Chris & Félix Katongo : frères de sang, frères de gloire

Dans le vaste paysage du football africain, rares sont les histoires aussi touchantes et inspirantes que celles des frères Chris et Félix Katongo. Formés dans les rues animées de Mufulira, en Zambie, les deux frères ont gravi les échelons du football national, animés par une passion commune et une volonté farouche de hisser les couleurs de leur pays au plus haut niveau. Au fil des années, ils sont devenus bien plus que des coéquipiers : des piliers d’une génération dorée, des symboles d’un rêve devenu réalité.

Leur point d’orgue ? La Coupe d’Afrique des Nations 2012 CAF TotalEnergies, remportée face à la puissante Côte d’Ivoire, dans une finale aussi émotive qu’historique. Aux yeux du monde entier, la Zambie a alors écrit l’une des plus belles pages de l’histoire du football africain. Mais pour les Katongo, cette victoire revêtait une signification encore plus profonde : celle de l’accomplissement fraternel, de la concrétisation d’un chemin parcouru ensemble, malgré les défis, les attentes et les pressions.

Dans cette interview croisée, les deux frères reviennent avec émotion sur leur trajectoire parallèle, les souvenirs partagés sous le maillot national, la force de leur lien familial et leur ambition de transmettre cette énergie collective aux futures générations. Entre confidences, anecdotes et visions pour l’avenir, Chris et Félix Katongo nous offrent un regard précieux sur ce que signifie jouer, gagner et rêver en famille.

CAFOnline.com : Quels sont vos premiers souvenirs ensemble sur le terrain ?

Félix : Mon tout premier souvenir remonte à un match avec les Green Buffaloes face à Konkola Blades. Je suis entré en jeu et j’ai changé le cours du match. C’est là que je suis vraiment devenu un joueur clé.

Chris : Je me souviens surtout de mes efforts pour l’aider à s’intégrer. Dans notre équipe, il y avait une ambiance familiale, donc c’était plus facile. J’étais fier de le voir rejoindre l’équipe nationale en 2004, un an après moi.

Et votre famille, comment a-t-elle réagi en vous voyant évoluer ensemble en sélection ?

Félix : Elle était très heureuse, on a reçu beaucoup d’encouragements.

Chris : Surtout mon père, paix à son âme. Il voyait ses espoirs se concrétiser à travers nous. C’était une grande fierté pour toute la famille.

 

 

Félix, le fait d’avoir ton frère dans l’équipe nationale a-t-il facilité ton intégration ?

Félix : Pas vraiment. J’étais déjà familier avec beaucoup de joueurs grâce aux équipes U-20 et U-23. Je n’ai pas ressenti de traitement spécial.

Quels sont les avantages et les inconvénients de jouer avec son frère ?

Chris : L’inconvénient, c’est que quand ton frère fait une erreur, tu ressens une pression supplémentaire. Mais j’ai aussi eu la chance qu’il me fasse des passes décisives. Je me rappelle celle face au Ghana pour le premier match au Levy Mwanawasa Stadium en qualifications pour le Mondial 2014.

Félix : Avoir mon frère m’a poussé à me dépasser. En revanche, si l’un de nous passait à côté de son match, l’autre en souffrait aussi à cause des critiques.

Comment cela a-t-il renforcé votre lien fraternel ?

Chris : J’étais capitaine, donc je devais lui montrer l’exemple. Je le corrigeais quand il faisait des erreurs, mais je faisais attention à rester juste. Cela nous a rendus encore plus proches.

Félix : On passait beaucoup de temps ensemble, sur et en dehors du terrain. Ça a consolidé notre relation.

Quel a été l’impact de votre relation sur l’équipe, notamment lors de la CAN 2012 ?

Félix : Nos performances ont eu un impact positif. L’équipe savait qu’on pouvait faire la différence ensemble.

Chris : On parlait souvent en dehors du foot, on riait, on se retrouvait dans ma chambre. Je me souviens d’une passe de Félix en finale, j’ai failli marquer. Il me taquine encore à ce sujet !

Aviez-vous imaginé un jour devenir champions d’Afrique ensemble ?

Félix : Pour être honnête, pas vraiment. Je rêvais de gagner la CAN, mais pas nécessairement avec mon frère.

Chris : Moi oui. Je le disais même pendant notre préparation en Afrique du Sud : “Si ce n’est pas maintenant, ce ne sera jamais.”

Que signifie pour vous ce titre gagné ensemble ?

Félix : C’est immense, un moment historique à vivre avec son frère.

Chris : Une fierté indescriptible. La Zambie a toujours eu des fratries dans son équipe nationale : les Lota, les Bwalya… Nous avons prolongé cette tradition.

Un moment à revivre de cette CAN 2012 ?

Félix : Quand j’ai résisté à deux défenseurs ivoiriens sur le côté droit pour lui faire une passe.

Chris : Il me reproche encore de ne pas avoir marqué sur cette action, pour éviter la séance de tirs au but ! (rires)

Chris, vous avez été élu meilleur joueur du tournoi. Félix, comment avez-vous vécu ce moment ?

Félix : Il le méritait. Il a travaillé dur tout au long de la compétition. J’étais très fier de lui.

Quels sont vos rêves aujourd’hui ?

Félix : Monter une entreprise durable, devenir un grand coach comme les frères Hossam en Égypte, et faire grandir les talents du pays.

Chris : Prendre des responsabilités à la Fédération zambienne et, pourquoi pas, devenir sélectionneur un jour.