Kinshasa : ‘Kuluna’ boosté par des poches noires
Dans un peu moins d’un mois, le 2 juillet, ce sont les grandes vacances, période des réjouissances au Congo et particulièrement à Kinshasa. Toutefois, l’insécurité prend de plus à de l’ampleur dans la ville particulièrement en raison de la multiplication des poches noires dans la capitale. Il ne se passe pas un seul jour dans la capitale de la République démocratique du Congo sans que l’on enregistre des cas de banditisme urbain. Il fut un temps, Kinshasa avait des sites et communes réputés ‘zones rouges’ mais, depuis un temps, il n’existe plus de quartiers ayant le monopole du banditisme urbain connu sous le nom de ‘kuluna’. Tous les quartiers de Kinshasa sont hantés par ces cartels de banditisme urbain, aux noms de guerre : « les américains, les arabes, les brésiliens, les zaïrois, les zoulous etc… », qui se disséminent dans toutes les communes de Kinshasa. Kinshasa, capitale mondiale de la rumba et de la sape, réputée pour ses nuits blanches d’ambiances, ‘Kinshasa by night’, ne cesse de perdre ses lustres à cause de ce phénomène ‘kuluna’ qui prend de plus de l’ampleur particulièrement à la suite de la généralisation des poches noires dans la ville-province du Gouverneur Gentiny Ngobila Mbaka.
La République démocratique du Congo a la réputation de pays à paradoxes : ‘Pays riche à la population pauvre’ ; ‘scandale géologique et victime de ses richesses naturelles’ et pays au potentiel énergétique immense avec un accès à l’électricité faible. Nul n’ignore que la République démocratique du Congo regorge une capacité hydroélectrique de plus de 100.000 mégawatts, dont plus de 40% dans le seul le site énergétique d’Inga situé dans la province du Kongo-Central. Ses deux grandes centrales hydrauliques existent dans ce site : Inga 1 (d’une capacité de 351 Mw avec six tribunes dont deux seulement fonctionnent) et Inga 2 (d’une capacité de 1424 Mw avec 8 tribunes dont 5 en fonction), construits pendant la deuxième République.
Pour combler toute cette capacité de plus de 40.000 Mw du site Inga, il sied de développer d’autres centrales hydroélectriques jusqu’à Inga 8. D’où la mise sur pied du méga projet hydroélectrique Grand Inga qui consiste au développement d’une série de projets hydroélectriques allant d’Inga 3 jusqu’jusqu’à Inga 8, pour un coût estimé à au-moins 100 milliard de dollars américains.
Le Grand Inga qui est un projet hydroélectrique, est considéré comme un projet d’énergie renouvelable propre. « Propre dans le sens où, la même capacité, on parle aujourd’hui de 47.000 Mw, en production fossile, par exemple le gaz, charbon ou pétrole, émettrait davantage des émissions ».
A N’Sele, les ‘mobondo’ recrutent les Kuluna et en faveur de l’obscurité terrorisent la population
Depuis un temps, qui Kinshasa vit sous l’angoisse des ‘Mobondo’, une milice qui sévit aux portes de Kinshasa et opèrent principalement dans les plateaux des Bateke et dans les communes urbano- rurales de N’sele et Maluku. Les vagues de terreurs de ‘Mobondo’ dont l’épicentre était le territoire de Kwamouth dans le Mai-Ndombe, ont atteint Kinshasa et s’y propage par des ‘enlèvements’ réels ou supposés s’opérant en faveur de l’obscurité une fois la nuit tombée.
« Les Mobondo qui recrutent désormais les membres des cartels ‘Kuluna’, profitent de l’obscurité pour opérer. Le district de la Tshangu, dans la partie est de la capitale, étant la partie de la ville qui a le moins d’accès à l’électricité, l’insécurité y prospère plus que partout ailleurs », affirme Me Jonas Mongombe, initiateur de l’ONG ‘Fondation Jonas Mongombe’ qui encadre les anciens Kuluna de la commune de la N’Sele. Pour un autre habitant de la N’Sele, l’amélioration de l’accès à l’électricité dans cette partie de la ville serait un pas majeur dans la lutte contre l’insécurité. Par son potentiel énergétique important, faisant de la Rdc non seulement scandale géologique mais également scandale ‘électrique’, qui, avec Inga seul, peut gagner le pari lutte contre les poches noires à Kinshasa et réduire par ce fait, la capacité de nuisance des criminels qui profitent de l’obscurité.
Willy Makumi Motosia