Déboussolé par la montée en puissance des FARDC : Le Rwanda largue ses espions à Goma

Réuni mardi 26 septembre 2023 à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu en état de siège, sous la présidence du gouverneur militaire ad intérim, le Général-major Peter Cirimwami dans sa réunion extraordinaire, le comité provincial de sécurité a alerté sur la présence des espions rwandais en ville de Goma au compte du M23.

Le gouverneur militaire ai du Nord-Kivu, le Général major Peter Cirimwami, a réitéré son appel à tous les services de sécurité provinciaux à demeurer vigilant pour éviter d’une part, une infiltration ennemie et, d’autre part, une surprise désagréable à l’interne.

« Il a été constaté qu’après la déclaration du chef de l’Etat à la Tribune des Nations unies faisant état du refus de dialoguer avec la coalition M23-armée rwandaise, ce dernier s’illustre par beaucoup d’agitations et commence à occuper à nouveau toutes les positions jadis abandonnées. A cet effet, les services ont constaté que plusieurs traversées de citoyens rwandais possédant des cartes d’électeurs congolaises et soupçonnés d’espions envoyés par le Rwanda, sont en vogue ces derniers temps à la frontière congolaise à Goma », a alerté le gouverneur militaire.

 

Empreintes d’infiltrations et espionnages dans la stratégie hégémonique de Paul Kagame

Le Rwanda est un pays où le pouvoir mobilise tous les moyens pour l’envoi d’espions à l’étranger. De l’utilisation des réseaux sociaux, mise sur écoute téléphonique non seulement pour traquer et pour neutraliser par assassinats ciblés ses opposants politiques en exil mais aussi pour infiltrer la Rdc, le régime de Kagame ne lésine pas sur les moyens. Il y a quelques années, le Financial Times avait rapporté que de nombreux activistes et opposants rwandais vivant en exil avaient été espionnés via la messagerie crypté Whatsapp grâce au logiciel espion Pegasus  développé par la société israélienne NSO (Le logiciel Pegasus met sur écoute les téléphones, permet d’intercepter des messages cryptés et de récolter des images privées). L’affaire avait fait grand bruit et l’enquête conjointe Citizen Lab et Whatsapp avait révélé que des dissidents rwandais et certains opposants avaient été espionnés.

Selon certains habitants de Goma, le mode opératoire des espions rwandais pour accomplir leur mission, consiste à participer aux réunions et autres fêtes des ‘rwandophones’ au pays de Lumumba pour parvenir à entrer en contact avec la cible. Un habitant de Goma a rapporté que  « ces espions  gardent  contact avec des  fonctionnaires internationaux rwandais qui sont dans des institutions internationales et régionales au pays (RDC), pour faire chaque fois état des informations obtenues ».

Cela est confirmé par le récit d’une espionne  rwandaise reconvertie, chargée de tuer un opposant au Canada. Il y a environ quatre  ans, le 31 décembre 2019 sur CBC radio Canada, avait été racontée l’histoire d’une jeune étudiante rwandaise qui sollicitait auprès des autorités d’immigration canadiennes l’asile politique pour raison particulière : « refus d’aller espionner des opposants politiques basés à l’étranger ». Formés à savoir collecter des informations, trouver les personnes ciblées, savoir comment les approcher, être discrète et obtenir la confiance d’activistes ainsi que des leaders de la société civile, des espions rwandais sont largués à travers le monde.

Il s’agit principalement des ‘sexpionnes’ expertes en séduction envoyées pour espionner des responsables militaires, politiques, de services de sécurité, des hommes d’affaires et même des leaders de la société civile et collecter des informations sur leurs parents. Elles aussi appelées ‘hirondelles’,

Depuis des années, des espions rwandais ont été signalés en Suède, en Australie, en Belgique, en Grande Bretagne, en Ouganda, au Kenya, au Mozambique et en Afrique du Sud. La Suède et l’Ouganda ont expulsé des diplomates rwandais pour espionnage sur des réfugiés rwandais. L’Afrique du Sud et le Kenya ont également expulsé des diplomates rwandais après la seconde tentative d’assassinat du général Kayumba Nyamwasa, le meurtre de Patrick Karegeya en décembre 2013 ainsi que celui de Seth Sendashonga, un hutu, en mai 1998. Le 16 mai 1998, en plein jour et en pleine rue au Kenya, Il est visé par un second attentat quelques jours avant son passage devant le Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR) Le ministre de la justice sud-africain Jeff Radebe affirmait en 2014 que l’Afrique du Sud ne devait pas servir de tremplin pour des activités illégales.

Ce n’est pas surprenant que, déboussolé par la montée en puissance des FARDC, Paul Kagame recoure à sa méthode de prédilection : le largage d’espions à Goma.

Willy Makumi Motosia