Contraint par des défaites mémorables et échecs historiques : Kagame propose le retrait de M23/RDF au 1er janvier 2024

Dos au mur devant les multiples rapports de  la communauté internationale sur ses actions délibérées dans le but de déstabiliser la République démocratique du Congo, face à la montée en puissance des FARDC ; après  des échanges entre la Directrice américaine du renseignement avec les autorités congolaises et rwandaises, Kagame a décidé du  retrait de M23/RDF au 1er janvier 2024.

Devant l’insistance de Kinshasa, pour le retrait immédiat des troupes rwandaises et leurs supplétifs du M23 du territoire congolais afin de favoriser la désescalade, Paul Kagame n’a pu qu’avancer une date jugée ‘énigmatique’ par certains observateurs de la politique des pays de Grands lacs africains, car n’étant justifié par aucun soubassement.

« Diaboliquement génial dans l’ésotérisme ‘Ubwenge’, l’art de la diversion et du mensonge,  Paul Kagame est capable de toutes sortes de manipulations de masse à tel point que son choix énigmatique du 1er janvier 2024 suscite maints interrogations », souligne un observateur. D’autres observateurs  se sont même posé la question de savoir à quelle nécessité répondait ce délai car, « Paul Kagame a-t-il intérêt à ce que les phalanges rwandaises du M23 soient décimées par les frappes chirurgicales de la chasse congolaise pour prévenir une contestation qui pourrait voir le jour au Rwanda au retour d’un corps expéditionnaire qui n’aura atteint aucun de ses objectifs vitaux, mais aura subi des défaites mémorables et des échecs historiques justifiant le report de ses frustrations sur celui qui l’avait envoyé en RDC ? », se demandent-ils.

« Paul Kagame serait peut-être tenté de mener une diversion, dans l’espoir  de changer le rapport des forces après avoir suivie le déroulement du vote le 20 décembre et ainsi  profiter éventuellement de l’éphorie durant les festivités de la fin d’année qui coïncident cette année avec la proclamation des résultats des élections prévue le 31 décembre   et frapper son coup , comme lors de la chute de Babylone antique, le 5 octobre 539 avant notre ère par l’armée Médo-perse commandée par Cyrus le Grand  et changer le cours des évènements  à la tête de ses troupes sur le sol congolais », craint un ex-Faz agent de services des renseignements de Mobutu.

Ce raisonnement serait un tentant et séduisant, d’autant que, selon plusieurs fakenews produits dans les laboratoires de Kigali,  le M23 donne l’impression de se charger de brouiller son image au sein de l’opinion nationale en publiant des posts qui présentent « le M23 comme prenant fait et cause, dans la campagne électorale en cours, pour certains  candidats à polémiques. Les questions sont encore plus nombreuses lorsqu’on constate, d’un côté, que le Rwanda  n’a toujours pas montré à ce stade la volonté d’effectuer le moindre retrait de ses contingents», poursuit le flic.

Vue du retrait ‘sans histoires’ des troupes burundaises de l’EAC du territoire congolais

Au contraire, des rumeurs persistantes font état du transfert de certains équipements de la force régionale au M23. C’est donc tout, sauf innocent, le choix du 1er janvier 2024 par Paul Kagame. Donc, face à tous ces signaux négatifs, Kinshasa n’a d’autres choix que  la méfiance et de la vigilance tout en renforçant des capacités des FARDC.

La France appelle à la relance des processus de Luanda et de Nairobi

Alors que Kagame continue à balbutier quant à son retrait du territoire congolais, la France estime que « seuls le dialogue et la relance des processus de Luanda et de Nairobi, dès les élections passées, permettront une solution durable à cette crise ». ‘Dès les élections passées’, c’est-à-dire à partir du … 1er janvier 2024, comme préconise Kagame. Simple coïncidence ? Un agent de renseignement disait, « en matière de sécurité, les coïncidences sont toutes suspectes ».

Depuis environs 30 ans, le Rwanda mène des actions délibérées dans le but de déstabiliser la République démocratique du Congo et pouvoir ainsi, en pêcheur en eau trouble, piller ses énormes  richesses naturelles. Des richesses minières qui servent principalement à alimenter les multinationales occidentales.

A l’approche des élections, la résurgence des actions de M23 serait dans le but inavoué de perturber le processus électoral en cours. Bien que, Nicolas De Rivière, représentant permanent de la France auprès de l’ONU, ait déclaré lundi 11 décembre 2023, devant le Conseil de sécurité qui se réunissait pour débattre de la situation politico-sécuritaire en RDC, que cela  serait inacceptable. Et de prévenir  par ailleurs que toute approche militaire ne fera que contribuer à l’escalade, « le M23 doit cesser son offensive, se retirer et se cantonner. Le Rwanda doit mettre un terme à son soutien au M23 et à la présence de soldats sur le territoire congolais. Les forces armées de la République démocratique du Congo doivent cesser toute collaboration avec les FDLR, comme elles s’y sont engagées », a indiqué Nicolas De Rivière.

Toutefois, après mille et une déclarations et toutes une batterie de déclarations et annonces de sanctions contre les responsables des atrocités dans l’Est, rien ne change et le congolais devient méfiant vis-à-vis de la communauté internationale. 

Comme la  MONUSCO, EAC et le Rwanda sont tenus de quitter le territoire congolais

En octobre 2023, le Vice-Premier ministre en charge des Affaires étrangères, Christophe Lutundula, avait informé l’opinion du déclenchement de la mise en œuvre du « retrait accéléré, progressif et responsable de la Monusco à partir de décembre 2023 ». De ce fait, après avoir examiné la lettre écrite le 1er septembre par le Vice-Premier ministre, ministre des Affaires étrangères et Francophonie, Christophe Lutundula,  le Conseil de sécurité des Nations-Unies avait demandé au gouvernement congolais un plan de retrait de la Monusco.

A ce propos, le 20 novembre, les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) avaient annoncé l’interdiction stricte aux militaires congolais de nouer tout d’entretenir un contact avec les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), a annoncé le Général Sylvain Ekenge, porte-parole de l’Armée.  Ensuite, Kinshasa avait annoncé le non renouvellement du mandat de la force de l’EAC pour être remplacé par la force de la SADC. Cette déclaration semble expliquer la tension croissante dans la région particulièrement avec le Rwanda.

A l’issue d’un sommet de l’EAC, le 25 novembre, l’organisation régionale avait annoncé que la RDC “ne renouvellerait pas le mandat de la force régionale au-delà du 8 décembre 2023”. Pour la remplacer, Kinshasa compte notamment sur des troupes de la Communauté d’Afrique australe (SADC).

Près de 250 soldats sud-soudanais et 300 soldats kényans de cette force de la Communauté des États d’Afrique de l’Est (EAC), dont le mandat s’achevait le 8 décembre, avait  déjà quitté Goma, la capitale provinciale du Nord-Kivu, même les soldats de l’armée burundaise, la seule à être jugée efficace au Kivu, se sont retirés sans problème contrairement aux Rwandais.

Les autorités congolaises avaient alors invité l’EAC à déployer sa force pour libérer des espaces conquis par les rebelles. Mais les Congolais se sont vite montrés très critiques vis-à-vis des troupes de l’EAC, leur reprochant de cohabiter avec les rebelles plutôt que de les contraindre à déposer les armes.

Finalement, la position de la RDC est restée ferme, Comme la  MONUSCO, EAC et le Rwanda sont tenus de quitter le territoire congolais.

Willy Makumi Motosia