Constitution du 1er gouvernement de l’ère Tshisekedi II : Kinshasa dans l’attente de l’Informateur
Depuis la publication des résultats des élections générales de décembre 2023, particulièrement les législatives nationales et provinciales, Kinshasa languit dans l’attente de la désignation de l’Informateur et la classe politique est en ébullition, le politicien congolais affiche sans gêne sa soif de pouvoir. Dans la famille politique du Chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, plébiscité avec plus 73% des suffrages exprimés, les clivages apparaissent. Même certains ‘candidats’ des regroupements politiques autres que l’Union sacrée de la Nation, manifestent leur désir « d’accompagner le Président de la République dans sa lourde mission ». Des rumeurs ont annoncé Jacquemains Shabani comme Informateur, pendant le chef de l’Etat n’avait pas encore nommé quelqu’un. Ballon d’essai pour tâter le pool des Congolais ou simple positionnement des concernés ?
Bien que le candidat Président de la République, Félix Tshisekedi, dans sa campagne électorale ait insisté sur l’Unité des Congolais, nombre d’observateurs estiment que toute cette agitation n’est pas motivée par le seul patriotisme et la volonté ‘d’accompagner le Chef de l’Etat pour réussir son deuxième mandat. Ces agitations résulteraient plutôt de la transhumance qui caractérise le politique congolais à l’approche de la formation du gouvernement. Car, vue le nombre vertigineux des candidats malheureux lors des dernières élections, il y a tellement des ‘demandeurs d’emplois’ qui espèrent être casés dans le gouvernement après avoir raté l’occasion d’entrer au Parlement. L’on se souviendra qu’il y a eu plus 28.000 candidats pour 500 sièges, ce qui déversa plus de 27.500 candidats malheureux au marché d’emploi ! Tous, souhaitent décrocher un poste dans le gouvernement qui sera animé par un Premier ministre issue de la majorité Parlementaire.
Me Clément Kitengye Kisaka, dresse le profil de l’animateur du futur gouvernement
Dans une réflexion de Me Clément Kitengye, qui se présente comme Missionnaire de l’Eveil de conscience politique et patriotique des Congolais, pour une nouvelle vision de l’émergence de la RDC ; Président du parti politique C.N.R, membre du regroupement politique AACPG présidé par Pius Muabilu Mbayu Mukala, dans une publication sur X (anciennement tweeter) a dressé le profil en 5 points du futur animateur du gouvernement.
Dans sa liste des critères de base pour ce poste très convoité par la classe politique, Me Clément Kitengye mentionne « 5 vertus pour les animateurs du futur gouvernement, en vue de l’éclosion de la RDC, à court et moyen termes : le patriotisme, la loyauté, l’honnêteté, la compétence, la détermination, le sens managériale élevé et de planification dans le temps.
Ces critères dressés par ce puriste du droit, peuvent juste donner une certaine orientation au garant du bon fonctionnement des institutions afin de se choisir celui qu’il croit avoir le profil qu’il faut pour exécuter le programme pour lequel il a été élu par le souverain primaire. Tout est donc question de l’appréciation du chef de l’État.
Informateur, formateur, Premier ministre ou chef du gouvernement
Dans toutes les discussions politiques ces derniers jours, on ne cesse de débattre sur les concepts Informateur, Formateur, Premier ministre ou Chef du gouvernement. Ces concepts font perdre en conjectures dans des salons politiques. Il importe donc, du moins pour les lecteurs du journal « L’Avenir », d’apporter des précisions pour lever toutes ambiguïtés dans le chef des citoyens congolais.
Le concept « Informateur » désigne une personnalité choisie par le président de la République, pour identifier formellement la majorité qui peut constituer une coalition autour du Chef de l’Etat. Etant donné qu’aucun parti politique n’a à lui seul la majorité absolue à l’Assemblée nationale, il n’y aura donc pas de parti majoritaire, mais plutôt des regroupements majoritaires. Ce qui pourra expliquer la ruée vers la constitution des plates-formes politiques la veille de la nomination du « formateur de gouvernement ».
Le « Formateur du gouvernement », dans le vocable politique, est le Premier ministre nommé par le président de la République. Cela juste pour rappeler que le Premier ministre n’est rien d’autre que le formateur du gouvernement, conformément à l’article 78 de la Constitution.
Le rôle de l’informateur est précisé à l’alinéa 2 de l’article 78, rappelant que sa mission prend 30 jours jusqu’au dépôt de son rapport auprès du président de la République, elle est renouvelable une fois.
Provenance du Formateur du gouvernement
Pour ce qui est du formateur, « il viendra de la majorité que l’informateur a identifié au cours de sa mission ».
Le président de la République dans son pouvoir discrétionnaire désignera un Premier ministre dans cette majorité lui indiquée par l’Informateur, après qu’il s’est concerté avec ladite majorité.
Et conformément à l’article 90 de la Constitution, « Le Premier ministre, est le chef du gouvernement ». Il dirige le gouvernement et est nommé sur base de l’article 78. En ce qui concerne l’entrée en fonction de celui-ci, il est revenu, une fois de plus, à l’article 90, dans son alinéa 4, qui stipule qu’« avant d’entrer en fonction, le Premier ministre présente à l’Assemblée nationale, le programme du gouvernement. Lorsque le programme est approuvé par la majorité absolue, c’est alors que l’Assemblée nationale investit le gouvernement ». Le Président de la République peut aussi faire de l’informateur formateur.
Willy Makumi Motosia