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L’avènement des voitures électriques chinoises profitera à certains pays d’Europe et nuira à d’autres, mais tous seraient pénalisés par des droits de douane.

Les modèles BYD Qin, Nio ES et Xpeng P sont des véhicules électriques chinois très répandus. Bien construits et vendus à des prix abordables, ils ne sont pas encore très connus en Europe, mais circulent déjà par millions sur les routes de Chine et d’autres pays émergents comme le Brésil. Et dans la mesure où la Chine est aujourd’hui le plus grand exportateur d’automobiles au monde, avec 60 % des ventes mondiales de véhicules électriques en 2023, ces voitures pourraient bientôt rouler près de chez vous.

L’évolution de la Chine en grand constructeur de véhicules électriques présente un dilemme aux décideurs cherchant à favoriser la transition vers une économie à faible émission de carbone. L’Union européenne (UE) s’est fixé des objectifs ambitieux d’adoption de véhicules électriques : ces derniers devront représenter 100 % des achats de voitures neuves d’ici 2035, contre 15 % aujourd’hui, et il serait plus facile d’atteindre cet objectif en important des voitures chinoises à bas prix, qui se vendent environ 20 % moins cher que des modèles français, allemands ou italiens similaires dans l’UE. En revanche, plusieurs pays d’Europe centrale et orientale sont fortement tributaires de la fabrication de voitures et de pièces détachées destinées aux grands constructeurs européens. Ainsi, perdre des parts de marché au profit de l’industrie automobile chinoise risque de mettre en péril des emplois à forte valeur ajoutée et de nuire au soutien politique en faveur de la transition écologique.

Dans une nouvelle étude du FMI, nous analysons dans quelle mesure l’UE serait affectée si elle poursuivait ses objectifs d’adoption de véhicules électriques, tout en laissant les constructeurs chinois obtenir une part considérable de son marché automobile. Nous utilisons des modèles macroéconomiques et commerciaux de toute dernière génération pour quantifier l’incidence d’un tel scénario de « choc des véhicules électriques » sur les pays de l’UE, par rapport à un monde hypothétique où l’adoption de véhicules électriques et la part de marché de la Chine resteraient fixes à leurs niveaux d’avant 2023.

L’un des éléments cruciaux de l’analyse consiste à déterminer la part de marché de l’UE qui pourrait être conquise par les importations de voitures chinoises : tout dépend de l’ampleur de l’avantage comparatif que la Chine est en mesure d’établir dans un secteur automobile mondial de plus en plus orienté vers la production de véhicules électriques. Compte tenu de la relative nouveauté des véhicules électriques et du caractère très dynamique de l’innovation technologique dans ce secteur, il est naturellement difficile de prévoir l’évolution d’un tel avantage comparatif. C’est pourquoi nous nous sommes servis d’un cas antérieur comme référence dans nos scénarios.

Dans les années 70, les prix élevés des carburants ont poussé les consommateurs américains à rechercher des véhicules bon marché et économes en carburant. Cela a contribué à l’accession du Japon au rang d’exportateur mondial d’automobiles. Entre 1970 et 1985, la proportion de voitures japonaises importées par les États-Unis est passée de proche d’1,7 % à près de 15 %, avant de diminuer face à l’intensification des tensions commerciales. L’arrivée du Japon a transformé les marchés automobiles des États-Unis et du monde entier.

Selon nos scénarios, la montée en puissance de la Chine pourrait s’avérer tout aussi transformatrice : elle pourrait lui permettre d’augmenter sa part du marché de l’UE de 15 points de pourcentage en l’absence d’obstacles aux échanges, bien que sur une période plus courte. Il s’agit d’une illustration et non d’une prévision, car il est peu probable que la Chine pénètre le marché de l’UE exactement de la même façon que le Japon avait pénétré le marché américain. L’UE a déjà imposé de nouveaux droits de douane sur les véhicules électriques chinois, allant jusqu’à 45 % dans certains cas, si bien que la hausse des importations en provenance de Chine pourrait s’avérer plus faible que lors de ce cas antérieur. Elle pourrait également s’avérer plus forte si la Chine devient un producteur automobile plus dominant que le Japon ne l’a été.

Nous constatons que l’incidence du « choc des véhicules électriques » sur le PIB de l’UE est très faible dans son ensemble, mais qu’elle varie considérablement d’un État membre à l’autre (graphique 1). Deux forces contraires sont à l’œuvre : l’augmentation de l’offre de véhicules chinois bon marché est bénéfique à l’ensemble des consommateurs de l’UE, mais elle réduit la demande pour les véhicules produits par le secteur automobile européen, qui est d’une grande importance économique, compte tenu de sa forte rentabilité et de la productivité de sa main-d’œuvre. La perte de revenus qui en découle est limitée pour l’Allemagne, la France et l’Italie, car bien que ces pays abritent les plus grandes marques automobiles européennes, ils ont des économies vastes et très diversifiées. En revanche, elle frappe de plein fouet les petits pays d’Europe de l’Est, où la construction automobile inscrite dans la chaîne d’approvisionnement des voitures européennes représente une part considérable de l’activité économique. Selon les résultats de notre modèle, la Hongrie et la République tchèque sont les pays les plus touchés, avec une baisse du PIB réel de 1 % et 1,5 %, respectivement, sur cinq ans.

Au-delà des incidences sur le PIB global, ce choc entraînerait une réaffectation considérable de la main-d’œuvre en dehors du secteur automobile. Selon nos modèles, les travailleurs déplacés représenteraient jusqu’à 2,6 % de la main-d’œuvre en République slovaque et 1,7 % en Hongrie (graphique 2). Bien que ces travailleurs finiraient par être réemployés dans d’autres secteurs, essentiellement dans les services, une réaffectation de la main-d’œuvre d’une telle ampleur risquerait d’avoir des coûts sociaux, économiques, politiques et psychologiques considérables, qui sortent du cadre de nos modèles.

Que doivent faire les pouvoirs publics pour atténuer les incidences économiques ? Imposer un certain nombre de restrictions aux importations de véhicules électriques chinois peut paraître tentant, et c’est sur cette voie que s’est engagée l’UE dans une certaine mesure avec les nouveaux droits de douane sur les importations de véhicules électriques en provenance de Chine déterminés en octobre.

Mais les barrières commerciales ne sont pas une réponse satisfaisante. Notre modèle simule les effets de droits de douane moyens de 25 % et de 100 % sur les importations d’automobiles chinoises dans l’UE en réponse au choc des véhicules électriques. Loin de faire baisser les coûts économiques, nous constatons que les droits de douane aggravent la situation, tant à court qu’à long terme (graphique 3). Même si les droits de douane protègent la production automobile nationale et génèrent une hausse limitée des revenus, ils augmentent les prix à la consommation, ainsi que les coûts de production dans les secteurs qui pourraient utiliser les véhicules chinois comme intrants. Ces coûts l’emportent sur les avantages et appauvrissent tous les pays de l’UE, avec un effet particulièrement négatif sur les pays qui ne disposent pas d’un secteur automobile national suffisamment développé. La protection tarifaire n’améliorera pas non plus la compétitivité des constructeurs automobiles européens sur le marché mondial.

Outre leurs incidences économiques, d’aucuns estiment que les droits de douane sur les véhicules électriques chinois risquent de ralentir la transition climatique de l’UE, entraînant une hausse des émissions de CO2. Sur ce point, les résultats de notre modélisation présentent une image plus nuancée. L’effet des tarifs douaniers sur les prix inciterait certes les consommateurs à acheter un certain nombre de véhicules plus traditionnels au cours des dix prochaines années, ce qui augmenterait les émissions. Toutefois, tant que l’UE s’en tient à des politiques qui lui permettent d’atteindre son objectif d’adoption de 100 % de véhicules électriques d’ici 2035, les retombées globales des droits de douane sur les émissions seraient minimes. Dans ce cas, les droits de douane auraient pour principal effet d’augmenter le coût de la transition. Dans la pratique toutefois, une telle hausse du coût de transition pourrait bien créer des tensions susceptibles de retarder les objectifs d’adoption des véhicules électriques et un tel retard aurait une incidence beaucoup plus grave sur les émissions.

Si les droits de douane sont à éviter, quels autres éléments pourraient remédier aux pertes d’emplois et de production provoquées par le choc des véhicules électriques ? La solution réside dans l’investissement et la productivité. Selon notre modélisation, si l’augmentation de la demande de véhicules électriques en Europe est satisfaite par des entreprises chinoises produisant directement en Europe, grâce à une hausse de l’investissement direct étranger, les effets négatifs pourraient être moindres. C’est ainsi que les constructeurs automobiles japonais ont commencé à satisfaire le marché américain à partir des années 80. Nous constatons aussi que des améliorations concrètes de la productivité du secteur automobile européen pourraient grandement contribuer à atténuer l’incidence macroéconomique du choc sur les pays de l’UE les plus touchés. La suppression des derniers obstacles au commerce et aux mouvements de capitaux à l’intérieur de l’UE pourrait permettre aux constructeurs automobiles de mieux tirer parti des économies d’échelle, encourageant ainsi les investissements en recherche et développement.

Nous en arrivons ainsi à une solution intermédiaire au dilemme que connaît l’UE entre préserver les emplois manufacturiers à forte valeur ajoutée ou rester ferme sur ses objectifs climatiques. Il s’agirait de suivre des politiques volontaristes visant à encourager les investissements et les gains de productivité dans le secteur automobile et à faciliter les réorientations professionnelles, tout en invitant les BYDs, Nios et Xpengsà emprunter les routes européennes.

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Le présent article est tiré du document de travail du FMI 2024/218, « Europe’s Shift to EVs amid Intensifying Global Competition», de Philippe Wingender, Jiaxiong Yao, Robert Zymek, Benjamin Carton, Diego A. Cerdeiro, et Anke Weber.

JIAXIONG YAO est économiste principal au département Europe du FMI.




Le cheminement à double sens des pays émergents

Des pays financièrement fragiles mettent en œuvre des réformes favorables au marché, tandis que certains pays émergents plus solides optent pour une démarche inverse.

C’est toujours le cas : certains pays adoptent des réformes favorables au marché, d’autres font l’inverse. Et la plupart du temps, les choix opérés par les différents pays ne semblent guère présenter de caractéristiques distinctes.

Mais ces derniers temps, une tendance plus visible se dégage en matière d’élaboration de politiques à l’échelle des pays émergents et pays en développement : les pays les plus fragiles financièrement procèdent à de rigoureuses réformes favorables au marché, tandis que quelques-uns des pays en développement les plus stables historiquement semblent aller dans la direction opposée. C’est le phénomène du « cheminement à double sens » des pays émergents.

L’année en cours se distingue par le grand nombre de pays émergents financièrement fragiles qui ont adopté des réformes économiques destinées à remédier à leurs vulnérabilités. L’Argentine, l’Égypte, l’Équateur, l’Éthiopie, le Kenya, le Nigéria, le Pakistan, le Sri Lanka, la Türkiye et d’autres pays s’efforcent de mettre fin aux distorsions sur leurs marchés des changes, de freiner la croissance de la dette publique, d’accumuler des réserves de change et de créer les conditions requises pour une croissance durable.

Dans le même temps, plusieurs pays émergents à revenu intermédiaire dont les fondamentaux macroéconomiques sont plus solides et les relations avec les marchés internationaux des capitaux plus stables, adoptent ou semblent être sur le point d’adopter des politiques plus souples qui menacent d’éroder les bilans de leur secteur public et de faire grimper les primes de risque pays. C’est le cas notamment du Brésil, de la Hongrie, de l’Indonésie, du Mexique, de la Pologne et de la Thaïlande.

Les cours des obligations des pays émergents ont réagi de façon prévisible à cette évolution : les écarts de crédit des pays fragiles mais en voie d’amélioration se sont réduits de manière disproportionnée. Au cours des neuf premiers mois de 2024, la dette souveraine des pays émergents, libellée en dollars et classée dans la catégorie de notation spéculative, a enregistré un rendement de plus de 15 %. En revanche, dans les pays plus solvables, le rendement des investissements a été inférieur à 5 % durant la même période.

Les obligations à haut rendement peuvent réaliser une performance supérieure de plus de 10 points de pourcentage à celle des actifs de qualité durant les neuf premiers mois d’une année civile, mais il s’agit de cas inhabituels. Au cours des 30 dernières années, cette situation ne s’est produite que trois fois, soit en 1999, 2003 et 2009.

Lendemains de crise

Ces épisodes ont en commun le fait qu’ils se sont déroulés à la suite d’une crise quelconque. Ce constat relève d’une logique intuitive : lorsque l’appétence pour le risque revient sur un marché après une crise, les investisseurs ont tendance à orienter leurs portefeuilles vers des pays plus à risque, lesquels vont tirer profit de façon disproportionnée d’une hausse de la confiance.

Mais la situation est légèrement différente cette fois-ci, dans la mesure où il n’y a pas eu de crise financière majeure, que ce soit au niveau des pays émergents ou dans le monde en général. De fait, l’encours de la dette souveraine en défaut de paiement ne représentait qu’un demi pour cent du PIB mondial l’an dernier, selon une base de données sur les défauts souverains gérée par la Banque du Canada et la Banque d’Angleterre. Bien que ce taux soit plus élevé qu’il y a quelques années, la prévalence du défaut de paiement est néanmoins bien inférieure à son niveau de la fin des années 80, où l’encours de la dette en souffrance représentait plus de 2 % du PIB mondial.

Cette situation tient, entre autres, au fait que la gestion des dangers posés par des flux de capitaux considérables mais volatils est bien meilleure aujourd’hui que dans les années 70 et 80. En effet, beaucoup de pays en développement ont tiré de leur expérience deux enseignements importants, à savoir la nécessité de maintenir les déficits courants dans des limites raisonnables et celle d’accumuler des réserves de change.

La limitation des déficits courants met les pays à l’abri de la « vulnérabilité liée aux flux », qui résulte d’une dépendance excessive envers les financements extérieurs. L’accumulation de réserves de change protège contre la « vulnérabilité liée aux stocks », qui se caractérise par un manque de dollars à la suite d’un assèchement des sources de financement.

Ces considérations peuvent contribuer à expliquer pourquoi un si grand nombre de pays financièrement fragiles ont adopté des réformes. Les avantages de l’auto-assurance (et la nécessité de limiter la vulnérabilité liée tant aux flux qu’aux stocks) sont désormais si bien connus que les pays fragiles commencent sans doute à comprendre que le fait de vivre en permanence au-dessus de leurs moyens n’est pas un choix de politique viable, en particulier au moment où les États-Unis resserrent leur politique monétaire.

Les pays dont les bilans nationaux sont plus solides et qui ont moins d’expérience récente de l’instabilité financière semblent déterminés à dépenser davantage.

Augmentation des dépenses

Certains ajustements budgétaires que les pays historiquement fragiles effectuent à l’heure actuelle sont hautement ambitieux. En Argentine, par exemple, les autorités entendent passer d’un déficit budgétaire primaire de 3 % du PIB en 2023 à un excédent de 1 % durant l’exercice suivant. Le gouvernement égyptien cible un excédent primaire de 5 % au cours de l’exercice budgétaire s’achevant en juin 2027. La Türkiye se propose de transformer un déficit primaire de 2,6 % du PIB en 2023 en un excédent de 0,5 % du PIB pendant l’exercice suivant.

En revanche, les pays dont les bilans nationaux sont plus solides et qui ont moins d’expérience récente de l’instabilité financière semblent déterminés à dépenser davantage. La présidente du Mexique, Claudia Sheinbaum, a hérité d’un déficit budgétaire de quelque 6 % du PIB en 2024, le plus important depuis 1989. Les acteurs du marché ont de bonnes raisons de craindre l’amorce probable d’une période prolongée d’assouplissement budgétaire.

Le gouvernement brésilien a du mal à convaincre les investisseurs que l’orientation du président Luiz Inácio Lula da Silva vers l’assouplissement budgétaire est compatible avec la stabilité financière. En dépit d’un relèvement de la note souveraine du pays par l’agence de notation Moody’s, les acteurs du marché craignent qu’une récente poussée de croissance du PIB ne maintienne l’économie à un rythme de croissance supérieur à son potentiel et que les faiblesses de la position financière du gouvernement ne s’étalent rapidement au grand jour en cas de ralentissement de la croissance.

Le président indonésien Prabowo Subianto a évoqué la perspective d’une forte augmentation de la dette publique pour achever la construction d’une nouvelle capitale, accroître les dépenses consacrées à la défense et assurer la gratuité des repas scolaires. Il déclare n’avoir « aucun problème » à laisser le ratio dette/PIB augmenter à 50 %, contre 39 % à l’heure actuelle.

Pour comprendre ce cheminement à double sens des pays émergents, il convient notamment de garder à l’esprit la distinction entre la mondialisation financière qui, au cours des dernières décennies, a créé des conditions propices à l’augmentation des flux de capitaux volatils, et la mondialisation réelle, qui a favorisé durant la même période une forte hausse du commerce.

Si l’on examine rétrospectivement les années 80 et 90, deux décennies marquées par des crises financières intermittentes dans les pays émergents, il est facile d’affirmer aujourd’hui que les pays en développement étaient confrontés aux conséquences négatives de la mondialisation financière alors même qu’ils tiraient profit des retombées positives de la mondialisation réelle. À l’époque, la croissance du commerce mondial était vigoureuse comme on pouvait s’y attendre, à l’exception d’un petit nombre d’années durant lesquelles l’économie mondiale est tombée en récession. Les flux financiers mondiaux, en revanche, étaient d’une volatilité imprévisible.

Hostilité commerciale à l’échelle mondiale

Il se peut que l’inverse soit à présent vrai. Les flux mondiaux de capitaux restent certes volatils, mais les pays émergents ont appris à gérer les risques ou, du moins, à réagir plus vite qu’auparavant.

Le problème qui revêt plus d’importance aujourd’hui semble être celui de la mondialisation réelle : la croissance du commerce mondial a été nettement plus faible que celle du PIB ces deux dernières années, tout comme durant la plus grande partie de la décennie écoulée. Par ailleurs, l’hostilité commerciale planétaire semble plus susceptible que jamais de s’accentuer. Les exportations offrent donc aux pays émergents une voie de croissance moins fiable, et c’est probablement cette détérioration de l’environnement commercial extérieur qui incite les pays dont les bilans sont solides à envisager de consacrer une partie de leur capital de réputation accumulé au soutien de la demande intérieure. Les exigences relatives à la transition climatique et à la défense nationale amplifieront cette tendance.

Dès lors que l’assouplissement budgétaire est modéré, qu’il stimule la productivité et qu’il améliore la croissance potentielle, il est probable que ces cas de relâchement de la politique ne suscitent pas d’inquiétude particulière chez les acteurs du marché, et le cheminement à double sens observé actuellement dans les pays émergents ne sera pas une mauvaise chose. Mais si les problèmes liés à la mondialisation réelle s’aggravent (en d’autres termes, si le commerce mondial subit un effondrement plus marqué ou plus long), les bilans du secteur public se détérioreront davantage. Les acteurs du marché seront alors susceptibles d’offrir le crédit à des taux plus élevés.

L’avenir du commerce mondial pourrait donc déterminer le cheminement qu’emprunteront les pays émergents et la décision de ces derniers d’adopter des réformes favorables au marché, ou d’aller dans le sens inverse.

DAVID LUBIN est chargé de recherche principal de la chaire Michael Klein du programme Économie et finance mondiales de Chatham House. Auteur de Dance of the Trillions: Developing Countries and Global Finance, il a été auparavant responsable de l’économie des pays émergents chez Citi.




Afrique : loger une population croissante

Une compréhension plus fine de l’informalité et une meilleure utilisation des technologies peuvent créer des marchés du logement plus viables.

Les villes africaines sont dominées par l’économie informelle. Plaques tournantes inventives et bouillonnantes pour toute une population de demandeurs d’emploi, de migrants et de jeunes, royaume absolu des embouteillages, des vendeurs à la sauvette et des logements de fortune, les villes africaines n’en sont pas moins des centres d’activité dynamiques, déterminants dans la capacité du continent à atteindre ses objectifs de croissance économique.

Le logement est un élément central des villes. Des habitations convenables et abordables sont un levier de croissance majeur pour les villes, car, au-delà de leur construction proprement dite, ils conditionnent directement où et comment les gens vivent, travaillent et accèdent aux services. Lorsque le logement est soigneusement planifié et intégré à l’infrastructure de la ville, il peut soutenir un aménagement urbain efficace, déterminer et exploiter les possibilités offertes par la densification démographique et stimuler la croissance de l’économie locale.

Mais dans les villes africaines, la construction de logements se fait le plus souvent de manière informelle. La majorité des prêts au logement et des investissements dans l’immobilier résidentiel se font par voie informelle — que ce soit de la main à la main, par l’intermédiaire de tontines et de coopératives d’épargne et de crédit, ou par envois de fonds — et non par le biais de canaux réglementés. Bien que les procédés informels soient en définitive inefficaces, coûteux, opaques et usuriers, ils sont également souples et réactifs et présentent peu de barrières à l’entrée. Surtout, ils sont révélateurs des priorités, des besoins et des moyens de la majorité des habitants du continent.

Les technologies offrent de précieuses possibilités pour soutenir le logement dans cet environnement informel. En tirant parti des plateformes numériques, de la technologie mobile, de l’analyse des données et des systèmes de ville intelligente, les municipalités et les personnes qui y travaillent peuvent jeter un pont entre la souplesse d’adaptation de l’économie informelle et les processus de gouvernance structurés nécessaires pour permettre une croissance durable. Pour les décideurs, les législateurs et le secteur privé, il ne s’agit pas de faire barrage à l’informalité en instaurant une confiance aveugle envers les dispositifs formels, mais plutôt d’en tirer parti grâce à une meilleure compréhension de ce qui amène, encourage et appelle l’informel. Cela aidera les investisseurs — qu’ils soient publics ou privés, institutionnels ou particuliers — à bien orienter leurs investissements dans le logement en ciblant le marché idoine, et conduira par ailleurs à la création d’un marché viable, accessible et utile à l’ensemble des citadins.

Perspectives technologiques

La technologie des chaînes de blocs peut être mise à profit pour créer des registres de propriété foncière décentralisés ou des titres numériques exécutoires qui s’affranchissent des lourdeurs administratives. Les établissements de crédit hypothécaire de plusieurs pays y ont recours pour l’inscription de privilèges sur les biens immobiliers hors du système cadastral officiel, qui inspire moins confiance. Cette solution a également été testée dans des quartiers informels, notamment à Kumasi, au Ghana, où un registre unique des propriétés foncières a été établi et où les titres physiques ont été numérisés.

En 2013, le Rwanda a mis en œuvre un programme de régularisation des régimes fonciers qui comprenait le bornage, l’attribution et cadastrage numérique de toutes les parcelles. En 2023, le pays a totalement dématérialisé la délivrance de titres fonciers, avec le système de certificat électronique e-Title, grâce auquel les propriétaires fonciers peuvent accéder rapidement et à moindre coût à leurs titres de propriété sur le site officiel de l’Autorité foncière nationale.

La souscription de crédit est un domaine où la technologie peut aider à mieux quantifier le risque et donc à établir les possibilités de rendement. Dans une optique d’encouragement de l’accès à la propriété, les autorités de Djibouti ont mis en place un guichet hypothécaire qui garantit les prêts d’un montant maximal de 10 millions de francs Djibouti (56 000 dollars) pour les ménages vulnérables, qui sont définis comme étant les ménages au revenu mensuel compris entre 80 000 et 270 000 francs Djibouti (450–1 518 dollars).

Dans certains pays, dont le Nigéria, des applications mobiles permettent aux constructeurs informels et aux petits promoteurs immobiliers d’accéder à des marchés plus vastes. Ces plateformes facilitent une participation rapide et intuitive au marché tout en permettant à leurs utilisateurs de s’intégrer dans des réseaux formalisés de commerce et de distribution. Les antécédents des utilisateurs servent de base aux décisions des prêteurs en matière d’octroi de crédit, ce qui favorise la croissance et le développement des petites entreprises.

Les systèmes d’information géographique, les drones et l’imagerie satellite peuvent aider à cartographier l’économie informelle et, en fournissant des données en temps réel sur les habitats, activités économiques et marchés informels, permettre aux urbanistes de comprendre la dynamique informelle et d’y réagir efficacement. Au cours de l’année à venir, le Centre pour le financement du logement abordable en Afrique, de conserve avec le Lincoln Institute of Land Policy, va explorer ces politiques et pratiques au Kenya.

Le prêt électronique peut favoriser des formules de location avec option d’achat. La chaîne de blocs réduit le coût des transactions, notamment pour ce qui est de la validation de la véracité des informations. Cette technologie a déjà eu des effets notables tant sur l’abordabilité des logements pour les ménages, que sur la taille du marché et les possibilités qu’il offre pour les promoteurs. Un promoteur immobilier au Mozambique a ainsi constaté que, avec l’utilisation de cette technologie, les logements qu’il construit étaient dès lors accessibles à 80 % de la population — tandis qu’auparavant, ils n’étaient accessibles qu’à 3 % de la population selon le modèle hypothécaire existant.

KECIA RUST est administratrice du Centre pour le financement du logement abordable en Afrique (Centre for Affordable Housing Finance in Africa, CAHF). Cet article et études de cas s’appuient sur la 15e édition de l’Annuaire du CAHF, Financement du logement en Afrique — une revue des marchés africains du financement du logement.




São Paulo se réapproprie son centre

S’appuyant sur une combinaison de programmes municipaux et fédéraux, la mégalopole brésilienne entreprend la réhabilitation d’immeubles de son centre-ville.

São Paulo, plus grande ville de l’hémisphère sud avec près de 11,5 millions d’habitants, souffre d’une grave pénurie de logements. Pour répondre aux besoins, il faudrait 400 000 logements supplémentaires, soit plus que le total du parc immobilier de Washington ou de San Francisco.

La ville et le pays tentent une nouvelle approche pour régler ce problème qui fait désormais partie intégrante du paysage politique local et national. Cette fois, São Paulo s’inspire des leçons apprises il y a plus de dix ans lorsque l’administration a lancé un massif programme de logements sociaux qui a permis d’ajouter plus de huit millions de logements au parc immobilier, mais qui laisse surtout le souvenir de doléances sur sa contribution au creusement des inégalités et à l’aggravation de l’étalement urbain.

São Paulo symbolise parfaitement la spectaculaire phase d’urbanisation qu’a vécue le Brésil au cours des 60 dernières années. Depuis 1960, la part de citadins dans le pays a bondi de 45 % à 87 %. La population de la tentaculaire région métropolitaine de São Paulo, où vivent 20 millions de personnes, s’est gonflée depuis dix ans d’environ deux millions de nouveaux habitants selon l’office national de la statistique du Brésil, l’IBGE.

La ville est le plus important pôle économique du pays. Au fil d’un développement souvent chaotique, São Paulo est devenue le point de chute de plusieurs énormes vagues migratoires. Les migrants venaient d’Europe, d’Asie et du Moyen-Orient. Certains encore sont arrivés d’autres régions du Brésil. Depuis le début du XXe siècle, des vagues successives de retirantes (comme on appelait ici autrefois les migrants issus des régions pauvres et arides du nord-est du pays) se sont installés à São Paulo à la recherche d’un travail et d’une vie meilleure.

Arrivé à São Paulo en 1952, à l’âge de sept ans, l’actuel président du Brésil, Luiz Inácio Lula da Silva, était d’ailleurs du nombre. Il a obtenu l’an dernier un troisième mandat à la présidence du pays après avoir occupé le poste de 2003 à 2011. Son administration actuelle travaille à une nouvelle version de la politique du logement qu’il avait lancée en 2009 sous le nom de « Minha Casa, Minha Vida », ou MCMV (Ma maison, ma vie).

Le prédécesseur de Lula, l’ancien président Jair Bolsonaro, a amputé le programme de manière spectaculaire pendant son passage au pouvoir. Toutefois, Lula a redonné vie au MCMV en élargissant l’accès aux subventions, en réduisant les taux d’intérêt et en augmentant la valeur maximale des propriétés admissibles après sa réélection en 2022. En une seule année, plus d’un million de logements ont ainsi été vendus, soit la moitié de la cible à atteindre d’ici la fin de 2026.

Courbe d’apprentissage

Depuis la création du programme, les familles appartenant à la fourchette inférieure des revenus des participants au programme (c’est-à-dire celles dont les revenus mensuels ne dépassent pas 516 dollars) sont admissibles à l’obtention d’un logement gratuit. Ces logements sont attribués dans le cadre de tirages au sort locaux. Dans la phase initiale de la première mouture du programme, la plupart des logements construits l’étaient loin des centres-villes. Selon les critiques, ce programme a exacerbé les inégalités en exilant les pauvres vers des zones où l’accès aux services publics était restreint, et qui étaient éloignées des lieux de travail, ce qui imposait aux travailleurs de longs trajets quotidiens dans des systèmes de transport public souvent saturés.

Pour cette raison, selon une enquête menée auprès des bénéficiaires à Rio de Janeiro, deuxième plus grande ville du Brésil, plus de la moitié des gagnants à la loterie du logement ont finalement choisi de se retirer du programme.

« Ces participants ont refusé un logement gratuit à cause des aspects négatifs d’un déménagement qui les éloignait des possibilités d’emploi et de leur réseau social », affirme l’économiste Carlos Alberto Belchior, un des coauteurs de cette étude.

Les chercheurs ont par ailleurs constaté que le programme avait échoué à réduire la pauvreté. Selon l’emplacement du nouveau logement, les probabilités que les bénéficiaires trouvent un emploi officiel diminuaient après leur déménagement. Relégués dans des zones sans débouché professionnel ni infrastructure, ces bénéficiaires passaient moins de mois dans l’année à travailler dans l’économie formelle et étaient davantage susceptibles de changer d’emploi.

Le retour au centre-ville

Lancée en 2023, la version du programme actualisée par l’administration Lula comprend plus d’incitations à améliorer l’accès au travail et aux services. Cette version s’appuie sur le « plan directeur » (Plano Diretor) d’urbanisme de São Paulo approuvé en 2014, époque à laquelle l’actuel ministre des Finances, Fernando Haddad, était maire de la ville.

Ce plan vise à accroître la densité de la population le long des corridors de transport, en autorisant les constructeurs à ériger des immeubles plus hauts en contrepartie d’un engagement des promoteurs à augmenter le nombre d’appartements plus petits et moins chers. Le nombre de zones jugées prioritaires pour la construction de logements sociaux a été multiplié par deux et inclut le centre-ville moribond de São Paulo, ce qui exige de consacrer une forte proportion du budget à l’acquisition de terrains pour construire les projets de logements sociaux.

Le centre-ville, qui était autrefois le cœur culturel de la ville, est pris dans une spirale baissière depuis la fin des années 60, époque à laquelle les établissements bancaires ont amorcé leur migration vers l’Avenida Paulista, encore emblématique aujourd’hui, pour finalement aboutir à leur emplacement actuel sur l’Avenida Faria Lima. Il s’ensuit que, selon les estimations, 20 % des immeubles des quartiers centraux sont actuellement inoccupés.

La revitalisation du centre-ville et l’offre de logements sociaux ont été au cœur des débats des élections municipales cette année. En juin, au début d’une campagne qui a débouché sur un nouveau mandat, le maire Ricardo Nunes a annoncé l’expropriation de cinq immeubles afin d’en faire des logements sociaux dans le cadre de partenariats public–privé.

Cent soixante-quatre autres immeubles répondent aux critères d’expropriation utilisés. Nunes (soutenu par le gouverneur de l’État de São Paulo, Tarcísio de Freitas et Bolsonaro) a indiqué son intention de travailler en étroite collaboration avec l’État, qui a déjà annoncé un ambitieux programme visant à déménager au centre-ville les bureaux de son administration actuellement situés dans le prospère quartier de Morumbi. Le logement est un volet important de ce programme et une partie des 268 000 logements sociaux que Freitas a promis de construire d’ici la fin de son mandat seront situés au centre-ville.

Aux élections d’octobre, Nunes a battu Guilherme Boulos, qui a acquis sa renommée nationale par son action militante en faveur de la construction de logements sociaux, en organisant notamment l’occupation d’immeubles abandonnés par l’intermédiaire du mouvement des travailleurs sans domicile fixe (MTST). Son programme prévoyait l’octroi de subventions aux entreprises dont les projets MCMV étaient situés à proximité des transports et d’autres services, et ciblait des immeubles vacants appartenant à différents organismes publics. Par exemple, l’administration fédérale de la sécurité sociale possède des dizaines de locaux vides au centre-ville qui pourraient être remis en état et convertis en logements sociaux.

L’immeuble Dandara, situé sur la célèbre avenue Ipiranga au cœur de la ville, est l’une des premières réussites de ce modèle. L’immeuble, qui abritait autrefois la cour fédérale du travail, a été occupé en 2009 par le mouvement Union pour le droit au logement (ULCM). La gestionnaire de l’immeuble, Marli Baffini, milite au sein de l’ULCM depuis près de 20 ans et habite elle-même l’immeuble depuis 2017. Marli et son mari, Regis, avaient précédemment tenté à plusieurs reprises, mais sans succès, d’obtenir un prêt hypothécaire. Leurs demandes avaient été refusées au motif qu’ils ne possédaient pas un actif suffisant et que leurs revenus étaient relativement bas.

« Les mots me manquent pour exprimer la joie que j’ai ressentie lorsqu’on m’a finalement donné la clé de mon appartement », raconte Marli. Elle et son mari vivaient précédemment dans une location située dans le nord-ouest de la ville. Pour se rendre à son travail dans le quartier huppé de Moema, à l’autre bout de la ville, Regis devait partir de chez lui à 5 h du matin, car le trajet prenait deux heures.

« Aujourd’hui, il lui faut à peine 20 minutes et de notre appartement, il peut se rendre à pied à trois stations de métro », décrit Marli.

La société d’architecture et de génie civil Integra de São Paulo, qui a rénové Dandara, collabore étroitement avec l’ULCM et d’autres mouvements à la réalisation de projets un peu partout dans la ville. Les militants influent de manière déterminante sur les décisions relatives aux projets de rénovation et contribuent à leur succès selon Adelcke Rossetto, associé fondateur d’Integra.

L’entreprise s’efforce actuellement de faire approuver à São Paulo quatre autres projets portés par des mouvements sociaux, dont deux au centre-ville.

« Les décideurs ont finalement compris qu’il faut des logements dans le centre-ville », explique Rossetto. Ce modèle convient mieux à la réfection d’immeubles appartenant à l’État, précise-t-il cependant, parce que le coût exigé pour acheter des propriétés privées et les convertir en logements sociaux est prohibitif.

Le secteur privé aux commandes

Grâce aux changements qui ont été apportés au moment de son actualisation, le programme MCMV s’impose comme l’un des principaux vecteurs de l’expansion du marché brésilien du logement. Le pays a enregistré des ventes records de logements neufs au deuxième trimestre de cette année. Selon la chambre brésilienne du bâtiment, presque la moitié des quelque 93 000 logements vendus faisaient partie de nouveaux projets du programme MCMV.

Ce succès repose sur la compréhension des besoins des acheteurs à faible revenu et sur la capacité de construire rapidement les logements en respectant des budgets serrés selon Ricardo Zylberman, directeur de l’exploitation de la société de construction Magik LZ. L’entreprise a dressé une liste des exigences à respecter pour assurer le succès de ses projets dans le cadre du programme MCMV.

« L’accès aux services de transport en commun est fondamental », affirme Zylberman. Les nouveaux quartiers ne doivent pas être à plus de dix minutes de marche du réseau de transport public. Il doit aussi y avoir à proximité des services de base, notamment des supermarchés, des pharmacies et des boulangeries, car la plupart des résidents ne possèdent pas d’automobile.

Magik a adapté ses projets aux besoins évolutifs de la main-d’œuvre locale. Des salles de réceptions sont équipées d’une connexion Internet à haut débit et d’appareils de climatisation afin qu’elles puissent aussi servir de lieux de travail communs aux télétravailleurs, de plus en plus nombreux.

« Nous avons trouvé une formule gagnante », estime Zylberman. Construire un grand nombre de logements est un « processus d’envergure industrielle qui exige de construire rapidement des appartements de qualité supérieure qui exigeront ensuite un entretien minimal ».

Pour Zylberman, il y a encore au centre-ville de São Paulo de multiples possibilités de projets de logements sociaux parce qu’il reste des terrains abordables à proximité des réseaux de transport publics et des commerces de détail.

Toutefois, malgré son envergure, le programme MCMV ne constitue qu’une partie de la solution à la pénurie de logements. Inês Magalhães est vice-présidente du plus important établissement de crédit immobilier brésilien, la Caixa Econômica Federal, qui gère le programme. Elle estime que la solution à la pénurie de logements pour les personnes à faible revenu passe par un large éventail de politiques publiques. Il faut notamment davantage de partenariats entre les États, les villes et l’administration fédérale, indique-t-elle, nommant au passage quelques programmes d’État et programmes locaux qui offrent des subventions aux familles afin de les aider à réunir la mise de fonds requise pour l’achat d’un nouveau logement.

« La constitution de l’apport est souvent le problème le plus difficile auquel se heurtent les familles qui participent au programme MCMV, parce que le loyer que paient la plupart d’entre elles limite considérablement leur capacité d’épargner, fait-elle valoir. Le Brésil doit construire entre 1 et 1,5 million de nouveaux logements par an, ne serait-ce que pour éviter une aggravation de la crise. Il n’existe pas de solution facile à ce problème, mais en appliquant les bonnes mesures, il est possible d’améliorer la situation. »

ELIZABETH JOHNSON est directrice des études sur le Brésil chez TS Lombard, une société de conseil spécialisée en macroéconomie mondiale.




Des ponts plutôt que des murs

De l’intérêt de mettre la macroéconomie en regard avec l’économie immobilière.

La macroéconomie, par définition, s’intéresse à l’économie dans son ensemble et laisse de côté les évolutions microéconomiques de moindre ampleur à l’échelle des entreprises ou des secteurs. En 2007, Edward Leamer, professeur d’économie à l’Université de Californie à Los Angeles, a attiré l’attention sur le fait que cette lacune avait un coût élevé, avançant qu’il était inutile de tenter d’analyser les cycles économiques sans prêter attention au secteur du logement.

Comme il l’explique dans « Housing IS the Business Cycle », article désormais célèbre, le marché du logement est crucial pour comprendre pourquoi les économies connaissent des périodes ’’d’expansion et de récession. Il fait remarquer que presque toutes les récessions survenues aux États-Unis depuis la seconde guerre mondiale ont été précédées de difficultés dans ce secteur. En d’autres termes, nous aurions tout intérêt à jeter des ponts entre la macroéconomie et l’économie immobilière plutôt que de les cloisonner.

Après tout, l’incidence du logement sur la macroéconomie est évidente partout dans le monde. Les villes sont parmi les endroits les plus productifs de la planète : elles regorgent de créativité et d’idées innovantes, et sont les moteurs de la croissance économique. Pourtant, dans nombre d’entre elles, le coût du logement est prohibitif, même pour les cadres qui gagnent relativement bien leur vie, et encore plus pour les travailleurs essentiels moins bien rémunérés qui assurent la sécurité, la propreté et le bon fonctionnement des centres urbains. Beaucoup de ces travailleurs agents de police, enseignants, infirmiers, livreurs — exercent une activité en présentiel. Ils ne peuvent donc pas tirer parti de l’essor du télétravail pour trouver un lieu de vie plus abordable pour eux et leur famille.

 

Dans les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), qui sont en majorité des pays riches, les prix de l’immobilier ont augmenté de près de 40 % en termes réels au cours des dix dernières années. Aux États-Unis, cette hausse est d’environ 50 %. Stimulée par la croissance démographique et la hausse des revenus, la demande de logements a été extrêmement forte au cours des dernières années. Toutefois, l’offre n’a pas suivi le même rythme, en partie en raison des règles d’occupation des sols (destinées, par exemple, à empêcher la construction de logements collectifs dans des quartiers où l’on trouve des maisons individuelles), limitant le nombre de logements pouvant être construits sur une parcelle donnée. Entre autres conséquences, cela risque d’exacerber les inégalités intergénérationnelles : 60 % des 18–29 ans se déclarent modérément ou fortement préoccupés par la recherche d’un logement adéquat. L’accessibilité financière du logement est une source d’inquiétude croissante pour les entreprises également. Celles-ci déclarent être obligées d’augmenter le salaire de leurs employés et d’allouer un budget accru au coût de la main-d’œuvre.

Et ce problème ne concerne pas uniquement les pays riches. Les logements à un coût abordable sont rares, particulièrement pour les plus pauvres. Par exemple, l’OCDE estime qu’en Colombie, 82 % des locataires du quintile de rémunération le plus bas versent plus de 40 % de leurs revenus à des propriétaires privés.

Les prix élevés des biens immobiliers et des loyers peuvent pousser à l’endettement excessif. Comme l’a montré le FMI, l’emprunt des ménages peut stimuler la croissance économique à court terme, mais il a de graves répercussions à long terme : les consommateurs limitent leurs dépenses pour rembourser leur dette, l’économie ralentit et le chômage augmente. En Chine, par exemple, la dégradation du marché du logement a eu une incidence majeure sur la consommation. Un choc économique soudain — tel qu’une chute des prix de l’immobilier — pourrait déclencher une spirale de défaut de paiement qui ébranlerait tout le système financier.

Si des ponts avaient été établis entre la macroéconomie et l’économie immobilière, nous aurions sans doute mieux anticipé les évolutions constatées lors de la crise financière mondiale de 2008–09. Nous aurions sans doute aussi mieux compris les récentes problématiques liées aux politiques, comme le montrent les articles du dossier spécial de ce numéro.

Si des ponts avaient été établis entre la macroéconomie et l’économie immobilière, nous aurions sans doute mieux anticipé les évolutions constatées lors de la crise financière mondiale de 2008–09.

Cette année, les macroéconomistes ont dû relever deux grands défis : déterminer les causes et la durée probable du regain d’inflation en 2021–22 et établir un moyen de favoriser un « atterrissage en douceur » en ralentissant l’économie afin de contenir l’inflation sans basculer dans la récession. Ils auraient mieux répondu à ces questions de politique générale essentielles s’ils avaient eu une compréhension plus approfondie des évolutions du marché immobilier.

Le taux d’inflation obstinément élevé aux États-Unis était le résultat de facteurs complexes et mouvants liés à la demande et à l’offre. Le rôle du logement a toutefois été une surprise, poussant d’éminents macroéconomistes à se démener pour comprendre précisément comment les prix de l’immobilier et des loyers participaient de la mesure du coût de la vie. En effet, la hausse du coût de l’emprunt immobilier a contribué au pessimisme déconcertant des consommateurs dans leur perception de la situation économique et a suscité de nombreuses interrogations chez les économistes déterminés à expliquer l’absence de lien avec l’indice des prix à la consommation.

Les banques centrales ont dû relever le défi de déterminer dans quelle mesure le relèvement des taux d’intérêt qu’elles avaient appliqué pour contenir l’inflation affecterait le secteur du logement et l’économie dans son ensemble. Ce n’est pas une tâche facile. Les canaux par lesquels les taux d’intérêt influent sur le marché du logement sont complexes et évoluent dans le temps. Un économiste qui chercherait à les comprendre devrait étudier les marchés immobiliers et disposer de connaissances approfondies qu’on ne trouve pas dans les manuels de macroéconomie en général, comme le faisait remarquer Edward Leamer il y a près de 20 ans, lorsqu’il déplorait de ne pouvoir trouver ne serait-ce qu’un seul manuel qui accorderait à l’immobilier toute la place qu’il mérite.

L’un des canaux susceptibles de faire varier l’effet des taux d’intérêt sur le logement est la part des prêts hypothécaires à taux fixe, qui est presque nulle en Afrique du Sud, alors qu’elle est supérieure à 95 % aux États-Unis et au Mexique, par exemple. Les autres facteurs déterminants de la puissance de la politique monétaire sont notamment le niveau d’endettement des propriétaires, l’ampleur des restrictions imposées à l’offre, et l’appréciation des prix immobiliers et leur possible surévaluation, autant de facteurs qui peuvent être difficiles à mesurer.

Si la situation n’était pas déjà suffisamment complexe, la force de ces canaux évolue avec le temps. La part des prêts hypothécaires à taux fixe a, par exemple, récemment augmenté dans de nombreux pays. Par ailleurs, l’accès au refinancement varie selon les pays et selon les périodes. Pour ajuster la politique monétaire, il est indispensable d’avoir une compréhension fine du marché immobilier d’un pays.

Se nourrir, se vêtir et se loger sont considérés comme des besoins humains fondamentaux. De fait, la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 et plusieurs autres traités internationaux relatifs aux droits humains ont reconnu le droit à un logement convenable. L’élimination de la faim est l’un des objectifs de développement durable phares de l’ONU (objectif 2). Des organismes des Nations Unies, comme le Programme alimentaire mondial, passent à l’action lorsque les prix alimentaires flambent, et même le FMI lance de nouveaux programmes de prêt pour aider les populations et les pays à faire face en cas de chocs sur les prix des denrées alimentaires. Le logement est le parent pauvre des objectifs de développement durable, dans lesquels il est à peine mentionné, alors que son accessibilité est un problème omniprésent dans nombre, si ce n’est dans la majorité, des principales puissances économiques de la planète. Il n’est donc pas étonnant qu’il ait été au cœur de plusieurs campagnes électorales nationales et locales.

PRAKASH LOUNGANI dirige le master d’économie appliquée à l’Université Johns Hopkins.




L’avantage comparatif de l’espèce humaine

Les êtres humains ont dominé la planète grâce à leurs récits ; pour Yuval Noah Harari, il est possible qu’ils n’en soient plus les auteurs pour très longtemps.

Contrairement à l’Homo economicus, un modèle hyperrationnel créé pour expliquer nos choix financiers, les décisions d’Homo sapiens ont toujours été fortement tributaires des paramètres sociaux et des émotions que suscitent les récits.

Éternel curieux, Yuval Noah Harari s’intéresse à l’évolution humaine en tant que philosophe et historien. Sapiens : Une brève histoire de l’humanité, publié en 2014 et traduit dans près de 40 langues, s’est imposé comme un phénomène international. Son dernier livre, Nexus : Une brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA, examine l’évolution des réseaux de communication humains et comment l’intelligence artificielle pourrait à terme nous battre à notre propre jeu.

Yuval Harari est actuellement professeur d’histoire à l’Université hébraïque de Jérusalem et chercheur émérite au Centre for the Study of Existential Risk de l’Université de Cambridge. Il s’est entretenu avec Bruce Edwards, de F&D, sur les thèmes du récit, de la confiance et de l’IA.

F&D : L’une des grandes idées sur lesquelles vous fondez votre histoire d’Homo sapiens est sa capacité sans égale à imaginer l’avenir. Comment nos récits nous ont-ils permis de triompher des autres espèces qui évoluaient à nos côtés ?

YNH : Notre pouvoir c’est la coopération. Les chimpanzés, par exemple, ne peuvent coopérer que lorsqu’ils sont très peu nombreux, mais Homo sapiens peut coopérer avec d’innombrables individus. Il y a aujourd’hui 8 milliards de personnes dans le monde qui — malgré les nombreuses divergences et les nombreux conflits qui les opposent — font pratiquement toutes partie des mêmes réseaux commerciaux. La nourriture que nous mangeons, les vêtements que nous portons, l’énergie que nous consommons proviennent souvent d’une autre partie du monde, créés par des personnes que nous n’avons jamais rencontrées. Ces vastes réseaux de coopération sont notre superpouvoir et reposent sur la confiance. Et comment établir la confiance entre inconnus ? À travers le récit.

Nous bâtissons la confiance en inventant des histoires auxquelles croient de nombreux individus. C’est particulièrement évident dans le cas de la religion ; des millions de personnes peuvent s’unir pour des projets caritatifs comme la construction d’hôpitaux ou pour mener des guerres saintes, parce que ces millions d’étrangers souscrivent à la même mythologie. Mais cela vaut aussi dans le cas de l’économie et du système financier, car l’histoire la plus populaire de tous les temps est celle de l’argent. C’est en fait la seule histoire à laquelle nous croyons tous.

Vous avez pourtant affirmé que l’argent n’est rien de plus qu’un artefact culturel.

Oui. L’argent est un récit, une fiction — il n’a pas de valeur objective. Vous ne pouvez pas manger ou boire des billets et des pièces. Mais vous pouvez remettre un bout de papier qui n’a aucune valeur intrinsèque à un inconnu en échange de pain que vous pourrez manger. Ce système repose sur la croyance collective des mêmes récits sur l’argent ; lorsque l’on cesse d’y croire, tout s’effondre. Nous l’avons constaté plusieurs fois au long de l’histoire, et on le voit aujourd’hui aussi, avec l’avènement de nouvelles formes de monnaies. Que sont le Bitcoin, l’Ethereum et les cryptomonnaies ? Ce sont des récits. La valeur de ces monnaies dépend des histoires que l’on raconte et que l’on croit à leur propos. Les fluctuations de la valeur du bitcoin ne font que refléter le gain et la perte de confiance des gens dans le récit qui l’entoure.

Dans votre dernier ouvrage, Nexus, vous dites que nous nous éloignons de l’économie fondée sur l’argent au profit d’une économie fondée non plus sur les monnaies, mais sur l’échange d’informations. À quoi ressemble cette économie de l’information ?

Commençons par un exemple : l’une des entreprises les plus présentes dans ma vie, c’est Google. Je l’utilise tous les jours, tout au long de la journée. Mais vous ne le devineriez jamais en regardant mon compte en banque, parce qu’il n’y a aucun échange monétaire. Je ne verse aucune somme à Google et vice versa. Je ne fais qu’obtenir des informations auprès de Google.

Et Google obtient de vous des informations.

Exactement. Google obtient de moi beaucoup d’informations sur ce que j’aime, ce que je n’aime pas, mes opinions — toutes sortes de choses — et s’en sert par la suite. Un nombre croissant de transactions dans le monde consistent en cet échange d’informations et non plus en un échange d’un bien contre de l’argent. Le pouvoir, la richesse, la définition même de la richesse dépendent de moins en moins des dollars que l’on possède et de plus en plus des pétaoctets d’informations dont on dispose. Que se passe-t-il lorsque les personnes et les entreprises les plus puissantes possèdent des quantités énormes d’informations qu’elles ne prennent même pas la peine de monétiser, d’échanger contre de l’argent, parce qu’elles peuvent obtenir tout ce qu’elles veulent en échange d’informations ? Pourquoi aurait-on besoin d’argent ? Si on peut acheter des services et des biens avec des informations, on n’a pas besoin d’argent.

La prémisse de Nexus est que les structures de pouvoir et les systèmes de croyances qui ont vu le jour au cours de l’évolution humaine résultent de récits ; cette idée est placée dans le contexte des technologies d’aujourd’hui. Que nous dit ce livre sur les périls de ces réseaux d’information de plus en plus complexes ?

Le premier message, presque philosophique, c’est que l’information n’est pas la vérité. La plupart des informations sont fictives, imaginaires, trompeuses. La vérité est coûteuse : il faut effectuer des recherches, recueillir des preuves, consacrer du temps, des efforts, de l’argent à la production de la vérité. Et la vérité est souvent douloureuse, elle constitue donc un très petit sous-ensemble d’informations.

L’autre message est que nous sommes en train de larguer sur le monde la technologie la plus puissante que nous ayons jamais créée : l’IA. L’IA diffère radicalement des presses d’imprimerie, des bombes atomiques — de tout ce que nous avons inventé jusqu’ici. C’est la première technologie de l’histoire capable de prendre des décisions et de formuler de nouvelles idées toute seule. Une bombe atomique ne pourrait pas décider qui bombarder ; l’IA le peut. L’IA peut prendre des décisions financières et inventer de nouveaux dispositifs financiers. Et l’IA que nous connaissons aujourd’hui, en 2024, ce n’est que les prémices de la révolution que représente l’IA. Nous n’avons encore rien vu.

Il y a un autre aspect important, surtout pour le FMI, c’est qu’un très petit nombre de pays conduisent cette révolution. La plupart des pays sont très loin derrière et si nous n’y prenons pas garde, nous assisterons à une répétition de la Révolution industrielle, puissance dix. Au XIXe siècle, quelques pays — la Grande-Bretagne, puis les États-Unis, le Japon et la Russie — ont été les premiers à s’industrialiser. La plupart des pays n’ont pas compris ce qui se passait. Qu’est-ce que c’est que cette histoire de machines à vapeur et de télégraphes ? Pourtant, en quelques décennies, ces quelques puissances industrielles ont soit directement conquis, soit indirectement dominé l’ensemble du monde. De nombreux pays commencent à peine à se relever des dommages causés par cette conquête industrielle.

Aujourd’hui, nous avons affaire au tsunami qu’est l’IA. Pensez aux effets que la machine à vapeur et le télégraphe ont eu sur l’inégalité dans le monde, puis multipliez ça par 10, par 100, par 1 000. Vous commencerez alors à mesurer l’ampleur des conséquences qu’auraient la monopolisation de l’énorme puissance de l’IA par une poignée de pays et l’exploitation et la domination comme jamais auparavant de ceux qui seront restés à la traîne.

L’IA sans garde-fous est donc dangereuse, comme vous le dites dans Nexus. Mais les êtres humains, et vous l’exposez clairement dans Sapiens, ont toujours maltraité la planète en toute impunité, « comme des dieux qui ne savent pas ce qu’ils veulent ». Les sciences économiques proposent-elles un moyen pour amortir l’impact de l’union de ces deux forces potentiellement destructrices ?

L’économie concerne la définition des priorités. Vous avez des ressources limitées avec de nombreux désirs et besoins ; il y a donc la question de la vérité et la question des désirs. Quels sont les faits et que voulons-nous ?

En ce qui concerne la question des désirs, le meilleur système que nous ayons trouvé est la démocratie, qui consiste à demander aux gens ce qu’ils veulent. Et les désirs d’un docteur en économie ou d’un prix Nobel ne sont pas plus importants que ceux d’une personne qui n’a pas terminé le secondaire. Le but du système démocratique est de donner un poids égal aux désirs de chacun. Puis, vous avez la question de la vérité : quels sont les faits ? La démocratie n’est pas un système idéal pour le déterminer. Si vous voulez, par exemple, savoir si le réchauffement climatique est réel — s’il résulte de l’activité humaine ou bien d’un cycle naturel du soleil ou d’autre chose — la question ne doit pas être soumise à des élections démocratiques. Cette question concerne la vérité et non les désirs.

 

Une chose que nous avons apprise sur les êtres humains ces derniers millénaires, c’est qu’ils peinent souvent à regarder la vérité en face — pour des raisons personnelles, religieuses, idéologiques. Pour connaître les faits, il faut créer des institutions dotées d’experts qui savent comment analyser les données, mais ces institutions ne devraient pas nous dicter nos désirs ou ce que nous avons à faire. Des experts nous disent : oui, le changement climatique est une réalité, en voici les causes — puis la balle passe dans le camp du processus démocratique.

Mais les décisions démocratiques que prennent les individus sont basées sur les récits qu’ils entendent ; alors que se passe-t-il lorsque ces récits ne sont plus racontés par des êtres humains ?

Nous sommes secoués par un séisme. Les sociétés humaines sont fondées sur la confiance ; la confiance repose sur l’information, sur la communication, et un changement majeur des technologies de la communication déstabilise la confiance entre les individus. Il en résulte un tremblement de terre social et politique. Avec l’avènement de l’IA, les récits qui nourrissent les sociétés humaines sont pour la première fois générés par une intelligence non humaine.

Ces récits peuvent être religieux ou financiers : jusqu’ici, tous les dispositifs financiers ont été conçus par l’esprit humain. Désormais, les dispositifs financiers pourront être inventés par des IA. Le danger est que les IA pourraient inventer des dispositifs financiers qu’aucun humain n’est capable de comprendre, et a fortiori de réglementer.

L’IA peut nous rendre de très grands services, mais c’est un danger existentiel si nous en perdons le contrôle. À mon sens, l’AI, en anglais, est l’abréviation, non pas de l’intelligence artificielle, mais de « alien intelligence ». Pas au sens d’extraterrestre, car elle a été créée dans nos propres laboratoires, mais au sens où le fonctionnement de cette intelligence pour la prise de décisions et la conception d’idées diffère fondamentalement de celui du cerveau humain. C’est une forme d’intelligence qui nous est étrangère. Et il est très dangereux de lâcher des milliards d’agents étrangers dans le monde sans aucun moyen de les contrôler, ni de s’assurer qu’ils utilisent leur colossal pouvoir dans notre intérêt.

Cet entretien a été modifié dans un souci de concision et de clarté. Consulter la page www.imf.org/podcasts pour écouter la version intégrale.

BRUCE EDWARDS est membre de l’équipe de Finances & Développement.




Le PIB à l’avenir

Des indicateurs complémentaires permettent d’évaluer la véritable richesse de notre planète et de déterminer comment l’accroître durablement.

Le produit intérieur brut (PIB) est l’une des statistiques les plus surveillées au monde. Il sert de référence pour évaluer les résultats économiques et d’instrument de mesure de la puissance nationale ; même de légères variations de cette seule statistique peuvent provoquer des fluctuations des marchés financiers. Depuis son lancement en tant qu’indicateur économique il y a quelque 90 ans, le PIB est une pièce maîtresse de la politique économique.

Cependant, il est loin d’être parfait. Le PIB est un indicateur médiocre du bien-être. Il comptabilise l’ensemble des biens et services produits dans un pays en accordant une valeur identique à 100 dollars dépensés, que ce soit en billets de concert ou en frais de procédure judiciaire. Il passe à côté d’une grande partie de ce qui fait le sel de la vie et de ce que nous aimons le plus, à savoir la famille et les amis, la beauté à couper le souffle d’un paysage intact ou le sourire attendrissant d’un enfant. Bon nombre de ces éléments sortent du cadre de l’économie, mais certains chercheurs ont tout de même tenté de les prendre en compte, notamment dans le World Happiness Report (Rapport sur le bonheur dans le monde).

Même en tant que statistique économique, le PIB est un indicateur partiel. Il privilégie le présent et fait abstraction de l’avenir. La production actuelle peut bien épuiser les ressources et endommager la planète, le PIB ne tient pas compte de ces coûts. Deux méthodes complémentaires peuvent permettre de construire des indicateurs qui nous renseignent sur la viabilité de notre activité économique.

La première est celle du produit intérieur net (PIN). Elle consiste à retrancher la dépréciation du capital (et bientôt aussi l’épuisement des ressources naturelles) de la valeur de la production afin de rendre compte plus précisément de la pérennité du revenu national et de notre future prospérité. La deuxième méthode est celle de la richesse globale. Elle promeut des indicateurs de la richesse nationale pour mettre en évidence si nous nous enrichissons ou nous appauvrissons, et ce que nous laisserons aux générations futures, en utilisant une base nettement plus large que notre seule production.

Le produit intérieur net

Si le PIB mesure la production économique totale, une partie du capital physique utilisé pour assurer cette production est perdue en raison de l’usure du matériel de production. Un rouage peut se casser ou une machine se gripper par exemple. De nouveaux gadgets deviennent obsolètes et sont mis au rebut. Le rythme de la dépréciation a tendance à s’accélérer à mesure que les économies se développent et utilisent davantage d’actifs technologiques qui ont une vie productive plus courte.

Le PIN retranche cette dépréciation du PIB et tient ainsi compte du double niveau d’incidence de l’activité économique sur le capital physique, à savoir la constitution d’un nouveau stock parallèlement à la dégradation de l’ancien stock. Par conséquent, il s’agit d’un meilleur indicateur des ressources qui peuvent être réparties entre la consommation actuelle et future.

Tous les pays n’ont pas recueilli les informations dont ils ont besoin pour mesurer avec précision la dépréciation annuelle. Malgré cela, il ressort des données disponibles que le PIN du pays moyen est inférieur d’environ 10–20 % à son PIB.

Le capital physique n’est bien sûr pas le seul facteur de production qui peut être épuisé par le processus de production. Les ressources minérales utilisées pour la production d’aujourd’hui, comme les combustibles fossiles qui alimentent les centrales électriques ou les terres rares présentes dans les smartphones et les véhicules électriques, ne seront plus disponibles demain. C’est pourquoi il serait judicieux d’affiner le concept de PIN en retranchant l’épuisement des ressources non renouvelables de la valeur de la production au fur et à mesure de leur utilisation.

C’est précisément ce que le FMI et ses partenaires s’emploient à faire dans le cadre d’une mise à jour du système adopté à l’échelle internationale pour recueillir des indicateurs de l’activité économique, à savoir le système de comptabilité nationale (SCN). Nous suggérons d’ajuster le PIN pour tenir compte du coût de l’épuisement des ressources non renouvelables dans le système comptable actualisé qui sera achevé l’an prochain. Il s’agira d’un meilleur indicateur des futurs flux de revenus étant donné le stock disponible de ressources non renouvelables.

Les normes comptables mises à jour auront une incidence relativement faible sur le PIN dans la plupart des pays. En revanche, l’obligation supplémentaire de retrancher la valeur de l’épuisement des ressources non renouvelables aura un effet plus prononcé sur les pays qui sont fortement tributaires de l’activité minière et de l’extraction de minerais. Dans ces pays, le PIN pourrait être inférieur de plus de 30 % au PIB. Ce sera un bien meilleur indicateur de la prospérité future pour ces pays.

Fait important, un PIN plus fin influera aussi les taux de croissance de l’activité économique, qui sont en général surveillés de plus près que les volumes. Une augmentation de la production due à l’accélération de l’extraction des ressources se traduirait par une progression moindre du taux de croissance global.

D’autres perfectionnements sont dignes d’intérêt eux aussi. Par exemple, la pollution atmosphérique peut réduire la productivité des travailleurs et avoir une influence directe sur le potentiel de production de l’économie. Plus important encore, elle détériore la qualité de vie des populations et raccourcit leur espérance de vie. Les émissions de gaz à effet de serre nuisent à la capacité de l’atmosphère à réguler le climat. Si l’on peut souhaiter rendre compte en théorie de la dégradation de l’atmosphère dans le PIN, cela n’est pas facile dans les faits. La tâche s’avère particulièrement délicate pour les gaz à effet de serre puisque leurs effets sont mondiaux, et non pas locaux, et se font sentir pendant des siècles.

Le PIB conservera évidemment sa pertinence et restera l’indicateur incontournable de la production économique. Toutefois, nous pensons qu’un plus grand nombre de pays devraient établir des statistiques du PIN et les utiliser davantage pour analyser l’action publique et prendre des décisions. Le PIN devrait compléter le PIB, et non le remplacer, en ajoutant une dimension de durabilité qui serait particulièrement bienvenue.

La richesse globale

Les dirigeants ont pris conscience de l’importance d’intégrer les flux et les stocks dans l’analyse économique. Diverses crises nous ont appris à nous intéresser non seulement aux déficits budgétaires, mais aussi à la dette publique ; aux revenus, mais aussi aux ressources et aux dettes des individus ou des entreprises ; et enfin, aux déficits des transactions courantes, mais aussi aux réserves internationales. De même, il est indispensable d’étudier non seulement des indicateurs de l’activité économique, comme le PIB ou le PIN, mais aussi des indicateurs de la richesse.

Une plus grande richesse aujourd’hui nous permettra de consommer davantage demain. Cela améliore les niveaux de vie. Un indicateur de la richesse devrait englober toutes les ressources qui nous permettront d’acheter ou de produire de nouveaux biens et services. L’usage est de comptabiliser les actifs financiers et le capital physique, mais cela reflète une vision étroite. Comme Kristalina Georgieva, Directrice générale du FMI, l’a déclaré dans un récent discours, « Nous reconnaissons également la nécessité de mettre en place un système permettant de mieux mesurer la richesse, au-delà du PIB traditionnel ; un système qui valorise non seulement le capital produit, mais aussi la nature, les personnes et le tissu social ».

Cela implique d’élargir nos indicateurs de la richesse pour intégrer le capital humain (éducation et santé), le capital naturel (ressources minérales, ressources renouvelables, écosystèmes, eau) et le capital social (bonne gouvernance, civisme). D’après la Banque mondiale, le capital humain représente la part la plus importante de la richesse globale mondiale, soit 64 %. Le capital physique compte pour 31 %. Le reste se répartit équitablement entre les ressources naturelles renouvelables et non renouvelables.

Le SCN actualisé de l’année prochaine mettra en avant des indicateurs de la richesse dans la comptabilité nationale et des modalités de répartition de la richesse. Il élargit la définition du capital naturel, qui se limitait surtout à la richesse minérale jusqu’à présent, pour englober des ressources en énergies renouvelables, comme le solaire et l’éolien. En outre, il accordera une plus grande place à l’établissement de comptes de capital humain dans le prolongement de la principale série de comptes nationaux.

Tous ces éléments contribueront à une mesure plus exhaustive de la richesse et donneront aux autorités des indications plus claires afin de tendre vers une économie qui soit meilleure pour les individus et pour la planète.

 

L’impératif d’aller au-delà des simples statistiques de la production s’est aussi accentué à mesure que l’importance de la viabilité économique, environnementale et sociale est reconnue plus largement.

Suivre le rythme

Le monde change, et les statistiques économiques doivent leur emboîter le pas. Les progrès technologiques bouleversent les méthodes de travail traditionnelles, et les structures économiques évoluent en permanence. Le nouveau SCN rendra mieux compte de la révolution numérique en intégrant la valeur créée par les données dans le PIB comme dans le PIN.

Nous devons faire entrer les innovations dans les manuels statistiques sans plus tarder. Nous devons aussi accomplir des progrès pour intégrer : différentes normes de mesure et de classement des performances économiques ; les activités des pouvoirs publics ; les flux internationaux de biens, services et capitaux ; les émissions de gaz à effet de serre, etc. En l’absence d’une série de comptes compatibles entre eux, il est pratiquement impossible d’avoir une vision claire, cohérente et globale de l’économie. Difficile alors d’élaborer des politiques efficaces à même de relever les défis économiques, environnementaux et sociaux.

Nous ne sous-estimons pas les difficultés. Définir le PIN et la richesse globale est une tâche délicate sur les plans conceptuel et technique. En outre, nos règles doivent être valables pour des pays qui se situent à des niveaux de développement différents et qui sont dotés de structures industrielles diverses.

Toutefois, les normes internationalement reconnues ne sont pas suffisantes à elles seules. Il incombe aux autorités nationales de mettre au point des indicateurs détaillés de la richesse qui soient comparables entre les pays et de les utiliser pour prendre leurs décisions. De nombreux offices statistiques peinent à recueillir des données et à calculer des comptes nationaux qui respectent des normes plus strictes. Alors même que l’achèvement du SCN 2025 approche, un certain nombre de pays n’ont pas encore appliqué la précédente mise à jour adoptée il y a 16 ans, en 2008.

Au FMI, nous sommes résolus à surmonter ces obstacles. Nous collaborons étroitement avec d’autres institutions internationales, offices statistiques nationaux et autres organismes pour établir des normes de qualité sur le plan théorique. À travers nos activités de développement des capacités, souvent menées en partenariat avec d’autres institutions, nous aidons les pays à produire des estimations du PIB et des statistiques connexes plus fiables et pertinentes afin que tous disposent des données dont ils ont besoin pour étayer de bonnes politiques.

L’impératif d’aller au-delà des simples statistiques de la production s’est aussi accentué à mesure que l’importance de la viabilité économique, environnementale et sociale est reconnue plus largement. Parallèlement, notre capacité à brosser un tableau plus précis des économies et des sociétés a progressé elle aussi grâce à des innovations comme l’intelligence artificielle (IA), les mégadonnées et l’imagerie satellitaire. Par exemple, nous pouvons aujourd’hui associer l’IA à des données satellitaires pour mesurer la dégradation des écosystèmes, ce qui contribue à estimer la valeur du capital naturel et les coûts de l’influence des êtres humains sur ce dernier.

Partout dans le monde, les pays s’efforcent de faire croître leur économie et d’augmenter leur PIB. Cela montre le poids que les statistiques peuvent avoir dans le processus de formulation de la politique économique. Mais il ne faut pas privilégier une statistique au détriment de toutes les autres. Des indicateurs complémentaires qui donnent une image plus précise de la richesse de notre planète et du bien-être des populations méritent aussi notre attention.

BERT KROESE est chef statisticien et directeur du département des statistiques du FMI.




Anciens résistants: signature à Rabat d’une convention de coopération entre le Maroc et la Guinée-Bissau

Une convention de coopération et de partenariat a été signée, mardi à Rabat, entre le Haut-commissariat aux Anciens résistants et anciens membres de l’armée de libération et le ministère des Anciens combattants, de la Liberté et de la Patrie de la République de Guinée-Bissau.

Cette convention, paraphée par le Haut-commissaire aux anciens résistants et anciens membres de l’armée de libération, Mustapha El Ktiri, et le ministre des Anciens combattants, de la Patrie et de la Liberté de la Guinée-Bissau, Aly Hijazy, vise notamment à préserver et valoriser la mémoire historique en partage, renforcer la coopération institutionnelle et améliorer les conditions de vie des anciens résistants et combattants.

De même, elle prévoit l’échange d’informations sur les sujets communs et la diffusion des travaux culturels, scientifiques et documentaires mettant en lumière la vie des anciens combattants et anciens membres de l’armée de libération des deux pays. La même convention tend, par ailleurs, à promouvoir les initiatives et activités destinées à améliorer les conditions morales et matérielles des communautés des anciens combattants et de leurs familles.

Aussi, le Maroc et la Guinée-Bissau s’engagent à mettre en place des initiatives visant à renforcer la coopération internationale, notamment en matière de promotion et de diffusion des valeurs de nationalisme et de citoyenneté positive auprès de la jeunesse et des générations montantes dans les deux pays.

A cette occasion, M. El Ktiri a indiqué que la signature de cette convention vise à “valoriser et préserver la mémoire historique commune, améliorer les conditions sociales des anciens résistants et membres de l’armée de libération au Maroc et des anciens combattants de la Guinée-Bissau et renforcer la coopération institutionnelle”.

Ce document, a-t-il ajouté, reflète l’engagement mutuel à valoriser la mémoire collective et à faire bénéficier les anciens résistants et combattants des programmes de développement réalisés dans les deux pays.

De son côté, M. Hijazy a salué le niveau des relations historiques unissant le Maroc et la Guinée-Bissau, plaidant pour le renforcement de l’échange des expériences entre les deux pays.

Soulignant l’importance de cette convention de coopération et de partenariat, le responsable bissau-guinéen a affirmé que le Maroc est un “partenaire traditionnel qui a toujours soutenu la République de Guinée-Bissau durant sa période de libération et continue de la soutenir aujourd’hui”.




Diplomatie : Denis Sassou N’Guesso préoccupé par les crises qui menacent la paix du monde  

Le corps diplomatique accrédité au Congo a échangé les vœux de nouvel an avec le chef de l’Etat congolais, ce 06 janvier 2025, dans la salle des banquets du palais du peuple. A cette occasion, Denis Sassou N’Guesso s’est dit préoccupé quant à l’évolution des diverses crises qui menacent le monde dans sa globalité.

Ces Ambassadeurs Extraordinaires et Plénipotentiaires, ces consuls généraux, ces chargés d’affaires et ces Représentants des organisations internationales ont franchi le perron du palais Présidentiel pour présenter des vœux de nouvel an au couple présidentiel.

Ne dérogeant pas à la règle, le doyen du corps diplomatique, Ambassadeur Extraordinaire et Plénipotentiaire de la République gabonaise, a pris la parole au nom du corps diplomatique. Après avoir passé en revue les crises politiques et les conflits de divers ordres qui secouent plusieurs pays du continent africain, Réné Bakongo, n’a pas manqué d’évoquer la situation politique, économique et financière du Congo ainsi que les faits saillants du panorama international observés au cours de l’année 2024.

Très sensible aux paroles du Doyen du corps diplomatique, Denis Sassou N’Guesso s’est dit préoccupé quant à l’évolution de la crise russo-ukrainienne, le terrorisme international, l’activisme des groupes armées dans la région des grands lacs, la crise soudanaise et le conflit israélo- palestinien.

Denis Sassou a relevé que « Dans ce tumulte international, la République du Congo, notre pays, n’est pas tenue à l’écart des processus engagés en faveur du retour et de la consolidation de la paix… »

Citant en exemple le cas de la Libye, le président congolais a dit que, les visites effectuées à Tripoli et à Benghazi en 2024 ont permis de proposer, aux acteurs libyens, une alternative pragmatique, à la conférence de réconciliation. « Par conséquent, nous restons mobilisés pour une issue politique et inclusive de réconciliation inter-libyenne, la solution militaire ayant montré ses limites. » A rassuré Denis Sassou N’Guesso.

Aussi a-t-il invité les partenaires impliqués dans le processus de paix à soutenir davantage les efforts de l’UA, en sauvegardant les intérêts du peuple libyen à travers une démarche portée par les libyens eux-mêmes.

En rapport avec la crise qui sévit à l’est de la RDC, Denis Sassou N’Guesso a salué les efforts du médiateur de l’UA, le président João Manuel Goncalves tout en exhortant les parties à privilégier les vertus du dialogue dans le cadre des négociations en cours, moyen adéquat, selon lui, de résolution des conflits.

Pour Denis Sassou N’Guesso, le Congo a toujours soutenu le multilatéralisme, comme cadre de prévention et de prise en charge ou de résolution des conflits armés et autres différends mondiaux. De même, il a vanté les mérites de la diplomatie congolaise « attachée aux principes de non-ingérence et de non-agression » et qui prône le bon voisinage sur la base du strict respect de la souveraineté et des intérêts de chaque pays.

Revenant sur l’année 2024 décrétée « année de la jeunesse », Denis Sassou N’Guesso a rassuré les diplomates que, les efforts se poursuivront au profit des jeunes jusqu’en 2026 et au-delà de cette échéance. D’où son appel aux partenaires bilatéraux et multilatéraux pour un accompagnement plus soutenu à la relance et à la diversification de l’économie nationale.

Denis Sassou N’Guesso a conclu son propos en déclarant que, son pays est ouvert à toute coopération gagnant-gagnant avec tous les pays et autres partenaires disposés à l’accompagner et le soutenir dans sa marche vers le développement.

Par Roch Bouka/Correspondant de la RTGA World au Congo




La République du Ghana décide de suspendre ses relations diplomatiques avec la pseudo “rasd”

La République du Ghana a décidé de suspendre ses relations diplomatiques avec la pseudo “rasd”.

Cette décision a été communiquée dans un document officiel du ministère des Affaires étrangères et de l’Intégration régionale de la République du Ghana, adressé au ministère des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger du Royaume du Maroc.

La République du Ghana “a décidé d’informer immédiatement, à travers les canaux diplomatiques, le Gouvernement du Royaume du Maroc, l’Union Africaine et l’Organisation des Nations Unies, de cette position”.

Dans le même document officiel, la République du Ghana a exprimé son appui aux “efforts de bonne foi déployés par le Royaume du Maroc afin de parvenir à une solution acceptée par toutes les parties”.

Il convient de rappeler que la République du Ghana avait reconnu la pseudo “rasd” en 1979.

Grâce à l’impulsion donnée à la question du Sahara marocain par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste, 46 pays, dont 13 africains, ont rompu ou suspendu leurs relations avec la pseudo “rasd” depuis 2000.