Des maisons d’habitation au cimetière, des tombes dégradées faute d’allées… : N’Sele-Bambous et Kinkole Nouvelle-Cité, cas de conscience pour l’Hôtel de Ville

Plus d’un observateur sont estomaqués par la présence, de plus en plus croissante de maisons d’habitation sur le site du cimetière Kinkole Nouvelle-Cité. Cette cohabitation contrenature intrigue, dans la mesure où les cimetières, en temps normal, sont placés sous l’autorité d’administrateurs nommés par l’Hôtel de Ville.

‘’ En RD Congo, les déplacements des populations ne sont pas essentiellement le fait des conflits armés, comme cela est le cas notamment dans la partie est du pays. La chute vertigineuse du cours du diamant, de même que l’arrêt des machines à la Minière de Bakwanga  (MIBA) ont fait que de nombreuses familles quittent les zones minières pour chercher mieux ailleurs’’, constate un observateur.

Pour l’heure, et c’est là que le bât blesse, les observateurs souhaitent voir l’autorité à l’œuvre, car la présence de maisons d’habitation sur le site du cimetière suppose un macro-problème d’habitat à Kinshasa, avec d’immanquables retombées sur la qualité de l’environnement.

N’Sele-bambous : faute d’allées, les dalles couvrant les tombes se dégradent sous le poids des marcheurs

Le cimetière de N’Sele-bambous est situé aux abords de la Nationale n°1, avant d’atteindre Menkao sur la route du Plateau Bateke. Ce lieu de pas très large étendue, n’est pas la propriété des pouvoirs publics, en dépit d’un bureau administratif opérationnel. Des particuliers qui s’y affairent, sont dans la coupole des chefs terriens du coin. Ils sont entremêlés d’hommes en uniformes qui, eux aussi, répondent à la volonté de leur hiérarchie. Le cimetière manque de tracé, et partant d’allées (des ruelles intérieures permettant la circulation des personnes sans poser pied sur les dalles). En conséquence, les dalles se défoncent anticipativement. Plus d’une personne avertie savent, en effet, que les permanents de cimetières ont majoritairement un problème de conscience. En matière de la petite maçonnerie qu’ils exercent sur les lieux, bien des pratiques les empêchent de conquérir la confiance du commun. C’est le cas de la qualité du mélange disproportionné sable-ciment pour produire de la solidité. Cette défaillance se traduit dans la production de caveaux et dalles qui ne font pas classe. Tant de raisons expliquant la dégradation anticipée de dalles, sous le poids des marcheurs qui n’ont pas d’alternative pour poser pied. Un pasteur accompagnant une famille, a exprimé son choc en ces termes : ‘’Ce cimetière qui manque de visage, pourtant un cimetière est un lieu de recueillement et aussi touristique. Il est souhaitable dans ce pays, que l’Etat prenne les choses en main, pour que les gens soient enterrés assez dignement’’, a-t-il déploré.

Entre-temps, les morts dans ce cimetière sont privés de dignité et de stabilité posthumes. Tandis que la loi accorde à un lieu d’inhumation un délai opérationnel d’un quart de siècle avant d’envisager toute désaffectation, à N’Sele-bambous, la réalité est autre. En effet, les corps (reliques) exposés à l’eau de pluie à travers dalles défoncées, risquent de s’avérer instamment source de pollution. Les croque-morts s’y affairent et vite, les caveaux aléatoirement renouvelés, changent de contenu dès le lendemain, au gré de la demande.

Gouverner c’est prévoir, pour faire face aux déplacements intérieurs

L’après-diamant et les déplacements intérieurs massifs éprouvent la responsabilité de l’Etat, dans un contexte du  « pouvoir par et pour le peuple ». Il s’agit d’activer des mécanismes de gestion des populations, d’intégration des masses, de création d’emploi, de prévention sécuritaire. Toutes ces priorités se résument dans la planification de la vie nationale. Pour l’heure, les déplacements massifs ont eu pour effet immédiat : la précarité de l’habitat et même de l’habitat posthume (pour les non nantis), le débordement des marchés, le déferlement du secteur informel et celui des activités de survie. Cela fragilise la famille en tant que cellule de base de la nation, renforce la prépondérance des propriétaires de parcelles, des agents des services publics et des hommes d’églises dont notamment ceux qui offrent un cadre d’accueil. Payne