Développement du secteur de l’Agriculture : La CONAPAC dévoile ses positions face aux enjeux de l’heure

Une des trois faitières nationales des organisations paysannes congolaises, la Confédération nationale des producteurs agricoles du Congo (CONAPAC), a tenu ce mercredi 24 mai 2023, une conférence de presse autour des sujets d’actualité agricole. Laquelle a bénéficié du concours de l’Association des journalistes agricoles du Congo et a été animée par la présidente du conseil d’administration de la CONAPAC, Mme Espérance Nzuzi Muaka. Mais aussi par le chargé de programme et le secrétaire exécutif de la CONAPAC, MM. Simplex Malembe et Freddy Mumba.

La tenue de cette activité est la suite logique du travail que la CONAPAC a réalisé depuis six mois durant dans les provinces des espaces grand Katanga et grand Kasaï. Lequel travail consiste à contribuer à l’augmentation de la production agricole et du maïs dans ces espaces.

Ainsi, six principales thématiques ont fait l’objet de ce point de presse de la CONAPAC. La première concerne l’exploitation anarchique des minerais dans les espaces concernés au détriment de l’agriculture. Pour ce faire, la CONAPAC dégage la problématique du fait que l’Etat congolais privilège les mines au lieu de promouvoir le secteur agricole.

La position paysanne à cet effet consiste à concrétiser la vision du Président de la République, celle de la « revanche du sol sur le sous-sol ». Les mines doivent soutenir la promotion du secteur agricole.

La CONAPAC déplore de ce fait la destruction de l’environnement et des ressources naturelles. Mais aussi, la gestion désordonnée des recettes minières.

La deuxième thématique concerne la persistance de la carence récurrente de la farine de maïs dans les espaces Katanga et Kasaï. La problématique pour la CONAPAC, c’est la négligence et mauvaises pistes de solution prises par les gouvernants. Et ici la position paysanne reste la solution et la  seule voie durable pour laver cette honte à la RDC.

La CONAPAC constate que la dernière mission du gouvernement congolais est qualifiée de celle de la « dernière chance pour la Rdc », compte tenu de l’importance de la délégation conduite par le vice-premier ministre en charge de l’Economie, avec son collègue de l’Industrie.

La troisième thématique abordée c’est l’évaluation de l’impact des grands projets mis en œuvre par le Gouvernement de la RDC et ses partenaires dans le secteur agricole. Ici, la CONAPAC relève une problématique, celle d’une contradiction entre les rapports des concernés et les réalités sur terrain.

Par rapport à cette situation, la position paysanne ce que des gros moyens sont engloutis dans des projets à faible impact sur la vie des communautés, faute d’un suivi et du faible contrôle citoyen. D’où, la nécessité de mettre en place des projets inclusifs où les communautés ne doivent pas être considérées comme des bénéficiaires, mais des acteurs majeurs de ces projets à tous les niveaux du cycle de ces projets.

Quant à ce, la CONAPAC estime que le gouvernement doit pouvoir auditer tous les projets agricoles à l’allure du travail sur l’IGF (Inspection générale des finances) fait dans d’autres secteurs de la vie nationale. Parmi ces projets, il y a entre autres : BUKANGA-LONZO, PAIL, PARSSA… Les PTF (partenaires techniques et financiers) devront aussi être interpellés par rapport à leur manière d’intervenir sur terrain.

La quatrième thématique de cette conférence de presse de la CONAPAC a consisté à la problématique de l’enregistrement des coopératives en RDC, en conformité avec la loi OHADA. La position paysanne face à cette situation, ce que les producteurs agricoles familiaux réunis à travers les nombreuses organisations agricoles, exigent sans plus attendre que la RDC puisse se mettre en ordre par rapport à la loi OHADA, en mettant en place une loi capable de promouvoir ces dynamiques au lieu de les étouffer par des pratiques inefficaces qui bloquent le mouvement coopératif contrairement à d’autres pays d’Afrique.

L’observation faite par la CONAPAC ce qu’actuellement, c’est la RDC qui préside le comité de mise en œuvre de cette loi, mais traine pour la mise en œuvre depuis 2012.

La cinquième thématique concerne le processus électoral en RDC et l’implication des producteurs agricoles familiaux. La problématique reste une faible implication des communautés des producteurs comme acteurs et risques de manipulation avant, pendant et après les élections. La position paysanne consiste à la nécessité absolue de mettre en place un programme d’éducation démocratique, civique et électorale pour les paysannes et paysans producteurs familiaux.

La toute dernière thématique c’est l’insécurité généralisée et impact sur la vie paysanne et insécurité alimentaire en RDC. La problématique est que l’insécurité s’étend de plus en plus de l’Est de la RDC vers les provinces de l’Ouest et impacte négativement et prioritairement les paysannes et paysans.

La position paysanne sur cette question est qu’il y a une urgence pour sécuriser les milieux ruraux et les bassins de production pour éviter l’insécurité alimentaire. Et il faut un programme d’urgence pour venir en aide aux milliers de déplacés internes.

Après avoir intervenu sur toutes ces thématiques, les membres de la CONAPAC ont répondu aux diverses questions posées par les journalistes. « Au nom de tous les paysans, nous avons  pensé  à la communication car l’information que  les agriculteurs disposent n’est pas du tout bonne, raison pour laquelle les radios et télévision sont sollicités pour éduquer la communauté qui n’a pas assez du temps de lire. Il nous est important de parler de l’importance de paysan, sa place dans la société  car il a été toujours dit que les minerais s’épuisent mais l’agriculture ne s’arrête pas souvent. L’amélioration des routes, les conditions de vies ou encore le soutien des partenaires internes ou externes, gouvernementaux ou non gouvernementaux sont très nécessaires pour l’épanouissement de notre secteur agricole et font parties de nos propositions », a déclaré Mme Espérance Nzuzi, présidente de la CONAPAC.

Une idée de la CONAPAC

La Confédération nationale des producteurs agricoles du Congo est une plateforme qui rassemble en son sein les fédérations provinciales des producteurs agricoles. Ces structures sont composées des unions des organisations paysannes qui, à leur tour, regroupent des organisations paysannes de base et des coopératives primaires, dont les membres sont des paysans exerçant des activités agricoles au niveau local.

La CONAPAC réunit plus de 500.000 ménages et donc, plus ou moins 3 millions de membres pris individuellement. Sa vision est de contribuer à l’avènement d’un monde paysan solidaire, professionnel et prospère. Sa mission étant de représenter et défendre tant au niveau national qu’international les intérêts des producteurs agricoles congolais pour leur permettre de participer activement à la vie de la société et de s’y épanouir.

La CONAPAC mène un plaidoyer, lequel repose sur différents piliers. Entre autres, la participation à l’élaboration des politiques et la mise en œuvre des stratégies de développement agricole; l’accès à la terre sécurisée pour les communautés paysannes; le FONADA (Fonds national de développement agricole), un outil favorisant l’accès des agriculteurs familiaux au crédit agricole.

Mais aussi, le renforcement du Fonds national de micro-finance (FNM), et sa mise en place dans toutes les provinces de la RDC; l’utilisation efficace et transparente du FONER par une cogestion décentralisée avec les organisations paysannes; pour l’aménagement et la maintenance des voies de desserte agricoles; la signatures et vulgarisation des textes réglementaires ; et la mise en place d’un observatoire de l’action gouvernementale dans le secteur agricole.

Lepetit Baende et Jean-Luc Lukanda Mutombo