Dans le Moyen-Orient, la croissance devrait rester faible en 2024 (2,1%), mais un rebond est attendu en 2025 »
« S’adapter à un paysage géoéconomique en constante évolution », c’est le thème du nouveau rapport du Fonds monétaire international (FMI) sur les Perspectives économiques régionales du Moyen-Orient et Asie Centrale. Dans la région MOAN, indique le rapport, la croissance devrait rester faible en 2024, à 2,1 %, dans un contexte de fragmentation géoéconomique mondiale, de conflits, de chocs liés au climat et en raison de facteurs spécifiques à chaque pays. Un rebond est attendu en 2025, avec une croissance qui devrait s’élever à 4 % si les baisses de la production pétrolière s’arrêtent et si les vents contraires, notamment les conflits, s’apaisent.
Selon un résumé du rapport consulté par Le Quotidien, il nous revient que quatre-vingts ans après l’historique conférence de Bretton Woods, qui a suscité un élan vigoureux de coopération multilatérale, le paysage économique mondial est confronté à des difficultés croissantes, comme l’aggravation de la fragmentation géoéconomique. Dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MOAN) et la région Caucase et Asie centrale (CAC), l’évolution des paysages régionaux a redessiné la structure des échanges. Dans le même temps, les pays font face à de nombreux chocs. Les conflits, y compris à Gaza, au Liban et au Soudan, sont responsables d’immenses souffrances humaines, de dommages économiques et d’une multitude d’incertitudes. Les catastrophes naturelles s’ajoutent à la liste des difficultés. Pour bon nombre de pays des régions MOAN et CAC, la croissance à court terme devrait rester en demi-teinte et les prévisions de croissance à moyen terme se sont détériorées au cours des deux dernières décennies (chapitre 2), reflétant notamment un accès au crédit toujours limité pour le secteur privé, alors que cet aspect est essentiel pour stimuler l’investissement (chapitre 3).
Dans la région MOAN, indique le rapport, la croissance devrait rester faible en 2024, à 2,1 %, dans un contexte de fragmentation géoéconomique mondiale, de conflits, de chocs liés au climat et en raison de facteurs spécifiques à chaque pays. Les chiffres ont donc été revus à la baisse (de 0,6 point de pourcentage) depuis l’édition d’avril 2024 des Perspectives économiques régionales, compte tenu des réductions volontaires prolongées de la production pétrolière et de la poursuite des conflits. Un rebond est attendu en 2025, avec une croissance qui devrait s’élever à 4 % si les baisses de la production pétrolière s’arrêtent et si les vents contraires, notamment les conflits, s’apaisent. Les pays exportateurs de pétrole de la région MOAN tirent leur épingle du jeu mondial, mais les doubles excédents qui avaient contribué à amortir les chocs dernièrement ont commencé à diminuer du fait de stratégies d’investissement ambitieuses et de la chute des recettes pétrolières. Les pays importateurs de la région doivent, quant à eux, toujours composer avec des facteurs de vulnérabilité liés aux conflits et à des besoins de financement bruts élevés. Même si ces problématiques se règlent peu à peu, l’incertitude demeure importante et les déficits structurels freineront probablement les gains de productivité dans beaucoup de pays jusqu’au terme de l’horizon prévisionnel.
Une croissance vigoureuse
Dans les pays de la région CAC, la croissance devrait rester vigoureuse et diversifiée, à 4,3 % en 2024 et 4,5 % en 2025. Malgré les perspectives favorables, un degré élevé d’incertitude pèse sur la croissance de la région, surtout en raison de son exposition aux grandes évolutions géoéconomiques. On note, entre autres, de légers signes d’un ralentissement économique possible dans certains pays ; avec la guerre russe en Ukraine, les échanges commerciaux et d’autres entrées (envois de fonds, par exemple) ont commencé à diminuer. À moyen terme, les faibles niveaux de production plombent les perspectives de croissance des pays exportateurs de pétrole de la région, tandis que les projections concernant les pays importateurs sont conditionnées à la mise en œuvre effective des réformes.
S’agissant des perspectives des régions MOAN et CAC, la balance des risques continue de pencher dans un sens négatif, avec des chocs défavorables qui pourraient se produire en leur sein ou dans les pays voisins. La poursuite ou l’escalade des conflits, notamment, risque d’alourdir davantage le bilan humain et de peser sur la croissance, d’autant que les conflits tendent à exercer des effets durablement préjudiciables sur l’économie. Parmi les autres risques figurent la mise en œuvre insuffisante des réformes, qui entrave la croissance, et l’instabilité financière que provoquerait une inversion soudaine des flux commerciaux et financiers en lien avec la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine.
Améliorer les perspectives de croissance
Dans ce contexte, l’adoption de politiques visant à améliorer les perspectives de croissance sera indispensable. Pour rehausser la croissance à moyen terme, il faudra accélérer les réformes structurelles, particulièrement en matière de gouvernance. Compte tenu de la situation difficile sur les marchés du travail, qui pourrait bien empirer avec l’évolution démographique des années à venir, des mesures doivent être résolument prises pour accroître les taux d’activité et stimuler la création d’emplois, y compris en encourageant davantage le travail des femmes et des jeunes, surtout dans certains pays de la région MOAN (chapitre 2). En parallèle, conduire des réformes pour promouvoir l’investissement du secteur privé et approfondir le développement financier aiderait à stimuler les niveaux de capital par travailleur, relativement faibles dans les régions MOAN et CAC (chapitre 2). À cet égard, des mesures relatives au secteur financier favorisant la concurrence, réduisant la prédominance des banques publiques et encourageant l’élargissement de la base d’investisseurs peuvent promouvoir le développement financier et ouvrir la voie aux progrès de la croissance et de l’inclusion (chapitre 3). Les pays devraient en outre veiller à rester concentrés sur la viabilité de leurs finances publiques et sur la reconstitution des marges de manœuvre budgétaires. Pour les pays très endettés, les politiques de réduction durable de la dette sont essentielles. Malgré le recul de l’inflation et les anticipations d’une modération persistante, les dirigeants doivent aussi rester vigilants et ne pas relâcher leurs efforts afin que l’inflation atteigne son niveau cible selon le cadre défini.