Décision de la CJUE: «Ce qui s’est passé au Luxembourg est un non-événement», affirme Nasser Bourita
Le Maroc ne se considère aucunement concerné par la décision de la Cour de justice de l’Union européenne, rendue le vendredi 4 octobre, concernant les accords agricole et de pêche. Pour Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, «ce qui s’est passé au Luxembourg est un non-événement» et «un coup d’épée dans l’eau». Verbatim.
En réaction à la décision de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) concernant les accords Maroc-UE en matière de pêche et d’agriculture, Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, a qualifié l’arrêt de «non-événement». Selon lui, cet arrêt «est sans impact ni sur le dossier ni sur sa dynamique. C’est un coup d’épée dans l’eau». Des déclarations faites lors d’une conférence de presse tenue en marge de sa rencontre, ce mardi 8 octobre, avec Fernando Clavijo, président du gouvernement de la communauté autonome des îles Canaries.
«Comme indiqué dans le communiqué du ministère des Affaires étrangères, nous n’allons pas commenter le contenu, étant donné qu’il ne nous concerne pas. Le Maroc n’est pas partie à cette affaire. Mais je vais commenter certaines conséquences, en particulier sur deux points: d’une part, la question du Sahara marocain, et d’autre part, les relations commerciales avec l’Union européenne», a indiqué le ministre.
Nasser Bourita a ensuite rappelé que la question du Sahara marocain est traitée sous les auspices de l’ONU, et non au sein d’instances régionales. «Concernant le Sahara marocain, ce qui s’est passé au Luxembourg est un non-événement. La question du Sahara est discutée au Conseil de sécurité des Nations unies. C’est là et uniquement là qu’elle doit être discutée et pas dans un autre espace. Nul ne peut usurper la compétence des organes des Nations unies. Cette question a son espace qui est le Conseil de sécurité. Elle ne relève pas d’une cour régionale», a-t-il martelé.
«Il est d’ailleurs curieux que les juges, au moins six d’entre eux, y compris, semble-t-il, le président de la Cour, aient rendu leur décision le 4 octobre, alors que leur mandat s’est achevé le 6 octobre. Cela soulève certaines interrogations», a souligné Nasser Bourita.
Ce dernier a également mis l’accent sur la forte dynamique liée à la souveraineté marocaine sur le Sahara. «La dynamique est claire. À ce jour, 19 pays de l’Union européenne ont réaffirmé leur soutien à cette position. Des pays importants, comme l’Espagne, la France, l’Allemagne, les Pays-Bas, le Luxembourg, la Hongrie, la République tchèque et l’Autriche, ont confirmé cela. La présence de nombreux consulats dans la région en est également une preuve concrète», a-t-il poursuivi.
«Un coup d’épée dans l’eau»
Pour Nasser Bourira, ce qui s’est passé au Luxembourg n’a eu aucun écho là où la question du Sahara est véritablement débattue. Pour lui, cette décision n’a aucun impact, ni sur le fond du dossier ni sur la dynamique en cours, et n’est en fin de compte qu’«un coup d’épée dans l’eau».
S’agissant des relations commerciales avec l’Union européenne, Nasser Bourita a mis en lumière l’engagement renouvelé des responsables européens en faveur du partenariat stratégique avec le Maroc. Il a notamment évoqué les déclarations de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et du Haut représentant de l’UE pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, Josep Borrell, qui ont confirmé que l’UE maintenait son engagement à renforcer ses liens avec le Royaume, conformément au principe «pacta sunt servanda». En outre, le Parlement européen a rejeté, hier lundi 7 octobre, toute tentative de débattre de la décision de la CJUE, illustrant ainsi son soutien politique clair à Rabat.
Cette décision concerne au premier abord les pays de l’UE et c’est à eux de trouver le moyen et la solution d’y faire face, a conclu Nasser Bourita. Et de préciser que le Royaume du Maroc ne peut adhérer à un partenariat qui porte atteinte à la souveraineté nationale et à l’intégrité territoriale.
Par Hajar Kharroubi et Khalil Essalak