Coup d’Etat contre Tshisekedi ? Et pourquoi avoir visé d’abord Vital Kamerhe ! : Mme Hamida Shatur Kamerhe relate les faits
Ce témoignage est de Mme Hamida Shatur Kamerhe fait ce dimanche 19 mai 2024. Nous le rendons in extenso : “Mon mari m’a réveillée en sursaut à 4h du matin pour m’annoncer que notre maison était encerclée par plusieurs militaires et que ça faisait un long moment qu’il entendait des tirs à l’arme lourde venant de l’extérieur. J’ai réalisé qu’un échange de tirs furieux avait éclaté avec nos vaillants gardes. Les assaillants ont réussi à pénétrer dans notre parcelle, tirant sans relâche sur tout ce qui bougeait. Dans leur fureur, ils ont abattu deux de nos gardes. Un de nos hommes a tout de même réussi à neutraliser l’un des leurs, mais cela n’a fait qu’attiser leur violence. Ils ont même introduit un drone pour repérer nos positions avant de lancer leur assaut.
“Pendant ce chaos, mon mari a réussi à joindre un de nos gardes par téléphone, qui lui a dit d’une voix tremblante : ‘Mokonzi, bazo luka nde yo, batuni oza wapi baza plus des 40 éléments lourdement armés’. C’est à ce moment que j’ai compris que notre fin était proche. Les tirs se sont intensifiés dehors, transformant notre maison en un véritable champ de bataille. Pendant près d’une heure, mon mari et moi sommes restés seuls à l’intérieur, entourés par l’horreur.
“Le renfort est finalement arrivé à 5h, mettant fin à notre calvaire. Ils nous ont informés qu’après l’assaut chez nous, les assaillants s’étaient dirigés vers le palais de la nation.
Le Seigneur nous a sauvés d’une attaque meurtrière où mon mari était la cible principale.
“En sortant de la maison, j’ai découvert avec effroi que notre parcelle ressemblait à un champ de tirs : des centaines de douilles jonchaient le sol, et les murs étaient criblés d’impacts de balles.
Le Seigneur nous a véritablement protégés, car nous n’avions aucune chance de nous en sortir vivants. Je loue ce Dieu qui avait libéré mon mari de la prison en son temps, et qui, cette nuit, a de nouveau envoyé son armée céleste pour nous sauver de la mort.
Presse, armée, diplomatie
Au stade actuel, on ne peut avoir des réponses aux questions qui se posent tant qu’aucune version des faits ne tient la route, les enquêtes étant en cours.
Tout ce qu’on en sait commence par l’attaque de la résidence de Vital Kamerhe, speaker national potentiel.
Selon Pascal Mulegwa dans son compte X publié ce dimanche 19 mai 2024, “Des hommes armés menés par un mouvement de la diaspora ont attaqué dimanche matin à Kinshasa, la résidence de @VitalKamerhe1 et pris possession du palais présidentiel, hissant le drapeau de l’ex n-Zaïre avant d’être neutralisés par les forces de sécurité”.
Peu après, ces assaillants se retrouvent au Palais de la Nation. Dans les vidéos qu’ils diffusent avec un air de triomphe, un groupe est à l’entrée principale du bâtiment principal, un autre à la rotonde où on déploie le drapeau du Zaïre.
Un peu plus tard, on entend le porte-parole des Fardc, le général Sylvain Ekenge signaler que “Les FARDC portent à la connaissance de l’opinion qu’une tentative de coup d’Etat a été étouffée dans l’œuf par les forces de défense et de sécurité. Cette tentative a impliqué des étrangers et des Congolais. Ces étrangers et congolais ont été mis hors d’état de nuire, leur chef y compris”
Et un peu plus tard, c’est l’ambassadrice Lucy Tamlyn des États-Unis en RDC qui réagit en déclarant : “Les États-Unis coopéreront avec les autorités de la RDC dans toute la mesure du possible alors qu’elles enquêtent sur ces actes criminels et tiennent pour responsables tout citoyen américain impliqué dans ce genre d’actes”. Évidemment, des ressortissants américains y sont impliqués !
Si Vital Kamerhe avait été atteint, il est possible que le coup se serait arrêté-là !
Comme on peut bien s’en rendre compte, plus les heures passent, plus se constate la “disparition” du cas Vital Kamerhe.
Pourtant, si on s’en tient au déroulement des événements, la cible première était bel et bien lui, car s’il s’agissait d’un coup d’Etat véritable, des sites stratégiques comme l’aéroport international de Ndjili et la Rtnc seraient visés les premiers.
C’est vrai que le Palais de la Nation l’est aussi. Mais, c’est juste pour son côté symbolique. Bien qu’abritant le gros des services de son cabinet, Félix Tshisekedi n’y travaille presque pas. Il s’en sert pour des visites d’Etat et des accréditations d’ambassadeurs. Ses bureaux et sa résidence sont au Mont Ngaliema.
Certes, dans son article intitulé “Qu’est-ce qui s’est passé ?”, BBC rapporte que le meneur, Christian Malanga, “été identifié dans une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux, accompagné d’une vingtaine d’hommes au palais présidentiel où il a revendiqué l’attaque. S’adressant en lingala, une langue locale, le commanditaire a dit : ‘Dieu est grand, chers frères ! Nous, les militaires, nous sommes fatigués. Nous ne pouvons pas marcher ensemble avec Vital Kamerhe et le président Félix Tshisekedi.”
Seulement voilà : si l’adresse de VK a été la bonne pour un attentat le visant personnellement – et cela a été effectivement le cas – celle de Félix Tshisekedi ne l’a pas été.
D’où la question de savoir si le repli vers le Palais de la Nation n’aura pas été dicté par la résignation pour juste marquer les esprits.
De toutes les façons, on ne peut que le supposer : si Vital Kamerhe avait été atteint, il est possible que le coup se serait arrêté-là. Tout au moins pour aujourd’hui.
Ce qui laisse supposer qu’au travers de la personne de Vital Kamerhe, c’est un message lancé à Félix Tshisekedi appelé à se souvenir de la tentative d’assassinat de Joseph Kabila en février 2011. C’est presque le même mode opératoire, à cette différence que les assaillants, supposés venir de Brazzaville, l’avaient attaqué à sa résidence à GLM pendant qu’il y était.
L’enseignement à tirer – car il y en a toujours un dans ce genre de situation – est que le leadership de Félix Tshisekedi ne peut qu’en être affecté, et cela la veille de grandes manœuvres politiques et diplomatiques mettant au centre des enjeux le tadem Président de la République-Président de l’Assemblée nationale, en attendant la mise en place du Sénat et l’investiture du Gouvernement.
Certainement qu’au sein de l’Union sacrée de la nation, Pentecôte 2024 aura assagi les sociétaires par rapport à leurs ambitions dévorantes…
Omer Nsongo die Lema