Conflit en Ituri : Jean-Pierre Lacroix insiste sur la perspective d’aller vite dans le désarmement 

A l’issue de la conférence de presse qu’il a animé mercredi dernier, Jean-Pierre Lacroix, Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux Operations de paix a répondu à plusieurs questions de la presse, notamment concernant la mission d’inspection qu’il a effectué dans la province de l’Ituri, dans les localités de Djugu, foyer des violences récurrentes ? La presse est aussi revenue sur les détails du plan de retrait de la MONUSCO du pays et les jalons ?

En ce qui concerne le déplacement en Ituri, dit-il, ce qu’on observe, c’est qu’il y a une situation de tension grave que vous connaissez, des tensions entre différents groupes armés qui sous-tendent à la fois des tensions ethniques mais également des compétitions d’intérêt. « Je pense largement liées à malheureusement les phénomènes d’exploitation illégale des ressources naturelles. Et il y a aujourd’hui, en raison de ces tensions, un nombre important, plusieurs centaines de milliers, probablement un peu plus de 200 000 personnes déplacées vulnérables », dit-il, avant d’ajouter qu’aujourd’hui, ces personnes, encore une fois, sont protégées presque exclusivement par la MONUSCO. C’est ce qu’elles nous disent d’ailleurs, que ce soit à Roe, à Drodro ou ailleurs. Encore une fois, je rends hommage à nos collègues et je rends hommage à nos collègues humanitaires.

La direction, selon lui, c’est de travailler avec les autorités non seulement pour que se poursuive le soutien mutuel que nous apportons, mais aussi pour, je l’ai dit tout à l’heure, favoriser la montée en puissance de la présence de l’État congolais parce que in fine, je le répète, c’est l’objectif général de notre mandat. Mais le faire de manière que à aucun moment il y ait un vide dans la protection assurée pour ces populations.

En ce qui concerne l’entretien avec le président de la chambre haute, nous avons présenté un peu comme je l’ai fait tout à l’heure, les principaux éléments concernant les discussions liées à la MONUSCO, l’adaptation de son mandat au processus de transition et nous avons indiqué qu’évidemment, le rôle du Parlement dans ce processus est absolument critique et je crois que la discussion a été productive et très importante.

« Je crois que la troisième question portait sur le désarmement, et comme je le disais tout à l’heure, le cadre existant, c’est celui du PDDRCS et nous sommes tous d’accord pour dire : il ne faut pas en changer, il existe, c’est celui dans lequel nous devons nous inscrire, simplement sa mise en œuvre doit être accélérée. Il y a un problème de moyens même si l’Etat de son côté fait des efforts, mais il y a un problème lié à la nécessité de consacrer davantage de moyens. C’est quelque chose dont nous continuerons à parler avec les pays partenaires de la République démocratique du Congo. Et il y a aussi une nécessité d’agir vite, là où c’est possible. Encore une fois, les situations comme celles que j’ai évoquées, ce processus d’Aru, ouvrent la perspective d’aller vite dans le désarmement. D’autant plus que si on ne va pas vite là où l’opportunité se présente, on risque de faire en sorte que les différents groupes qui sont entrés dans ce processus s’en éloignent.

Sur la question du plan de retrait, et bien, je dirais que nous avons, je pense, une bonne convergence d’analyse et d’approche avec nos partenaires congolais. Le constat du fait qu’il faut que cette transition se fasse le plus vite possible, qu’elle s’accélère si possible, mais aussi le constat tout aussi important qu’il y a un certain nombre de priorités qui nous ont été communiquées par les autorités qui sont d’ailleurs tout à fait en phase avec les priorités de notre mandat mais sur lesquelles il faut mettre un accent dans cette nouvelle phase qui s’ouvrirait du travail de la MONUSCO. Et j’ai cités DDR, protection des civils, soutien aux capacités de l’État, notamment à la réforme du secteur de sécurité. J’y ai aussi ajouté cette idée que nous pourrions faire davantage pour soutenir les efforts régionaux, y compris les déploiements régionaux.

Il y a un travail sur ce qu’on appelle les jalons. Je noterai simplement que s’il y a une sorte de resserrement qui s’opère, qui était peut-être nécessaire, d’ailleurs, les jalons qui, j’allais dire survivent à ces filtres, c’est l’essentiel. Ça porte sur la diminution du risque sécuritaire, la diminution massive de l’impact et des activités des groupes armés, la montée en puissance de l’État. Il y a aussi le processus électoral, bien évidemment essentiel pour l’avenir du pays, donc c’est l’essentiel vraiment qui, je crois, demeure, je ne veux pas minimiser les autres jalons mais je crois que c’est un constat qui n’est pas tellement remis en question.

Maintenant ce que je veux dire aussi, c’est que in fine nous dépendons aussi, au-delà de nos consultations et de nos convergences avec nos partenaires congolais, nous dépendons aussi de la décision des membres du Conseil de sécurité. Donc, je le dis souvent, le mandat, c’est un compact entre l’État hôte et nos États membres, et nous, nous sommes là pour bien entendu les exécuter, mais aussi rendre compte, faire des recommandations, présenter la situation de la manière la plus honnête et la plus impartiale, et faire encore une fois un certain nombre de suggestions.

Pour la montée en puissance de l’État, bon, j’allais dire ça, c’est vraiment quelque chose qui relève de l’État congolais au premier chef. Parce que le Congo a des ressources humaines, financières. Il y a aussi, je crois, une ouverture, une lucidité quant aux efforts qui restent à faire dans nos contacts avec les autorités, c’est très clair. Nous, nous avons le rôle aussi d’être en soutien et c’est pour ça que je disais tout à l’heure. Nous avons bien pris en compte ce qui nous a été dit sur les domaines dans lesquels il serait souhaité, que nous portions davantage d’attention, que notre mandat soit davantage focalisé.

Nous allons les prendre en compte encore une fois, ces convergents avec ce que nous pensons être les priorités à l’avenir et nous allons faire en sorte de refléter ces attentes dans les suggestions que nous ferons aux États membres, au Conseil de sécurité.