À Genève, des ONG exigent une enquête sur les violations des droits des enfants dans les camps de Tindouf
Au Sahara oriental, où l’Algérie parque des Sahraouis dont elle est la seule à connaître -et à cacher- le nombre exact, les enfants de ces camps de la honte sont les premières victimes des violations des droits de l’Homme et des crimes de guerre de la part du Polisario et de son sponsor. Des voix s’élèvent à nouveau, depuis Genève, pour exiger une enquête internationale. Cet article est une revue de presse du quotidien Al Ahdath.
Mercredi dernier à Genève, le représentant de l’ONG «Promotion du développement économique et social» (PDES) a attiré l’attention de la communauté internationale sur les graves violations des droits de l’Homme, dont sont victimes les Sahraouis des Camps de Tindouf, et particulièrement les enfants.
Dans son édition du vendredi 10 mars, le quotidien arabophone Al Ahdath Al Maghribia rapporte que dans son allocution, le représentant de l’ONG «PDES» a affirmé que les exactions quotidiennes commises contre les enfants des camps de Tindouf «constituent des violations flagrantes des droits de l’Homme en raison de leur récurrence généralisée et systématique, et certaines d’entre elles constituent des crimes de guerre en raison de leur gravité. D’où la nécessité d’ouverture d’enquêtes et d’un monitoring sur place».
Cette ONG n’accuse pas seulement les dirigeants du Polisario, mais aussi et surtout les autorités algériennes qui ne respectent même pas leurs propres lois -dont celle adoptée en 2015 et dite loi 12-15 sur la protection des droits des enfants victimes de conflits armés- en laissant faire les milices séparatistes.
Ainsi, l’Algérie ferme les yeux face aux crimes commis «dans les camps où le Polisario continue de priver des groupes d’enfants de la scolarisation et de les contraindre à intégrer ses milices armées», accuse l’ONG «PDES», qui pointe également du doigt de nombreux cas de travaux forcés.
Pire, les rares enfants sahraouis de Tindouf qui ont la chance d’être scolarisés sont soumis à un embrigadement implacable, à travers un contenu qui n’a rien de pédagogique puisqu’il incite à la haine et à la violence en glorifiant le port des armes et le sacrifice de la vie.
Al Ahdath ajoute que PDES n’est pas la seule ONG à dénoncer les violations systématiques des droits de l’Homme dans les camps de Tindouf et à appeler la communauté internationale à agir, et que nombre d’autres voix se sont élevées à Genève pour dénoncer la passivité internationale face à l’absence totale de dignité humaine dans les camps tenus par le Polisario.
Enfance volée
Lors d’une conférence, toujours à Genève, sur le thème «Violations des droits de l’Homme, traite des êtres humains et exploitation des femmes et des enfants dans les conflits armés», l’ONG «Afrique Cultures» a également soulevé la situation intenable des enfants et des femmes des camps de Tindouf, pris entre le marteau du Polisario et l’enclume du pays d’accueil, qui est loin d’être hospitalier.
Al Ahdath mentionne aussi l’intervention de la coordinatrice de l’ONG espagnole «La liberté est leur droit» qui, de par son expérience personnelle de plus de 12 ans de recherche sur la traite des êtres humains en tant que crime contre l’humanité, a affirmé que l’exploitation des enfants et des femmes est la marque de fabrique du Polisario. Elle a ainsi témoigné, en parlant «d’enfance volée», de nombreux cas d’enrôlement des enfants sahraouis au sein de l’armée du Polisario ainsi que leur éducation à la haine et à la violence.
Pour sa part, Aicha Douihi, présidente de l’Observatoire international pour la paix, la démocratie et les droits de l’Homme à Genève (IOPDHR), a déclaré que bien que l’enrôlement militaire des enfants soit «immoral, illégal, inhumain et condamné par toutes les lois, dont le droit humanitaire et les conventions internationales, il a toujours été pratiqué par le Polisario depuis la création par l’Algérie des camps de Tindouf».
Les faits de violations des droits des enfants sahraouis à Tindouf sont mis à nu, mais les enquêtes et réactions vigoureuses de la communauté internationale se font toujours attendre, depuis des décennies.
Par Mohamed Deychillaoui