Le ministre Doudou Fwamba Likunde devient-il une cible principale d’un réseau mafieux des finances publiques en Rdc ? [Tribune libre de Neyker Tokolo)

Pas plus tard que la semaine dernière, j’ai personnellement lu une publication dévastatrice de (Mr/Mme) Baelenge Iringe sur la toile s’attaquant farouchement au comportement professionnel de M. Doudou Fwamba, Ministre congolais ayant dans ses attributions les Finances publiques.

Le Précité auteur de cette publication, accuse l’argentier congolais Doudou Fwamba d’être au centre d’un scandale sexuel au sein de son ministère sans aucune preuve éloquente.

La problématique étant préoccupante, nous n’avons pas affiché l’indifférence pour y investiguer afin de dégager le vrai problème caché dans cette affaire.

En effet, notre analyse associée aux différentes enquêtes crédibles et fiables, démontre que ce Jeune dont la brillance caractérisée par l’orthodoxie sacerdotale sur la gestion des Finances publiques est victime d’une haine cruelle d’un réseau mafieux dont les résultats sur sa gestion des fonds de l’État a été et est scandaleuse et pourrie.

La source de cette haine venimeuse tire ses racines des réformes salutaires initiées par ce Jeune non seulement très énergétique, mais aussi et surtout hautement qualifié grâce à ses prouesses intellectuelles, scientifiques, techniques et professionnelles sur les méandres irréversibles de la gouvernance des Finances publiques. D’ajouter que Doudou Fwamba a supprimé les procédures mafieuses des décaissements de fonds en mode d’urgence, ce qui brûle les cœurs des prédateurs, d’où, il faut détruire la réputation et la crédibilité de ce jeune fort.

En-dehors de son profil costaud et riche que je ne trouve pas important de rappeler dans cet article, ce puissant écrivain et auteur du célèbre ouvrage, miroir de l’engrenage étatique congolais intitulé : « La réforme des Finances publiques et de l’Administration en RDC, enjeux d’un Etat moderne et performant » est dans le top 3 des membres du gouvernement Suminwa ayant initié des réformes très avantageuses pour l’intérêt de la nation et pour la réussite emblématique du Programme d’Actions du Gouvernement (PAG) dans son ministère. Parmi ces réformes approuvées par l’organe délibératif du Gouvernement notamment, le Conseil des Ministres, nous avons :

1. La mise en place d’un compte unique du Trésor public ;

2. La digitalisation des marchés publics et la rationalisation de la masse salariale ;

3. L’autonomisation du Guichet unique de création d’entreprise ;

4. Le renforcement de la sécurité judiciaire et juridique ;

5. L’assainissement des zones économiques spéciales ;

6. Le renforcement de la gouvernance des entreprises publiques ;

7. La redynamisation de la finance-climat et du marché de carbone ;

8. L’amélioration de la situation financière de la SNEL et de la Régideso; et autres.

Comme nous pouvons tous le constater ensemble, ces réformes constituent une avancée très significative dans le processus de la bonne gouvernance des Finances publiques en RDC qui énervent non seulement certains de ses collègues membres du Gouvernement invalides et pauvres d’initiatives soient-ils, mais aussi ses prédécesseurs dans la scène des détournements au sein de ce ministère clé pour le développement durable du pays.

Ainsi, pour se racheter dans leur cruauté notoire déjà signée contre la nation congolaise avec les effets immédiats, ces ennemis de la République (quelques membres du Gouvernement congolais qui sont inaptes et prédécesseurs prédateurs du Ministre Doudou Fwamba) ont créé lâchement un petit et sale réseau afin de diaboliser, diffamer, injurier et calomnier haineusement ce jeune épris du patriotisme réel pour continuer à causer du tort atroce comme d’habitude à la communauté congolaise. C’est la même triste réalité qui se passe avec le puissant jeune Constant Mutamba dans son secteur de la justice.

Ces vieux amortis et moribonds doivent laisser tranquilles les jeunes potentiels afin de changer systématiquement le paradigme multisectoriel dans ce pays.

Cher Aîné Doudou Fwamba, je ne vous connais pas physiquement, mais je vous écoute et lis. Ainsi, voudrais-je vous confirmer que le peuple congolais est derrière vous pour le changement considérable dans ce ministère détruit criminellement par vos prédécesseurs anti-valeureux.

En tant qu’expert en la matière, restez toujours objectif et positif. Ce réseau mafieux sera détruit par le peuple qui doit assurer son rôle d’arbitre, car je l’ai toujours dit que la démocratie est la gestion de la majorité, le contrôle de l’opposition et l’arbitrage du peuple.

Neyker Tokolo Pokotoy, Chercheur en Droit administratif et constitutionnel, Journaliste Indépendant et Analyste politique.




Hausses et baisses de l’inflation

Les récentes fluctuations des prix ont essentiellement traduit des chocs liés à l’énergie et à l’offre plutôt qu’une surchauffe macroéconomique.

Lorsque l’inflation a commencé à augmenter en 2021, la plupart des décideurs et analystes ont prédit une hausse qui ne serait ni particulièrement significative ni particulièrement persistante. Mais dès 2022, l’inflation était devenue un sérieux problème pour les banquiers centraux. Puis, après l’un des resserrements de la politique monétaire les plus prononcés et les plus synchronisés de l’histoire, l’inflation mondiale a baissé presque aussi soudainement qu’elle était montée.

Nous voyons deux grandes explications. Premièrement, l’inflation a augmenté en même temps dans la plupart des pays, car ils ont tous subi, à des niveaux divers, une succession similaire de chocs : la pandémie, les restrictions de mobilité et les mesures de politique économique correspondantes, en particulier l’appui budgétaire et monétaire de grande ampleur, ce qui met en évidence des facteurs intérieurs. Un appui budgétaire ou monétaire plus fort, des marchés du travail plus tendus ou des anticipations d’inflation moins bien ancrées se traduiraient par une hausse de l’inflation.

Deuxièmement, l’inflation a augmenté partout en même temps, non pas parce que les chocs locaux ont été identiques d’un pays à l’autre, mais parce que les causes en jeu étaient mondiales. La flambée des prix de l’énergie et de l’alimentation, accentuée par l’invasion russe de l’Ukraine, a déclenché une crise énergétique du même ordre que les chocs pétroliers des années 70. La géopolitique a été à l’origine de ces deux séries d’événements, et il est vrai que les prix mondiaux de l’énergie et l’inflation globale ont augmenté en même temps, alors même que les anticipations d’inflation à long terme sont restées stables (graphique 1).

Dans notre récente étude (Dao et al., à paraître) portant sur 21 pays avancés et pays émergents, nous élucidons ces explications contradictoires en décomposant l’inflation globale des prix à la consommation en inflation sous-jacente (hors alimentation et énergie) et chocs d’inflation globale, autrement dit en écarts entre inflation globale et inflation sous-jacente. Nous expliquons l’inflation sous-jacente par les anticipations d’inflation à long terme et les mesures générales des capacités macroéconomiques non utilisées, telles que le taux de chômage, l’écart de production ou le rapport entre le nombre de postes à pourvoir et le nombre de chômeurs. Nous expliquons les chocs d’inflation globale par les fortes fluctuations des prix dans certains secteurs particuliers, tels que les secteurs de l’alimentation, de l’énergie ou des transports maritimes, et par les mesures des perturbations des chaînes d’approvisionnement. Nous tenons compte également des répercussions à terme de ces chocs des prix sectoriels sur l’inflation sous-jacente qui peuvent se manifester par les effets de l’inflation globale sur les salaires et autres coûts de production.

En rassemblant ces divers éléments, nous évaluons la façon dont les chocs d’inflation globale, leurs répercussions sur l’inflation sous-jacente, les mesures plus générales des capacités macroéconomiques non utilisées et les variations des anticipations à long terme contribuent respectivement aux hausses, puis aux baisses de l’inflation d’un pays à l’autre.

Dans l’ensemble, nous constatons que les hausses et les baisses de l’inflation s’expliquent essentiellement par les chocs d’inflation globale et leurs répercussions sur l’inflation sous-jacente. Les mesures plus générales des capacités macroéconomiques non utilisées et les variations des anticipations d’inflation à long terme n’y contribuent généralement que faiblement (graphique 2).

Les États-Unis constituent une exception intéressante : la contribution du resserrement macroéconomique général à l’inflation reste plus prononcée que dans d’autres pays, malgré le net assouplissement du marché du travail depuis début 2023. La baisse de l’inflation globale dans ce pays depuis février 2023 traduit à parts égales le ralentissement de l’économie dans son ensemble et les répercussions de plus en plus atténuées des chocs d’inflation globale antérieurs (graphique 3).

En conclusion, les hausses et les baisses de l’inflation s’expliquent essentiellement par des facteurs mondiaux, mais les circonstances locales ont également leur importance. Nous constatons, par exemple, que les différences dans les politiques locales des prix de l’énergie, notamment les subventions accordées aux particuliers et aux entreprises, expliquent les différences dans le rôle joué par les chocs des prix de l’énergie sur l’évolution de l’inflation. En France, par exemple, de fortes mesures budgétaires de blocage des prix ont été prises et l’énergie a relativement peu contribué aux chocs d’inflation globale.

La politique monétaire joue également un rôle fondamental dans la lutte contre l’inflation. Pendant toute cette période, les anticipations d’inflation à long terme sont restées bien ancrées, ce qui semble indiquer que les banques centrales ont maintenu leur crédibilité, contribuant ainsi à prévenir les spirales prix–salaires. Le resserrement mondial de la politique monétaire a peut-être aussi aidé à faire baisser la demande mondiale, et donc les prix de l’énergie. En même temps, les chocs énergétiques et leurs répercussions, ainsi que leurs disparitions, expliquent l’essentiel des hausses et des baisses de l’inflation, sans qu’il y ait nécessairement un profond ralentissement économique. Même dans le cas des États-Unis, une forte conjoncture macroéconomique a davantage contribué à l’inflation sous-jacente que dans d’autres pays. Depuis mars 2024, date de fin de notre échantillon, les conditions sur le marché du travail aux États-Unis ont continué de s’assouplir, ce qui devrait permettre à l’inflation de retrouver son niveau cible.

MAI CHI DAO est cheffe de division adjointe au département Hémisphère occidental du FMI.

PRACHI MISHRA est professeure d’économie à l’Université Ashoka et directrice du centre Ashoka Isaac pour les politiques publiques.

DANIEL LEIGH est conseiller au département Hémisphère occidental du FMI.

Pierre-Olivier Gourinchas, conseiller économique du FMI et directeur du département des études, a contribué à cet article, qui s’inspire du document intitulé « Understanding the International Rise and Fall of Inflation Since 2020 », de Dao, Gourinchas, Leigh et Mishra, à paraître dans le Journal of Monetary Economics.

Les opinions exprimées dans la revue n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement la politique du FMI.




Payement des jetons de présence pour 262 experts: Nicolas Kazadi non concerné par les 28 millions $ versés par Sicomines à la Commission de révision du contrat sino-congolais ! 

Dabord les faits, rien que les faits : le 15 février 2023, l’IGF publie son rapport final sur les investigations menées par ses experts sur l’exécution du contrat sino-congolais par la Sicomines, contrat signé en 2008. La réaction de l’ambassade de la Chine en RDC frôle l’incident diplomatique. Sage, le Chef de l’Etat Félix Tshisekedi propose la mise sur pied d’une commission tripartite comprenant les officiels (gouvernement et cabinet de la Présidence de la République), le GEC (Groupement des Entreprises Chinoises actionnaire majoritaire dans la Sicomines) et Société civile. But : trouver une solution consensuelle au problème posé. Du 24 au 28 mai 2023, le Président Félix Tshisekedi effectue sa première visite officielle en Chine où il est très bien accueilli par son homologue chinois Xi Jinping.

 

 

Pendant que tout le monde s’attend à un clash à propos de l’initiative de re-visitation du contrat sino-congolais, Félix Tshisekedi fait preuve d’une finesse diplomatique ayant surpris même ses proches collaborateurs.

Ainsi, la Commission mise sur pied va fonctionner calmement, à l’abri de tout soupçon, de toute pression.

Le 14 mars 2024, en sa présence, les trois parties signent l’Avenant n°5 consacrant la fin des négociations au sein de la Commission placée, pour rappel, sous l’autorité de son Directeur de cabinet.

L’information la plus intéressante pour la RDC, cest l’accord pour le financement, à hauteur de USD 7 milliards, des Routes nationales visant l’interconnexion des provinces. Ministre d’État chargé des Infrastructures et Travaux publics, Alexis Gisaro parle même de 5.000 km de RN à aménager.

Six mois après, en ce mois de septembre 2024, éclate le scandale des jetons de présence. Mieux trois scandales dans une même affaire.

 

LIGF na quà publier la liste nominative des bénéficiaires

 

En toute logique, c’est au Gouvernement congolais de prendre en charge le paiement de ces jetons dès lors que la révision a été faite à son initiative, et non à celle de la Sicomines, soit-elle une société de droit congolais et ayant parmi ses actionnaires la Gécamines, société dEtat à 100 % congolais. A la limite, la ponction devait sopérer sur les dividendes de la celle-ci.

Or, la Commission a fait prendre à la Sicomines le payement total des jetons de présence, soit USD 28 millions, à distribuer aux 262 experts. Premier scandale.

Deuxième scandale : dans sa tentative de se tirer d’affaire, l’IGF commence par nier le montant de USD 30 millions versé par la Sicomines mais plutôt USD 28 millions. Ce qui est vrai.

Seulement voilà : elle reconnaît que cette somme est défalquée des USD 7 milliards « générés par le processus de revisitation du contrat chinois ».

Ainsi, lenveloppe négociée dans lAvenant nest pas que pour les Routes. Elle commence à être ponctuée pour dautres besoins. Précédent vraiment fâcheux.

Troisième scandale, l’IGF affirme : « Après 9 mois des travaux et 32 réunions à la Présidence de la République, la Commission a rendu son rapport au Président de la République, faisant état de la récupération de 7 milliards de dollars pour la RDC Au vu du résultat, la Haute Hiérarchie a ordonné que les jetons de présence à prélever sur les 7 milliards de dollars soient payés à tous les membres pour les 9 mois de travail et 32 réunions tenues. LIGF (Inspection Générale des Finances) a été choisie pour procéder à ce payement. Au total, 28 millions de dollars ont été payés à 262 personnes pour le travail abattu durant cette période ».

Pourtant, en sa qualité de conseiller du Chef de lEtat en matière des finances publiques, lIGF on vient de le relever savait quil ne revenait pas à la Sicomines, quelle a livrée des années durant à la vindicte populaire, à prendre en charge des frais ayant tout dune « amende » qui ne dit pas son nom.

Mais, elle nest surtout pas sans savoir que la « Haute Hiérarchie » à laquelle elle fait allusion est le Président de la République. Lanimateur de cette Institution na pas constitutionnellement compétence dengager lEtat dans une telle opération.

Il fallait trouver une autre formule pour ne pas lexposer.

En plus, la distribution des jetons de présence aux 262 experts révèle une injustice flagrante en ce que la majorité a perçu des sommes modiques et dérisoires, la grosse part ayant été distribuée à des services n’ayant rien à voir avec les ministères et les services plénipotentiaires.

LIGF na quà publier la liste nominative des bénéficiaires avec les parts individuelles pour convaincre lopinion de son sens de justice distributive.

 

Et ça, c’est le résultat de l’expertise de l’IGF

 

On peut ajouter un quatrième scandale : en faisant payer à la Sicomines des jetons de présence pour des séances de travail menées en toute logique au détriment de cette entreprise, l’IGF porte un coup dur au climat des affaires auquel Félix Tshisekedi accorde un intérêt soutenu.

En effet, les investisseurs, nationaux et étrangers, sont comme avisés quen cas de contrôle, ils seront obligés dassurer les frais dexécution des missions que lIGF ou un autre service aura à ordonner.

Pourtant, au cours des travaux en commission, le ministère des Finances, le ministère des Mines et la DGI (Direction Générale des Impôts) ont émis des réserves avant la signature de lavenant du fait davoir constaté que les conclusions de la renégociation de la Convention Sicomines nont pas résolu les déséquilibres. Notamment le manque à gagner occasionné par les exonérations fiscales totales non quantifiées ni évaluées accordées à cette entreprise.

Faut-il dailleurs relever que le ministre Nicolas Kazadi a systématiquement été écarté des discussions alors que la question portait sur les finances publiques.

Les échos recueillis des experts font état de son emprise sur le déroulement des négociations. Ce service sest, en effet, substitué aux ministères concernés (Finances, Budget, Mines, Infrastructures) tout comme de la BCC, violant délibérément la loi qui ne lui reconnaît pas cette compétence.

Chercher à détourner sur Nicolas Kazadi lattention de l’opinion sur ses propres dérives a également tout d’un scandale ! Car la vérité unique est quau départ, l’affaire Sicomines avait été très mal engagée par l’IGF. On se souvient de la réclamation dun redressement fiscal de USD 20 milliards qu’elle n’a pas obtenu.

Prétendre avoir récupéré 7 milliards USD dun montant non indiqué a quelque chose de surprenant. Ce quelle ne dit pas, primo, cest que ce montant va se consommer sur une période dau moins deux décennies (20 ans). Ce d’autant plus que chaque année, la RDC ne recevra en moyenne que 324 millions de dollars américains. En 2028, au terme du second mandat, on nen sera quautour de 1,500 milliard sil faut compter le double prévu pour 2024 !

Ce que lIGF ne dit pas, secundo, cest que la perception de ce montant est soumise au prix du cuivre sur le marché international. Si le cours dépasse USD 8.000 la tonne, lenveloppe est percevable. Au cas où le cours est en deçà, la RDC en recevra évidemment mois.

Et ça, c’est le résultat de l’expertise de l’IGF.

Lautre dirait la face visible de liceberg !

 

Sgé




Baisse du prix des produits pétroliers

Chose due, chose faite. Plus de doute. La satisfaction est totale dans l’opinion. Les prix des produits pétroliers à la pompe viennent de connaître une baisse dans la zone Ouest. De 3 440 à 2 990 Francs congolais pour l’essence, le litre du gasoil vient d’être aussi revu à la baisse, soit de 13%. Il est passé de 3 435 à 2 979,73 francs congolais.

Cette baisse des prix des produits pétroliers entreprise par le vice-Premier ministre, Ministre de l’Économie Nationale, Daniel Mukoko Samba, qui a signé, mercredi 2 octobre 2024, un Arrêté à ce sujet, entre dans le cadre des réformes préconisées par le Gouvernement Suminwa, corrélativement avec le Programme économique du Chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi. Une mesure qui va influer positivement sur la structure des prix des biens de consommation de première nécessité et de services.

Ainsi, rappelle-le, conformément à cet Arrêté, qui entre en vigueur, jeudi 3 octobre 2024, le prix du litre de carburant dans la zone Ouest passe de 3 340 FC à 2 990,49 FC pour l’essence, soit une baisse de 13 %, et de 3 435 FC à 2 979,73 FC pour le gasoil, soit également une réduction de 13 %.

 

Des assurances aux opérateurs économiques

Au Cabinet de Mukoko Samba, on argue que « le Gouvernement rassure les opérateurs du secteur qu’il suit de près l’évolution des cours du pétrole sur le marché mondial, déterminé à préserver le pouvoir d’achat des Congolais, en ligne avec les engagements du Chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi, qui en a fait l’une des priorités de son second mandat ».

C’est pourquoi, précise-t-on dans ce communiqué, les réformes entamées dans le secteur de la distribution des produits pétroliers se poursuivront, avec pour objectif de maintenir une dynamique de baisse sur le marché des biens et services dépendants de ces ressources énergétiques.

Par ailleurs, pour assurer un approvisionnement régulier du pays en produits pétroliers, le ministère de l’Économie nationale a commencé à rembourser les manques à gagner supportés par les opérateurs de la filière, tout en veillant à ce que cet effort financier n’alourdisse pas excessivement le Trésor public.

La joie des Congolais ne s’arrêteront pas là car, le Cabinet Mukoko Samba annonce également, l’occasion faisant le larron, une baisse prochaine des prix de huit biens de grande consommation, à la suite de la signature récente de la Première Ministre du décret portant sur des mesures urgentes de lutte contre la vie chère. Parmi les produits concernés figurent les viandes et volailles surgelées, les poissons surgelés et salés, le lait en poudre, le riz, le maïs et le sucre.

Le secteur privé ayant été associé à chaque étape de ces réformes, le Gouvernement attend une application rigoureuse des réductions de prix convenues.

En tant que régulateur, et suivant les instructions du Président de la République, le Ministère de l’Économie Nationale lancera, au cours de ce dernier trimestre de l’année, des missions de contrôle économique visant à identifier et à réprimer sévèrement les pratiques illicites en matière de fixation des prix et de concurrence déloyale, indique-t-on des sources proches du Ministère de l’Economie nationale. Une façon de couper l’herbe sous les pieds des prédateurs de l’Economie congolaise qui se font du beurre sur le dos de la population.

Mais aujourd’hui, cette baisse de prix de produits pétroliers va influer sur le marché. Les premiers témoins de cet acte de haute portée sociale posée par le Ministère de l’Economie nationale, notamment les conducteurs et autres usagers de la route, ne se sont pas empêchés d’encourager le Gouvernement qui lutte contre la vie chère en République Démocratique du Congo.

Cette baisse des prix de carburant concerne les Zones, Ouest, est, Nord et Sud du Pays et aura de l’impact sur les prix du transport en commun, rappelle-t-on.

Willy Kilapi




Doudou Fwamba s’engage à payer les arriérés et indemnités des anciens députés provinciaux  

Le Ministre des Finances, Doudou Fwamba Likunde Li-Botayi, a rencontré ce mardi 1er octobre 2024 un groupe de députés provinciaux de la dernière législature. Ce groupe représentait 780 élus provinciaux honoraires, venus informer le Ministre des Finances du non-paiement de leurs indemnités de sortie et de leurs arriérés de salaire.

« L’article 109 de la Constitution accorde aux députés nationaux et aux sénateurs le droit de bénéficier d’indemnités de sortie à la fin de leur mandat. Cette disposition s’applique également, mutatis mutandis, aux députés provinciaux. Malheureusement, nous avons terminé notre mandat sans percevoir ne serait-ce qu’un franc congolais », a expliqué Socrate Kangulumba, président du collectif des députés provinciaux de la législature 2018-2023.

Concernant les arriérés de salaire, il a précisé : « Au nom du principe de continuité des affaires de l’État, il nous revenait d’informer le Ministre des Finances de nos arriérés. Nous enregistrons 17 mois d’arriérés. »

« Dans un exercice budgétaire, une dépense non exécutée nécessite un réengagement. Nous nous sommes organisés avec le Ministère du Budget pour obtenir le bon de réengagement pour les mois de novembre et de décembre 2023. Il nous appartenait donc d’informer le Ministre et de recevoir, au final, sa réaction », a poursuivi Socrate Kangulumba, qui a par ailleurs exprimé sa « joie immense » après avoir reçu les assurances de l’implication du Ministre des Finances pour résoudre leurs préoccupations.

« La joie est immense. Le Ministre a promis son implication. Dans les heures à venir, il pourrait voir comment résoudre notre situation », a rapporté le président du collectif des députés provinciaux de la législature 2018-2023.

Il a ensuite remercié le Président de la République et la Première Ministre pour « avoir choisi M. Doudou Fwamba comme Ministre des Finances ». Un choix qu’il juge judicieux, tant le Ministre Doudou Fwamba, grâce à une gestion rigoureuse et efficiente des finances publiques, parvient à apaiser les tensions sociales, souvent provoquées par le non-paiement des émoluments des agents publics.




Bonne gouvernance : L’IGF appelle à une implication totale des services de l’État

L’Inspection Générale des Finances (IGF) a lancé un appel pressant à tous les services de l’État pour qu’ils redoublent d’efforts dans leur mission sacrée d’accompagner le Chef de l’État dans l’implémentation de la Bonne Gouvernance publique. Cet appel vise à encourager une gestion axée sur l’amélioration de la santé économico-financière de la République Démocratique du Congo.

Dans un communiqué récent, l’IGF a souligné l’importance cruciale de la collaboration entre les différents services de l’État pour atteindre les objectifs de transparence et d’efficacité dans la gestion des ressources publiques. “Il est impératif que chaque service s’implique davantage et adopte des pratiques de gestion rigoureuses pour renforcer la santé économique et financière de notre pays,” a déclaré un porte-parole de l’IGF.

Cette initiative s’inscrit dans le cadre des efforts continus du gouvernement pour instaurer une culture de bonne gouvernance et de responsabilité au sein de l’administration publique. L’IGF a également rappelé que la réussite de ces réformes dépend de l’engagement et de la détermination de chaque acteur impliqué.

En conclusion, l’IGF exhorte tous les services de l’État à intensifier leurs efforts et à travailler en synergie pour garantir une gestion saine et transparente des finances publiques, contribuant ainsi au développement durable et à la prospérité de la République Démocratique du Congo.

Didier Mbongomingi




Le FMI publie son rapport annuel 2024

«Résilience en période de changement », c’est le titre du rapport annuel 2024 publié par le Fonds monétaire international (FMI).

L’économie mondiale a traversé une période mouvementée depuis la fin de la pandémie : tout d’abord avec des perturbations de la chaîne d’approvisionnement, une crise énergétique et alimentaire déclenchée par la guerre de la Russie contre l’Ukraine, puis une hausse considérable de l’inflation, tout cela suivi d’un resserrement synchronisé de la politique monétaire à l’échelle mondiale. La robustesse des cadres de politique économique dans de nombreux pays a contribué à la résilience mondiale. Néanmoins, nombre d’États ont traversé cette période avec des niveaux d’endettement élevés et des coûts de service de la dette en augmentation.

Le défi est désormais double. D’une part, il s’agit de préserver la stabilité macroéconomique face à d’éventuels nouveaux chocs géopolitiques, et malgré les ajustements budgétaires perturbateurs et les efforts visant à ramener l’inflation dans les fourchettes cibles. Les populations qui ressentent encore les effets des crises qui se sont succédé auront besoin d’une aide constante, tout comme les pays à faible revenu qui ont été les plus durement touchés.

D’autre part, il faut tirer parti de la résilience économique mondiale pour nous attaquer ou nous adapter aux bouleversements actuels qui exigent que nous agissions collectivement ; des évolutions telles que le changement climatique ou encore l’avènement du numérique et de l’intelligence artificielle qui, pour le meilleur ou pour le pire, pourraient refaçonner la nature de notre travail à tous. La coopération mondiale sera primordiale pour atténuer les risques et saisir les opportunités qu’engendreront ces transformations.

Le FMI est bien placé pour encourager cet effort multilatéral. C’est le pilier qui soutient le dispositif mondial de sécurité financière, un forum pour lequel les pays membres se réunissent afin de fournir une assurance collective contre le risque de crise financière. Son objectif : promouvoir la coopération monétaire internationale, le commerce et la prospérité pour tous. L’achèvement de la 16e révision générale des quotes-parts a démontré la capacité du FMI à rassembler ses pays membres dans un esprit de collaboration mondiale et de multilatéralisme.

Ce sens de la coopération internationale a aussi transparu dans les décisions de plus de 40 pays membres, qui par leurs contributions apportées jusqu’en 2023 ont soutenu le fonds fiduciaire pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance, dont la capacité à mobiliser des prêts concessionnels en faveur de ses membres les plus pauvres a été accrue. Cette réussite et le travail du FMI en général viennent illustrer notre interdépendance et notre propension à collaborer avec les pays membres (et aussi des institutions partenaires telles que la Banque mondiale) pour parvenir à une stabilité économique et une prospérité partagées.

Pour le FMI, cette stabilité et cette prospérité sont favorisées par son travail d’analyse et les conseils qu’il fournit à ses pays membres, par ses programmes de prêt et ses activités de développement des capacités.

Dans un monde en constante évolution, le FMI évalue également en permanence son travail et ses instruments pour s’assurer que, dans le cadre de son mandat, il reste, aujourd’hui comme demain, à l’écoute des besoins de ses pays membres. Dans le communiqué d’avril 2024 annonçant la nomination de Kristalina Georgieva au poste de Directrice générale du FMI pour un second mandat de cinq ans, le conseil d’administration a salué toute l’attention qu’elle porte à garantir que le FMI puisse continuer de s’adapter et d’évoluer.




Créer de la valeur pour les contribuables

Les infrastructures publiques numériques peuvent permettre d’augmenter durablement la mobilisation des recettes et renforcer la confiance dans l’État.

Partout dans le monde, les pays livrent une bataille difficile pour aider leurs citoyens à se prémunir contre les chocs économiques engendrés par le changement climatique, les fractures géopolitiques mondiales et les pandémies, tout en défendant une croissance inclusive et résiliente face au changement climatique. Pour les gouvernements des pays en développement, la tâche est encore plus ardue et les options, moins nombreuses.

Le FMI estime qu’il faudrait 3 000 milliards de dollars par an jusqu’en 2030 aux pays en développement à faible revenu pour financer leurs objectifs de développement et la transition climatique. Et avec une dette mondiale attendue à 100 % du PIB d’ici la fin de la décennie, le recours à l’emprunt n’est peut-être pas la solution la plus judicieuse pour financer ces investissements. Comme ces pays ont un potentiel fiscal inexploité de 8–9 % du PIB, mieux vaudrait qu’ils utilisent la fiscalité.

Mais accroître les recettes fiscales est un gros défi pour les pays les plus pauvres. Une fraction importante de la population exerce des activités difficiles à imposer comme celle des paysans ou des prestataires de services informels (marchands ambulants, par exemple). Il est difficile de suivre ces revenus essentiellement encaissés en espèces. Les travailleurs concernés pensent souvent que rejoindre le secteur formel aura pour unique conséquence d’alourdir leurs obligations fiscales sans leur procurer d’avantages notables en contrepartie. Ils préfèrent continuer à travailler à petite échelle et de manière informelle.

Pour que les secteurs économiques se développent, les gouvernements proposent souvent des exonérations fiscales aux grandes entreprises, ce qui a pour effet d’éroder l’assiette de l’impôt sur les sociétés et de renforcer les droits acquis. Ces pays se reposent donc essentiellement sur l’imposition des biens et des services, pénalisant davantage les pauvres. De surcroît, le recouvrement des recettes se caractérise trop souvent par une application des lois fiscales clémente pour les riches et punitive pour la classe ouvrière et les pauvres.

Créer de la valeur

Nous proposons une approche différente et plus durable pour accroître les recettes dans les pays en développement. Elle repose sur l’idée que la façon dont les gouvernements cherchent à améliorer la perception de l’impôt est indissociable de la quantité d’impôts qu’ils peuvent recouvrer. Il s’agit de renforcer le contrat social et d’encourager les ménages et les entreprises à formaliser leurs activités économiques ; à cet égard, des enseignements peuvent d’ores et déjà être tirés de l’expérience indienne.

Un rapport de la Banque mondiale publié récemment, avec notamment le soutien de la Fondation Bill et Melinda Gates, présente un cadre d’administration fiscale dans lequel les gouvernements intensifient leurs efforts pour améliorer la mise en recouvrement en s’efforçant de susciter la confiance par la création d’utilité sociale pour leurs citoyens. Créer cette valeur est une stratégie de réforme de la fiscalité particulièrement importante dans les pays pauvres, où la confiance dans l’administration fiscale, le respect des obligations fiscales et le soutien politique à l’imposition sont médiocres.

Intitulé Innovations in Tax Compliance: Building Trust, Navigating Politics, and Tailoring Reforms, ce rapport se penche sur les réformes fiscales qui visaient traditionnellement à améliorer le recouvrement par une détection plus efficace de la fraude et le durcissement des sanctions fiscales ; il propose une autre approche, qui cherche davantage à favoriser la confiance entre les contribuables et les pouvoirs publics en créant de la valeur pour les citoyens, les contribuables obtenant certains avantages en contrepartie du paiement de leurs impôts. Si l’entrée dans l’économie formelle présente un intérêt, ils seront plus enclins à transformer leur activité et à acquitter les impôts applicables.

Le cas de l’Inde

L’exemple indien montre qu’une infrastructure publique numérique bien conçue peut faciliter la création de valeur, et ainsi améliorer la perception des recettes. Ce type d’infrastructure s’inscrit dans une approche où les citoyens se voient offrir des services et des perspectives économiques grâce à la combinaison d’éléments interopérables, en libre accès et réutilisables qui forment un réseau de systèmes numériques comparable au réseau routier ou à d’autres infrastructures physiques reliant les gens et leur donnant accès à des biens et des services. Les infrastructures publiques numériques conjuguent des technologies innovantes avec des cadres macroéconomiques solides et des mesures incitatives à l’intention du secteur privé. La sécurité des données, la confidentialité et le consentement sont au cœur du système.

Les particuliers et les entreprises peuvent être réticents à déclarer leurs revenus, car la démarche leur paraît fastidieuse et coûteuse. Ils trouvent souvent plus pratique de rester en dehors du système, en réglant leurs transactions informelles en espèces et en ne déclarant pas leur patrimoine. Une infrastructure publique numérique peut les faire radicalement changer d’avis, et permettre ainsi d’améliorer durablement le recouvrement de l’impôt. Nous identifions trois étapes qui peuvent aider les pouvoirs publics à encaisser davantage de recettes et à élargir l’assiette fiscale.

Premièrement, introduire la vérification numérique des avoirs et des références pour qu’il soit moins intéressant de rester en marge de l’économie formelle et du système fiscal. En Inde, par exemple, Aadhaar fournit des numéros d’identification numériques uniques et vérifiables. Ce système a notamment permis à des particuliers et des entreprises d’ouvrir un compte bancaire. Il a aussi fait baisser les dépenses publiques grâce à la dématérialisation des prestations sociales. Avec Pix au Brésil, PromptPay en Thaïlande et l’interface de paiement unifiée en Inde, les paiements numériques sont désormais moins coûteux et plus simples. Quant aux documents et certificats revêtus d’une signature électronique, vérifiables par des tiers indépendants, ils peuvent faciliter la délivrance de licences et autres permis.

Deuxièmement, harmoniser les mesures incitant les particuliers et les entreprises à rejoindre le secteur formel. Il faut que les contribuables aient l’impression que la formalisation de leur activité économique présente un intérêt avant tout pour eux. Par exemple, en réduisant le coût de la vérification de l’authenticité des entreprises, les empreintes de paiement numériques et les références professionnelles vérifiables peuvent aider les particuliers comme les petites et moyennes entreprises à obtenir plus facilement des prêts officiels à des taux compétitifs. À terme, le volume plus important de paiements enregistrés se traduira aussi par une mise en recouvrement plus transparente de l’impôt, mais ce doit être un objectif secondaire, et non pas prioritaire. (Lancer par exemple un réseau de paiement avec pour objectif explicite de relier toutes les transactions du réseau aux déclarations fiscales pourrait avoir un effet dissuasif sur les entreprises et les ménages utilisant une telle infrastructure.)

Troisièmement, créer de la valeur pour les particuliers et les entreprises via le système fiscal. Les deux premières étapes servent à rendre moins intéressant pour les contribuables de rester à l’extérieur du système fiscal officiel. Mais il faut tout de même créer de la valeur pour que les entreprises se mettent en particulier à déposer des déclarations et que le civisme fiscal soit récompensé de diverses manières :

Restituer les données aux contribuables. Les données constituent un avoir dont l’utilisation doit obéir à des règles de confidentialité et d’éthique. Elles doivent aussi être restituées aux contribuables au format de leur choix, afin qu’ils puissent les réutiliser pour avoir accès aux services essentiels. En Inde, par exemple, les services de perception fournissent aux contribuables à jour de leurs obligations des certificats (infalsifiables) signés électroniquement dont ils peuvent se servir comme identifiants numériques pour vérifier l’identité de leurs clients. Le fisc a aussi conçu un mécanisme public permettant de vérifier les principaux éléments de l’enregistrement des entreprises associés à un identifiant numérique pour la taxe sur les produits et services, ce qui aide les entreprises à créer un lien de confiance avec leurs prospects et partenaires.

Créer des incitations à déclarer tout au long de la chaîne d’approvisionnement. Pour ce qui est de la taxe sur les produits et services en Inde, l’administration concernée propose aux entreprises un allégement sous forme de crédit d’impôt sur le revenu pouvant atteindre 20 % si elles achètent leurs produits et services auprès de fournisseurs également enregistrés et payant des impôts. Cet allégement s’applique dans l’ensemble des réseaux d’approvisionnement pour inciter les entreprises à rejoindre le système fiscal officiel. Afin d’encourager les contribuables à déclarer régulièrement et en temps opportun, l’allégement ne prend pas la forme d’un remboursement en espèces, mais d’un crédit à valoir sur l’impôt suivant.

Permettre à l’écosystème privé d’organiser des services entièrement dématérialisés de déclaration et de valeur ajoutée. L’ouverture d’interfaces de programmation d’applications (API) dans le système fiscal permettrait à des innovateurs privés de créer des expériences utilisateur uniques, numériques et physiques, qui combineraient plusieurs services et feraient gagner du temps aux déclarants. Cette incitation commerciale à la concurrence privée est axée sur la facilité de déclaration, qui assure la prise en compte des besoins divers des utilisateurs et stimule la dématérialisation. Depuis l’ouverture de l’accès API par les autorités indiennes, plus de 55 plateformes tierces agréées sont utilisées pour la déclaration des revenus.

Une perspective axée avant tout sur la valeur

L’Inde a su tirer parti de son infrastructure publique numérique, puisque les recettes de la taxe sur les produits et services financiers ont augmenté de plus de 50 points de base de PIB depuis 2018, soit une hausse sensible par rapport aux prévisions établies à l’époque du régime fiscal précédent (graphique 1).

Le temps nécessaire au traitement des formulaires électroniques et aux remboursements a considérablement diminué (graphique 2).

Et l’assiette fiscale s’est élargie, avec une progression notable et durable des contribuables autres que les sociétés, par exemple les petites entreprises et les particuliers (graphique 3).

L’une des clés du succès indien dans ce domaine est la fiabilité des méthodes de contrôle de la sécurité et de la confidentialité, garante du fait que l’État traite les données des contribuables de manière confidentielle et éthique.

Mais l’amélioration du recouvrement des recettes ne saurait être mise au crédit des seules technologies. Les réformes de la gouvernance et des politiques sont décisives aussi. Par exemple, l’Inde a créé le réseau de la taxe sur les produits et services, un mécanisme de recouvrement unifié destiné à simplifier l’acquittement et l’administration de la taxe pour les entreprises, quelle que soit leur taille.

En résumé, les pouvoirs publics peuvent stimuler durablement la mobilisation des recettes en instaurant des systèmes et des processus créant de la valeur pour les ménages et les entreprises, et le recouvrement de l’impôt progresse alors peu à peu en conséquence. Comme les transactions électroniques deviennent partie intégrante de l’activité économique et du quotidien, il est plus difficile d’échapper au système. Passer d’une optique de perception des recettes à une optique privilégiant la valeur est une nouvelle piste prometteuse pour amorcer des hausses durables de la mobilisation des recettes et encourager un contrat social plus crédible entre les individus et l’État.

Confiance et fiscalité

Il existe un lien de réciprocité entre la confiance dans l’administration et l’efficacité de cette dernière. La confiance augmente quand les institutions politiques sont fortes et les gouvernements mettent en œuvre des politiques et des initiatives en faveur de l’intérêt général et améliorant le quotidien de la population. Et les gouvernements ne peuvent agir avec efficacité que s’ils inspirent suffisamment confiance aux citoyens pour qu’ils respectent les lois, ouvrant ainsi la voie aux réformes.

Bien sûr, la confiance dans l’État ne dépend pas uniquement de plateformes numériques performantes. En Inde, cependant, la construction d’une infrastructure publique numérique a jeté quelques-unes des bases requises pour renforcer la confiance en créant une plateforme inclusive permettant aux citoyens d’effectuer des transactions numériques et à ses utilisateurs de mieux contrôler leurs données. Une infrastructure publique numérique de qualité peut établir un lien de confiance entre deux acteurs, quels qu’ils soient, en introduisant des composantes infalsifiables relatives à l’identité, aux paiements et à la sécurité, ce qui permet aux citoyens et aux entreprises de s’assurer de l’identité de leurs contreparties et de la validité des transactions. Ceci réduit les coûts explicites et implicites pour les citoyens, dans leurs interactions avec l’administration, et pour les entreprises, dans leurs interactions avec les particuliers, d’autres entreprises et l’administration.

La confiance peut aussi imprégner le système global par d’autres canaux, comme la fiabilité de son fonctionnement ou le règlement rapide et transparent des différends. Les pays ont encore des progrès notables à faire pour renforcer à la fois les systèmes numériques et, plus largement, les cadres stratégiques et institutionnels, afin que les citoyens fassent davantage confiance à l’État et inversement. La confiance dans l’économie en sera renforcée, de même que l’investissement, l’innovation, la productivité et, en fin de compte, la croissance.

KAMYA CHANDRA est directrice de la stratégie monde du Centre for Digital Public Infrastructure, TANUSHKA VAID est coresponsable du pôle Asie du Centre for Digital Public Infrastructure et PRAMOD VARMA a été l’architecte en chef de Aadhaar et India Stack.




La prospérité de masse et le dynamisme économique (Edmund Phelps)

En renouant avec les valeurs modernes, nous pourrons inverser le ralentissement de l’innovation

Pourquoi certaines nations connaissent-elles la prospérité de masse et d’autres non ? Pourquoi plusieurs nations occidentales –– d’abord le Royaume-Uni, puis les États-Unis, la France et l’Allemagne –– ont-elles vécu une remarquable période d’innovation, de croissance économique et de progrès humain à partir de 1890 environ ? Et pourquoi l’innovation s’est-elle essoufflée plus ou moins à partir des années 70 ?

La thèse que je développe dans mon livre La Prospérité de masse, paru en 2013, et qui est mise à l’épreuve dans la suite parue en 2020, intitulée Dynamism: The Values That Drive Innovation, Job Satisfaction, and Economic Growth (« Dynamisme : les valeurs qui favorisent l’innovation, la satisfaction au travail et la croissance économique »), est que les nations performantes sont celles qui ont développé un plus grand dynamisme –– c’est-à-dire le désir et la capacité chez leur population d’innover. La force derrière ce dynamisme de l’innovation, qui a poussé un grand nombre de personnes à concevoir des nouveautés, a été le développement et la diffusion de certaines valeurs modernes : l’individualisme, le vitalisme et un désir d’expression de soi.

L’individualisme (à ne pas confondre avec l’égoïsme) est le désir de jouir d’une certaine indépendance et de suivre sa propre voie. Ses origines remontent à la Renaissance. Au XVe siècle, le philosophe italien Giovanni Pico della Mirandola avançait que si Dieu a créé l’être humain à son image, alors nous devons, dans une certaine mesure, être doués de sa créativité. Autrement dit, Pico pressentait une sorte d’individualisme en tant que point de départ du développement de chacun. Martin Luther contribua à répandre cet esprit d’individualisme en soutenant, lors de la Réforme, qu’il appartenait à chacun de lire et d’interpréter la Bible. D’autres penseurs encore se sont faits le porte-voix de l’individualisme, par exemple Ralph Waldo Emerson avec sa notion de confiance en soi, ou encore George Eliot, qui incarnait l’esprit de rupture avec les conventions.

Le vitalisme, quant à lui, traduit l’idée que le fait de prendre l’initiative d’« agir sur le monde », pour reprendre la terminologie du philosophe allemand Georg Wilhelm Friedrich Hegel, nous fait nous sentir vivants, dans la délectation de nos découvertes et de nos entreprises dans l’inconnu. Un esprit vitaliste a déferlé sur l’Italie, puis la France, l’Espagne et, plus tard, la Grande-Bretagne, pendant la période des Grandes découvertes, du XVe au XVIIe siècle. On le retrouve dans l’œuvre du grand sculpteur Benvenuto Cellini, assoiffé de compétition, dans le Don Quichotte de Cervantès, quand Sancho Panza, privé de défis, va jusqu’à lutter contre des obstacles imaginaires pour avoir l’impression d’accomplir quelque chose, et plus tard chez le philosophe français Henri Bergson, pour lequel les individus stimulés par les courants de la vie, impliqués dans des projets qui les mettent au défi, se transforment dans le cadre d’un processus de « devenir ».

L’expression de soi, enfin, renvoie à la satisfaction que nous procure le recours à notre imagination et à notre créativité –– l’expression de nos pensées, la démonstration de nos talents. Lorsque, pris d’inspiration, on imagine ou on crée quelque chose de nouveau ou une nouvelle façon de faire, on peut révéler une part de notre être profond.

Les valeurs modernes

Les économies modernes se sont formées dans les nations où les valeurs modernes ont émergé. Ces économies avaient pour moteur intrinsèque le discernement, l’intuition et l’imagination de populations modernes –– des populations qui, comme j’aime à le dire, étaient essentiellement composées de personnes ordinaires travaillant dans différents secteurs. Chez ces nations dynamiques, ce n’était pas seulement le taux d’innovation qui était plus élevé, c’étaient aussi les degrés de satisfaction au travail et de bonheur lié aux aspects gratifiants non pécuniaires tels que le sentiment d’accomplissement ou le fait d’utiliser son imagination pour créer des choses nouvelles ou surmonter des difficultés. Ces nations étaient propices à la prospérité de masse.

Au contraire, dans les sociétés où prévalaient des valeurs traditionnelles comme le conformisme, la crainte de prendre des risques, les services rendus à autrui et l’attention portée aux gains matériels plutôt qu’aux gains de l’expérience, le dynamisme était rare, et l’innovation et la satisfaction au travail étaient moins fréquents.

Ai-je des preuves à l’appui de ma théorie ? Dans Dynamism, les calculs de l’un de mes coauteurs, Raicho Bojilov, révèlent que pendant à peu près un siècle, l’innovation était constamment abondante dans certains pays et rare dans d’autres. Pendant la période de forte innovation qui a suivi la Seconde Guerre mondiale (et qui est comparable de ce point de vue à celle qui s’étend des années 1870 à la Première Guerre mondiale), le taux d’innovation endogène était particulièrement élevé aux États-Unis (1,02), au Royaume-Uni (0,76) et en Finlande (0,55), mais particulièrement faible en Allemagne (0,42), en Italie (0,40) et en France (0,32).

L’analyse de 20 pays de l’Organisation pour la coopération et le développement économiques réalisée par un autre coauteur, Gylfi Zoega, montre que les pays dont la population adhère fortement aux valeurs modernes –– les États-Unis, l’Irlande, l’Australie, le Danemark et, dans une moindre mesure, la Suisse, l’Autriche, le Royaume-Uni, la Finlande et l’Italie –– présentent un taux d’innovation endogène relativement élevé, conformément à ma théorie.

Gylfi Zoega démontre également par les statistiques que les valeurs ont de l’importance. Il constate que non seulement la confiance –– valeur qui n’est ni moderne ni traditionnelle à mon avis –– est importante, mais aussi « la volonté de prendre des initiatives, le désir de réussir dans son travail, l’enseignement aux enfants de l’indépendance et l’acceptation de la concurrence contribuent à la performance économique (…) mesurée par la croissance de la PTF (productivité totale des facteurs), la satisfaction au travail, la participation des hommes à la vie active, et l’emploi ». Au contraire, lorsque l’on enseigne aux enfants l’obéissance, on réduit la performance économique.

Malheureusement, cette croissance autrefois spectaculaire s’est essoufflée. Selon les calculs de Raicho Bojilov, la croissance cumulée de la PTF aux États-Unis sur 20 ans est passée de 0,381 sur la période 1919–39 à 0,446 pour 1950–70, puis à 0,243 pour 1970–90 et 0,302 pour 1990–2010.

Ce ralentissement de l’innovation et de la croissance ne signifie pas qu’il n’y ait pas eu d’innovation depuis les années 70 –– citons par exemple les progrès phénoménaux de l’intelligence artificielle (IA), ou encore les véhicules électriques. Cependant, la plupart de ces innovations proviennent du berceau des technologies de pointe en Californie, la Silicon Valley, qui ne représente qu’une petite partie de l’économie : selon les estimations récentes de Daron Acemoglu, économiste au Massachusetts Institute of Technology (MIT), l’augmentation de la production économique des États-Unis permise par l’IA ne dépassera pas 1 % au cours des dix prochaines années.

La disparition de l’innovation

Le coût économique pour l’Occident de la disparition de l’innovation est considérable. La quasi-stagnation des salaires qui en découle nuit au moral des travailleurs, qui ont grandi dans la croyance que leur salaire augmenterait suffisamment pour leur assurer un niveau de vie meilleur que celui de leurs parents. Les investissements de capitaux se heurtent à des retours toujours plus faibles qui ne sont plus compensés par des progrès techniques impressionnants, ce qui décourage en grande partie la formation de capital. Les taux d’intérêt réels se sont affaissés, et le prix de bon nombre de biens, immobiliers notamment, n’a cessé d’augmenter de 1973 à 2019, rendant plus difficile que jamais l’accession à la propriété.

Le coût social est lui aussi très important. Selon les données de l’Enquête sociale générale des États-Unis, la satisfaction au travail dans le pays est en diminution constante depuis 1972. Dans le livre Morts de désespoir, Anne Case et Angus Deaton exposent des données montrant la flambée du désespoir en Amérique et établissent un lien entre cette situation et l’évolution de l’économie.

Je suis convaincu que le déclin de l’innovation et de ses retombées positives est imputable en grande partie à l’effritement de ces valeurs modernes qui alimentent le dynamisme de la population. Comme je l’explique dans La Prospérité de masse, l’essor épouvantable de la « culture de l’argent », pour reprendre un terme du philosophe américain John Dewey, est de nature à affaiblir le dynamisme d’une nation.

Je trouve encourageant que d’autres souhaitent développer mes idées sur le rétablissement du dynamisme économique. Ainsi, Melissa Kearney, directrice de l’Aspen Economic Strategy Group, a réorienté vers le renforcement du dynamisme les recherches de l’organisation, autrefois concentrées sur la résilience.

Il sera ardu de renouer avec ces valeurs et d’inverser le ralentissement de l’innovation. Il faudra que les économistes façonnent une économie hautement dynamique qui permette l’accès à la prospérité de masse à partir des classes populaires.




Economie et contes de fées (Zachary Carter)

Keynes voyait dans les idéaux des institutions de Bretton Woods une victoire de l’esprit humain

L’un des discours les plus enjoués qu’ait prononcés John Maynard Keynes au cours de ses trente années de vie publique fut également l’un de ses derniers. À Savannah, en Géorgie, dans la tiédeur de l’hiver finissant, Keynes demanda un jour à son auditoire d’économistes, de juristes et de diplomates, assemblé au beau milieu des guirlandes de mousse espagnole, de penser un instant aux fées de « La Belle au bois dormant ».

Que pourrait-on bien demander à ces esprits bienveillants lors du « baptême » de ses « jumeaux » bien-aimés, la Banque mondiale et le Fonds monétaire international ? Il espérait trois présents de circonstance. Premièrement, un manteau bigarré, pour que les deux nouvelles institutions n’oublient jamais qu’elles appartiennent au monde entier. Deuxièmement, un cocktail de vitamines, pour les rendre énergiques et intrépides. Enfin, le don de sagesse, de patience et de discrétion, pour gagner la confiance des populations dans le besoin.

Bien que cela ait pu échapper à son auditoire, l’invocation de « La Belle au bois dormant » était davantage qu’une vue de l’esprit pour Keynes ; il s’agissait d’une allusion littéraire visant à réaffirmer ce qu’il considérait comme la raison d’être profonde de ce qu’il est convenu d’appeler les institutions de Bretton Woods. Avant que Walt Disney ne l’adapte au cinéma en 1959, la version la plus connue de « La Belle au bois dormant » était le somptueux ballet du compositeur russe Tchaïkovski, inspiré d’un conte allemand des frères Grimm, qui en avaient emprunté la trame à un récit populaire médiéval français. Aucune nation ne pouvait en revendiquer la paternité exclusive : l’intemporalité de l’histoire était un produit de son internationalisme.

Fraternité humaine

Au moins pour Keynes, le FMI et la Banque mondiale incarnaient un idéal géopolitique plus précieux qu’une quelconque motion d’ordre technique ou administratif. En effet, il voyait dans les institutions de Bretton Woods une victoire de l’esprit humain, alors même que nombre de ses propres propositions furent rejetées durant les multiples cycles de négociations. En 1944, à l’issue de la conférence organisée dans les montagnes du New Hampshire, il fit part à Richard Hopkins, responsable du Trésor britannique, de son engouement pour ce qu’il considérait comme une expérience de coopération internationale remarquablement réussie. Il déclara à la conférence que les pays avaient appris à travailler ensemble. S’ils pouvaient continuer ainsi, le cauchemar dans lequel la plupart des participants avaient passé une trop grande partie de leur vie prendrait fin. La fraternité humaine deviendrait davantage qu’un simple mot.

L’une des grandes épreuves intellectuelles auxquelles Keynes fit face au cours des quinze dernières années de sa vie fut de faire comprendre aux économistes que la théorie de l’avantage comparatif de David Ricardo ne se substituait pas à ce mode de coopération, de réciprocité et d’échange culturel. L’économie mondiale ne consistait pas en deux produits, comme dans le célèbre raisonnement de Ricardo, et les progrès technologiques avaient réduit l’importance des gains d’efficacité que pouvait générer la libéralisation des échanges commerciaux. Quand, à Bretton Woods, le secrétaire d’État des États-Unis, Cordell Hull, prétendit que le libre-échange était la solution aux ravages de la guerre, Keynes railla ce qu’il estimait être les propositions folles de M. Hull. Ce qui comptait, de manière générale, ce n’était pas tant de supprimer les droits de douane que de préserver un certain équilibre et de reconnaître que tous les pays n’avaient pas les mêmes besoins de développement.

Pour relever les défis de notre siècle, les pouvoirs publics ne peuvent pas se contenter de s’inspirer des instruments employés ces dernières décennies.

À la fin des années 40, il était nécessaire de reconstruire les régions dévastées par la guerre et d’industrialiser les pays pauvres, qui avaient été exclus de la croissance fulgurante dont l’Europe et les États-Unis avaient bénéficié depuis le début du siècle. Les importations bon marché pouvaient permettre aux pays de se procurer des biens qu’ils ne pouvaient pas produire eux-mêmes, mais la mise en place de droits de douane pouvait également les aider à développer ou à reconstruire leurs secteurs industriels endommagés par la guerre. Selon Keynes, aucune loi d’airain ne pouvait dicter quel choix était le plus judicieux dans telle ou telle circonstance.

Aujourd’hui, la crise climatique a créé de nouveaux besoins en matière de développement, même pour les pays les plus riches. Aucune nation ne peut espérer atténuer la menace qui pèse sur la planète sans rapidement mettre au point et déployer de nouvelles technologies propres. Pour relever les défis de notre siècle, les pouvoirs publics ne peuvent pas se contenter de s’inspirer des instruments employés ces dernières décennies. Cela est particulièrement vrai en matière de commerce international : désormais, les droits de douane, les subventions et les entreprises publiques — si souvent décriés par les économistes, qui y voient des obstacles à l’innovation et à la concurrence — joueront certainement un rôle essentiel dans le développement et le bon fonctionnement d’un marché industriel mondial respectueux de l’environnement. Pour l’instant, les technologies vertes représentent un secteur naissant qui nécessite beaucoup plus de protection que de discipline.

Principes et platitudes

La plus grande crainte que nourrissait Keynes au sujet du FMI et de la Banque mondiale — qu’il exprima implicitement dans son discours de Savannah, lorsqu’il fit référence à la méchante fée Carabosse, et plus explicitement dans les dépêches qu’il envoya en Angleterre — était que les « jumeaux » ne deviennent des instruments de la puissance américaine plutôt que des organismes internationaux véritablement indépendants. Finalement, en raison du refus de l’Union soviétique de ratifier les accords de Bretton Woods, la Banque mondiale et le FMI se sont retrouvés à ne représenter qu’un seul des deux camps qui s’affrontèrent pendant la guerre froide. En l’absence de certaines formes d’interventions et de protections dans les échanges commerciaux, les principes de l’avantage comparatif ricardien favoriseront toujours les premiers entrants dans le domaine des technologies vertes, et seules quelques nations privilégiées récolteront tous les fruits du développement. Dans de telles conditions, la domination de quelques-uns remplacera la coopération entre tous.

Il ne tient qu’à nous de construire l’avenir que nous souhaitons. En aidant leurs différents pays membres à mettre en œuvre une large palette de politiques économiques dans le but de maîtriser de nouvelles technologies et d’acquérir de nouvelles compétences, les institutions de Bretton Woods peuvent être un vecteur de transformations, non seulement dans la lutte contre le changement climatique, mais aussi au service de la concorde internationale. C’est un rôle que seules des institutions internationales peuvent jouer avec quelque chance de succès.

À Savannah, Keynes était conscient que ses propos sur la coordination et la coopération internationales relevaient d’un vœu pieu, extrêmement difficile à réaliser. Il est souvent difficile de distinguer, à première vue, les grands principes des vaines platitudes ; les grands idéaux ne se révèlent qu’à force de persévérance dans les discours et de dévouement dans les actes. Cela sera particulièrement vrai pour la mise en œuvre d’une politique de développement respectueuse du climat, qui se fonde sur de rares principes universels, mais comporte des paramètres particuliers d’une grande complexité. Une solution judicieuse pour un certain pays ou une technologie donnée ne le sera pas nécessairement pour d’autres. Cependant, si une institution internationale peut exister pendant 80 ans et survivre à la guerre froide et au XXe siècle, alors il n’est pas déraisonnable d’espérer qu’elle puisse servir d’enceinte de coopération innovante au cours des 80 prochaines années. Comme Keynes à Savannah, souhaitons que cela soit de bon augure, quoi qu’en décident les fées.