Comment le Sommet saoudo-africain de Ryad a entériné l’absurdité de la présence de la «RASD» à l’UA

Tenu le vendredi 10 novembre en lieu et place du Sommet Ligue arabe-Union africaine, en présence de tous les pays du continent, et à l’exclusion de l’entité fantoche, le sommet saoudo-africain consacre l’absence de toute raison d’être du groupe séparatiste au sein de la famille africaine. Pire: la gangrène polisarienne entretenue par Alger et Pretoria participe à affaiblir le groupement continental sur la scène internationale et entrave son bon fonctionnement. Voici comment.

Une cérémonie d’ouverture solennelle et des travaux présidés par le prince héritier et homme fort de l’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane. Des pays de l’Union africaine tous représentés, avec cette précision de Mohammed ben Salmane himself dans son discours inaugural: l’Afrique compte selon ses mots 54 pays. Les représentants de l’UA, tous présents à ce sommet, n’ont pas jugé utile de corriger l’homme fort de Ryad, conscients qu’ils sont que le 55ème membre de l’Union africaine est une anomalie et une erreur qu’il faudrait rectifier pour le bon fonctionnement de l’institution panafricaine.

Comptez 54 États africains donc, sans une entité fantoche qui s’autoproclame «RASD», aidée (encore) en cela par une poignée de pays du continent. Des discours officiels en bonne et due forme, tenus par le président des Comores, Azali Assoumani, également président en exercice de l’Union africaine, et par Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de la même institution; suivis par ceux d’une vingtaine de chefs d’État qui ont fait le déplacement. Enfin, une déclaration finale qui trace la voie de toute une décennie de coopération, commençant dès cette année.

Organisé vendredi 10 novembre 2023 à Ryad, le Sommet saoudo-africain a tenu toutes ses promesses. On retiendra, sur le chapitre réservé à la coopération entre les deux parties dans les domaines politique, sécuritaire et militaire dans ladite déclaration, que celle-ci se fonde sur les principes de respect de la souveraineté des États, de non-ingérence dans leurs affaires intérieures, de bon voisinage et de respect mutuel ainsi que des intérêts communs. À la clé également, un engagement sur des investissements saoudiens de près de 25 milliards de dollars jusqu’en 2030. Le double du montant investi lors de la dernière décennie, avec cinq milliards de dollars consacrés au développement et un milliard à la gestion de l’eau.

Le Polisario persona non grata

Sur Le360, nous vous en parlions il y a quelques jours. Le Sommet saoudo-africain a été organisé en lieu et place du sommet Ligue arabe-Union africaine, prévu ce samedi, avant d’être reporté. Officiellement à cause de la situation à Gaza, mais à l’évidence pour une raison tout autre: la présence de de la pseudo «RASD», au nom et à travers l’Union africaine, dont elle est encore membre, une erreur de l’Histoire qu’il est temps de corriger.

En organisant «son» sommet, Mohammed ben Salmane a réussi un coup de maître: réunir les pays d’Afrique autour de projets communs, tout en écartant sans nulle considération un véritable cancer qui ronge encore le corps africain. Et le succès était bien au rendez-vous. Sans que personne ni aucun pays n’y trouve à redire. «Dans le fond comme dans la forme, l’événement avait tout d’un sommet Ligue arabe-Union africaine, le nom, et l’entité fantoche, en moins», résume un observateur au fait du dossier.

Jugez-en: sans la moindre exception, tous les pays d’Afrique étaient présents. Le président Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire), le président par intérim de la Guinée, Mamadi Doumbouya, son homologue gabonais, Brice Clotaire Oligui Nguema, Bola Tinubu (Nigeria), Faure Gnassingbé (Togo), Mohamed Ould Ghazouani (Mauritanie), Prithvirajsing Roopun (Maurice), William Ruto (Kenya), Isaias Afwerki (Érythrée) et Samia Suluhu Hassan (Tanzanie)…Tous étaient là. Au même titre que Macky Sall (Sénégal), le vice-président sud-africain Paul Mashatile, et le Premier ministre nigérien Ali Mahamane Lamine Zeine. Entre autres.

Les deux tiers des pays l’UA ne reconnaissent pas l’entité fantoche

L’objet de la déclaration finale n’était d’ailleurs autre que la mise en œuvre de la deuxième décennie de l’agenda 2063 de l’Union africaine, valable pour la période 2023-2033, et le rôle que peut y jouer l’Arabie saoudite, le plus important pays arabe et musulman. On retiendra, et c’est alarmant, qu’une partie de l’avenir de la coopération entre l’Union africaine et le monde se décide désormais sans les institutions de l’Union africaine. Par la seule faute d’une poignée de pays membres qui tiennent encore à y faire place à une entité manquant des rudiments les plus élémentaires d’un État, financée, armée et captive d’une Algérie qui n’en démord pas.

S’il est un élément que le sommet de Ryad a mis en lumière et entériné, c’est bien l’absence de toute raison d’être de l’entité fantoche au sein de la famille africaine, illustrant le caractère strictement parasitaire de la «RASD», que ce soit au sein du continent ou au sein de l’Union africaine. Que le sommet arabo-africain soit substitué au pied levé par un autre événement, dans le seul but d’en souligner l’illégitimité, voilà qui en dit long sur les pas de travers à venir que l’UA aura à consentir pour se faire une place dans le concert des nations. On remarquera qu’en l’objet, aucune voix, y compris parmi celles qui crient tambour battant leur soutien au «peuple sahraoui», ne s’est levée ne serait-ce que pour se demander pourquoi le Polisario n’a pas été invité. «Cela veut tout simplement dire que l’Afrique n’a, en fait, aucun souci avec cette absence qui, au contraire, est ressentie comme une libération pour passer enfin aux choses sérieuses», explique notre interlocuteur.

L’UA, dernier bastion de la «RASD»

Sur le chemin, c’est l’Union africaine, en tant qu’institution, qui perd des points. Pour l’organisation du sommet arabo-africain, désormais avorté, ils étaient cinq ou six voix à insister sur «la nécessaire participation de tous». Ceci, au nom du fait que la réunion concerne les deux institutions, avec tous leurs membres. Comptez un groupe de pays qui se réduit comme peau de chagrin, comptant encore l’Afrique du Sud, l’Algérie, la Namibie, le Zimbabwe, l’Ouganda, le Lesotho et le Mozambique, et qui profitent de leur présence au sein de l’Union africaine pour défendre l’entité fantoche. «Mais que l’on s’y trompe pas, les deux pivots de ce soutien sont, en définitive, l’Afrique du Sud et l’Algérie. Les autres pays de ce véritable clan ne font que marcher sur les pas de Pretoria, dont l’influence au sein de sa région est aussi puissante qu’indiscutable», précise notre source. Autrement, la grande majorité des pays d’Afrique, soit les deux tiers des pays la constituant, ne reconnaissent pas la «RASD». Il aura suffi que la Ligue arabe, qui ne reconnaît pas non plus le Polisario, se mette en retrait en faveur de l’Arabie saoudite pour que la question de sa représentation ne soit plus posée.

Ce constat confirme que la présence de cette entité au sein de l’Union africaine était, dès le départ, une erreur. Il s’agit d’une reconnaissance claire et nette que l’intrusion de la «RASD» au sein de la famille africaine n’a pas lieu d’être, et que son maintien freine sérieusement l’action de l’institution panafricaine. Il est donc plus que temps que cette anomalie soit rectifiée, l’UA étant le dernier bastion de l’entité fantoche. Une chose est certaine: tant que l’UA comptera encore cette gangrène, son fonctionnement sera entravé. Cela ouvre la voie à tous les moyens de contournement de cette institution, au risque de l’affaiblir et de la vider de sa substance.

Par Tarik Qattab