Christian Bosembe peint un tableau sombre des maux qui gangrènent le secteur médiatique congolais

Dans son discours à l’occasion de la présentation de sa feuille de route stratégique et de son plan d’actions prioritaires, le président du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication (CSAC), Me. Bosembe Lokando Christian a révélé les données statistiques de septembre 2022 en RDC indiquaient un portefeuille médiatique de plus de 570 organes de presse écrite, plus de 650 radios et près de 400 chaines de télévision.

« Cette floraison numérique des médias dissimule mal la précarité socio-économique dans laquelle évoluent la grande majorité de ces médias. Par ailleurs, il convient de noter que plus de 60% de ces médias fonctionnent sans l’avis de conformité du CSAC alors qu’il s’agit là pourtant d’un préalable à toute production médiatique en RDC », dit-il.

Et le Régulateur d’ajouter que l’échographie de l’écosystème médiatique en RDC est à plaindre, elle n’est pas du tout reluisante. En plus d’un nombre très élevé d’organes de presse en situation irrégulière, les politiciens en panne de projet mobilisateur et porteur ont envahi les médias avec un discours sectaire, souvent tribaliste, haineux, régionaliste, voire xénophobe.

Propriétaires voire sponsors selon les cas, les hommes politiques investissent dans les médias sans compter afin de véhiculer les messages dépourvus de paix ni de progrès social.

Que dire de la paupérisation des journalistes qui n’arrivent plus à vivre de leur noble métier, hélas. La publicité n’est plus rémunératrice et pis encore la manne publicitaire devient insignifiante. Cette dépréciation du travail du journaliste fait naitre une forme de presse sans ligne éditoriale claire à cause du phénomène « coupage », qui veut dire droit de passage à l’antenne. L’information, si elle n’est pas truquée, est orientée car le temps d’antenne est généralement payé par l’intervenant pour n’est pas dire l’invité.

A cela, s’ajoute le chantage, le fake news et le militantisme journalistiques. Ce sont des comportements peu recommandables qui noircissent le noble métier du journaliste et mettent à mal son impartialité et sa crédibilité.

Et le président du CSAC d’ajouter que le tout dernier né est le phénomène « biscuit », qui est une forme d’information embouchée, une publicité déguisée voire orientée, une défense des causes socio-politiques intéressées, une campagne de notoriété de certains individus.

La délinquance des réseaux sociaux venait d’amplifier ces quelques phénomènes précités parmi tant d’autres, et portent atteinte à l’intégrité du journaliste vis-à-vis des faits qui dit-on en jargon sont sacrés.

En dépit de ces exemples désolants, il faut souligner l’émergence des quelques médias modèles, j’emploierais le terme des « médias leaders » qui inspirent admiration, et dont le travail force respect. Certains représentants de ces médias sont présents dans la salle. Et donc, l’espoir est permis.

L’embellissement et le redressement de ce sombre tableau exige une forte mobilisation, et un dynamisme renforcé de l’instance de régulation que nous sommes.