« Le président de la République répond aux questions de la population sur la vie nationale », c’est le nom d’une tranche qui a été diffusée ce samedi 08 juillet 2023 à la Radio télévision nationale congolaise et animée par Mme Tina Salama, porte-parole du président de la République. Au cours de ce jeu de questions-réponses le chef de l’Etat a rencontré les préoccupations de la population exprimées dans les réseaux sociaux sur le social, la couverture santé universelle, la politique, la diplomatie, infrastructures, les retombées des voyages, etc.
A la question de savoir l’impact de son action sur la situation sociale, Félix Tshisekedi répond que concernant l’impact, il faut toujours le prendre en trois dimensions : immédiate, moyen et long terme. « Nous sommes dans des réformes notamment dans l’agriculture qui vont nous amener vers la sécurité alimentaire dans les temps à venir. Cela augure de très bonnes nouvelles et on va mettre fin à des importations qui nous coutent des milliards. On va faire de la transformation locale en vue de la création des richesses et des emplois. Ça c’est à long terme », précise-t-il.
Dans le court terme, il a expliqué comment notre économie est très dépendante de la conjoncture étrangère. Il y a eu d’abord la Covid-19 et la guerre russo-ukrainienne qui a eu un impact sur les produits pétroliers et sur les denrées alimentaires. « Nous sommes en train de tout mettre en œuvre pour alléger les peines de la population », dit-il. C’est ici qu’il a donné l’exemple de la subvention des carburants, de la gratuité qui a fait du bien aux ménages, l’augmentation de la solde des militaires, la régularisation des médecins, etc.
Le chef de l’Etat s’est étendu sur le Service National qu’il dit avoir trouvé dans une situation plus que chaotique. Il a profité de l’occasion pour tirer son chapeau au général Kasongo Kabwik qui dirige cette institution. « C’est un homme très courageux qui a cherché à me voir. Je suis heureux de voir que nous avons énormément des travailleurs dont certains étaient parmi les Kuluna. Ils sont complétements métamorphosés et servent l’Etat », témoigne-t-il.
Dans tous les camps militaires, explique Félix Tshisekedi, le prix du sac de farine est resté pratiquement le même. « Je lui avais demandé qu’on privilégie les militaires, nos héros. Au niveau de la production agricole ça se passe bien. A côté du maïs, il a été ajouté le riz ? Nous lui avons demandé de faire la pisciculture. Au sein du Service national, il y a des bâtisseurs. Ils ont fait leur preuve et ça va continuer. Nous allons ouvrir d’autres ententes pour que le Service National soit une institution qui répond aux besoins des Congolais » dit-il, tout en révélant qu’il pense à une sorte de service national qui serait obligatoire à quiconque termine le secondaire avant d’aller à l’université. Ainsi, on pourra apprendre à être patriote et à servir son prochain.
Justice, un bémol qui quinquennat de Félix Tshisekedi
« S’il y a un bémol à mettre sur mon bilan, c’est la justice. Je ne suis pas content du bilan de la justice. J’ai beaucoup compté sur la justice, parce que c’est elle qui élève la nation. Mais pour nous, c’est elle qui la détruit. J’ai fait comprendre aux chefs des corps ma vision, en leur disant que c’est vous qui connaissez votre métier, exercez-le consciencieusement », indique-t-il, tout en constatant malheureusement qu’il n’a pas l’impression que nous sommes tous sur le même diapason.
Le chef de l’Etat dit récolter des critiques de manière injuste et certains congolais estiment qu’il y a toujours l’intervention de l’Etat. « Je ne suis intervenu dans aucun cas pour demander l’arrestation ou la libération de quelqu’un. Je crois que nos institutions doivent être livres d’exercer leur devoir. Je crois que cette justice a besoin d’une réforme », affirme-t-il.
Et le chef de l’Etat de souligner que sous d’autres cieux, on parle de mise en examen. Car pour le commun des Congolais, lorsqu’on est amené en prison, cela jette un discrédit sur la justice. « J’ai commandé des études et je crois qu’elles sont prêtes et au moment venu, elles seront rendues publiques. Mais le chef de l’Etat estime quand même que parmi les auxiliaires de la justice, il y a des braves gens. Et ce, même s’il a l’impression que tout le monde est dépassé par la force du mal qui jette un discrédit sur la justice. Et l’opinion pense que nous avons tous à y avoir. Pour que les investisseurs viennent, ils doivent compter sur une justice impartiale, pense-t-il. Il termine par dire qu’il n’a jamais désespéré. Il y a eu beaucoup de difficultés et entant qu’homme, on ne peut que trouver des solutions.
Que des retombées
Les internautes ont voulu savoir quelles sont les retombées des nombreux voyages du chef de l’Etat ? Le n°1 congolais affirme que vous n’aurez jamais un voyage qui vous ramène immédiatement des retombées. Mais il reconnait quand même qu’il y a beaucoup des retombées. A l’en croire, le Congo était en isolement, en immersion et on ne l’entendait presque pas. De sorte que quand on a commencé à dénoncer la situation de l’Est, nos interlocuteurs donnaient l’impression d’apprendre ou d’entendre cela pour la première fois.
« Le Congo se présente aujourd’hui comme un pays solution au problème du réchauffement climatique. C’était le Congo en face et le Gabon qui avaient pris le lead, alors que nous sommes propriétaires de 65% de ce massif forestier. Idem pour les minerais stratégiques grâce auxquels on va voir une transition industrielle », dit-il, avant d’ajouter que grâce à ces sorties, nous avons réussi à placer le Congo sur cet échiquier.
Prochainement, poursuit-il, nous allons recevoir deux leaders qui sont propriétaires des grands massifs. Il s’agit du Brésil et l’Indonésie qui seront ici pour montrer leur solidarité avec la Rdc, mais aussi d’autres pays pour nous permettre de parler d’une seule voix et de défendre nos intérêts.
Fatshi note que le souhait était aussi d’aider les pays qui captent le CO2 de leur permettre de parler d’une seule voix et intelligible. Une autre retombée, c’est l’aide internationale de la Banque mondiale qui a été accrue à cause de notre bonne gouvernance et de ces voyages. Ici, un nouveau discours a été préparé : maintenant que la Rdc a changé de narratif, elle a sollicité l’accompagnement des partenaires qui n’ont pas hésité un seul instant. Et grâce à tous cela, on a un budget qui a quadruplé, les agences de notation qui ont grimpé la notation de la Rdc, bientôt nous allons envisager la 5è revue, ce qui est une première depuis l’indépendance du pays.
« C’est clair que les choses se passent autrement et c’est grâce à ces sorties », dit-il. Pour tordre le cou de ceux qui pensent que la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) n’ont jamais développé un pays, Félix Tshisekedi souligne que ces Institutions de Bretton Woods se mettent à côté des Etats pour les accompagner en fixant les règles de jeu. Lorsque les revues vont se conclure, cela permettra à la Rdc de devenir crédible, de s’ouvrir des lignes de crédit pour lui permettre de se développer. C’est ainsi que nous sommes à fonds lancé dans cette aventure qui nous donne des fruits, souligne-t-il.
Fatshi salue la souplesse des chinois
Nombreux sont les Congolais qui sont revenus au dernier voyage du chef de l’Etat en Chine, pour en savoir un peu plus. « La Chine est un partenaire depuis 50 ans qui a permis la construction du palais du peuple, du stade des Martyrs, etc. Mais je vais vous dire comment l’idée de ce voyage est née. C’est simplement parce que je me faisais du souci au regard de ce que nous avons récolté dans ce partenariat. Depuis des années, il y a un contrat qui a été signé par des entreprises chinoises des minerais contre les infrastructures. On a eu l’impression que seules quelques individus profitaient de ce contrat, pendant que la partie chinoise s’est retrouvée. Mais grâce à l’IGF qui est une référence, on se rend compte que le Congo n’a rien gagné, mais quelques individus. Il s’est passé des choses pas correctes qu’il fallait revoir. « Je leur ai fait comprendre que la Rdc ne veut pas seulement être une terre d’extraction. Je voulais qu’ils nous accompagnent dans l’industrialisation du pays. Les yeux des investisseurs du monde sont tournés vers le Congo et nous dévons en profiter. Nous dévons jouer sur ça pour que cette industrialisation non seulement se réalise en partenariat avec ces grandes nations dont la Chine, pour que nous allions dans une sorte de partenariat gagnant-gagnant et que les partenaires chinois se retrouvent dans ses investissements, parce que nous allons développer la chaine de valeur.
Le message est bien passé et les Chinois l’ont bien compris. Aujourd’hui, informe-t-il, ils attendent la prochaine rencontre de la commission mixte pour que l’on mette un plan commun de cette industrialisation, pour voir dans quel domaine ils doivent nous accompagner.
« Je ne voulais pas donner l’impression à nos partenaires traditionnels que nous les ignorons. Je vais que tout le monde soit intéressé. Je vais que ce pays soit définitivement stable et que nous soyons tournés vers le développement. Il y a aussi la volonté d’intégrer les chinois dans ce partenariat et c’est ainsi que j’ai apprécié cette souplesse des Chinois, révèle Félix Tshisekedi.
Faut-il rompre avec le Rwanda ?
Sur ce chapitre, Félix Tshisekedi note qu’il a toujours eu une approche différente de celle de certains de ses compatriotes qu’il trouve extrémistes. « Il faut toujours faire la part des choses entre le régime Kagame et le peuple rwandais. Pourquoi rompre les relations avec ce peuple rwandais ? Il y a des mariages, des échanges commerciaux, …et si vous le faites, vous condamner des milliers des gens à la famine à cause d’un individu », pense-t-il.
Le président congolais pense que nous devrions continuer à mettre la pression diplomatique sur le régime de Kagame. Au mois de mars passé, on entendait les coups de feu du M23 dans les positions des FARDC, aujourd’hui ce n’est plus le cas. Il y a des rapports qui démontrent que la RDF est au Congo… nous mettons en exergue la diplomatie et notre propre dissuasion, parce que le Rwanda n’a profité que des faiblesses de notre armée, suite aux brassages et mixages. La guerre pour moi, restera la dernière option. Nous comptons encore sur nos partenaires pour qu’ils imposent au Rwanda des sanctions. Et si le Rwanda ne veut pas quitter le Congo et qu’il s’entête, nous pourrions prendre nos responsabilités.
Pour Félix Tshisekedi, la diplomatie, on ne la rompt jamais. Tant qu’il y aura des hommes, il y aura diplomatie. Aujourd’hui entre la Russe et l’Ukraine, il y a la diplomatie. Je continue à croire en la force de notre diplomatie. En plus de la diplomatie, j’ai renforcé les capacités de mon armée et au moment venu, nous prendront nos responsabilités.
Jean-Marie Nkambua