IA, l’IAA n’a pas besoin de mise à jour d’un quelconque système d’exploitation qui d’ailleurs n’existe pas et n’est jamais obsolète, elle n’a pas peur de logiciels malveillants et/ou de virus informatiques, et donc n’est pas vulnérable et ne peut en aucun cas se rebeller contre son géniteur comme c’est le cas avec la robotique. Il suffit d’être ayant droit de la lignée tribale et initié en (IAA) pour faire usage.
– Le Munyenga (Presse à huile)
C’est une machine d’extraction d’huile de palme. On l’appelle également presse à huile.
Comme on peut le constater, de la figure une à la troisième, nous démontrons que l’IAA est l’ancêtre de l’IA. Nous sommes partis de l’époque où tout le travail était fait à la main vers celle où tout est fait à la machine, avec un bon rendement, grâce à la modernisation. C’est l’expression même de l’évolution technologique.
3. Quelques applications de l’IAA
Les concepts comme la révolution technologique, du numérique et de la modernité ne sont nés que hier. Entant qu’orientation de la communication numérique ; un domaine de Sciences de l’Information et de la Communication, l’IA n’est nécessairement pas technologique et toute technologie ne renvoi obligatoirement pas aux machines ou à la robotique.
3.1. Le Nkuba (La Foudre)
Lorsqu’elle est « dirigée », elle fait office de justice dans certains milieux en cas des conflits. La foudre devient une IA lorsqu’elle résout un problème (litige) avec une précision totale, là où la police et la justice sont limitées. Kinshasa — Dans la province du Kasaï Occidental, la foudre n’est plus un phénomène naturel. Pour la population de Kananga, chef-lieu de cette entité administrative, cette décharge électrique, accompagnée d’éclairs et de tonnerres, est plus liée aux coutumes et aux fétiches. En effet, elle n’est pas utilisée pour se rendre justice en se vengeant en vue de punir mortellement quelqu’un. Parmi de nombreuses conséquences, chaque semaine, on dénombre une à deux personnes mortes foudroyées dans la ville. C’est un coup de tonnerre mortel, à ne pas confondre avec les tonnerres naturels produits par les éclairs et le choc des nuages lors d’un orage ou d’une pluie. Au Kasaï, la foudre est un tonnerre fracassant qui se produit même sans orage ni pluie. Et la déflagration est extraordinairement brutale, assourdissante et épouvantable. La victime meurt sur le champ ou quelques minutes après. Son corps se noircit et donne l’impression d’être brûlé. Avant de rendre l’âme, certaines victimes de nkuba confessent le crime qu’elles ont commis, par exemple : « J’ai couché avec la femme d’autrui », « J’ai volé un colis de diamant », « J’ai pris et consommé une dot qui ne m’était pas destinée »… D’autres, avant d’expirer, ont déclaré avoir vu venir vers eux un léopard, un chien ou un lion mystérieux, bref un animal de la mort. Le nkuba ne badine pas : parfois, le corps de la victime est littéralement morcelé comme par de la dynamite ou une bombe à fragmentation. « Dans les traditions du Grand-Kasaï, l’impunité n’existe pas. Le sol kasaïen est considéré comme sacré. Si vous commettez un crime ou une dérive quelconque dans la société, vous devez vous attendre à des sanctions. Cela va des sévices corporels aux amandes et corvées, jusqu’à la peine capitale. La justice était exercée soit par le chef du village et les ancêtres, soit par ce que l’on croyait être le « Nzambi » ou « Mvidi mukulu » c’est à dire Dieu en langue tshiluba. Ces sanctions permettaient de maintenir l’ordre, la pureté et la sécurité en famille et dans la communauté ». Certaines choses sont peut-être de simples mythes et préjugés, d’autres en revanche sont des réalités. Aujourd’hui au Kasaï, notamment dans la tribu luba, le pouvoir coutumier a perdu toute sa force (ou presque) en raison de son rapprochement avec la politique et la civilisation modernes. C’est parce que les interdits coutumiers ne sont plus respectés. Cependant, la justice dite mystique et « divine » conserve encore un réel pouvoir sur le sol kasaïen. Les témoignages qui le confirment sont légion. Pourtant, ce sont des choses qu’on ne peut expliquer ni par la science ni par la raison, mais qui se produisent quand-même. Voici par exemple les quatre armes mystiques et mystérieuses du Grand-Kasaï.
3.2. Le Kansonda
C’est une balle d’arme mystique qu’on lance à quelqu’un qui a commis un crime dans la société (viol, adultère avec une femme d’autrui, vol, extorsion de biens, etc.). Le Kansonda est mortel et il est lancé à distance par un nganga (maître sorcier) sollicité pour le faire. La victime ressent comme un coup violent, une balle invisible qui se loge dans son corps, ou un malaise brutal qui le tue sur le champ ou au bout de quelques jours. La médecine moderne n’y peut rien.
3.3. Nteta (mine anti-personnelle mystique)
C’est un piège mystique mortel que vous piétinez sans le savoir. Ça peut être des herbes, des excréments humains ou des choses semblables travaillées mystiquement et posées dans votre champ, votre bureau ou devant votre maison, pour que quand vous les touchez ou vous les piétinez, vous ayez une plaie cancéreuse incurable par la médecine moderne. Seul le nganga qui a posé le Nteta – ou un ngaanga qui connaît l’antidote – peut le soigner. Sinon la personne va mourir.
3.4. Tshibindi
C’est en quelque sorte la conséquence malheureuse découlant d’une violation d’un interdit coutumier chez les Luba du Kasaï-Oriental. Certains cas de Tshibindi sont réparables (par exemple l’inceste), d’autres peuvent conduire à la mort, (l’adultère non confessé d’une femme mariée)… La femme coupable de Tshibindi peut faire des fausses couches répétées, son ventre peut gonfler sans cause, son mari peut voir ses affaires ou sa santé se dégrader, etc. Et ce, jusqu’à ce que le péché soit confessé. A noter que le Nteta et le Kansonda sont devenus des armes de haine et de jalousie. Ils peuvent désormais frapper même des innocents. Quelqu’un qui est jaloux de votre richesse, de votre maison, plantation, emploi, peut vous piéger avec le Nteta ou vous lancer le Kansonda. Mais au départ, ces armes ne frappaient que les véritables coupables. Il existe au Kasaï des choses bien plus mystérieuses que ça. Et les explications diffèrent d’une tribu à une autre. Je ne vous affirmerai pas que ces armes sont vraies, attestées ou scientifiquement prouvées. Je peux néanmoins vous assurer en une vérité certaine que nombre de Kasaïens croient dur comme fer que l’usage de ces armes mystiques est la cause de disparition soudaines ou de maladies graves de proches ou amis.
Conclusion
Ce qui se fait chez les congolais en général, les Kasaïens en particulier ne sont peut – être pas prouvable mathématiquement ou de manière cartésienne. Ce n’est peut-être pas de la technologie mais, c’est probablement de la technique. C’est ne peut – être pas du savoir-faire, c’est un savoir fait. Or, le savoir fait ne pas donner à tout le monde, c’est un domaine réservé aux initiés (Cfr la transmission du savoir égyptien d’une génération à une autre). L’intelligence artificielle à la Kasaïenne est avant tout et est constituée des pratiques ancestrales auxquelles recouraient l’homme de l’époque et continuent à recourir certaines personnes présentement. A partir de ces pratiques, nos ancêtres ont résolus et accomplit beaucoup des problèmes de la société (Gestion de cité, gestion et résolution de conflits, cohésion et concorde sociale, gestion des maladies et des épidémies…) et accomplit beaucoup d’exploits. Ils n’avaient pas besoin des vaccins pour bouter les épidémies. Ils n’avaient pas besoin d’une armure sophistiquée pour arrêter et/ou combattre l’ennemie ; les abeilles téléguidées mystiquement pouvaient faire bonne affaire à la place des hommes. Que dire des rebelles de RCD-N9 à l’entrée de Kabinda/Kasaï oriental (en R.D.C) stopper par les autochtones en transformant toute la ville de Kabinda en un grand lac, empêchant ainsi les rebelles non seulement d’avancer mais aussi de prendre la ville de Kabinda? Quelle Intelligence Artificielle redoutable… Il n’est pas question de tout rejeter en bloc ce qui vient de l’occident (l’IA) à l’a l’avantage de l’IAA. L’Afrique a besoin de deux parce qu’elle doit copier ce qui se fait ailleurs pour son développement, mais aussi conserver et faire connaitre sa vraie identité sociale et culturelle en faisant usage des applications de l’IAA héritées de ses ancêtres.